La crise, déclenchée en 2008 par la course effrénée au profit du capital financier, a anéanti les progrès sociaux et économiques réalisés depuis 2000, au niveau mondial, dans la lutte contre la pauvreté, l’exploitation et le chômage. C’est ce que montrent les différents rapports de l’Organisation internationale du Travail à Genève. Le chômage a atteint un nouveau record mondial et dans la majorité des pays du monde, toujours plus de personnes ressentent une dégradation de leurs conditions de vie. D’un autre côté, la part des richesses nationales affectée aux profits a augmenté. Les investissements productifs stagnent. En revanche, les dividendes, investissements financiers et placements sont en hausse.
Opposons-nous à une politique d’austérité sur le dos du salariat!
Les causes de la crise du capitalisme mondial n’ont pas été éliminées. Au contraire, l’actuelle politique d’austérité européenne se fait aux dépens des salariés qui n’ont pas causé la crise.
Au lieu de créer des emplois, de mieux répartir le travail, on vise une augmentation du temps de travail. On fait juste l’opposé de ce qu’il faudrait faire.
Au lieu d’améliorer les revenus de la grande masse des citoyens et de stimuler ainsi l’activité économique, on mise sur une modération voire une diminution des salaires, on réduit les prestations sociales pour aboutir à un système de protection sociale minimaliste et on augmente la taxe sur la valeur ajoutée. Le taux d’impôt maximum reste pour ainsi dire inchangé, les revenus provenant de placements, les dividendes, bénéficient d’un régime de faveur du point de vue fiscal, l’impôt sur la fortune est aboli ou réduit à un taux minimum, pour les grandes entreprises maintes lacunes fiscales leur permettent de ne plus payer d’impôts. D’un autre côté, nombreux sont les pays ayant contracté des dettes afin d’assainir le secteur financier. De nombreuses banques frôlaient en fait la faillite suite aux fautes commises par leurs dirigeants. Dans très peu de cas les opérations de sauvetage étatiques ont conduit à des changements au niveau de l’actionnariat ou du management. Pas de sanctions infligées aux fautifs! Ce sont les salariés qui ont été punis par de réelles diminutions de salaire ou la destruction pure et simple de leurs emplois. Des dettes ont également été faites pour réaliser des travaux publics dans le but de soutenir l’économie. La crise de la dette est profondément liée à tous ces facteurs.
La politique d’austérité européenne actuelle ne résoudra pas la crise de la dette. Au contraire, elle risque de conduire à une récession économique. L’évolution de la politique européenne a été ces dernières années complétement déséquilibrée du point de vue social, elle favorise le démantèlement social et le chômage, elle privilégie une politique des revenus injuste.
Des réformes pour et non contre les intérêts des salariés sont nécessaires!
Cette politique a également des répercussions sur le Luxembourg. C’est au nom de la soi-disant «compétitivité» que depuis des années on revendique la modération salariale, qu’on attaque l’indexation des salaires et pensions.
C’est grâce à l’opposition syndicale que le forcing dans ce domaine n’a pas abouti. L’indexation des salaires et des pensions n’a pas pu être abolie et n’a pas été manipulée de manière structurelle. L’adaptation du salaire minimum et des pensions à l’évolution moyenne des salaires a été défendue avec succès. C’est la politique salariale syndicale qui est à la base de ces adaptations («ajustement»), une politique largement influencée par le premier syndicat luxembourgeois, l’OGBL. C’est aussi grâce à l’engagement de l’OGBL que la surprime payée par les ouvriers à l’assurance maladie a été réduite de moitié au 1er janvier 2012 et sera abolie avant terme l’année prochaine selon les affirmations faites par le ministre d’Etat.
C’est également grâce à la pression syndicale que l’impôt de crise superflu a été aboli.
La protection sociale en cas de chômage, maladie, dépendance, accident de travail et retraite a aussi pu être sauvegardée. Certaines améliorations comme dans le cas des indemnités chômage ont même pu être obtenues.
L’évolution dans le domaine de la politique familiale pose cependant problème plus particulièrement pour les familles avec des enfants âgés de plus de 12 ans. Restent également à améliorer les prestations de la Caisse nationale de santé pour certains soins. Dans ce domaine, plusieurs promesses n’ont pas encore été tenues.
Compte tenu des propos tenus récemment par le ministre du Budget concernant des coupes dans les dépenses de l’Etat et compte tenu également des directives venant de Bruxelles, il faut rester très prudent et vigilant notamment en ce qui concerne la politique fiscale, la politique familiale et l’assurance pension.
L’OGBL n’est fondamentalement pas opposé à des augmentations d’impôts. Au contraire, pour le syndicat elles peuvent représenter une alternative nécessaire aux dégradations des prestations sociales, elles peuvent devenir incontournables pour sauvegarder de bons services sociaux et publics. La politique fiscale cependant doit être socialement juste.
Nous n’avons besoin d’aucune dégradation des pensions, ni de celles d’aujourd’hui, ni de celles de demain. Nous avons besoin d’une réforme qui apporte des améliorations (sources de financement supplémentaires afin de sauvegarder les prestations, possibilités de transition vers la retraite plus flexibles – combinaison de travail partiel avec pension partielle –, mesures en faveur des jeunes afin de leur permettre d’acquérir des droits convenables à la pension, améliorations dans le domaine de l’invalidité, possibilité de contracter une assurance complémentaire au sein de l’assurance-pension publique, …). Le projet de réforme actuel doit être modifié dans ce sens.
Dans le domaine du droit du travail il importe aussi de faire des réformes progressistes dans l’intérêt des salariés, dans l’intérêt du dialogue social tant vanté par tous. Il y va notamment des points suivants:
Une réforme essentielle dans ce domaine est la réforme des droits de cogestion des salariés et des droits des délégués du personnel élus et de leurs syndicats.
Nous attendons des courants sociaux au sein du gouvernement et au Parlement qu’ils s’engagent activement pour la réalisation de ces objectifs.
Nous demandons aux organisations patronales et à leurs dirigeants d’abandonner leur attitude de blocage et de réinstaurer un véritable dialogue social qui implique qu’on ne peut pas seulement recevoir, mais qu’il faut aussi savoir donner.
Sinon la confrontation se poursuivra.
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