Les causes du problème ne peuvent pas être la solution

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Les syndicats représentatifs au niveau national et l’UEL ont été invités le lundi 26 janvier 2015 par le gouvernement afin d’échanger pour la première fois leurs points de vue dans le cadre du semestre européen. Le semestre européen constitue le principal outil de coordination et de surveillance des politiques économiques, structurelles, budgétaires et sociales visant à ce que les politiques nationales contribuent à la réalisation des objectifs communs fixés dans l’Union européenne et dans l’Union économique et monétaire. Cette première réunion consultative était placée sous l’égide du Conseil économique et social (CES).

Alors que le gouvernement est revenu sur les très discutables analyses et recommandations que la Commission européenne a adressé dernièrement au Luxembourg, l’UEL a de son côté fait savoir qu’elle y souscrivait pleinement reprenant notamment à son compte la soi-disant nécessité de renforcer «l’effort budgétaire», appelant à une nouvelle dégradation du système de pension et plaidant pour une révision à la baisse du «système de formation des salaires» (mécanisme d’indexation automatique des salaires compris).

Les syndicats, conduits par l’OGBL, se sont naturellement inscrits en faux contre l’approche préconisée par la Commission européenne, indiquant que celle-ci reconnaît d’ailleurs elle-même que les «efforts» accomplis jusqu’à présent ne portent pas leurs fruits. Le front syndical a ainsi souligné que de nombreuses réformes structurelles mises en œuvre ces dernières années, et qu’il faudrait poursuivre selon la Commission, font partie intégrante du problème et ne sont donc certainement pas la solution. En dégradant les salaires et les systèmes de protection sociale, ces réformes ont en effet aggravé la crise et sont finalement responsables de la conjoncture maussade que connaît l’Europe actuellement.

semestre_europeen_2En effet, en appliquant l’austérité par le biais d’une compression des salaires, les États membres aggravent la situation en sapant les exportations de chacun (qui dépendent essentiellement de la demande au sein du marché européen), ce qui constitue un danger systémique pour l’ensemble de l’UE. Au lieu d’une telle politique, l’Europe a besoin d’investissements et de justes salaires ainsi que d’une protection sociale décente. Si les ménages ont de l’argent à dépenser, ils le dépenseront, stimulant ainsi la demande de biens et de services. Le plan d’investissements de la Commission européenne constitue en ce sens un élément important, mais qui n’est certainement pas à la hauteur du changement de cap annoncé et nécessaire. Par ailleurs, tenter exclusivement d’augmenter les exportations qui ne contribuent qu’à hauteur de 17% du PIB au niveau européen en déprimant la demande intérieure qui contribue, elle, pour 83% du PIB, est évidemment contreproductif tant pour la demande que pour l’activité économique dans l’UE.

Si le Luxembourg tire comparativement bien son épingle du jeu en termes économiques et budgétaires, il affiche toutefois de mauvaises performances sociales, en termes notamment de chômage et d’inégalités. Il semble dès lors évident que les réformes structurelles prioritaires à mener doivent viser avant tout à améliorer les performances sociales du pays alors que pour les performances macroéconomiques, le Luxembourg occupe depuis des années de manière incontestable la première place.

Or, le système actuel de gouvernance économique ne tient pas compte des principes sociaux. Pour y remédier, des limites claires doivent être fixées au système. L’OGBL, le LCGB et la CGFP ont ainsi plaidé en faveur de l’introduction de meilleurs et pour davantage d’indicateurs sociaux en rapport avec le marché du travail. La gouvernance économique européenne devrait également permettre de suivre l’évolution des bénéfices des entreprises et l’utilisation qui en est faite au lieu de se focaliser uniquement sur l’évolution des «coûts salariaux».

Message de solidarité de l’OGBL à l’adresse de la FGTB

A la FGTB

Chères, chers camarades,

Depuis des semaines la FGTB, ensemble avec les autres syndicats belges mène un dur combat contre la politique antisociale et antisyndicale du nouveau Gouvernement fédéral belge.

Votre lutte contre le gel des salaires, contre le saut d’index, pour le maintien du pouvoir d’achat des travailleurs de votre pays, votre opposition à une politique d’austérité socialement injuste et économiquement fausse, votre combat pour des services publics de qualité et votre défense de votre système de sécurité sociale est à plus d’un titre exemplaire.

Votre combat est non seulement important pour les travailleurs de votre pays, mais il concerne toute l’Union européenne. Votre combat est notre combat.

Au nom des membres de l’OGBL, dont de nombreux travailleurs frontaliers belges, je vous exprime notre solidarité et vous souhaite du succès dans votre action.

Salutations syndicales

André Roeltgen
Président de l’OGBL

Communiqué le 11 décembre 2014

Le plan d’investissement proposé par la Commission Juncker est insuffisant

Luxembourg, le 9 décembre 2014

Comité exécutif de la CES des 2-3 décembre : Le plan d’investissement proposé par la Commission Juncker est insuffisant pour générer une croissance durable et des emplois décents

Le Comité exécutif de la CES s’est prononcé sur le plan d’investissement proposé par la nouvelle Commission européenne. La CES doute que 315 milliards d’euros, répartis sur trois ans, permettront à l’économie européenne de réaliser un véritable tournant. Le plan d’investissement proposé par la CES, bien plus ambitieux, prévoit quant à lui la mobilisation de 2% du PIB européen par an, sur une période de dix ans. La CES demande à ce que le plan d’investissement inclut des indicateurs sociaux dans les critères de sélection, et demande l’implication des partenaires sociaux dans la mise en place du plan d’investissement. La CES s’inquiète du fait que le plan d’investissement de la Commission s’axe sur les réformes structurelles, risquant de forcer les Etats-membres à établir ainsi des partenariats publics-privés en échange d’une aide financière.

Le Comité exécutif de la CES a également appelé la nouvelle Commission à mettre en place une stratégie forte en matière de santé et de sécurité au travail en Europe. Le cadre 2014-2020 en matière de santé et de sécurité de juin 2014 ignore les recommandations du Parlement européen et les demandes de la CES. La résolution adoptée par le Comité exécutif présente quatre actions urgentes à l’attention de la nouvelle Commission. La CES appelle celle-ci à définir des limites européennes contraignantes d’exposition pour un nombre élargi de substances toxiques. Actuellement, de telles limites n’ont été reconnues au niveau de l’UE que pour trois substances cancérigènes ; la CES demande d’élargir cette liste à 50 substances cancérigènes. La mise en place d’une directive sur les troubles musculo-squelettiques est également reconnue comme une priorité par la CES, de même que la nécessité de mesures législatives sur les risques psychosociaux liés au travail.

Le Comité exécutif fut l’occasion de prendre position sur la gouvernance économique de l’UE, sur laquelle la Commission prévoit de faire le point dans une communication le mois prochain. La CES entend contribuer à cette révision et recommande dans ce cadre plusieurs modifications de fond jugées nécessaires pour établir un cadre efficace pour la gouvernance économique européenne. Il est notamment demandé à ce que la dimension sociale soit placée au cœur de la gouvernance économique européenne, ainsi que la définition de meilleurs indicateurs. Finalement, le rôle des partenaires sociaux dans le cadre du processus de décision de la gouvernance économique doit être renforcé.

A l’ordre du jour du Comité exécutif figurait aussi la problématique du travail frontalier et les obstacles spécifiques à la libre circulation que rencontre cette catégorie de travailleurs.

Le Luxembourg était représenté au Comité exécutif de la CES par Jean-Claude Reding, président de l’OGBL, Véronique Eischen, membre du bureau exécutif de l’OGBL, le LCGB et par Lena Batal, chargée de mission du Secrétariat européen commun de l’OGBL et du LCGB Asbl.

Communiqué du Secrétariat européen commun de l’OGBL et du LCGB Asbl

Assez de morts, de maladies et d’affections liées au travail !

segol_securiteChaque année, on dénombre 100.000 morts dues à des cancers liés au travail. L’UE doit mettre fin à cette hécatombe !
Lors d’une réunion à Bruxelles aujourd’hui, la Confédération européenne des syndicats (CES) a condamné la Commission européenne en lui reprochant de bloquer les avancées en termes de santé et de sécurité[1] et d’avoir présenté une stratégie très insuffisante en ces matières (Cadre stratégique 2014-2020).

La CES a appelé à :

Des limites d’exposition juridiquement exécutoires pour 50 des substances chimiques les plus cancérigènes et autres agents toxiques dangereux pour la santé génésique ;
Une directive sur les troubles musculo-squelettiques pour prévenir les risques dorsolombaires et autres affections causées par la manutention manuelle de charges lourdes ;
Agir pour exiger des employeurs d’évaluer et de prévenir les risques psychosociaux au travail tels que le stress dont se plaignent 25% des travailleurs.

Bien loin d’agir pour protéger les citoyens des dangers au travail, la Commission européenne a :

bloqué la révision de la directive sur les agents cancérigènes ou mutagènes au travail avec pour résultat que des limites d’exposition européennes n’ont été définies que pour 3 substances chimiques responsables de cancers ;
empêché que ne soit transposé dans la loi un accord conclu entre employeurs et représentants des travailleurs visant à protéger les coiffeurs de substances chimiques nocives ;
bloqué un projet de directive sur les risques dorsolombaires et autres troubles musculo-squelettiques.

Bernadette Ségol, Secrétaire générale de la CES, a déclaré : « Il est scandaleux que 100.000 personnes meurent chaque année dans l’UE d’un cancer professionnel et il est indigne que la Commission Barroso ait refusé de soutenir toute nouvelle législation en matière de santé et de sécurité. J’invite le nouveau président de la Commission, Jean-Claude Juncker, et la commissaire Marianne Thyssen à agir pour protéger les citoyens européens des risques de mort, de maladie et d’affection liés au travail. »

[1] Dans le cadre du programme « réglementation affutée » (REFIT) de la Commission et prenant pour prétexte la mise en œuvre de directives existantes.

Communiqué par la CES le 2 décembre 2014

La CES demande une révision fondamentale des accords commerciaux avec le Canada et les Etats-unis

Bernadette Segol
Bernadette Segol

Le Syndicat européen appelle à un réexamen fondamental des accords commerciaux canadien et américain

En prélude à la réunion des ministres européens du Commerce, la Confédération européenne des syndicats (CES) a appelé à un réexamen en profondeur d’importantes négociations commerciales avec le Canada et les États-Unis.
Le 21 novembre, le Conseil doit discuter d’un accord avec le Canada (l’Accord économique et commercial global, AECG), à propos duquel la Commission a annoncé la fin des négociations, et des négociations en cours avec les États-Unis (le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, PTCI).
La CES a clairement exprimé son opposition à l’AECG pour les raisons suivantes :

  • Il inclut un mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE) qui accorde des avantages juridiques inappropriés aux investisseurs étrangers ;
  • Il n’exclut pas sans équivoque les services publics des domaines susceptibles d’être libéralisés dans les pays européens ; et
  • Il n’inclut pas de procédures d’exécution garantissant la mise en œuvre des normes de l’Organisation internationale du travail (OIT).

La CES a dénoncé l’AECG comme étant un cheval de Troie visant à introduire la même approche inacceptable pour le PTCI.
La CES a clairement fait connaître sa position aux gouvernements canadien et américain ainsi qu’aux institutions européennes et œuvrera avec des membres du Parlement européen pour bloquer ces accords inacceptables. Elle a également invité ses affiliés partout en Europe à faire part de leurs inquiétudes à leurs gouvernements et à leurs élus parlementaires.
La Secrétaire générale de la CES, Bernadette Ségol, a déclaré : « Les syndicats des deux côtés de l’Atlantique sont unis dans leur volonté de voir des accords négociés dans l’intérêt public, et non en faveur d’intérêts particuliers, et qui ne privatisent pas les bénéfices tout en mutualisant les pertes.
« Nos critères d’évaluation sont clairs. L’AECG n’y répond pas et si le PTCI suit la même voie, il n’y répondra pas non plus. Je salue l’intention exprimée par Cecilia Malmström, la nouvelle Commissaire en charge du commerce, de considérer l’approche de la Commission sous un angle nouveau. Elle devrait maintenant suspendre la signature des accords et examiner s’ils respectent vraiment les principes démocratiques, s’ils créeront des emplois décents et s’ils renforceront les droits des travailleurs. »

L’initiative citoyenne européenne « Stop TTIP » dépose ce lundi une plainte devant la CJUE

cube_europe_euLes organisateurs de l’initiative citoyenne européenne «Stop TTIP» à laquelle est associée l’OGBL déposeront le lundi, 10 novembre 2014, une plainte auprès de la Cour de justice européenne à Luxembourg, suite au rejet, le 10 septembre dernier, par la Commission européenne de l’initiative.

La plainte conteste les motifs du refus, qui est en réalité politiquement motivé. Il s’agit en même temps pour les organisateurs de garantir des conditions équitables et profitables pour toute future initiative citoyenne européenne : l’entérinement de l’opinion légale de la Commission aurait pour conséquence que l’initiative citoyenne européenne reste lettre morte.

Les membres du bureau de campagne de l’initiative «Stop TTIP» ainsi qu’une cinquantaine de représentants des organisations membres de la plateforme luxembourgeoise PTCI/TTIP dont fait partie l’OGBL, seront présents au Kirchberg, lundi matin, afin d’exprimer leur opposition aux accords TTIP et CETA et pour soutenir la reconnaissance de l’initiative citoyenne européenne.