Une nouvelle voie pour l’Europe – Notre lutte : investissements, emplois de qualité, égalité

L’austérité ne fonctionne pas

Demain, la Confédération européenne des syndicats (CES) organise une euro-manifestation à Bruxelles pour demander la fin de l’austérité et proposer une nouvelle voie pour l’Europe privilégiant les investissements, les emplois de qualité et l’égalité.

Au moins 50.000 travailleurs d’au moins 21 pays européens différents manifesteront dans les rues de Bruxelles pour exprimer leur mécontentement à l’égard de la situation économique et des politiques économiques actuelles.

La crise de l’emploi et de la pauvreté doit encore être abordée. Alors que les dirigeants de l’UE soutiennent que l’Europe doit poursuivre des politiques d’austérité sévère, les syndicats luttent pour l’adoption de nouvelles politiques qui remettent l’Europe au travail.

« L’austérité ne fonctionne pas. L’austérité a aggravé la crise sociale et économique : plus de 26 millions d’Européens sont sans travail, 10 millions de plus qu’en 2008. C’est la raison pour laquelle nous manifestons et exigeons une nouvelle voie pour l’Europe basée sur les investissements, les emplois de qualité et l’égalité », a déclaré Bernadette Ségol, Secrétaire générale de la CES.

Informations pratiques :
La manifestation débutera à 11h30.
Le parcours de la manifestation est disponible ici.
L’arrivée de la manifestation est prévue à partir de 12h30, avenue de la Joyeuse Entrée (Parc du Cinquantenaire).
Les discours des responsables syndicaux commenceront à 13h.

La Confédération européenne des syndicats parle d’une seule voix au nom des intérêts communs des travailleurs au niveau européen. Fondée en 1973, elle représente aujourd’hui 85 organisations syndicales dans 36 pays européens ainsi que 10 fédérations sectorielles. La CES est aussi sur Facebook, Twitter, YouTube et Flickr.

Pour plus d’informations:
Département Communication de la CES
Julian Scola
Tél +32 (0) 486117394
Daniele Melli
Tél +32 (0) 473942563
Emanuela Bonacina
Tél+32 (0) 473942647

E-mail : media@etuc.org

Attaque contre la démocratie, l’ordre commercial mondial et l’intégration européenne?

Afin de contribuer au débat sur le TTIP («Transatlantic Trade and Investment Partnership») et à une mobilisation éclairée sur les aspects contestés de ce partenariat transatlantique sur le commerce et l’investissement, les ONG ASTM, Caritas, Greenpeace et Mouvement Écologique tout comme le syndicat OGBL avaient invité le 13 mars 2014 à une conférence avec Ernst-Christoph Stolper. L’intervenant est politologue et a été actif dans le mouvement pacifiste des années 1980. Il a travaillé durant de longues années comme fonctionnaire politique des Verts pour les gouvernements régionaux de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et de Rhénanie-Palatinat, où il s’est surtout occupé de questions environnementales et énergétiques.

Chez Ernst-Christoph Stolper, qui a pris la parole devant un public très nombreux, toutes les alarmes se déclenchent à l’évocation du TTIP, alors qu’il n’est nullement par principe contre le libre-échange. Pour la Commission européenne, le TTIP, c’est moins de bureaucratie et plus de croissance. Mais le TTIP, c’est aussi la libéralisation, la dérégulation, et ce malgré l’expérience de la crise, et encore les règles du marché appliquées à la culture, les poulets chlorés, les OGM, la viande aux hormones, et la confrontation des blocs.

Il est difficile d’être très concret sur le TTIP, estime Ernst-Christoph Stolper, car les négociations se déroulent à l’abri du public, dans le secret, afin que la stratégie de négociation de l’UE, dit la Commission, ne soit pas connue. Et d’ironiser que cet effort de garder les choses secrètes ne valait pas la peine, car la NSA a bien veillé à mettre les USA au courant. Ceci dit, Ernst-Christoph Stolper est entretemps convaincu que la Commission a compris que garder le secret ne sert plus à rien.

Ernst-Christoph Stolper pense que ce ne sont pas les droits de douane, comme c’est le cas pour la plupart des accords commerciaux, qui sont l’enjeu véritable du TTIP. Les droits de douane de l’UE sont de 5,3% et ceux des USA de 3,5%. Ce sont des taux très bas à l’échelle mondiale, même s’ils génèrent des revenus conséquents, le volume des échanges commerciaux étant très important. L’enjeu du TTIP, ce sont au contraire les obstacles commerciaux non-tarifaires, en l’occurrence les lois et les règlements. C’est justement cette dimension qui est à l’origine de plus en plus de protestations et d’appels à rendre public l’avancement du dossier alors que le quatrième round des négociations est en cours et que Karel De Gucht, commissaire en charge du TTIP, s’apprête à faire le point sur la situation. (NDLR: la conférence a eu lieu avant que le commissaire européenne ne s’est prononcé sur le quatrième round)

Pourquoi le TTIP suscite-t-il autant d’opposition?
Si le TTIP suscite autant de questionnements et de contestations, c’est qu’il aborde toute une série de sujets qui préoccupent l’opinion publique depuis une décennie. Ernst-Christoph Stolper cite la sécurité alimentaire et l’agriculture, la protection technique de l’environnement, l’ouverture des marchés des services, les services financiers, la culture, les normes de protection des données et le domaine social.

La sécurité alimentaire et l’agriculture sont touchées par les règles sur les pesticides, sur l’étiquetage d’origine et sur les OGM. Stolper estime également qu’elles seraient atteintes par les effets du TTIP sur la politique agricole commune (PAC) qui est basée sur l’idée que l’agriculture européenne est concentrée sur de petits espaces, alors que l’agriculture des USA est basée sur de grands espaces, ce qui a déjà été, par le passé, une source de difficultés entre les deux entités.

La protection technique de l’environnement est basée en Europe sur le principe de la prévention – alors qu’aux USA prédomine le principe de la «sound science» – ce qui permet aux administrations européennes d’intervenir en amont, aussi grâce à une règlementation forte dans les domaines de la chimie et de l’industrie pharmaceutique, alors qu’aux USA, la nocivité d’un produit doit d’abord être prouvée dans la pratique avant qu’il ne puisse être interdit.

L’ouverture des marchés des services
constitue un problème dans une UE qui connaît les services d’intérêts généraux (SIG) dans le domaine des transports et de l’approvisionnement en eau par exemple et qui ne relèvent pas de la pure logique du marché. Et la réaction de l’opinion publique européenne à l’éventualité d’une privatisation de l’eau est ici éloquente pour illustrer une sensibilité particulière à cet égard, estime Ernst-Christoph Stolper. Même si les SIG ne sont pas complètement à disposition, admet-il, il y a pourtant un monde entre les définitions dans ce domaine dans l’UE et aux USA. Or pour lui, la Commission n’aurait pas de problème si un prestataire du Nevada pouvait remporter un marché public dans le domaine des SIG s’il faisait une offre plus favorable.

Dans le domaine des services financiers par contre, c’est l’UE qui est moins régulée que les USA depuis la crise.

Le TTIP pourrait aussi mettre fin au modèle européen de soutien à la culture, estime Ernst-Christoph Stolper, qui a rendu hommage aux efforts de la France pour écarter la culture de l’accord.
L’UE et les USA divergent par ailleurs fortement dans leur conception de la protection des données, a expliqué Ernst-Christoph Stolper.

Finalement, la libéralisation intrinsèque à la démarche du TTIP pourrait avoir des répercussions fortes dans le domaine social, notamment dans le domaine de la cogestion.

Mais peut-on négocier, si aucune norme européenne n’est à disposition, comme le dit la Commission, se demande Ernst-Christoph Stolper. Cela ne peut fonctionner dans aucune négociation, constate-t-il. La Commission cherche donc des voies d’issue, et les voit dans un accord qui formulerait des objectifs, et la manière de les atteindre se ferait par des déductions pratiques négociées par la suite. La Commission parle «d’accord vivant» qui évoluerait d’objectif en objectif.

Le TTIP contre la démocratie
D’où cette thèse de l’orateur: Le TTIP est la plus forte attaque contre la démocratie dans l’UE depuis l’époque de la confrontation des blocs. Cela tient à la question de l’intégration des blocs économiques. Dans l’UE, il y a eu un long processus de convergence et d’adaptation des règlementations qui a conduit au marché unique. Mais ce dernier a toujours souffert d’un déficit démocratique, ce qui a finalement conduit à un renforcement des pouvoirs du Parlement européen pour rétablir l’équilibre entre les pouvoirs. Mais rien de tel n’est possible avec le TTIP. Il n’y a pas de parlement transatlantique. Il n’y a donc pas de processus de décision conjoint de type délibératif démocratique. Il s’agit donc d’une régression claire et nette vers les temps de la «démocratie des arrière-salles».

Dans l’UE, les questions à traiter le seront selon les règles de la comitologie, et aux USA, ce seront les agences exécutives qui auront le dernier mot. Il y aurait certes un «Regulatory Conciliation Council», mais qui ressemblerait plutôt à un «TÜV transatlantique», à l’image de l’Association d’inspection technique allemande, le «Technischer Überwachungsverein». Le TTIP ne connaîtra pas de droit de veto. Les délibérations sur les règlementations seront d’ordre technique et seraient toujours censées aboutir. Toute nouvelle règlementation de l’UE serait tenue de s’adapter aux décisions issues de ces négociations entre techniciens dans le cadre du TTIP.

Un autre point important – et qui est l’objet de toutes les contestations – est la manière dont est conçu le mécanisme de règlement des litiges entre investisseurs et États dans le cadre du volet «investissement».

Le TTIP ne prévoit pas un tribunal d’arbitrage permanent, mais un mécanisme d’arbitrage ad hoc dont les acteurs seront choisis sur une liste de grands cabinets de juristes qui seront une fois du côté des plaignants, une autre fois du côté des défenseurs, ou carrément des arbitres. Ces procédures d’arbitrage entre États et investisseurs ne seront pas publiques, alors qu’elles concerneront les États et donc les intérêts du public.
Les cas d’entreprises qui s’en prennent aux États et à leurs politiques se multiplient: Vattenfall contre la République fédérale allemande dans le cadre du «tournant énergétique»; un État du Canada attaqué dans le cadre de l’interdiction du fracking par une firme US qui veut forer du gaz de schiste; une société française qui attaque le gouvernement égyptien et le principe du salaire minimum, etc. L’Afrique du Sud et l’Australie ont entretemps renoncé à recourir encore à ce genre d’arbitrages, explique Ernst-Christoph Stolper. De fait, les entreprises peuvent miner par les effets de ces arbitrages la formation de la volonté politique. C’est cet écueil qui a selon lui conduit la Commission à lancer en janvier 2014 une procédure de consultation sur le volet «investissement» du TTIP, une procédure qu’il faut considérer comme un succès pour les contestataires du TTIP.

Un autre aspect non négligeable selon Ernst-Christoph Stolper est le précédent que pourrait constituer l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada, dit CETA, qui contient lui aussi un tel mécanisme, à condition qu’il passe par le Parlement européen et les parlements nationaux.
Pour toutes ces raisons, le TTIP doit selon l’orateur être rejeté, car il mine la démocratie

Le TTIP: un risque pour l’ordre commercial mondial

Ernst-Christoph Stolper a aussi avancé d’autres arguments qui justifient une opposition au TTIP. Le TTIP unirait les deux blocs économiques les plus grands de la planète. Avec le TTIP et son impact sur les normes globales, les USA pourraient confiner la Chine. Pour lui, le TTIP est de fait un accord contre les pays émergents, bref «un accord anti-BRIC». Cela pourrait conduire à des désordres voire au délitement de l’ordre commercial mondial. L’argument que le TTIP aiderait par ses normes à relever les normes globales dans de nombreux domaines risque d’être mal pris par les BRIC. Ceux-ci pourraient alors créer leur propre structure. Une confrontation des blocs pourrait en naître, dont la crise ukrainienne est pour Stolper à certains égards déjà l’annonciatrice. L’UE ferait donc mieux de s’orienter dans un contexte global plutôt que bipolaire avec les USA.

Le TTIP: un danger pour l’intégration européenne
Ernst-Christoph Stolper estime également que le TTIP constitue un danger pour l’intégration européenne.
Il fait perdre au Parlement européen sa légitimité, puisque sa mise en œuvre risque de surdéterminer les nouvelles législations européennes.
Il remet en question la nature même de l’UE en la faisant passer d’un projet d’intégration politique vers une zone de libre-échange.
Il défavorisera clairement les pays du Sud de l’Europe en changeant la nature même du marché unique. Même le ministre des Finances bavarois, Markus Söder, pourtant de la CSU, s’en est ému et a demandé la tenue d’un référendum international sur la question.

Les avantages du TTIP
Lorsque l’accord a été lancé en février 2013, la Commission a mis en expectative un gain de 0,5 % de croissance annuel dans l’UE et de 0,4 % aux Etats-Unis d’ici à 2027, soit l’équivalent de 86 milliards d’euros supplémentaires pour l’UE et de 65 milliards pour les Etats-Unis. L’accord pourrait rapporter 545 euros par ménage sur dix ans, a également estimé la Commission. Tout cela relève selon Ernst-Christoph Stolper «de la lecture de l’avenir dans du marc de café», et pour lui, «la météo a un plus grand impact sur la croissance que le TTIP».

Pourquoi alors le TTIP?
Ernst-Christoph Stolper pense que ce sont surtout les fédérations patronales qui ont la responsabilité de ce qui se passe – qu’il distingue très clairement des entreprises – «qui continuent de croire qu’il faut confiner la politique à ses domaines propres». Les politiques qui soutiennent cette démarche sont une minorité et sont marqués par les contacts qu’ils ont avec ces fédérations patronales.

Comment s’opposer au TTIP?

L’expert allemand distingue plusieurs hypothèses pour s’opposer à un accord qu’il juge «superflu et dangereux» dans un contexte où la contestation monte, où rien n’est décidé, où rien ne devrait advenir fatalement, d’autant plus que le Parlement européen et les parlements nationaux auront leur mot à dire. Le TTIP pourrait être remisé dans les tiroirs, il pourrait être amputé de tous ses éléments litigieux, et il pourrait se dissoudre dans un accord global au niveau de l’OMC.

En Allemagne, une pétition a été lancée sur l’Internet, qui a recueilli en quelques semaines plus de 400 000 signatures. Des actions courent dans le cadre de la campagne pour les élections européennes. Le grand syndicat de la métallurgie, l’IG Metall, a demandé l’arrêt des négociations.
Au niveau européen, la consultation publique de la Commission européenne offre une opportunité. Des rencontres avec des acteurs de la société civile s’imposent … Le recours à une initiative citoyenne européenne (ICE) est une vraie option.

Source: Europaforum

Lire également la position de la Confédération européenne des syndicats sur le TTIP:
http://www.etuc.org/sites/www.etuc.org/files/FR-ETUC-position-on-TTIP-2_1.pdf

Échange de vues sur la politique européenne entre l’OGBL et Jean Asselborn

Une délégation de l‘OGBL conduite par son président, Jean-Claude Reding, a été reçue ce mercredi 19 mars 2014 par le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn.

L’échange de vues portait sur la politique européenne en général, la politique industrielle au niveau européen, le programme de simplification de la législation européenne appelé «Refit» ainsi que les négociations sur le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP).

Le président de l’OGBL a remis au ministre un dossier de la Confédération européenne des syndicats (CES) comprenant notamment le Plan de la CES pour l’investissement, une croissance durable et des emplois de qualité, le manifeste pour un contrat social pour l’Europe ainsi que la position de la CES sur le TTIP.

En ce qui concerne la procédure dite «semestre européen», Jean-Claude Reding a demandé au ministre Asselborn de soutenir auprès du gouvernement la demande de l’OGBL de mettre en place une méthode de consultation des partenaires sociaux en amont de la prise de décision relative à la politique budgétaire. De manière plus générale, l’OGBL souhaite que le gouvernement s’engage clairement à Bruxelles pour une meilleure prise en considération des objectifs sociaux et de l’emploi de l’Union.

Le président de l’OGBL a signalé que le mouvement syndical européen devient de plus en plus critique et sceptique par rapport à une construction européenne qui semble se préoccuper essentiellement des intérêts de la finance internationale et des détenteurs du capital plutôt que du bien-être de ses citoyens. En faisant systématiquement la sourde oreille par rapport aux revendications syndicales, l’Union européenne risque de perdre un allié traditionnel, et avec lui, le soutien de la grande majorité des citoyens européens, celui des travailleurs.

Sur le programme «Refit», le président de l’OGBL a demandé au ministre des Affaires étrangères de rester vigilant par rapport à cette initiative de la Commission européenne qui vise à prendre des mesures en vue de simplifier la législation de l’UE, voire même de retirer des dispositions si elle les juge trop encombrantes pour les entreprises. Le ministre a partagé le souci exprimé par l’OGBL de voir disparaître certains droits et protections des salariés, notamment en matière de santé et de sécurité au travail.

La délégation OGBL a également plaidé en faveur d’un engagement ferme du gouvernement luxembourgeois pour une politique industrielle ambitieuse au niveau européen, notamment en combinaison avec les politiques environnementale et énergétique. En plus de promouvoir les énergies renouvelables, il y a lieu de promouvoir dans le secteur industriel également l’efficacité énergétique. Pour le président de l’OGBL, une industrie en mutation vers de nouveaux domaines technologiques doit être accompagnée par une politique de l’emploi visant à préparer les salariés à réussir les transitions professionnelles inévitables. Sinon, le problème du chômage s’aggravera encore davantage, surtout pour les salariés moins qualifiés.

Enfin, la délégation de l’OGBL a, par la voix de son président, fait part de ses craintes relatives à l’élaboration entre la Commission européenne et le gouvernement américain d’un partenariat transatlantique de commerce et d’investissement. Le mouvement syndical a toujours été réticent, voire opposé, à des accords de libre-échange qui ne prennent pas en considération les normes internationales du travail (conventions de l’Organisation internationale du travail).

Étant donné que les normes sociales et environnementales sont généralement plus élevées – et les droits et protections des travailleurs beaucoup plus développés – dans les États membres de l’UE qu’aux États-Unis, les syndicats sont très sceptiques par rapport à ces négociations. L’OGBL a demandé au ministre Asselborn de veiller, par le biais de ses services compétents, à toute forme de dilution des normes européennes qui pourrait résulter de ces négociations et plaidé pour un large débat ouvert avec la société civile.

Les discussions étaient franches et se sont déroulées dans un climat de respect mutuel.

Communiqué par l’OGBL
le 20 mars 2014

Les syndicats tirent la sonnette d’alarme: la relance est remise en cause par la baisse des salaires

L’austérité ne fonctionne pas; il est urgent d’ouvrir une nouvelle voie pour l’Europe. C’est l’avertissement lancé le 19 mars à Bruxelles par les dirigeants syndicaux lors d’un sommet syndical sans précédent auquel participaient André Roeltgen, secrétaire général et Véronique Eischen, responsable de la politique européenne, de l’OGBL.

«Au cours des cinq dernières années, les salaires réels ont chuté dans la plupart des pays de l’UE», affirme Bernadette Ségol, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES).
Depuis 2009, les salaires réels (ajustés en fonction de l’inflation et sans tenir compte de l’augmentation des impôts directs) ont diminué dans 18 des 28 États membres – de 23% en Grèce, de 12% en Hongrie, de plus de 6% en Espagne et au Portugal et de plus de 4% aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.

Et Madame Ségol d’ajouter: «L’austérité ne fonctionne pas, l’Europe a besoin d’une nouvelle voie. Elle a besoin d’investissements pour créer des emplois.»

La CES propose un programme d’investissement ambitieux

La CES estime que 250 milliards d’euros sur 10 ans pourraient générer 11 millions de nouveaux emplois; un investissement qui ne représente qu’un quart de ce qui a été dépensé pour sauver les banques et un quart de ce qui est perdu chaque année en raison de l’évasion et de la fraude fiscales.
La CES souligne le fait que:

  • plus de 26 millions d’Européens sont sans emploi – 10 millions de plus qu’en 2008;
  • 7,5 millions de jeunes ne travaillent pas, ne suivent pas d’études ou de formation.

Prenant la parole lors du sommet syndical, Bernadette Ségol a encore déclaré: «Demain, le Conseil européen discutera de politiques économique, industrielle et énergétique. Ces politiques pourraient relancer la croissance. Mais elles n’y parviendront pas parce que la politique industrielle ne dispose pas d’instruments pour créer des emplois, la politique énergétique manque d’ambition et la politique économique est basée sur l’austérité et la déréglementation. Ce sont de mauvaises politiques.»

A ces commentaires s’ajoute une mise en garde: «Avec les politiques d’austérité actuelles, l’Europe est face à une décennie et à une génération perdues – perdues pour cause de chômage, de migration et de désespoir.»

Le message syndical a été remis personnellement par la secrétaire générale de la CES et d’autres dirigeants syndicaux au président de la Commission européenne, au Conseil européen et à la présidence du Conseil le 20 mars lors du sommet social tripartite juste avant la réunion du Conseil européen.

20 mars 2014

L’OGBL s’engage pour un changement de cap de la politique européenne

Le Conseil européen se réunira les 20 et 21 mars. En vue de cette réunion importante, le Comité exécutif de la Confédération européenne des syndicats (CES) a mené lors de sa réunion des 11 et 12 mars une analyse approfondie de la mise en œuvre du semestre européen, la nouvelle procédure de gouvernance économique qui encadre dorénavant les politiques budgétaires nationales des pays de la zone Euro. Dans une résolution, la CES a adressé des messages-clés sur ce sujet au Conseil européen.

La CES constate l’échec de la politique européenne mise en œuvre sous l’impulsion de la Commission européenne. La politique d’austérité imposée aux Etats membres n’a pas résolu la crise économique, elle risque même d’étouffer dans l’œuf la timide reprise économique qui s’installe dans l’Union. Le salaire net de beaucoup de salariés a diminué, les prestations de la sécurité sociale ont, dans beaucoup de pays, été affaiblies, le chômage atteint des niveaux record, le risque de pauvreté s’est accru et les inégalités se sont creusées. Il manque toujours à l’Union européenne une politique industrielle digne de ce nom. La politique menée actuellement par la Commission européenne et le Conseil fait l’impasse sur la dimension sociale de l’Union. Elle sacrifie les objectifs sociaux et environnementaux de la stratégie 2020 sur l’autel de la compétitivité-coûts et de l’orthodoxie budgétaire. Cette politique est un échec.

Voilà pourquoi, la CES milite pour un changement de cap de la politique européenne. L’OGBL soutient cette orientation et demande au gouvernement luxembourgeois de s’engager en faveur d’un changement de la politique européenne. Le renouveau démocratique, le changement dont le nouveau gouvernement se fait le héraut, passe également par une approche critique de la politique de la Commission européenne.

L’OGBL soutient les activités de la CES au niveau européen pour aboutir à un changement de la politique européenne.

Pour cette raison le secrétaire général et la responsable de la politique européenne de l’OGBL participeront au sommet syndical que la CES organisera le 19 mars à Bruxelles. De même quelque 500 syndicalistes membres de l’OGBL et de la FNCTTFEL participeront le 4 avril à une manifestation de masse organisée par la CES à Bruxelles. L’OGBL invite tous les candidats aux élections européennes du 25 mai, qui sont en faveur d’une politique européenne différente et pour une Europe de progrès social de participer à cette manifestation et de soutenir de cette façon les objectifs du mouvement syndical.

Communiqué par l’OGBL
le 17 mars 2014

Action de solidarité avec le peuple grec

Via les médias, vous avez tous entendu parler de la situation économique et sociale catastrophique de la Grèce. Depuis 2009, la Troïka(1) est «entrée dans la danse» et a imposé des mesures d’austérité sans précédent au peuple grec moyennant des prêts d’argent combiner à des taux d’intérêts beaucoup trop élevés.

Les habitants de ce magnifique pays d’Europe vivent actuellement dans des conditions humaines indignes:

  • 1,5 million de sans emploi (29%), le chômage des jeunes atteint 60%.
  • 190.000 entreprises ont cessé leur activité depuis 2009.
  • 40% des travailleurs, des pensionnés et des préretraités ont perdu leurs revenus depuis 4 ans.
  • 40% de la population n’a plus accès aux soins de santé.
  • Les syndicalistes sont privés de leurs droits les plus élémentaires et sont traînés devant les tribunaux.
  • La montée de l’extrême droite et des néo-nazis n’est plus un leurre et ce, avec le soutien des autorités.
  • ….

Aujourd’hui la Grèce, … demain l’Espagne, le Portugal, … et après-demain tous les pays européens seront-ils soumis au diktat des capitalistes?

Il est maintenant démontré que la politique néolibérale menée à outrance par la Troïka, depuis que les banques nous ont conduits à la crise économique de 2008, n’était pas le bon plan. Les différents Etats ont renfloué les caisses des banques pour sauver celles-ci et, dans la foulée, les épargnants. Mais également dans cette foulée, les Etats ont coupé dans les dépenses sociales afin de se plier aux exigences budgétaires de l’Europe.

Le peuple grec a été touché de plein fouet par ces exigences européennes et se trouve maintenant dans une situation intenable.

Nous ne pouvons pas rester insensibles à la situation grecque, soyons solidaires …

A partir du 24 mars prochain, la FGTB Luxembourg et la Mutualité Socialiste vont lancer une opération de solidarité avec le peuple grec. Les Frontaliers Belges de l’OGBL s’associent pleinement à cette action.

De quoi s’agit-il?

Tout d’abord, le 24 mars aura lieu une conférence débat, à 20h à la FGTB à Arlon, avec la participation de Sofia Tzitzikou (pharmacienne à Athènes et qui est l’initiatrice de la mise en place de dispensaires médicaux et sociaux) et Yannis Androulidakis (journaliste grecque et syndicaliste).

Ces deux personnes, qui vivent au coeur du problème grec, viendront nous expliquer comment la population en est arrivée à une telle situation de précarité et comment elle essaie de survivre à ces conditions.

Le deuxième volet de cette action de solidarité consiste à récolter des fonds afin de venir en aide au bon fonctionnement des dispensaires sociaux et médicaux. Ces dispensaires procurent gratuitement des soins médicaux et des médicaments à toutes personnes qui sont privées

de protection sociale et/ou qui ne disposent plus de moyens financiers pour se soigner. La deuxième mission de ces dispensaires est de militer pour un système de santé public de qualité, accessible à toutes et tous, et pour le respect des droits des patients. Les bénévoles des différents dispensaires donnent bien entendu des soins, mais veillent aussi à faire passer leur philosophie et leurs convictions aux patients pour qu’ils s’engagent et luttent contre le système capitaliste qui est à l’origine de ces dysfonctionnements.

Pour plus d’information, vous pouvez consulter le site internet www.frontaliers-belges.lu ou nous contacter via mail frontaliers.belges@ogbl.lu