Dans le cadre d’une série d’entrevues programmées avec les différents partis politiques représentés à la Chambre des députés, le Bureau exécutif de l’OGBL a rencontré le lundi 19 juin 2017 une délégation du CSV composée de son président, Marc Spautz, du président de son groupe parlementaire, Claude Wiseler et du député Jean-Marie Halsdorf.
Le président de l’OGBL, André Roeltgen, est tout d’abord revenu sur les critiques émises par le syndicat à l’encontre de la politique de gouvernement du CSV avant 2013, qui du point de vue syndical consistait surtout en une politique d’austérité et de démantèlement social. Des critiques qui ont culminé dans l’appel de l’OGBL à ne pas voter pour le parti chrétien-social à l’occasion des dernières élections. L’OGBL a tenu à souligner qu’en vue des prochaines élections, il analysera et jugera le programme du CSV, comme il le fera pour tous les autres partis, sur les mêmes bases. La discussion qui a suivi et qui a porté sur un certain nombre de sujets, laisse apparaître aussi bien des convergences que des divergences entre les deux parties.
Ainsi, si de grandes différences existent quant à l’appréciation générale de la récente réforme fiscale du gouvernement, qui était globalement soutenue par l’OGBL, les deux parties s’accordent néanmoins sur deux points relevant de l’équité fiscale, à savoir l’exemption fiscale des salariés rémunérés au salaire social minimum et la question d’une plus forte imposition des stock-options. Il s’agit en effet de deux revendications portées par l’OGBL qui n’ont pas été retenues dans le cadre de la réforme et que l’OGBL continue de soutenir, tout comme d’ailleurs celle visant l’introduction d’un mécanisme d’adaptation du barème fiscal à l’inflation et celle prônant une plus forte imposition des revenus du capital en général. L’OGBL a également réaffirmé sa ferme opposition à toute diminution supplémentaire de la charge fiscale des entreprises.
En ce qui concerne la sécurisation des parcours professionnels, l’OGBL a insisté sur le fait que la législation actuelle n’est plus adaptée sur un certain nombre de points: la protection contre les licenciements doit être renforcée, la loi relative aux plans de maintien de l’emploi et celle relative aux plans sociaux, trop souvent contournées par les employeurs, doivent être réformées. Le CSV a marqué son accord sur le fait que des modifications législatives sont à prévoir à ce niveau, en particulier par rapport aux plans de maintien dans l’emploi. Par ailleurs, l’OGBL et le CSV estiment que l’actuel projet de loi relatif à la gestion des âges se révèle très en-deçà de ce qui est attendu pour répondre aux enjeux actuels et futurs. Le texte doit être absolument revu et corrigé.
Concernant l’index, qui fût entre l’OGBL et le CSV un sujet très conflictuel à partir de 2006, le CSV s’est exprimé en faveur de la pérennisation du mécanisme, sans toutefois exclure d’éventuelles mesures qui seraient à discuter avec les partenaires sociaux en cas de crise manifeste. L’OGBL a, pour sa part, réaffirmé son attachement sans faille à l’index, garant de la paix sociale au Luxembourg, en soulignant qu’il s’opposera à toute tentative de dénaturation de ce mécanisme de compensation, pour les salariés et les retraités, face à l’augmentation continuelle des prix.
L’OGBL a également rappelé aux représentants du CSV qu’il revendique une augmentation structurelle de 10% du salaire social minimum, en soulignant que le salaire social minimum actuel ne permet pas de vivre dignement au Luxembourg, comme l’atteste désormais également une étude réalisée par le Statec, qui avait d’ailleurs été demandée par Marc Spautz, alors ministre de la Famille.
En ce qui concerne l’avenir du système de pensions, l’OGBL et le CSV constatent tout d’abord que celui-ci n’est à l’heure actuelle absolument pas en danger. L’OGBL et le CSV observent également qu’il existe suffisamment de marges de manœuvre financières pour appréhender l’avenir du système avec sérénité. Le CSV estime néanmoins qu’il serait opportun d’envisager une réforme des pensions dès-à-présent pour anticiper les évolutions à venir que prédisent les projections à long terme. De son côté, l’OGBL n’apporte aucun crédit à ces projections à long terme, d’autant plus que l’histoire a démontré que ce type d’études s’est toujours révélé incapable de prédire les évolutions réelles. Il souligne que la réforme de 2012 a déjà fait suffisamment de mal aux jeunes générations, en programmant l’amputation du montant de leur future retraite de 14%. Il s’oppose par conséquent à toute diminution supplémentaire des prestations, qui au contraire doivent être préservées, voire améliorées. De même, il s’oppose à un allongement de l’âge de départ légal à la retraite. En cas de futures difficultés de financement, l’OGBL se prononce en faveur d’une augmentation progressive du taux de cotisation dont le niveau demeure extrêmement bas par rapport à d’autres pays – les cotisations n’ont en effet plus été relevées au Luxembourg depuis les années 1970. Les réponses du CSV n’ont pas contribué à dissiper les interrogations de l’OGBL quant au positionnement du parti chrétien-social sur cette question.
L’OGBL et le CSV ont en outre abordé la situation financière de l’Etat. L’OGBL a exhorté le CSV à arrêter de dépeindre un tableau inquiétant de l’avenir, qui ne correspond tout simplement pas à la réalité. Sans nier la bonne santé actuelle des finances publiques, le CSV exprime néanmoins des craintes quant aux perspectives de croissance de l’économie et de la démographie censées permettre la soutenabilité des finances publiques à moyen terme. Pour l’OGBL, ce n’est pas tant la croissance en tant que telle qu’il faut remettre en question, mais le modèle de croissance envisagé et sa plus-value en terme de qualité de vie pour la population.
L’OGBL et le CSV s’accordent dans ce contexte sur la nécessité d’anticiper et d’accompagner très étroitement les importantes conséquences sociales que va entrainer le processus de digitalisation de l’économie et de la société, qui est actuellement en cours. L’OGBL et le CSV jugent notamment que l’étude prospective réalisée par l’expert américain mandaté par le gouvernement, Jeremy Rifkin, n’accorde pas suffisamment d’attention à ce volet essentiel qui devrait pourtant être au cœur des réflexions portant sur les mutations à venir. Les deux parties sont d’ailleurs tombés d’accord sur l’importance d’un dialogue social structuré, entre autres au niveau national, pour mener ces discussions.
L’OGBL et le CSV s’accordent également sur l’urgente nécessité de prendre le problème du logement au Luxembourg à bras le corps. Le CSV a indiqué souhaiter initier dans ce contexte, sans tabou aucun, une vaste discussion sur ce thème, afin d’examiner toutes les mesures envisageables en la matière.
Enfin, le CSV a fait savoir qu’il mène actuellement une série de réflexions en interne relatives à l’organisation du temps de travail. Il a été convenu que lorsque les conclusions de celles-ci auront été tirées, le CSV et l’OGBL se retrouveront pour en discuter.
Communiqué par l‘OGBL le 22 juin 2017
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