Dans le cadre des négociations et des discussions en cours à l’Université du Luxembourg et dans les trois Centres de recherche publics LIH, LISER et LIST, les représentants patronaux affirment qu’il serait prévu de geler la contribution budgétaire de l’Etat aux frais de fonctionnement de l’Université et des Centres. La dotation resterait même au moins au cours des deux années suivantes au même niveau que 2021. L’Etat ne prendrait même pas en compte d’éventuelles échéances de tranches indiciaires ni les évolutions salariales prévues dans les conventions collectives respectives des différents instituts.
Il ne serait pas exclu d’ailleurs que ce gel soit même poursuivi au-delà de 2023, si la situation financière de l’Etat ne s’améliorait pas. En attendant, les différents établissements sont appelés à faire des économies en vue d’augmenter le niveau de leurs réserves pour affronter ces restrictions budgétaires.
Etant donné que les propos des représentants patronaux des différents instituts convergent de façon cohérente, tout en étant émis dans des contextes indépendants les uns des autres, il faut en conclure qu’il ne s’agit pas d’une simple tactique de négociation patronale, mais que tel est effectivement l’intention du gouvernement.
Ni l’OGBL, seul syndicat présent dans le secteur, ni les délégations du personnel ne sont consultées dans le cadre des discussions entre le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et des quatre établissements en vue du prochain plan quadriennal (2022-2025). L’OGBL avait toutefois sollicité une entrevue avec le ministre Claude Meisch notamment en raison de l’évolution budgétaire. Une entrevue qui s’est tenue le 25 février.
Lors de cette entrevue, le ministre avait affirmé que l’investissement dans l’Enseignement supérieur et la Recherche resterait une priorité pour le gouvernement, même s’il fallait s’attendre à une évolution budgétaire moins importante que par le passé en raison de la détérioration des finances publiques dans le contexte de la crise sanitaire. Le ministre avait assuré que son ministère tâcherait néanmoins d’éviter toute baisse de dotation budgétaire.
Or, force est de constater qu’un gel de la dotation budgétaire au même niveau nominal constitue bien une baisse de la dotation budgétaire!
Pour l’OGBL, cette décision, si elle se confirme, constituerait clairement un mauvais choix politique. L’OGBL s’est toujours prononcé en faveur d’un important niveau d’investissements dans l’Enseignement supérieur et dans la Recherche publique. Poursuivre une politique d’épargne dans ce secteur aura des conséquences néfastes pour le développement du pays.
La pandémie de la Covid-19 a d’ailleurs montré, si besoin il y avait, l’apport essentiel de ce secteur pour la société luxembourgeoise. La stratégie du gouvernement pour endiguer le coronavirus et pour tester à une large échelle n’aurait pas pu être poursuivie sans la contribution et les initiatives des établissements luxembourgeois d’enseignement supérieur et de recherche.
En même temps, les menaces de restrictions budgétaires ont déjà un impact au niveau des négociations et des discussions en cours avec les trois Centres de recherche publics. Elles risquent d’hypothéquer sérieusement les négociations en vue du renouvellement de la Convention collective de travail de l’Université du Luxembourg, qui viennent d’être entamées. Une Convention collective, qui ne couvre pas moins de 2 200 salariés. Or, pour l’OGBL, il n’est pas acceptable que les salariés de ce secteur, qui ont fait preuve d’un engagement et d’une motivation bien au-delà de l’ordinaire pendant la pandémie de la Covid-19, soient pénalisés par une logique d’épargne du gouvernement et ne reçoivent aucune valorisation de leur travail sous forme d’amélioration de leurs conditions de travail et de revenu.
Il n’est pas trop tard pour le gouvernement pour réviser sa copie et ne pas initier une politique d’austérité dans le secteur de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Les différents plans quadriennaux n’ont pas encore été signés. Le budget de l’Etat 2022 n’a pas encore été voté. Les derniers chiffres du ministre des Finances montrent déjà une amélioration de la situation financière de l’Etat.
L’OGBL appelle donc le gouvernement à ne pas prévoir de gel de la dotation budgétaire, mais au contraire à poursuivre une politique faisant évoluer de façon continue les investissements dans l’Enseignement supérieur et de la Recherche, comme elle était encore prévue dans le cadre de la dernière programmation budgétaire pluriannuelle de l’Etat, adoptée par la Chambre des députés en décembre 2020.
Pour renforcer son appel, l’OGBL mènera des actions d’information, de sensibilisation, voire des mobilisations dans le secteur dans les mois à venir.
Communiqué par le syndicat Education et Sciences de l’OGBL, le 3 mai 2021
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