Alors que les élections communales sont à peine terminées, que les dernières coalitions échevinales sont en train de se constituer et que les nouveaux bourgmestres attendent avec impatience leur assermentation, les élections législatives approchent désormais à grands pas.
Les partis politiques désignent actuellement leurs candidats pour les élections d’automne et finalisent leurs programmes électoraux.
Nous attendons des partis politiques qu’ils s’engagent pour le maintien, le fonctionnement normal et contre toute manipulation de l’index. Peu importe le contexte économique, en ce qui concerne l’index, pour nous il y aura une tolérance zéro, et nous allons évidemment analyser en détail les programmes électoraux sur ce point et suivre les déclarations des candidats lors de la campagne électorale.
Un autre dossier qui nous préoccupe est celui des retraites. Les débats politiques devraient en réalité se concentrer sur les problèmes actuels et urgents tels que le logement, les inégalités ou encore la transition écologique, mais malheureusement d’aucuns préfèrent aborder le sujet du financement des retraites sur base de scénarios tout-à-fait hypothétiques à l’horizon 2070. L’OGBL n’acceptera pas de dégradation supplémentaire de notre régime de pension — tolérance zéro, ici également!
Les calculs de la Chambre des salariés montrent d’ailleurs que la réforme de 2012 a déjà introduit des dégradations progressives substantielles qui toucheront surtout les futurs retraités d’ici 2052. La réforme de 2012, soi-disant pour les jeunes générations, est en fait dirigée contre les jeunes d’aujourd’hui. L’OGBL demande le retrait de cette réforme et le maintien intégral du réajustement des pension de l’allocation de fin de vie remis en question par la réforme de 2012.
Un sujet phare de la campagne électorale sera certainement la fiscalité. Pour l’OGBL, il est clair que le régime fiscal actuel n’est pas satisfaisant et renforce même les inégalités. Il ne suffit pas que les politiciens dénoncent régulièrement ces inégalités croissantes au Luxembourg; ils doivent concrètement y répondre. Et il existe des mesures pragmatiques qui le permettraient.
A commencer par les prestations sociales qui doivent être augmentées pour regagner en efficience: en effet, au cours des dernières années les transferts sociaux réduisent de moins en moins le risque de pauvreté au Luxembourg.
Ensuite évidemment la fiscalité, qui constitue la voie royale pour réduire les inégalités. Et pour cette raison, une réforme fiscale ne doit justement pas, comme je l’ai encore entendu récemment par un candidat tête de liste, mener à moins d’impôts pour tout le monde. Une réforme fiscale digne de ce nom, telle que le prochain gouvernement doit la mettre en œuvre, doit comprendre plusieurs aspects pour apporter plus de justice fiscale.
Au niveau du barème d’imposition: une exonération jusqu’au niveau du salaire social minimum, un élargissement des tranches pour aplatir le «Mëttelstandsbockel», mais aussi l’introduction de taux marginaux plus élevés pour les hauts revenus.
Afin de neutraliser les hausses d’impôts subies au cours des cinq dernières années du fait de la décision du gouvernement de ne pas adapter intégralement le barème à l’inflation, l’OGBL demande une adaptation du barème à l’inflation de l’ordre de 5,5 tranches indiciaires, en supplément de ce qui a déjà été retenu dans l’accord tripartite de mars 2023 sur pression de l’OGBL. Et pour éviter à l’avenir une nouvelle accumulation de retards au niveau de ces adaptations, l’OGBL revendique un automatisme légal prévoyant une adaptation régulière du barème à l’inflation.
Au niveau de l’imposition des revenus, l’OGBL exige le respect du principe «à revenu égal, impôt égal». Cela signifie qu’il faut mettre fin au régime privilégié d’imposition dont jouissent les revenus du capital par rapport aux salaires et aux retraites. Il est inadmissible que les revenus du capital, que perçoivent surtout les ménages aisés, ne soient pas imposés intégralement et qu’ils bénéficient de nombreuses niches.
Une autre grande injustice, dénoncée d’ailleurs par l’OCDE, est la quasi-exonération fiscale du patrimoine, mobilier et immobilier. L’absence d’impôts sur la fortune pour les personnes physiques, sur les droits de succession en ligne directe et l’absence d’un impôt foncier progressif et efficace contre la spéculation ne constituent pas seulement des éléments relevant de l’injustice fiscale mais sont également un «manque à gagner» important pour les caisses publiques alors que les défis de la transition sociale, écologique et digitale qu’il faut financer sont énormes .
Un dernier mot encore sur le droit du travail — un volet qui nous tient évidemment à cœur. Malheureusement nous devons constater que les cinq dernières années n’ont pas permis d’avancée majeure dans ce domaine. Les éléments positifs retenus dans l’accord gouvernemental n’ont pas été mis en œuvre. Or il nous faut moderniser le droit du travail dans une optique d’amélioration des droits des salariés et de leurs représentants. Ces améliorations doivent se faire dans le cadre du dialogue social. L’OGBL y est prêt.
Nora Back, présidente de l’OGBL Juillet 2023
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