Le nouveau gouvernement affiche sa couleur… libérale-conservatrice

Dès l’annonce de la formation de la nouvelle coalition gouvernementale composée du CSV et du DP, l’OGBL avait prévenu que des temps difficiles s’annonçaient, compte tenu des programmes électoraux de ces deux partis. L’accord de coalition finalement conclu entre le parti conservateur et le parti libéral n’est venu que confirmer les craintes exprimées par l’OGBL. Si le programme gouvernemental comprend certes quelques éléments positifs, il demeure toutefois vague sur de nombreux sujets et puis il comprend surtout des attaques en règle dans les domaines qui touchent au plus près les intérêts des salariés, des pensionnés et de leurs familles.

Index
Si le nouveau gouvernement affirme certes que «le système d’indexation sera maintenu sous sa forme actuelle », il le remet cependant en question dès la phrase suivante, en annonçant la convocation d’une tripartite dès lors que plus d’une tranche indiciaire serait due en l’espace d’un an. Et le gouvernement ne compte certainement pas réunir de tripartite pour proposer des améliorations, comme le serait par exemple le versement d’une tranche anticipée. Non, ce qui s’annonce, ce sont bel et bien de nouvelles tentatives de manipulations. L’OGBL se rendra à ces tripartites, mais avec un message clair et net: Pas touche à l’index!

Pensions
Alors que le niveau des réserves du régime de pension s’élève à 23,5 milliards d’euros, et alors que les assurés ont déjà essuyé de lourdes pertes en raison de la réforme de 2012, le programme de gouvernement affirme néanmoins que le taux de cotisation actuel sera «insuffisant pour payer des pensions annuelles à partir de 2027 ». Alors que les programmes électoraux étaient restés plutôt silencieux à ce sujet, il est désormais clair que le gouvernement prépare d’ores et déjà de nouvelles détériorations, même s’il dit souhaiter trouver un «consensus » en la matière avec la «société civile ». Ce qui est certain, c’est que l’OGBL ne fera pas partie d’un «consensus » qui vise à détériorer le régime des pensions, que ce soit pour les pensionnés actuels ou futurs. Au contraire, il faut des améliorations.

Temps de travail
Sous couvert de vouloir promouvoir une meilleure «work-life-balance », le gouvernement annonce des réformes fondamentales, qui risquent pourtant de produire exactement l’inverse: une flexibilisation à outrance, avec des salariés qui devront se tenir disponibles pour travailler à tout moment suivant le bon vouloir de l’employeur. Ainsi, il est annoncé que les limitations par rapport au travail du dimanche seront levées et que même le repos hebdomadaire sera revu. Plus grave encore, l’accord de coalition s’attaque directement aux droits de négociation des syndicats, en prévoyant d’office une annualisation du temps de travail. De telles formes de travail, aussi flexibles, sont possibles aujourd’hui mais uniquement dans le cadre de convention collective de travail (donc avec des contreparties). Et elles doivent le rester. L’OGBL s’oppose à ce que les conventions collectives soient remplacées par des accords d’entreprise sans les syndicats. Il faut une réduction du temps de travail et non des salariés disponibles 24 h sur 24.

Fiscalité
Un des rares points positifs de l’accord de coalition réside dans l’ajustement des barèmes de l’impôt au 1er janvier 2024 qui s’appliquera désormais à 4 tranches indiciaires au lieu des 2,5 tranches prévues initialement. Mais, malgré les belles promesses électorales, aucun automatisme n’est prévu à l’avenir. Et le programme de gouvernement ne prévoit rien par ailleurs pour introduire plus de justice fiscale. Bien au contraire. Il s’oppose explicitement à une imposition plus forte des hauts revenus, des très grandes fortunes et des successions. Il annonce une baisse généralisée de l’imposition des bénéfices des entreprises, alors que le gouvernement précédent l’avait déjà baissée à deux reprises. En comparaison, les annonces portant sur d’éventuels allégements fiscaux pour les petits et moyens revenus, ainsi que pour la classe 1a, restent très vagues. C’est un programme fiscal qui ne fera que creuser les inégalités sociales. L’OGBL s’y opposera de toutes ses forces.

Logement
Dans la même lignée que le programme fiscal du nouveau gouvernement, les mesures annoncées pour venir à bout de la crise persistante du logement se résume surtout à des cadeaux pour les promoteurs immobiliers et les investisseurs. Des instruments, qui ont pourtant clairement échoué par le passé pour améliorer l’accès au logement (comme l’amortissement accéléré) sont même renforcés. Des études scientifiques ont pourtant démontré que de telles mesures n’ont fait qu’accentuer les inégalités au niveau de l’accès au logement. Avec une politique qui mise uniquement sur l’offre, y compris en négligeant des considérations environnementales, le gouvernement affiche clairement que ce qui lui importe le plus, c’est l’augmentation des marges de profits des promoteurs immobiliers. L’OGBL s’engagera pour une autre politique – une politique qui met l’accès au logement au centre.

Santé et Sécurité sociale
Au niveau de l’assurance maladie, le programme de gouvernement annonce d’ores et déjà vouloir «épurer… les missions de prise en charge de la CNS». Cependant, si un déséquilibre existait au niveau du budget de la CNS, l’OGBL n’accepterait aucune détérioration au niveau des prestations dans ce cadre. Ceci mettrait en péril notre système solidaire et mènerait à terme à un système de santé à deux vitesses où seuls les plus riches auraient les moyens de se faire soigner. L’OGBL s’oppose également à la révision annoncée de la loi sur le virage ambulatoire, avec comme but de privatiser l’utilisation d’appareils dit lourds, ce qui permettrait à des acteurs privés de venir s’enrichir sur le dos de notre système de santé. Enfin, l’OGBL souligne également que le principe du payeur-décideur doit impérativement être conservé au sein de la CNS.

Et demain l’austérité?
Ce que le programme de gouvernement ne prévoit pas, c’est une politique d’austérité. Mais… il prévoit des baisses d’impôts, une pléthore de subventions et d’exemptions fiscales pour les entreprises, des investissements publics élevés, tout en excluant en même temps une augmentation de la dette publique. Le programme ne prévoit aucune nouvelle recette pour l’Etat et exclut d’avance toute mesure qui mettrait les très hauts revenus et les grandes fortunes davantage à contribution. Cette équation ne tient pas la route et fait écho aux politiques d’austérité menées après la crise financière de 2008. En excluant de nouvelles recettes ainsi qu’un endettement supplémentaire, le gouvernement n’aura d’autre choix que de s’attaquer aux dépenses de l’Etat. Le programme de coalition ne l’évoque pas, mais la suite logique du programme néolibéral présenté par la coalition CSV/DP consistera logiquement en la mise en œuvre d’une politique d’austérité.

Il n’est pas encore trop tard pour s’opposer à ces politiques annoncées. Pour l’instant, il ne s’agit que de déclarations d’intention, et non de projets de loi concrets.

Pour s’opposer aux attaques annoncées contre nos acquis, pour éviter une politique d’austérité, il faut une opposition forte. Il faut un syndicat fort. Et seul l’OGBL, le syndicat no 1 au Luxembourg, est en mesure de relever ce défi. Pour le faire, il a besoin du soutien de tous les salariés et pensionnés.

L’article a été publié dans l’édition de décembre de l’Aktuell

L’économie, c’est nous!

Les syndicats professionnels de l’OGBL avaient invité le 30 novembre dernier leurs délégués, militants et candidats de tous les secteurs de l’économie à un meeting pour parler de temps de travail, sécurisation des emplois et politique salariale. Bref, le cœur de l’activité quotidienne de l’OGBL dans les entreprises. Rendez-vous avait été donné pour l’occasion à la discothèque Encore à Luxembourg.

Dans son introduction, la présidente de l’OGBL, Nora Back, est notamment revenue sur le nom de ce meeting. «L’économie, c’est nous! », a-t-elle ainsi souligné, «nous, les salariés dans tous les secteurs socioéconomiques qui prestons le travail, qui produisons les richesses. C’est ça l’économie. Sans nous, ces plus-values ne peuvent pas être produites. Sans nous, les entreprises ne fonctionnent plus». Un message adressé aussi bien au patronat qu’au nouveau gouvernement.

La présidente de l’OGBL s’est également adressée directement aux salariés d’Ampacet entrés en grève quelques jours plus tôt et présents dans la salle, en fustigeant l’attitude inacceptable de leur employeur qui piétine le modèle social luxembourgeois.

Elle a ensuite expliqué que les cinq prochaines années risquent également d’être difficiles pour tous les salariés du Luxembourg, au regard de ce que prévoit (ou ne prévoit pas) le nouveau gouvernement. L’OGBL donnera évidemment sa chance au nouveau gouvernement et discutera avec lui, mais il n’acceptera en aucun cas des mesures allant à l’encontre des intérêts des salariés.

Les participants au meeting ont ensuite pu «voir et entendre ce que signifie concrètement la transposition d’une politique salariale par l’OGBL », comme l’a résumé Isabel Scott, secrétaire centrale adjointe de l’OGBL et modératrice de cette soirée. Au programme de celle-ci: trois blocs thématiques mêlant des exposés de secrétaires centraux et des témoignages de délégués de l’OGBL issus de secteurs très hétérogènes: Armand Klamm (Hôpitaux Robert Schuman), José Da Costa (Voyages Emile Weber), Jacques Adam (Tarkett) Calogero Galletta (banque Caceis), Maria Das Dores (Nettoservice) et Loïc Duprel (commune de Schifflange).

Temps de travail
Le premier thème du meeting a été consacré au temps de travail. Une question très diverse, comme l’a rappelé Jean-Luc De Matteis, membre du Bureau exécutif de l’OGBL: «Ce n’est pas seulement la question de savoir combien de temps je travaille, que ce soit aujourd’hui, cette semaine, ce mois-ci ou cette année? Mais c’est aussi, celle de savoir quand est-ce que je travaille? Comment je travaille? Quand est-ce que je suis libre? Quand est-ce que je suis en congé? Et bien d’autres facettes encore.» Comme par exemple aussi la question de la réduction du temps de travail ou celle de la période de référence. Toutes ces questions sont régulièrement débattues lors de négociations de convention collective entre syndicats et employeurs.

Et chaque situation est différente. Ce qui est bon pour les salariés d’une entreprise ou d’un secteur, ne l’est peut-être pas pour d’autres. Le cadre de la négociation collective permet justement de trouver des compromis sur mesure, avec des contreparties pour les salariés lorsque leur activité exige un effort particulier. On peut penser ici aux salariés du secteur de la santé qui, certes, ont une période de référence annuelle, mais bénéficient pour cela d’une réduction de leur temps de travail avec maintien de salaire.
Une période de référence annuelle serait pourtant de très mauvais augure dans d’autres secteurs. Sans parler du fait qu’une telle mesure saboterait ce que l’on peut escompter du résultat d’une négociation collective. Deux raisons pour lesquelles l’OGBL s’oppose catégoriquement à sa généralisation comme le prévoit le programme du nouveau gouvernement, qui reprend ici une ancienne revendication patronale à laquelle l’OGBL a toujours réussi à s’opposer. «Jusqu’à aujourd’hui, l’OGBL a été le garant de bonnes heures de travail. Et on continuera à se battre contre toute détérioration », assure Jean-Luc De Matteis

Sécurisation des emplois
Le deuxième thème de la soirée était consacré plus particulièrement au Plan de maintien dans l’emploi (PME). Comme l’a rappelé Frédéric Krier, également membre du Bureau exécutif de l’OGBL, cet important instrument «n’est pas tombé du ciel », mais a été introduit en 2006 sous la pression de l’OGBL, alors que les plans sociaux se multipliaient à l’époque.

Frédéric Krier ne cache pas que la loi actuelle, même si elle a constitué une avancée lors de son introduction, comporte néanmoins un certain nombre de défauts auxquels il faudrait pallier. Il note toutefois avec satisfaction que l’OGBL a réussi ces dernières années à inverser une tendance qui avait cours pendant longtemps, en forçant un certain nombre d’entreprises, notamment dans l’industrie, à négocier des plans de maintien dans l’emploi en lieu et place de plans sociaux pourtant déjà annoncés et chiffrés par les directions. Ce qui a permis de sauver des centaines d’emplois menacés.

Mais l’OGBL souhaiterait que cet instrument que constitue le PME soit enfin renforcé, pour permettre de sécuriser encore davantage les emplois au Luxembourg. Outre, l’introduction d’une obligation pour les employeurs de négocier un plan de maintien dans l’emploi à la demande des syndicats, de pouvoir saisir l’Office national de conciliation si un accord n’est pas trouvé avec l’employeur et d’un renforcement des contrôles de l’ITM pour veiller à la transposition des mesures conclues dans le cadre d’un tel PME, il faudrait également introduire une dimension préventive dans cet instrument.

«C’est la raison pour laquelle nous proposons, également dans le cadre de la transition écologique et de la transformation numérique, que l’instrument du Plan de maintien dans l’emploi soit réformé pour identifier en amont, dans la cogestion au sein de l’entreprise avec la délégation du personnel, quels emplois l’entreprise aura besoin à l’avenir, de quels profils elle aura besoin et quels emplois sont en danger et risquent de disparaître. Et définir ainsi, ensemble, dès à présent, des formations ou d’autres mesures, comme par exemple la préretraite, pour sécuriser les emplois à l’avance», résume Frédéric Krier. Aux yeux de l’OGBL, cet instrument réformé devrait également être associé à un «bilan social» des entreprises, une sorte d’audit social que toutes les entreprises devraient obligatoirement définir tous les ans en concertation avec leurs délégations.

Politique salariale offensive… et grève
Enfin, troisième thème du meeting: la politique salariale que poursuit l’OGBL pour améliorer les conditions de rémunérations des salariés dans les différents secteurs d’activités. Initialement, David Angel, également membre du Bureau exécutif de l’OGBL, avait prévu d’exposer de quelle manière les trois éléments clés de cette politique salariale – l’index, le salaire social minimum et les conventions collectives — s’articulent entre eux et pour quelle raison lorsque l’un d’entre eux est attaqué, c’est tout l’édifice qui l’est. «Je voulais vous parler de ce qui constitue le cœur de notre engagement syndical: notre politique salariale. Comment avec nos conventions collectives, nous améliorons au quotidien les conditions de vie et de travail de nos membres et des salariés en général! Mais chers collègues, comment vous dire? Le cœur de notre engagement syndical, notre raison d’être en tant que syndicat se tient actuellement à Dudelange dans la zone industrielle devant l’entreprise Ampacet», indique-t-il.

«La grève, la décision collective de refuser de travailler, constitue la forme la plus haute de l’engagement syndical. Notre arme ultime et la plus puissante en tant que salariés», a tenu à souligner le syndicaliste en insistant sur l’enjeu que revêt le conflit social en cours chez Ampacet. Car nombre d’employeurs scrutent en effet attentivement l’issue de ce conflit pour en tirer des leçons. «Si on les laisse faire, ils prendront tout ce qu’on a acquis pendant des décennies.»

David Angel a ensuite tout de même étendu son propos aux autres menaces qui pèsent sur les conditions de rémunération, notamment sur l’index qui constitue l’un des piliers de la formation des salaires dans le pays et qui fait l’objet d’attaques incessantes de la part des gouvernements successifs et surtout du patronat. Il souligne dans ce contexte que toute manipulation ou détérioration de l’index aurait également des répercussions négatives immédiates sur l’évolution du salaire social minimum.

S’attardant ensuite sur le programme de la nouvelle coalition, il note que les prochaines attaques sont déjà préprogrammées, qu’il s’agisse de l’index, mais également de l’idée que laisse entendre le gouvernement selon laquelle les salariés et les employeurs devraient pouvoir négocier directement entre eux… sans l’entremise des syndicats. Et de conclure: «Tout seul en tant que salarié, je ne peux pas négocier d’égal à égal avec mon patron, mais si je suis dans un syndicat et que je négocie avec mon syndicat et ses 75 000 membres dans le dos, alors à ce moment-là, oui, on discute enfin d’égal à égal.».

L’article a été publié dans l’édition de décembre de l’Aktuell

Les différentes facettes de la transition énergétique

Le Conseil économique et social (CES) vient de publier un avis sur la Transition énergétique. Il s’agit d’une auto-saisine commune des partenaires sociaux, qui ont tenu à soumettre leurs analyses et recommandations par rapport à la modification structurelle profonde des modes de production et de consommation de l’énergie en cours aux décideurs politiques.

Pour les membres du CES, il faut agir résolument contre le changement climatique. Il faut par conséquent adopter des alternatives aux combustibles fossiles, en les remplaçant par des sources d’énergies décarbonées. Ce processus en cours touche, en fin de compte, la quasi-totalité des activités humaines.

Le CES analyse et commente les différents types d’instruments en faveur de réaliser avec succès la transition écologique: la sensibilisation pour parvenir à une adaptation volontaire des comportements, les mesures fiscales, les subventions, les normes, les signaux-prix, les interdictions…

Le CES développe la discussion sur le caractère volontaire ou obligatoire, sans finalement trancher ce débat, estimant qu’il y a lieu de trouver une juste balance entre incitatifs et interdictions. Une attitude basée uniquement sur des interdictions risque de heurter l’acceptation des mesures climatiques par les citoyens. En même temps, une approche basée sur le seul volontarisme favorise en fin de compte les personnes avec des revenus plus élevés, pour qui l’effet prix des taxes environnementales peut être facilement ignoré, alors que les citoyens aux faibles revenus les subissent de plein fouet et n’ont souvent même pas la possibilité de diminuer leur empreinte carbone pour des raisons financières.
Le CES encourage en même temps les investissements dans la recherche, le développement et l’innovation technologique. Sans progrès technologique, les objectifs prévus notamment par le Green Deal au niveau européen ne sont pas atteignables.
Le CES se prononce par ailleurs pour une réforme du marché de l’électricité européen et d’un déploiement plus rapide de la production d’électricité décarbonée accessible à un prix acceptable plutôt que de subvenir longtemps à la couverture d’une facture énergétique trop chère. Il discute des modèles de tarification dynamique (tarifs différents selon la demande relatif au temps de la journée, pour éviter des engorgements), tout en appelant à ne pas exclure une dimension sociale, p.ex. sous forme d’une mise à disposition d’un socle à tarif modéré, voire un minimum vital garanti.

Le CES analyse ensuite les défis et opportunités pour les différents secteurs de l’économie luxembourgeoise (agri- et sylviculture, artisanat, industrie, secteur bancaire, grande distribution, transport routier de personnes et de marchandises).

Une autre partie vise l’impact sur l’emploi et la formation professionnelle. Le CES souligne que la reconversion vers une économie à faible émission de carbone concernera inévitablement tous les secteurs économiques. Il faut préparer dès à présent les changements à venir, en adaptant l’orientation et la formation initiale aux nouveaux profils en lien avec la transition énergétique («emplois verts » », mais aussi identifier déjà aujourd’hui les emplois qui risquent à disparaître et donner aux salariés concernés la possibilité de se reconvertir, en garantissant l’accès à la formation professionnelle continue.

Le CES se doit néanmoins de constater que de la dimension de l’impact de la transition énergétique sur l’emploi n’a guère été abordée dans le cadre des discussions nationales sur les plans climat successifs. Pour le CES, il faut impérativement intégrer la dimension de l’emploi et de la formation professionnelle dans la politique climatique nationale. Elle doit faire l’objet de négociations et d’accord entre partenaires sociaux, ceci tant au niveau national, sectoriel que de l’entreprise individuelle.

Ensuite, le CES se penche sur le cadre de vie et notamment sur les aspects essentiels du logement et de la mobilité.

Tant que les incitants fiscaux et les normes et règlements préconisent des mesures accessibles  et abordables
à tous les citoyens,  l’acceptation ne devrait pas être compromise.

En matière de logement, le CES recommande, entre autres, de réintroduire la possibilité de prêts climatiques à taux zéro pour les ménages à faible revenu ou encore de prévoir le préfinancement intégral ou partiel de mesures de rénovation pour les ménages modestes («tiers payant climatique»), couplé à un versement rapide, voire immédiat, des sommes avancées par l’État aux entreprises en charge des travaux.

Au niveau de la mobilité, le CES s’exprime notamment pour le développement continu des transports en commun, notamment en maintenant des investissements élevés dans le ferroviaire. La tendance du transport des marchandises devrait être inversé, en privilégiant le rail par rapport au transport routier.

Pour promouvoir l’accès à des alternatives aux carburants classiques, le CES s’exprime notamment pour des investissements dans le développement de carburants de substitution durables, pour la mise en place systématique et en nombre suffisant de bornes de charge pour voitures électriques dans les quartiers résidentiels ou encoure pour l’introduction du «leasing social » avec des contrats de longue durée pour aider les ménages à faible revenu dans l’électrification de leur mobilité individuelle.

En conclusion, le CES estime que la transition énergétique ne pourra se faire «contre» les citoyens. Tant que les incitants fiscaux et les normes et règlements préconisent des mesures accessibles et abordables à tous les citoyens, l’acceptation ne devrait pas être compromise. Il faut dès lors concevoir les interventions étatiques pour compenser une partie des surcoûts de la transition au niveau des ménages par des instruments de redistribution sociale .

L’article a été publié dans l’édition de décembre de l’Aktuell

Des temps difficiles s’annoncent

Non, l’OGBL ne s’est pas radicalisé. Ce sont les temps que nous traversons qui se sont radicalisés. Nous sommes confrontés à des vents contraires, émanant aussi bien de la politique que du patronat. Et l’OGBL est exactement là où il doit être en tant que syndicat: nous résistons et défendons les droits des salariés et de leurs familles. Et ces derniers sont actuellement attaqués violemment dans une entreprise: Ampacet…

Une direction a décrété ici unilatéralement l’échec de la conciliation et a ainsi dénoncé la convention collective en vigueur. Il s’agit d’un événement inédit dans l’histoire sociale du Luxembourg : un employeur qui dénonce lui-même la trêve sociale qui va de pair avec la durée de validité de la convention collective ! Ce n’est rien d’autre qu’une attaque frontale à l’encontre du modèle social luxembourgeois!

Il ne s’agit donc pas, dans le cas d’Ampacet, uniquement d’une grève dans une petite entreprise industrielle, mais d’un dossier revêtant une importance nationale! Il s’agit d’éviter que l’exemple d’Ampacet fasse école et que d’autres entreprises suivent la même voie.

C’est la raison pour laquelle il est hors de question de céder chez Ampacet. Les grévistes d’Ampacet, qui bravent depuis plus de deux semaines la pluie, la neige, le gel et les rafales de vent, démontrent chaque jour de façon impressionnante qu’ils n’abandonneront pas. L’OGBL, tout l’OGBL, se tient chaque jour avec la même détermination à leurs côtés. Nous continuerons avec force jusqu’à ce que l’employeur cède enfin !

Au niveau de la politique nationale, les premières attaques sont également préprogrammées. Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que la nouvelle ministre de la Santé et de la Sécurité sociale ne donne le ton : renforcement des retraites privées complémentaires au détriment de la collectivité, ce qui signifie une remise en cause de notre système de pensions public et solidaire!

Nous allons traverser des temps difficiles. Le programme de coalition est clair et ce, au-delà de la question des pensions!

Le capital sera encore renforcé, l’éducation, la santé et les pensions abandonnées au libre marché. L’environnement ne sera pas prioritaire, la crise du logement continuera à faire rage. Les employeurs veulent quant à eux modeler notre vie privée en flexibilisant de façon autoritaire le temps de travail. Et, avant tout, les salariés et les pensionnés devront se serrer la ceinture.

A l’heure où un gouvernement libéral-conservateur parle la même langue que les organisations patronales et que de multiples crises pèsent sur les salariés et leurs familles, il est devenu indispensable de renforcer l’OGBL.

Nous devons défendre nos acquis, protéger et développer notre droit du travail, garantir nos pensions afin d’assurer et améliorer la situation générale des salariés, des pensionnés et de leurs familles.

Et c’est la raison pour laquelle nous avons besoin d’un OGBL fort.

Il nous appartient à tous de faire des prochaines élections sociales une démonstration de force pour les salariés et les retraités! Il ne s’agit pas seulement d’une élection de plus, mais de l’occasion de placer nos intérêts tout en haut de l’agenda.

Cette fois-ci, nous pourrons tous voter. Et nous devrions user de ce droit, car l’élection à la Chambre des salariés représente, avec plus de 600 000 électeurs, la plus grande élection démocratique au Luxembourg. C’est l’occasion de peser activement sur le cours des choses.

Ensemble, nous sommes forts et ce n’est qu’ensemble que nous pouvons apporter de véritables changements! Pas de fausses promesses, juste des actes forts.

Nora Back, présidente de l’OGBL 

On ne lutte pas contre la pauvreté en s’attaquant à ceux qui en sont les premières victimes

L’OGBL s’indigne et dénonce avec fermeté la récente décision du nouveau ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, qui va permettre à la Ville de Luxembourg d’interdire la mendicité dans un certain nombre de rues de la capitale à partir du 15 décembre 2023.

L’OGBL tient tout d’abord à rappeler — comme l’avait d’ailleurs souligné l’ancienne ministre de l’Intérieur lorsqu’il y a quelques mois elle avait refusé d’octroyer cette même autorisation à la commune de Luxembourg — qu’aucune raison objective ne justifie en soi une telle interdiction.

Et alors même que le nouveau gouvernement annonçait, il y a quelques semaines encore, vouloir faire de la lutte contre la pauvreté l’une des grandes priorités de son mandat, l’OGBL constate avec effroi que l’un des premiers actes exécutoires rendus par la nouvelle coalition libérale-conservatrice consiste précisément à stigmatiser, importuner, et le cas échéant, sanctionner les premières victimes de la pauvreté.

L’OGBL appelle le gouvernement à revenir sur sa décision et à présenter rapidement un plan d’action de lutte contre la pauvreté.

La pauvreté, ça se combat ! Et on ne lutte certainement pas contre la pauvreté en s’attaquant à ceux qui en sont les premières victimes.

Communiqué par l’OGBL
le 14 décembre 2023

Rencontre entre déi gréng et l’OGBL au sujet de la grève en cours chez Ampacet

Des représentant.e.s de l’OGBL et de déi gréng se sont rencontré.e.s le 13 décembre pour discuter de la grève en cours chez Ampacet à Dudelange.

Déi gréng et l’OGBL ont exprimé à cette occasion leur solidarité avec les grévistes d’Ampacet et ont également renouvelé leur engagement pour un dialogue social qui doit avoir lieu d’égal à égal. Le respect du modèle luxembourgeois du dialogue social est et demeure la pierre angulaire pour  garantir, aujourd’hui comme à l’avenir, la paix sociale et des droits forts pour les salariés.

Au regard de la situation actuelle chez Ampacet, les représentant.e.s de déi gréng et de l’OGBL en appellent à la responsabilité du ministre du Travail afin qu’il assume un rôle de médiateur dans le sens d’un dialogue social fort entre les deux parties.

Communiqué par déi gréng et l’OGBL, le 13 décembre 2023