Journée européenne des personnes handicapées: 3 décembre 2009

L’égalité des chances au travail, une utopie ou un manque de volonté?

Du 16 au 22 novembre 2009, la France a tenu sa 13e semaine pour l’emploi des personnes handicapées. Cette action a cruellement rappelé aux Français que l’accès à l’emploi des personnes en situation d’handicap est loin d’être acquis. Et ce malgré l’existence d’un quota légal des salariés handicapés fixé à 6 % de l’effectif total des travailleurs d’une entreprise de plus de 20 salariés. Ces mêmes quotas sont également en vigueur pour les services étatiques et administrations communales. Selon une récente étude du ministère du Travail français le taux d’embauche sur le marché du travail ordinaire de salariés handicapés n’est que de 2,8 %.

Pour essayer de remédier à ce non respect des quotas, le gouvernement français a décidé de renforcer les sanctions prévues par la loi. A partir de 2010, toutes les entreprises n’ayant fait aucun effort réel pour améliorer leur quota de travailleurs handicapés au sein de leur personnel, seront obligées de payer des amendes de 10 300! par an. Au-delà de la répression, il est aussi prévu de tester le CV anonyme pour augmenter les chances d’être retenu pour ses capacités et non pour ses apparences. Cette mesure profiterait à la «diversité» en général. Le véritable défi consiste toutefois à trouver un moyen de changer le regard sur le handicap et de modifier ainsi les comportements.

En effet, selon un sondage effectué par «Harris Interactive», 59 % des Français estiment difficile d’intégrer dans l’emploi une personne handicapée et avouent un sentiment de gêne envers le handicap.

Qu’en est-il au Luxembourg? Depuis 1991 et réaffirmé en 2003, la loi sur le travailleur handicapé prévoit également des quotas d’embauche de personnes handicapées aussi bien pour le secteur privé que pour l’Etat et les communes.

Les quotas minima à respecter sont de 5 % pour l’Etat, les communes, les établissements publics et les CFL; 4 % pour les employeurs privés occupant au moins 300 salariés; 2 % pour au moins 50 salariés et 1 travailleur handicapé pour au moins 25 salariés.

Pour le reste la situation n’est guère différente que celle en France. Même si contrairement au ministère du Travail français le gouvernement luxembourgeois n’a pas encore effectué d’étude sur le taux d’embauche des travailleurs handicapés au sein des entreprises luxembourgeoises, il est certain que les quotas sont également loin d’être respectés et atteints.

Les raisons de ce non respect de la loi au Luxembourg sont certes multiples.
D’une part aucun organe étatique n’est chargé de contrôler l’application de la loi et le respect des quotas, mais d’autres facteurs jouent également un rôle important. Dans beaucoup de cas, l’on constate une scolarisation et formation professionnelle insuffisante pour répondre aux attentes du marché du travail ordinaire. En plus, l’insertion des personnes handicapées devrait se faire dès le plus jeune âge au niveau de la scolarisation. Il est toujours plus difficile d’intégrer une personne handicapée adulte dans le monde du travail ordinaire si celle-ci a passé la plus grande majorité de sa vie en institution. Les mesures qui existent actuellement pour remédier à ces problèmes de formation et d’intégration sont nettement insuffisantes. D’autre part, il y a aussi les problèmes d’accessibilité des bâtiments et lieux de travail qui servent bien souvent de prétexte pour un refus d’embaucher une personne handicapée.
Il est grand temps de changer les mentalités et de faire tomber les préjugés.
Pour cela il faut une réelle volonté politique et des actions concrètes. Au-delà de la nécessité d’une stricte application de la loi, des actions d’accompagnement comme celle mise en place par l’ATP asbl avec son Service Job Coaching doivent être intensifiées et étendues à tous les types de handicap. Finalement, nous pourrions prendre exemple sur nos voisins français et tenir une 1ère semaine pour l’emploi des personnes handicapées au Luxembourg. Dans tous les cas, le ministère du Travail devrait, comme en France, faire réaliser une étude pour au moins disposer de chiffres et pour savoir où nous en sommes réellement quant au respect de nos quotas. Mais si cela n’a encore jamais été fait, c’est peut-être dû à la peur des résultats accablants qui pourraient apparaître.

Communiqué par le Département des Travailleurs Handicapés de l’OGBL
le 2 décembre 2009