Un accord tripartite qui soutient le pouvoir d’achat des ménages et rétablit le fonctionnement normal de l’index

Après des négociations de plus de 30 heures qui se sont avérées souvent difficiles, le Comité de coordination tripartite a finalement adopté le 20 septembre 2022 un paquet de mesures visant en premier lieu à freiner l’inflation et à soutenir les ménages dans un contexte de crise énergétique et de crise du pouvoir d’achat.

L’accord de principe trouvé le 20 septembre répond aux revendications que l’OGBL avait déjà portées lors de la tripartite en mars 2022. L’OGBL avait en effet déjà préconisé de prendre des mesures pour lutter contre l’inflation au lieu de s’attaquer à l’indexation. L’OGBL avait notamment déjà demandé à l’époque d’agir sur les prix de l’énergie.

Lors de la tripartite de mars, ces propositions avaient été rejetées en bloc par le gouvernement, toute la tripartite s’étant focalisée sur une manipulation de l’index — manipulation que l’OGBL avait rejetée.

Force est de constater que l’évolution de la situation depuis la tripartite de mars dernier est venue conforter la position de l’OGBL. La manipulation de l’index retenue à l’époque, sans l’accord de l’OGBL, aurait signifié un délai minimal de 12 mois entre le déclenchement de deux tranches indiciaires. Dans un environnement économique extrêmement volatile, l’OGBL avait déjà mis en garde en mars quant au risque d’une forte poussée inflationniste pouvant perdurer sur une période prolongée et pouvant possiblement mener à 3, 4 ou davantage de tranches indiciaires. Une situation qui présentait un danger réel de perte définitive de tranches entières.

L’accord de principe du 20 septembre 2022 vient mettre un terme à cette manipulation de l’index! Toutes les tranches indiciaires à venir à partir d’aujourd’hui seront payées au moment où elles sont dues. Le fonctionnement normal de l’index est ainsi pleinement rétabli.

Ce résultat est le fruit de la mobilisation continue de l’OGBL, de l’ensemble de ses structures et de ses militants au cours des derniers mois, qui n’ont jamais cessé de s’opposer à la manipulation de l’index retenue dans l’accord de mars 2022.

Le nouvel accord de principe prévoit quant à lui, outre le rétablissement de l’index, des mesures directes pour ralentir sensiblement l’inflation et pour ainsi éviter des augmentations massives déjà annoncées des prix de l’énergie, qui auraient fortement impacté le budget des ménages.

  • Le prix de l’électricité n’augmentera pas en janvier, contrairement à l’annonce d’une hausse de près de 70%.
  • La hausse annoncée du prix du gaz sera plafonnée à 15% par rapport au prix actuel (au lieu de 110%, voire 160%).
  •  Le rabais sur le mazout sera prolongé d’un an et doublé pour atteindre 15 cts/litre.
  •  La TVA sera quant à elle réduite d’un 1% sur tous les produits.

Toutes ces mesures combinées soutiennent le pouvoir d’achat des ménages tout en ralentissant considérablement l’inflation. Ainsi, il pourra notamment être évité que les hausses massives annoncées au niveau du prix du gaz ne se répercutent pleinement sur les avances relatives au gaz qui seront dues à partir d’octobre. Le plafonnement du prix du gaz pourra en effet être mis en place dès le 1eroctobre 2022.

Pour les ménages les plus vulnérables, l’augmentation de l’allocation de vie chère et la prime énergie seront également reconduites pour une année supplémentaire.

Lors de la tripartite de mars dernier, l’OGBL avait également proposé d’agir sur les prix administrés, notamment ceux appliqués dans les maisons de soins et de retraite. L’OGBL se félicite par conséquent que cette revendication se retrouve désormais également dans l’accord tripartite, ce qui constituera sans aucun doute un soulagement majeur pour les familles concernées.

Par ailleurs, l’accord comporte également un certain nombre de mesures et d’aides à l’adresse des entreprises que l’OGBL a finalement accepté dans le cadre du paquet global de mesures. Une grande partie de ces aides visent à amoindrir l’impact de la crise énergétique sur les entreprises énergivores et à favoriser les investissements dans le cadre de la transition écologique vers une économie décarbonée.

Mais la meilleure aide pour l’économie luxembourgeoise réside sans aucun doute dans le renforcement du pouvoir d’achat des ménages par le rétablissement intégral de l’index et les mesures visant à ralentir l’inflation.

L’adaptation du barème fiscal à l’inflation accompagnée d’un réagencement de celui-ci (élargissement des tranches et ajout d’échelons supplémentaires en haut du barème) n’ont pas pu être intégrées dans cet accord. Il s’agit néanmoins d’un sujet d’une importance capitale, étant donné qu’avec l’évolution de l’inflation, la pression fiscale continue de s’accroître de manière mécanique, en particulier sur les bas et moyens salaires, par le biais du phénomène de la «progression froide». L’OGBL ne lâchera pas prise sur ce sujet.

Enfin, l’accord de principe sera soumis au Comité national de l’OGBL qui doit se réunir le 27 septembre pour ensuite, en cas d’accord, pouvoir être signé le lendemain, le 28 septembre.

Communiqué par l’OGBL,
le 21 septembre 2022

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Une camisole de force en vue de la prochaine tripartite. Mauvaise idée.

Old psychiatric straitjacketL’accord-tripartite-sans-l‘OGBL a désormais conduit à une première loi venant manipuler l’index.

Les députés appartenant aux partis de la coalition DP-LSAP-déi Gréng ainsi qu’au parti d’opposition CSV ont décidé de dévaloriser de 2,5 % les salaires et les pensions. Et ce, pour une durée de neuf mois. La tranche d’indexation de juillet 2022 ne sera pas versée avant avril 2023.

D’ici la fin de la législature, fin 2023, au moins encore une tranche indiciaire supplémentaire devrait être déclenchée. Le Premier ministre souhaite convoquer en amont une tripartite.

Lui et son gouvernement ont déjà circonscrit l’ordre du jour de la tripartite annoncée en l’enfermant dans une camisole de force que constitue l’accord-tripartite-sans-l’OGBL.

Dans le commentaire des articles aux amendements du projet de loi adoptée le 15 juin, le gouvernement retient en effet que «(t)oute adaptation additionnelle déclenchée entre le ler avril 2022 et le 31 décembre 2023 donnera lieu à la convocation d’une nouvelle réunion du Comité de coordination tripartite, pour discuter des modalités du décalage de ladite tranche indiciaire et de la compensation de la perte du pouvoir d’achat à prévoir le cas échéant, en vue de l’établissement d’un projet de loi correspondant».

Et pire encore, le gouvernement affirme que ces amendements ne remettent pas en question le principe d’un délai de 12 mois entre deux tranches indiciaires.

Il ne s’agit donc pas d’une nouvelle tripartite, mais uniquement d’une tripartite censée continuer à mettre en œuvre l’accord-tripartite-sans-OGBL. Pour le gouvernement et les députés appartenant aux partis composant la coalition, la prochaine manipulation de l’index est donc déjà décidée. Les salaires et les pensions doivent être dévalorisés pour 12 mois supplémentaires. Au cas où la prochaine tranche d’indexation tomberait encore avant avril 2023 – ce qui n’est pas exclu à l’heure actuelle — il y aurait même un chevauchement de deux manipulations de l’index. Et si jamais une tranche d’indexation supplémentaire était due d’ici fin 2023, ce scénario se répéterait encore une fois.
La «marge de négociation» des syndicats se limitera donc à une discussion portant sur le montant de la «compensation» censée être financée par le budget de l’État.

Les deux syndicats — LCGB et CGFP — qui ont d’ores et déjà donner leur accord aux prochaines manipulations de l’index dans le cadre de l’accord-tripartite-sans-l’OGBL, devront «se battre» pour obtenir au moins le montant de la «compensation» qui a été retenue dans la première loi manipulant l’index. Il est probable — surtout en vue des élections législatives — que le gouvernement veillera à ce que la tripartite aboutisse à un «succès», après des «négociations difficiles». Et probablement, le gouvernement aidera la fédération patronale (UEL), en plus de la subvention-index financée par le budget de l’Etat, à obtenir des injections financières publiques supplémentaires.

La décor est planté pour une mise en scène politique à coups de «négociations constructives dans le cadre du dialogue social». Reste à savoir qui s’accommodera de ce décor et soutiendra ce programme politique consistant en de nouvelles manipulations de l’index?

L’OGBL n’a pas seulement refusé la première loi manipulant l’index… mais également l’analyse économique du gouvernement

L’OGBL a pointé à plusieurs reprises que les données économiques devant constituer la substance nécessaire pour légitimer des manipulations de l’index manquent. Les problèmes que rencontrent certains secteurs économiques au niveau des chaînes d’approvisionnement ou des prix de l’énergie ne justifient en rien la nécessité de recourir à une mesure anticrise aussi étendue que l’est la manipulation de l’index.

En revanche, il existe une longue liste d’annonces de bénéfices élevés, voire exceptionnels, communiqués par de grands pans de l’économie luxembourgeoise pour l’année d’exploitation 2021, comme par exemple dans le secteur bancaire et financier, dans l’aviation ou dans l’industrie. Et rien ne laisse présager pour l’instant d’un effondrement en 2022.

Dans sa note de conjoncture datée du 6 juin 2022, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Statec) n’a pas détecté de récession économique, mais table sur une croissance de l’économie luxembourgeoise de 2 % pour cette année, et sur une reprise de 4 % en 2023, à condition «que le contexte géopolitique s’améliore et que les prix ne s’envolent pas davantage».

Ce n’est pas l’OGBL qui constate que pour les six prochains mois, les dirigeants restent optimistes malgré le climat d’affaires incertain dû aux crises actuelles: 32 % s’attendent à une augmentation de leur activité, 53 % pensent que leur activité resterait inchangée et 15 % s’attendent à une baisse.

Et que «malgré le climat empreint d’incertitudes, la très grande majorité des entreprises reste confiante quant à leur avenir et celui de l’économie du pays dans les 2 à 3 ans.».
Ces deux citations sont extraites du «baromètre économique» de la Chambre de commerce, présenté le 17 mai lors d’une conférence de presse. Une conférence de presse au cours de laquelle le directeur général de la Chambre de commerce s’est efforcé de dessiner de sombres nuages dans le ciel économique luxembourgeois, alors que son propre «baromètre économique», présenté pendant la conférence, ne partageait pas sa vision de la météo.

Et comment expliquer que 50 % des entreprises prévoient une rentabilité stable et que 22 % prévoient même une augmentation de la rentabilité! Serait-ce là, les sombres nuages?
Ou ne s’agit-il pas plutôt d’une légère baisse des bénéfices après l’année exceptionnelle que fut 2021?

Au regard de la rentabilité et des bénéfices records de 2021, une légère baisse n’est ni exceptionnelle ni catastrophique

Et loin de justifier des attaques généralisées contre les salaires! Dans ce contexte, il convient de souligner l’augmentation simultanée de l’écart de répartition entre le capital et le travail.


La manipulation de l’index a été justifiée par la boule
de cristal et l’instrumen­talisation de la guerre inhumaine
et en violation du droit international de Poutine.


L’excédent brut d’exploitation (EBE) de l’économie luxembourgeoise, qui est considéré comme un bon indicateur de la rentabilité économique, a évolué à la hausse sur la période 2019-2021. Parallèlement, les coûts salariaux unitaires (CSU), c’est-à-dire les salaires par rapport à la productivité, ont légèrement diminué. On peut s’attendre à ce que les manipulations de l’index augmentent l’écart de répartition entre le capital et le travail.
Ces évolutions seraient-elles la raison pour laquelle, même la Commission bruxelloise n’émet pas de recommandation pour une manipulation de l’index dans son rapport relatif au pacte de stabilité et de croissance et au plan national de réforme pour le Luxembourg. Que cette recommandation soit absente est d’autant plus étonnant que, ces dernières années, la Commission bruxelloise n’a jamais manqué une occasion de s’attaquer à notre système d’indexation.

La compétitivité du Luxembourg n’est pas en danger

Les déclarations émanant des milieux patronaux ou gouvernementaux qui mettent en garde contre la menace d’une perte de compétitivité du Luxembourg sont également absurdes. Comme si le Luxembourg était le seul pays à être «ébranlé par la crise», le seul pays à être exposé à la hausse des prix de l’énergie et à l’inflation, le seul pays à être touché par des chaînes d’approvisionnement perturbées dans certains secteurs économiques! Non seulement les données macroéconomiques pour le Luxembourg le contredisent, mais également les dernières prévisions d’inflation du Statec qui, avec +6 % pour 2022 et +2,5 % pour 2023, classent le Luxembourg parmi les pays de l’UE les moins impactés par l’évolution des prix.

Il convient également de mentionner la mise en garde abracadabrante contre la perte de l’idole du «triple A» en raison de finances publiques prétendument menacées. Dans son rapport conjoncturel du 7 juin 2022, le Statec prévoit au niveau des finances publiques un excédent de près de 1 % du PIB pour 2021 et une nouvelle amélioration d’environ 1,5 % pour 2022 et 2023.

«Ce qui est tout de même paradoxal, c’est que le chômage demeure encore faible»

Reste à citer le ministre luxembourgeois de l’Economie qui, pour une raison ou une autre, était présent et a participé à la conférence de presse de la Chambre de commerce mentionnée plus haut où il a constaté que «ce qui est tout de même paradoxal, c’est que le chômage demeure encore faible».

Il lui aurait pourtant juste suffi de prendre connaissance d’autres résultats du baromètre économique pour découvrir qu’il n’y a pas du tout de telle contradiction: «Malgré l’incertitude et les difficultés actuelles, les entreprises anticipent majoritairement (65 %) de maintenir les emplois dans les six prochains mois. 25 % des dirigeants prévoient même d’augmenter leurs effectifs, contre 10 % qui les réduiraient. Cette tendance illustre bien la dynamique de création d’emplois au Luxembourg».

Conformément à ce constat, le nombre de faillites d’entreprises a diminué au cours des cinq premiers mois pour atteindre le niveau. Le fait qu’au cours des cinq premiers mois de l’année, le nombre de faillites soit retombé au niveau des chiffres de début 2018, est conforme à ce constat. De même, le nombre de plans sociaux qui n’a pas augmenté.

Quand on n’a pas de preuves, il faut faire peur

Les interventions faites le 15 juin par les députés des partis de la majorité ont été révélatrices du dilemme auquel est confronté le gouvernement pour justifier et démontrer économiquement la manipulation de l’index.

En effet, il manquait de toutes parts des exemples concrets aux députés des fractions de la majorité pour démontrer l’état de crise économique. Il ne leur resta pas d’autre choix que celui d’attiser la peur d’une récession économique et de graves conséquences économiques pouvant aller jusqu’à des pertes d’emplois.

Sans pour autant avoir la moindre preuve que ces évolutions se produiront.
La manipulation de l’index a été justifiée par la boule de cristal et l’instrumentalisation de la guerre inhumaine et en violation du droit international de Poutine.

Et la nationalisation de centaines de millions d’euros de perte de salaire pour «compenser» la perte de pouvoir d’achat a été saluée comme une «première historique».

Un «paquet de solidarité» pour les mauvaises poches

Pour l’OGBL, le report de la tranche d’index de juillet 2022 demeure une subvention lourde de plusieurs centaines de millions d’euros pour les entreprises, avec l’arrosoir, une redistribution vers le haut, un «paquet de solidarité» pour les mauvaises poches.

Compenser — totalement, partiellement ou pas du tout en fonction du niveau de revenu — cette perte de pouvoir d’achat provoquée politiquement par un crédit d’impôt énergie (CIE), représente une charge importante pour le budget de l’État, qui ne peut en aucun cas être qualifiée d’acte politique contribuant à plus de justice sociale.

Il s’agit d’une division «solidaire» du salariat, financée par nos finances publiques, qui sera aussi encore largement payée par le salariat lui-même en raison de la répartition historiquement injuste de la charge fiscale pesant sur le capital et le travail.

Appel de l’OGBL à l’adresse du gouvernement

L’OGBL ne recourt pas à la voyance pour les temps à venir et pour l’année prochaine.
L’OGBL ne prétend pas qu’une récession économique et une situation de crise soit exclu à moyen terme.

En ce sens, l’OGBL ne remet pas en question l’importance du modèle luxembourgeois de négociation de mesures anticrise en cas de crise.

L’OGBL a salué le fait que la loi adoptée le 15 juin ne comprenne pas de manipulations supplémentaires de l’index et que l’effet en cascade de reports supplémentaires pouvant aller jusqu’à la suppression de tranches d’indexation soit stoppé du point de vue de la loi.
Cela a ouvert la possibilité de nouvelles perspectives pour le maintien de la paix sociale, pour un dialogue social constructif et pour de bons C’est la raison pour laquelle rapports sociaux au Luxembourg.

L’accent est mis ici sur le mot possibilité.

C’est la raison pour laquelle l’OGBL lance un appel au gouvernement pour qu’il mette tout en œuvre afin que cette possibilité devienne aussi une réalité.

L‘enjeu: comment préparer un dialogue social constructif?

La probabilité que le dialogue social soit constructif n’est pas grande si le gouvernement ne révise pas le contenu et l’ordre du jour de la tripartite qui est annoncée et s’il ne corrige pas la trajectoire politique  relative à l’accord-tripartite-sans-l’OGBL.

L’OGBL a fait savoir, déjà avant le vote au Parlement luxembourgeois, que la prochaine tripartite ne devait pas avoir un ordre du jour trop rigide et préétabli, tel qu’il figure dans le «commentaire des articles» et dans l’exposé des motifs des amendements au projet de loi adoptée le 15 juin.

La tripartite doit désormais faire preuve d’ouverture, et cela commence par l’ordre du jour!
Comme le stipule la loi relative à la tripartite, celle-ci doit commencer par faire une analyse objective de la situation éventuelle de crise, qui doit être définie conjointement par les partenaires sociaux comme base pour la discussion et la négociation de mesures anticrise.

En d’autres termes, une tripartite qui, avant même de commencer, fixe comme objectif une prochaine manipulation de l’index et ne se conçoit que comme l’exécutrice de l’accord-tripartite-sans-l’OGBL, a très peu de chances de réussir.

Et que cela plaise ou non au gouvernement, en fonction de la situation économique et sociale, une tripartite doit aussi pouvoir déboucher sur le fait qu’aucune autre manipulation de l’index ne soit retenue comme mesure!

Des réformes urgentes que le gouvernement ne doit pas oublier en vue des négociations

Le gouvernement doit prendre des initiatives législatives urgentes, comme par exemple la renonciation à de nouvelles augmentations d’impôts par l’adaptation du barème fiscal à l’inflation. Depuis la réforme fiscale de 2017, le gouvernement n’a pas adapté le barème fiscal des personnes physiques et les crédits d’impôt à l’inflation! Il s’agit là d’un nouveau vol de l’index de la part du gouvernement!

Ou bien la lutte adéquate contre la pauvreté et le risque de pauvreté par l’augmentation substantielle et l’adaptation régulière de l’allocation de vie chère, qui aurait dû être effectuée depuis longtemps et qui depuis 2009 n’a pas été adaptée à l’évolution générale des salaires. En effet, les adaptations minimales des deux dernières années compensent, dans le meilleur des cas, l’inflation subie durant la période 2009-2021.

Ou encore la réforme de la loi relative au bail à loyer et l’adoption de mesures fiscales efficaces contre la spéculation dans le domaine foncier et immobilier.

Concernant l’annonce d’une analyse du temps de travail et de son organisation en vue des programmes électoraux, il n’y a rien à redire.

Mais s’il vous plaît, sans oublier de mettre en œuvre les réformes du droit du travail prévues dans l’accord de coalition et actuellement toujours en suspens, comme celles concernant les plans sociaux, les plans de maintien dans l’emploi, les faillites et surtout la discussion autour d’une réforme de la loi sur les conventions collectives, également prévue dans l’accord de coalition.

L’OGBL ne lâchera pas

L’OGBL n’arrêtera pas de mobiliser et au contraire, il continuera à renforcer sa mobilisation. La perte de confiance dans le dialogue social proposé par le gouvernement actuel est grande et oblige le syndicat à poursuivre le conflit social si cela s’avère nécessaire, pour la sauvegarde des intérêts de tous les salariés et pensionnés du Luxembourg.

Pour l’Etat social, pour la justice fiscale, pour la défense des lois salariales et pour le soutien de l’économie, quand et où elle en a vraiment besoin!

Nora Back Présidente de l‘OGBL
André Roeltgen Secrétaire central de l‘OGBL

L’OGBL ne lâche rien sur la question de l’index!

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Actions de sensibilisation et d’information, piquets de protestation, grande manifestation à l’occasion du 1er mai, prises de position publiques, entrevues avec les partis politiques de l’opposition et de la majorité ainsi que d’autres organisations de la société civile: l’OGBL a multiplié les initiatives au cours des derniers mois à travers tout le pays et à tous les échelons pour dénoncer la profonde manipulation de l’index décidée par le gouvernement, fin mars, à l’issue de la dernière tripartite. Et l’opposition menée par l’OGBL à l’attaque frontale du gouvernement sur le pouvoir d’achat des salariés, des pensionnés et de leurs familles a déjà commencé à payer.

En effet, depuis l’échec de la tripartite, le storytelling du gouvernement autour de son soi-disant «paquet de solidarité» ne cesse de s’effriter, au profit des arguments de l’OGBL. Mais ce n’est pas tout. Le gouvernement a aussi déjà dû faire marche arrière sur certains points. Ainsi, quelques jours seulement avant le vote de la loi portant sur la manipulation de l’index, le gouvernement s’est vu contraint d’amender son projet initial, notamment en limitant la manipulation de l’index, pour l’instant, à une seule tranche (voir tableau ci-contre).

Certes, il s’agit d’un premier succès pour l’OGBL, mais comme l’a souligné la présidente de l’OGBL, Nora Back, le 15 juin dernier lors d’une action symbolique organisée devant la Chambre des députés, le jour du vote de la loi: «Il s’agit d’une toute petite amélioration à une très mauvaise loi». Une loi qui, même amendée, demeure une attaque frontale sur le pouvoir d’achat des gens, précisément au moment où les prix explosent, les inégalités se creusent, où 30 % de la population affirment avoir du mal à boucler les fins de mois, où l’on voit désormais également des gens des classes moyennes forcés de recourir aux épiceries sociales et que les taux d’intérêt s’envolent.

Entérinée le 15 juin à la Chambre des députés, la manipulation de l’index a débuté concrètement le 1er juillet. Au total, cette manipulation de l’index représente un cadeau de 720 millions d’euros fait aux entreprises, soit 70 millions d’euros par mois ou si l’on préfère: 2,2 millions d’euros par jour. Autant de millions d’euros de perte de pouvoir d’achat pour les salariés, les pensionnés et leurs familles.

Au premier jour de la manipulation de l’index, l’OGBL a également souhaité marquer une nouvelle fois le coup, en organisant cette-fois-ci une journée d’action à travers le pays. Des actions symboliques ont ainsi été menées sur une dizaine de sites, principalement des entreprises qui affichent actuellement de très bons résultats et qui auraient donc pu sans difficultés versées l’index à leurs salariés.

La manipulation de l’index est désormais en cours. Mais la bataille de l’OGBL se poursuit. Et non, l’OGBL ne lâchera rien, jusqu’à ce que le mécanisme d’indexation des salaires et des pensions soit intégralement rétabli.

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Des premières améliorations obtenues dans la loi grâce à la mobilisation de l’OGBL

Ce que prévoit «l’accord tripartite» du 31.3.2022 auquel l’OGBL a refusé de donner son accord

  • Report à avril 2023 de la tranche d’indexation due normalement en juillet 2022
  • Report de 12 mois de toute(s) tranche(s) d’indexation supplémentaire(s) devant être déclenchée(s) en 2022 et/ou 2023 (potentiellement: 1, 2 voire 3 tranches)
  • «Compensation» pour le report de la tranche de juillet par le biais d’un crédit d’impôt énergie — financé donc par l’argent du contribuable lui-même — dont ne bénéficieront qu’une partie des salariés et des pensionnés et dont le montant est par ailleurs largement insuffisant pour compenser réellement la perte de pouvoir d’achat
  • Pas de compensation prévue pour le report d’éventuelles tranches d’indexation supplémentaires en 2022 et/ou 2023
  • Pas d’adaptation des allocations familiales à l’inflation
  • Pas de soutien au pouvoir d’achat aux apprentis

Loi venant manipuler l’index adoptée le 15.6.2022 par la Chambre des députés

  • Report à avril 2023 de la tranche d’indexation due normalement en juillet 2022
  • «Compensation» pour le report de la tranche de juillet par le biais d’un crédit d’impôt énergie — financé donc par l’argent du contribuable lui-même — dont ne bénéficieront qu’une partie des salariés et des pensionnés et dont le montant est par ailleurs largement insuffisant pour compenser réellement la perte de pouvoir d’achat
  • Le gouvernement s’est engagé à convoquer une nouvelle tripartite au cas où une prochaine tranche d’indexation devrait être déclenchée en 2022 et/ou 2023, sans pour autant remettre en cause le report de 12 mois d’éventuelles tranches supplémentaires prévu par «l’accord tripartite» du 31 mars 2022
  • Maintien de l’indexation des allocations familiales, qui ont été augmentées de 2,5 % au 1er juillet 2022
  • Les apprentis peuvent bénéficier du crédit d’impôt énergie

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L’OGBL s’active auprès des partis politiques pour défendre l’index!

L’OGBL a rencontré quasiment l’ensemble des partis politiques représentés à la Chambre des députés —et même au-delà — suite à l’échec de la tripartite et la décision inacceptable du gouvernement de manipuler l’index. L’OGBL a en effet tenu à revenir avec les différentes formations politiques sur le déroulement précis de la tripartite, ainsi que sur l’erreur d’analyse commise par le gouvernement qui l’a conduit à entreprendre une absurde manipulation de l’index, au moment même où les prix flambent. Ces entrevues ont bien évidemment contribué à ce que le projet de loi initial visant à manipuler massivement l’index soit finalement amendé et que la manipulation de l’index votée à la Chambre des députés ne porte, à ce stade, plus que sur le décalage d’une seule tranche, même si pour l’OGBL, il s’agit toujours d’une tranche de trop.

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La population croît au Luxembourg – également dans le Nord

La population du Nord du Luxembourg exige des trajets plus courts et surtout des temps d’attente plus courts lorsqu’il s’agit de ses soins médicaux. Afin de pouvoir continuer à garantir des soins de santé appropriés, il est indispensable et important d’adapter à la croissance de la population tous les établissements hospitaliers au niveau des urgences.

Les durées d’attente doivent dans leur ensemble être réduits — par le biais d’une amélioration des équipements techniques dans les hôpitaux (ou les antennes hospitalières) et d’une augmentation impérative du nombre de médecins généralistes et spécialistes, ainsi que d’infirmiers.

Les métiers du soin font face à un énorme défi, sachant que depuis des années, il n’y a pas suffisamment d’infirmiers et de médecins qui sont formés. Ces métiers doivent redevenir plus attrayants.

Par ailleurs, il serait souhaitable que des services médicaux spécifiques pour les enfants et les personnes âgées soient développés dans le Nord. Le nombre d’enfants, de personnes âgées et de personnes dépendantes qui y résident est en effet en augmentation constante!

La population du Nord du pays insiste sur un droit fondamental — à savoir, celui de bénéficier de soins médicaux de base appropriés. Nous avons besoin pour l’avenir d’un profond renforcement du réseau englobant les soins et la prise en charge médicale! L’offre doit répondre aux besoins des patients du Nord!

La géographie propre au milieu rural nécessite un renforcement des services d’urgence. Les soins vitaux doivent pouvoir être prodigués dans un délai de 15 minutes.

Il est en outre extrêmement important que le secteur de la santé demeure dans le domaine public! Afin que des soins médicaux sûrs et de qualité pour les patients ainsi que des équipements adaptés et sécurisés continuent d’être garantis.

Communiqué par les sections «Dikrich-Veinen», «Klierf-Housen», «Kanton Wooltz» et les «Vereenegt Sektiounen Ettelbréck» de l‘OGBL, le 18 juillet 2022

Dix ans déjà — Nous n’oublierons jamais John Castegnaro

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C’est à peine croyable, mais ce 16 juillet se seront déjà écoulés 10 ans sans la présence de John Castegnaro.

Le premier président de l’OGBL, figure marquante de l’histoire syndicale luxembourgeoise, «Casteg» reste une présence vive dans la mémoire de tous les militants de l’OGBL. Il est né juste après la fin de l’occupation luxembourgeoise, le 3 novembre 1944 à Differdange dans une famille ouvrière, descendant d’immigrés italiens. John Castegnaro n’a pas sept ans quand son père décède lors d’un accident de travail. Sa mère doit alors s’occuper seule du petit Johny, de son frère Mario et de sa sœur Sonia.

Le jeune Johny Castegnaro entreprend un apprentissage comme métallier-serrurier à l’usine Hadir de Differdange. Il est engagé par le LAV, alors le premier syndicat ouvrier, à l’âge de 19 ans, en mai 1963, comme secrétaire adjoint pour la région Centre. Il devient secrétaire central de cette région dès l’année suivante.

En 1969, il se voit confier le poste de secrétaire tarifaire pour la petite et moyenne industrie, le bâtiment et les entreprises publiques. Au début des années 1970, les deux secrétaires tarifaires s’appellent tous les deux Castegnaro, son frère Mario devenant le secrétaire responsable pour la sidérurgie, les mines et les entreprises de transformation sur métaux.

Après avoir progressivement pris plus de responsabilités au sein de la confédération syndicale, il est élu secrétaire général du LAV en 1976, alors qu’Antoine Weiss prend en charge la présidence. La même année, il devient également président de la CGT luxembourgeoise, qui est alors l’association faîtière des syndicats libres (LAV, FNCTTFEL, FLTL, FGIL etc.).

Dans son nouveau rôle Il est l’initiateur de la première manifestation commune de tous les syndicats luxembourgeois le 18 décembre 1976 dans le contexte de la crise de la sidérurgie, qui marquera la carrière syndicale de John Castegnaro. A la suite de cette manifestation est créée la Société nationale de crédit et d’investissement, et surtout la tripartite Sidérurgie, puis le Comité de coordination tripartite, nouveau modèle de dialogue social institutionnalisé. Ces nouveaux organismes ont permis de gérer la crise de la sidérurgie et les profondes mutations de l’économie luxembourgeoise qui ont suivi sans hécatombe sociale et sans licenciements secs.

En 1978, John Castegnaro est un des principaux initiateurs de la création de l’OGBL, la Confédération syndicale indépendante du Luxembourg, qui a comme objectif de regrouper l’ensemble des travailleurs dans un syndicat unique, qu’ils soient ouvriers, employés privés, fonctionnaires ou employés de l’Etat. Si le nouveau syndicat ne parvient en fin de compte pas de permettre la création d’un réel syndicat unitaire, il ouvre l’ancien LAV à toute une série de nouveaux secteurs – commerce, banques et assurances, éducation et sciences, services… pour devenir rapidement et de loin le syndicat no 1 au Luxembourg.

Il est élu président de la nouvelle confédération, l’OGBL, lors du dernier Congrès du LAV le 3 décembre 1978, et occupera cette fonction pendant pas moins 25 ans, de 1979 à 2004.

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Durant toute cette période, John Castegnaro a été le principal dirigeant syndical du pays et un des architectes du «modèle social luxembourgeois» bâti autour du Comité de coordination tripartite. Sous sa présidence et grâce à la pression de l’OGBL, le droit du travail et en particulier la sécurité sociale luxembourgeoise connaîtront des améliorations sensibles malgré un climat politique de plus en plus marqué par le néolibéralisme.

Décrit souvent comme un «homme des compromis» (formule figurant d’ailleurs dans le titre de sa nécrologie parue dans l’OGBL-Aktuell en 2012), il est néanmoins l’instigateur de la grève générale du 5 avril 1982 engagée contre la manipulation de l’index. Il n’hésitera pas à brandir la menace d’une nouvelle grève générale à trois reprises, en 1990, en 1992 et en 2000-01, menant des campagnes de mobilisation qui ont chaque fois mené à de nouvelles conquêtes sociales.

Après son départ à la retraite de l’OGBL, il reste président de l’asbl Sidérurgie de l’OGBL et du LCGB, membre du Conseil d’administration d’Arcelor, puis d’ArcelorMittal (jusqu’en 2010), président de la Société coopérative Maison du Peuple, de la Centrale du LAV asbl et du Conseil d’administration d’Editpress jusqu’à sa mort en 2012.

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Il représente aussi les syndicats libres luxembourgeois au niveau international et assume la vice-présidence de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) de 1983 à 1988.

Sur le plan politique, il siège comme représentant du LSAP au Conseil d’Etat de 1985 à 2003, puis est élu, au terme de son activité comme président de l’OGBL, à la Chambre des députés en 2004.

Outre ses activités de syndicaliste et de politicien, John Castegnaro a été également président du réseau d’économie solidaire Objectif Plein Emploi asbl de 1999 à 2012, initiateur du réseau de soins à domicile HELP, issue du mouvement Hëllef fir de Bierger an d’Biergerin lancée en 1998, cofondateur de la maison de soins Elysis à Luxembourg-Kirchberg, sans oublier qu’il était l’initiateur de l’Action contre le racisme en 1988.

Nous le garderons toujours dans nos mémoires.

Communiqué par l’OGBL,
le 15 juillet 2022

Signature d’une déclaration d’intention visant l’introduction d’une convention collective dans le secteur des laboratoires privés

En février 2022, l’OGBL, seul syndicat représenté dans le secteur des Laboratoires d’Analyses Médicales, a demandé l’ouverture de pourparlers avec la Fédération Luxembourgeoise des Laboratoires d’Analyses Médicales, en vue de l’introduction d’une convention collective sectorielle pour les salariés du secteur.

Lors des premières réunions, les partenaires de négociation se sont mis d’accord sur l’importance de bonnes conditions de travail dans le secteur, qui permettent aux salariés de s’épanouir, de rester en bonne santé et d’améliorer la qualité de vie au travail en général.

Par ailleurs, la situation de crise a montré l’importance d’une interaction bien coordonnée et d’une collaboration globale entre tous les acteurs du système de santé. En tant qu’élément essentiel du système de santé luxembourgeois, le personnel des laboratoires d’analyses médicales a toujours fait preuve d’un engagement exemplaire dans la gestion de la crise.

C’est dans ce contexte qu’une étape décisive a été franchie dans les négociations et qu’une déclaration d’intention a été signée.

Ainsi, les parties sont d’accord pour améliorer les conditions salariales et de travail des salariés des laboratoires d’analyses médicales du secteur extrahospitalier (à l’exception du Laboratoire National de Santé), par le biais d’une convention collective sectorielle, sous condition de financement de cette dernière selon des modalités à définir avec les différents acteurs publics, comme par exemple l’indexation de la valeur de la lettre clé de la nomenclature des laboratoires d’analyses médicales extrahospitaliers selon l’évolution de l’indice des prix à la consommation.

Les deux parties voient dans cette déclaration d’intention un pas important vers la reconnaissance de l’engagement du personnel des laboratoires et de l’importance de leur rôle dans le système de santé luxembourgeois. Il s’agit aujourd’hui plus que jamais de renforcer notre système de santé par de bonnes conditions de travail et de le préparer ainsi aux défis futurs.

Communiqué par le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL et la la Fédération Luxembourgeoise des Laboratoires d’Analyses Médicales, le 8 juillet 2022