Le 14 octobre 2014, le nouveau gouvernement a présenté au pays sa nouvelle politique: pertes de pouvoir d’achat et démantèlement social, et cela malgré une croissance économique de +2,5% à 3%. Les critiques fusent et l’incompréhension s’étend. Pas seulement dans les milieux syndicaux. À juste titre, car ni la bonne situation économique, ni la situation globalement saine des finances publiques ne justifient des coupes sociales et des contributions supplémentaires à charge des ménages.
Le catastrophisme que le gouvernement propage au sujet des finances publiques est totalement exagéré. Le Luxembourg ne se trouve nullement dans une spirale d’endettement, et même du côté des recettes il n’y a, malgré la perte de la TVA sur le commerce électronique, aucune raison de réagir de manière aussi disproportionnée.
Mais au lieu de procéder, parallèlement à l’augmentation de la TVA, à des corrections par la voie d’une réforme fiscale socialement équitable, le gouvernement s’en prend à l’État social et au pouvoir d’achat des ménages. Le gouvernement n’a pas été élu par le peuple pour faire cela. Lors de sa prise de fonction, le gouvernement a promis de ne pas procéder à un démantèlement social et de ranimer le dialogue social. Tout cela est déjà de l’histoire ancienne.
Le programme d’austérité et d’économies qui porte le nom douteux de «paquet pour l’avenir», constitue une atteinte directe aux revenus réels des ménages et va avoir des répercussions immédiates et dommageables sur l’économie luxembourgeoise, les entreprises et les emplois. Les coupes sociales et la longue liste de mises à contribution supplémentaires affecteront en première ligne les bas et moyens salaires. Récemment, l’Observatoire de la compétitivité a constaté qu’au Luxembourg, le fossé entre riches et pauvres se creuse toujours davantage. Le gouvernement vient de décider que cela doit continuer dans cette direction! L’OGBL ne soutiendra pas cette politique, il luttera contre elle.
Celui qui veut construire l’avenir, ne peut pas y arriver par une régression sociale. La critique de l’OGBL ne vise pas l’orientation de la politique familiale, qui veut soutenir des parents qui travaillent et leurs enfants. Sa critique vise le gouvernement, qui prétend faire cela, mais ne le fait pas. Pourquoi, par exemple, les 71 millions d’euros qui se libèrent en raison de l’abolition des allocations d’éducation et de maternité, ne sont-ils pas investis, comme le revendique l’OGBL, dans une revalorisation du congé parental et un ajustement, nécessaire depuis longtemps, des allocations familiales et du bonus pour enfant? Pourquoi les allocations familiales sont-elles amputées sérieusement à partir du deuxième enfant?
L’OGBL considère comme inacceptable une politique qui souhaite extraire le financement d’une partie de l’État social de la fiscalité générale. Dès le début de l’été, l’OGBL a mis en garde le gouvernement avec insistance face à l’erreur politique d’introduire une contribution sociale de 0,5% visant à financer la caisse des prestations familiales, tout en soulignant la répartition inéquitable des charges qui en résultera.
L’OGBL est indigné par les mesures d’austérité et d’économies annoncées qui vont s’attaquer à la protection de l’emploi et aux chômeurs. Il est prévu d’abolir les mesures anti-crise introduites en 2009 relatives au chômage partiel et à l’indemnité de chômage et de détériorer l’important instrument que constitue l’aide au réemploi. Celui qui n’arrive pas à endiguer le chômage, punit les chômeurs. De quelle autre façon pourrait-on sinon décrire ces attaques du gouvernement à l’égard des salariés? Les propositions de l’OGBL pour une meilleure sécurité de l’emploi ainsi que pour une meilleure protection contre le chômage et en situation de chômage ont été écartées d’un revers de main ou bien ont été ignorées.
Un sombre avenir s’annonce également pour l’assurance-maladie et l’assurance-dépendance. Les millions d’économies annoncées vont se faire ressentir sur les prestations, le porte-monnaie des assurés, le travail qualifié ainsi que les conditions de travail et de rémunération des salariés des secteurs de la santé et des services sociaux. L’OGBL exige du gouvernement qu’il mette sans tarder un terme à cette évolution.
L’OGBL s’était exprimé en faveur du changement de gouvernement, afin de mettre un terme à la politique d’austérité. Nous sommes toutefois déçus. Nous avons été trompés. Pour cette raison notre opposition va désormais prendre forme. Notre revendication majeure est le changement d’orientation de cette politique. Pour le maintien de l’État social et pour une redistribution plus juste au Luxembourg. Et cela dès à présent, et non seulement lorsque «l’avenir» annoncé sera là.
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