L’évaluation des apprentissages dans le cycle inférieur de l’ES et de l’EST

La position du SEW

Dans l’introduction du document de réflexion autour de l’évaluation aux classes inférieures de l’ES et de l’EST affiché sur le site du MENFP, le contexte est donné : « tous les pays suivent la même voie », ce qui soutient notre thèse que la mise en place de l’enseignement par compétences est avant tout une politique orchestrée par l’OCDE appliquée dans les différents pays de l’UE.
Le SEW n’a pas d’opposition de principe à l’égard de l’enseignement par compétences, qui peut effectivement présenter des avantages, s’il est clairement circonscrit.
Mais il devient de plus en plus apparent pour nous que notre système d’enseignement tout entier tend à y être subjugué d’une manière inacceptable.
Le document de travail sur l’évaluation des apprentissages dans les classes inférieures de l’ES et de l’EST confirme cela :

  • au centre de l’évaluation ne se trouvent plus les connaissances acquises par les élèves, mais des domaines de compétences stéréotypés comme « résoudre des problèmes, argumenter, communiquer, … » ;
  • les différents éléments du programme doivent être intégrés dans ces domaines via des descripteurs ;
  • les devoirs en classe sont décomposés et leurs questions apparaissent dans un tableau de synthèse comme des parties de différents puzzles qui composent les différents domaines de compétences ;
  • ce tableau permettrait de calculer la « note synthèse ».

Le résultat de ces artifices de l’esprit visant à relier les notes des différents devoirs en classe dans une branche aux domaines de compétences de cette branche et à aboutir à une note de synthèse trimestrielle se présente comme un imbroglio tel qu’une truie n’y retrouverait plus ses petits.
En clair, ce cheminement labyrinthique nous apparaît comme l’aboutissement d’un raisonnement de bureaucrate endurci, qui serait absolument inaccessible aux élèves et à leurs parents ( il faut penser notamment au listing des descripteurs qu’on propose d’inscrire sur chaque devoir en classe et à la décomposition des notes des devoirs pour qu’elles réapparaissent dans un tableau de synthèse ) et qui submergerait les enseignants de travaux administratifs totalement disproportionnés par rapport à leur utilité. Cela irait évidemment aux dépens du temps dévoué à l’enseignement et la remédiation.
Au-delà de ces jongleries troublantes, le document de travail contient deux autres suggestions :

  • la première – fondamentale –, qui entend organiser la promotion par domaines de compétences et non plus par disciplines. Dans cette optique, les connaissances acquises dans une branche seraient fondues dans un magma de compétences interbranches et le cheminement décrit ci-dessus serait encore multiplié par 10. Il s’entend que ceci est tout à fait inacceptable pour nous !
  • la deuxième, qui veut déduire le niveau atteint non plus du calcul de la moyenne des notes trimestrielles, mais des travaux de l’élève réalisés en fin d’année scolaire. Cela reviendrait à sous-évaluer les connaissances acquises aux 1er et 2e trimestres et à attribuer plus de poids aux résultats du dernier trimestre, procédure abandonnée il y a quelques années en raison de son caractère déséquilibré et injuste.

En fin de compte, le système proposé constitue un mauvais compromis entre le système traditionnel (opérant avec une note de 60 points) et une évaluation basée sur un socle de compétences. Sans présenter le moindre avantage tangible, il combine les désavantages des deux systèmes d’évaluation–à savoir l’absence de descripteurs perceptibles pour le système actuel et le manque d’une vue globale des connaissances de l’élève pour l’enseignement par compétences.
Remarquons encore que la promotion automatique entre la 7e et la 8e ou entre la 7e et la 6e ne constituent nullement un moyen pour régler les problèmes des élèves, mais ne fait que reporter ceux-ci.
Le SEW demande au MENFP de retirer ce document de travail et de remettre à plat la discussion sur l’impact des compétences dans l’évaluation de l’enseignement luxembourgeois.

Communiqué par le SEW-OGBL
le 23 mai 2011