De meilleures conditions de travail et des revalorisations salariales pour l’ensemble du personnel de l’établissement scolaire Vauban !

L’OGBL et le Conseil d’administration de Vauban, Ecole et Lycée français de Luxembourg, ont signé récemment le renouvellement de la convention collective de travail qui couvre les quelque 330 salariés de cet établissement d’enseignement.

Cette nouvelle convention collective, qui offre de nouvelles mesures d’équité, des améliorations en matière de conditions de travail et des revalorisations salariales impactant l’ensemble du personnel, a été négociée pour une durée de trois ans.

L’histoire de la convention collective de Vauban débute en 2005. A l’époque, elle couvrait uniquement le personnel du Lycée Vauban. Après la fusion, en 2017, de l’Ecole Française de Luxembourg (EFL ; enseignement primaire) et du Lycée Vauban, la convention collective a été élargie pour s’étendre à l’ensemble du personnel des deux entités à présent réunies. Cet accord, signé en septembre 2019, fut le fruit de négociations difficiles et laborieuses reflétant à l’époque un compromis entre les revendications de l’employeur et celles de l’OGBL. En septembre 2022 ont alors commencé des négociations en vue du renouvellement de cette convention collective dans un climat constructif entre partenaires sociaux.

Ces négociations ont permis de s’accorder sur des améliorations considérables portant, d’une part sur les conditions de travail et, d’autre part sur les salaires, incluant notamment :

  • une augmentation du taux d’avancement salarial annuel qui passe à 2,1% pour tout le personnel (précédemment, le taux était de 2% pour les salaires allant jusqu’à 4000 euros brut mensuel, de 1,8% pour les salaires compris entre 4001 et 5500 euros brut mensuel et de 1,6% pour les salaires supérieurs)
  • une équité salariale entre le personnel enseignant du primaire détenteur du CAPE (et diplômes équivalents) et le personnel enseignant du secondaire détenteur du CAPES, placés au même niveau dans la grille salariale
  • la création d’une grille d’embauche pour le personnel administratif, technique et d’encadrement prévoyant des fourchettes en fonction du poste à pourvoir et du niveau de séniorité, ainsi qu’un repositionnement dans cette grille du personnel en place
  • une augmentation du nombre de jours de congé conventionnels pour le personnel administratif, technique et d’encadrement des élèves en fonction de leurs postes respectifs
  • des revalorisations des indemnités pour les enseignants du secondaire et du primaire, et l’introduction d’une indemnité pour missions particulières pour l’ensemble du personnel
  • une valorisation salariale en fin de carrière, prévoyant une augmentation de 2,1% du salaire à l’âge de 55 ans
  • une revalorisation de l’ancienneté à l’embauche, passant d’une prise en compte des années d’ancienneté antérieures à Vauban de 2/3 à 1/1 pour un poste à fonction équivalente, et de zéro à 2/3 pour un poste sans fonction équivalente
  • une diminution de la période de référence du personnel administratif, technique et d’encadrement des élèves passant d’un an à 4 mois
  • l’intégration dans le texte de la convention collective du principe de mobilité interne
  • la mise en place d’un groupe de suivi concernant l’élaboration d’une cartographie des fonctions.

L’OGBL salue la volonté de la direction de Vauban, Ecole et Lycée français de Luxembourg, de reconnaître et de valoriser le travail et les compétences de son personnel. Le syndicat remercie également les salariés pour leur soutien et leur engagement tout au long des négociations.

Communiqué par le département Ecoles privées du syndicat Education et Sciences (SEW) de l’OGBL, 
le 4 janvier 2024

Lettre ouverte du SEW/OGBL, du Landesverband et de l’AMELUX au CSV et au DP dans le cadre des négociations de coalition

Luxembourg, le 19 octobre 2023

Chères, chers représentant.e.s du CSV et du DP,

Par la présente, nous nous permettons d’attirer votre attention sur quelques revendications essentielles du SEW/OGBL, du Landesverband et de l’AMELUX en matière de politique d’éducation et vous demandons de les intégrer dans les négociations de coalition.

Comme le groupe de travail sur la politique de l’éducation doit malheureusement se tenir sans consultation des associations professionnelles concernées, nous vous prions d’écouter au moins de cette manière les préoccupations du personnel enseignant.

Nous souhaitons attirer votre attention sur les points suivants :

  • Le multilinguisme constitue un obstacle insurmontable pour un nombre croissant d’élèves. Au lieu d’analyser et de repenser l’enseignement des langues dans sa globalité, du cycle 1 à la 1ère, l’alphabétisation en français a été lancée comme projet pilote. A nos yeux, cette mesure isolée ne va pas assez loin. Le SEW/OGBL demande un concept cohérent pour l’enseignement des langues, et ce dès l’accueil des enfants jusqu’à la fin du secondaire. Une pondération des langues ainsi qu’une flexibilisation de l’enseignement des langues doivent offrir plus de chances éducatives.
  • Le SEW/OGBL met en garde contre la création de systèmes scolaires parallèles afin de lutter contre l’injustice en matière d’éducation. Actuellement, avec les écoles européennes publiques et leurs différentes sections linguistiques, ainsi qu’avec la Primary School du Lycée Michel Lucius, qui propose le système britannique, et l’alphabétisation en français et en allemand dans l’école ordinaire, six systèmes scolaires différents existent dès l’école fondamentale. Dans l’enseignement secondaire, cette fragmentation est encore plus poussée. Le SEW/OGBL met en garde contre les conséquences de cette fragmentation du paysage éducatif, car elle profite surtout aux familles socialement favorisées et tend à aggraver les injustices éducatives au lieu de les atténuer. Le SEW/OGBL demande plutôt de repenser le modèle actuel de plurilinguisme de l’école publique ordinaire sur la base d’une analyse critique. Une école publique commune nous semble indispensable à la cohésion sociale et à l’intégration. Nous demandons donc que l’école publique ordinaire soit renforcée afin que chaque élève, quelle que soit son origine, y trouve sa place.
  • Le SEW/OGBL demande que le ministère de l’Education nationale luxembourgeois s’engage au niveau européen à introduire dans les écoles européennes publiques une section adaptée aux besoins spécifiques de notre pays. Cette section donnerait la priorité à l’apprentissage du français, de l’allemand et du luxembourgeois et permettrait ainsi des “passerelles” vers le système scolaire traditionnel. On offrirait ainsi un maximum de possibilités de formation aux élèves qui ne peuvent pas satisfaire aux exigences de performance des écoles européennes. Une telle section devrait également être proposée en priorité dans toutes les écoles européennes publiques afin de promouvoir l’intégration et la cohésion sociale.
  • La législation nationale doit également être respectée dans les écoles européennes publiques. De nombreuses directions d’écoles européennes publiques interprètent leur statut d’école européenne accréditée comme un laissez-passer leur permettant de contourner les lois nationales. Cet abus va des heures supplémentaires non payées pendant le stage jusqu’à au recours régulier à des personnels enseignants insuffisamment diplômés dans l’enseignement secondaire. En raison du fait que les écoles fondamentales et secondaires relèvent de la même direction, il arrive également que des enseignants titulaires d’un master soient recrutés dans la catégorie salariale A2 pour enseigner dans les écoles secondaires, sans que leur catégorie salariale soit adaptée au travail effectué.
  • Le Luxembourg s’est engagé sur la voie de l‘inclusion en signant la convention correspondante de l’ONU. De nombreux enseignantes et enseignants se plaignent toutefois de ne pas pouvoir faire face à l’hétérogénéité dans les salles de classe. Les ressources nécessaires manquent dans les écoles, alors que la charge de travail liée aux procédures est énorme. En tant que SEW/OGBL, nous demandons une simplification de la procédure afin que les élèves puissent bénéficier plus rapidement de mesures d’encouragement et de soutien. Nous avons besoin d’une équipe pluridisciplinaire dans les écoles afin de pouvoir réagir efficacement et rapidement.
  • Le deuxième rapport sur l’éducation a une fois de plus clairement montré que l’origine sociale détermine de manière décisive les chances éducatives des élèves. Aucune des mesures prises jusqu’à présent n’a pu enrayer cette tendance. Pour pouvoir garantir de meilleures chances éducatives, il faut disposer des ressources nécessaires. En tant que SEW/OGBL, nous demandons que le “contingent” soit adapté vers le haut, afin de mieux tenir compte de l’hétérogénéité dans les classes. Les écoles à faible statut socio-économique doivent être systématiquement soutenues afin d’éviter que l’écart social ne se creuse davantage.
  • Le SEW/OGBL demande en outre une révision de la réforme du “cycle inférieur” dans l’ESG.
  • Les critères de promotion doivent être plus compréhensibles et donc plus transparents pour les élèves.
  • Au niveau national, nous demandons une différenciation externe obligatoire pour les “cours de base” et les “cours avancés”.
  • Pour les “cours de base” et les “cours avancés”, il faut définir des exigences minimales que les élèves doivent atteindre pour pouvoir progresser. Il s’agit ainsi d’éviter que les élèves de la 7ème jusqu’à la 5ème soient automatiquement promus malgré leurs énormes retards d’apprentissage, mais qu’ils se voient ensuite refuser l’accès à de nombreuses sections à la fin de la 5ème à cause de ces mêmes retards d’apprentissage qu’ils ont accumulés.
  • Le SEW/OGBL continue de s’opposer à la prolongation de la scolarité obligatoire à 18 ans. Les causes de l’abandon scolaire prématuré doivent être combattues bien plus tôt dans le parcours scolaire par des mesures préventives, comme par exemple un “contingent” revu à la hausse dans les écoles fondamentales et des classes plus petites dans les écoles secondaires, ainsi que par la suppression des obstacles administratifs en ce qui concerne les mesures de soutien spécifiques que les élèves concernés reçoivent souvent trop tard.
  • Le SEW/OGBL revendique en outre la gratuité du matériel de travail pour les élèves en formation professionnelle ainsi que la gratuité des copies pour les élèves de l’ensemble de l’enseignement secondaire.
  • La formation professionnelle doit être revalorisée et le cycle inférieur de l’enseignement secondaire doit être prolongé d’une année dans l’ESG, comme c’est le cas depuis longtemps dans l’ESC. Le DAP doit faire l’objet d’une revalorisation nominale et s’appeler désormais “Première professionnelle” et donner accès au brevet de maîtrise, qui doit être porté au niveau 6 du cadre national des certifications. La rémunération des apprenti.e.s doit être harmonisée et correspondre avant le PII à au moins 80% du salaire minimum non qualifié et après le PII à au moins 100% du salaire minimum non qualifié.
  • Les chargés d’enseignement, appelés “chargés de cours“, ont fourni un travail précieux par le passé. Malgré cela, nombre d’entre eux se retrouvent dans une situation précaire en raison de la juxtaposition de contrats de travail à durée déterminée (CDD). Le SEW/OGBL revendique avec le Landesverband que les chargés de cours se voient proposer automatiquement un contrat de travail à durée indéterminée (CDI) après le deuxième contrat de travail à durée déterminée, conformément à la loi du travail. De plus, nous demandons que les chargés d’enseignement bénéficient également de ce que l’on appelle la “décharge d’âge”. Dans le fondamental, ils doivent en outre avoir la possibilité de suivre la formation d’enseignant en cours d’emploi. Nous demandons en outre une meilleure protection contre le licenciement pour les chargés de cours.
  • Pour les enseignants du secondaire à temps partiel, le SEW/OGBL demande une révision de la procédure de mutation. Les enseignants à temps partiel devraient à l’avenir avoir les mêmes droits à la mutation que les enseignants à temps plein. Cela renforcerait l’égalité des chances, étant donné que davantage de femmes enseignantes travaillent à temps partiel.
  • Le coefficient de correction de 36/52 sur les heures supplémentaires doit être supprimé. Les heures supplémentaires effectuées tout au long de l’année en raison d’une pénurie d’enseignants doivent être payées au même titre que les heures d’enseignement normales.
  • Le gouvernement précédent a promis de développer l’apprentissage à un niveau de formation supérieure au Luxembourg. Le SEW/OGBL salue le principe de cette mesure, mais souhaite être intégré dans les discussions à ce sujet. De manière générale, il faut veiller à ce que les diplômes à créer soient reconnus tant au niveau national qu’international. Par ailleurs, il existe également des possibilités d’amélioration au niveau du BTS, ainsi le SEW/OGBL se prononce pour un “régime concomitant” également à ce niveau.
  • Ces dernières années, les investissements dans l’enseignement supérieur et la recherche ont ralenti par rapport aux années précédentes et sont désormais nettement inférieurs à l’évolution des prix. Le SEW/OGBL demande que la dotation budgétaire évolue au moins en tenant compte de l’inflation. Les plans quadriennaux existants de l’université et des centres de recherche publics doivent être corrigés dans ce sens lors de la prochaine “mid-term review”.
  • Dans le dernier accord de coalition, le gouvernement précédent annonçait son intention de lutter contre la précarité, notamment chez les jeunes chercheurs. C’est le contraire qui s’est produit, le pourcentage de contrats à durée déterminée a même augmenté par rapport à celui des contrats à durée indéterminée. Le SEW/OGBL demande au nouveau gouvernement de remédier à cette situation et de fixer une augmentation de la part des contrats à durée indéterminée dans les conventions de quatre ans.
  • Le SEW/OGBL demande qu’un mécanisme soit mis en place afin de reconnecter l’évolution des salaires à l’université et dans les centres de recherche publics avec celle de la fonction publique, de préférence sous forme de négociations globales pour l’ensemble du secteur public, auxquelles l’OGBL, en tant que syndicat majoritaire dans plusieurs secteurs concernés, doit également être associé.

En vous remerciant de l’attention que vous avez portée à notre lettre, nous vous prions d’agréer nos meilleures salutations.

Joëlle Damé, présidente du SEW/OGBL
Vera Dockendorf, porte-parole du SEW/OGBL Secondaire
Marvin Caldarella Weis, porte-parole du SEW/OGBL Fondamental
Michel Reuter, porte-parole du SEW/OGBL Secondaire
Isabelle Bichler, Présidente de la section “Chargés de cours” Landesverband
Christian Turk, président de l’AMELUX
Frédéric Krier, secrétaire central du SEW/OGBL
Gilles Bestgen, secrétaire central adjoint du SEW/OGBL

Une grande enquête SEW/OGBL sur le harcèlement moral dans le secteur de l’Enseignement supérieur et la Recherche

Dans le cadre de la campagne de sensibilisation et de prévention sur le harcèlement moral au travail dans le secteur de l’Enseignement supérieur et de la Recherche lancée par le SEW/OGBL, les délégations du personnel des trois centres de recherche publics (LIST, LISER et LIH) ainsi que du Max Planck Institute ont sollicité la participation du personnel de ces quatre établissements afin de répondre à une enquête sur leurs connaissances, leur appréciation et leur expérience du harcèlement moral sur leur lieu de travail.

Ce questionnaire intitulé «Enquête sur le harcèlement moral au travail (mobbing) à destination des salariés du secteur de l’Enseignement supérieur et de la Recherche» avait pour vocation de collecter des premières informations sur la situation actuelle au sein du secteur d’activité ainsi que de sensibiliser le personnel au thème du harcèlement moral au travail.

360 personnes ont répondu au sondage sur les quelque 1350 personnes sollicitées, ce qui correspond à plus d’un quart du personnel de ces quatre établissements participants. Même si l’existence potentielle de certains biais pourraient influencer une partie des résultats, les conclusions de l’enquête soulignent néanmoins la réalité du harcèlement moral par ces témoignages et dégagent des pistes de réflexion intéressantes.

L’intégralité des résultats quantitatifs et qualitatifs de l’enquête sera publiée dans un dossier thématique qui sera prochainement rendu public et communiqué aux membres du SEW/OGBL du secteur et aux salariés des établissements participants. Cette initiative fait évidemment écho à l’actualité juridique concernant la nouvelle loi votée en mars sur le harcèlement moral au travail.

Résumé des résultats quantitatifs du sondage

50 % des participants se considèrent plutôt ou totalement en désaccord avec le fait d’être suffisamment informés par leur employeur sur le harcèlement moral.

Un tiers des participants qui ont répondu ne savent pas ou n’ont pas d’avis sur le fait qu’il y ait des mesures et procédures adéquates dans la gestion des situations de harcèlement moral mises en place dans l’établissement où ils travaillent.

Près de 60 % des participants estiment ne pas être au courant des aspects juridiques au Luxembourg en ce qui concerne le harcèlement moral au travail.

30 % des participants du sondage ont, à un moment donné, été victimes selon elles, de harcèlement moral dans l’établissement où ils travaillent, que ce soit actuellement ou dans le passé. Cela fait une personne sur 3, beaucoup trop!

49 % des participants n’ont jamais été victimes de harcèlement moral dans l’établissement où ils travaillent.

Pour près de 30 % des personnes qui sont actuellement, ou ont été dans le passé, victimes de harcèlement moral dans l’établissement où elles travaillent, les actes durent ou ont duré, selon leur réponse, plus de deux ans..

C’est le responsable hiérarchique direct qui est le plus souvent désigné comme personne harceleuse par les répondants qui s’estiment victimes. Les collègues et les membres de la direction arrivent respectivement en 2ème et 3ème position des personnes les plus souvent désignées.

50 % des personnes qui s’estiment avoir été victimes n’en informent pas l’employeur.

74 % des employeurs qui ont été informés n’ont pas mis de mesures en place pour protéger les victimes.

Parmi les mesures mises en place pour protéger les victimes, les employeurs ont dans 43 % des cas transféré la victime dans une autre équipe.

Nous avons souhaité également savoir si les personnes interrogées ont été témoins de manière directe ou indirecte (par conversation avec des collègues victimes) d’actes de harcèlement moral dans l’établissement où elles travaillent actuellement. 48 % des personnes qui ont répondu ont été témoins. Encore une fois, les faits s’étalent sur une longue durée, puisque que dans 46 % des cas, la durée est d’une année et plus. C’est également le responsable hiérarchique qui est cité le plus souvent parmi les auteurs, suivi des membres de la direction, puis des collègues.

Des situations concrètes de mobbing proposées aux participants du sondage

Indépendamment du fait que les personnes sondées se sont estimées victimes/témoins ou non de harcèlement moral au travail, nous avons soumis à tous les participants une liste de situations non exhaustives qu’elles auraient vécues ou dont elles auraient été témoins. Moins d’un pourcent des participants ont ignoré cette question. Pour les autres participants qui ont répondu, voici quelques chiffres intéressants.

Les participants ont répondu avoir été victimes ou témoins très souvent ou souvent des situations suivantes:

  • Pour 28 %: être critiqué sur la qualité de son travail
  • Pour 27 %: se voir remettre en question ses idées ou décisions
  • Pour 23 %: être traité comme s’il n’existait pas, être ignoré
  • Pour 22 %: être appelé à travailler en dehors des heures de travail
  • Pour 21 %: être exclu des conversations
  • Pour 17 %: être victime de fausse rumeur
  • Pour 16 %: être exclu du travail en équipe
  • Pour 16 %: ne pas être autorisé à parler ou être privé de parole
  • Pour 14 %: être menacé ouvertement ou de manière subtile
  • Pour 14 %: se voir interdire de parler à des collègues
  • Pour 13 %: se voir confier des tâches dégradantes
  • Pour 9 %: être soumis à des blagues sur ses capacités intellectuelles, ses compétences
  • Pour 5 %: se voir adresser des insinuations sur des maladies physiques

Si l’on isole la part des participants qui estiment ne jamais avoir été victime ou témoin de harcèlement moral, dans le passé ou actuellement, il y a tout de même un certain nombre d’entre eux qui affirme avoir connu certaines de ces situations:

  • 26 %: souvent ou parfois se voir remettre en question ses idées/décisions
  • 11 %: très souvent ou souvent être appelé à travailler en dehors des heures de travail
  • 5 %: souvent ou parfois critiqué sur sa vie privée
  • 9 %: souvent ou parfois être exclu des conversations
  • 5 %: parfois victime de fausse rumeur
  • 5 %: parfois être ignoré, traité comme s’il n’existait pas
  • 3 %: parfois menacé ouvertement

En conclusion, même si des personnes affirment n’avoir jamais été victime ou témoin, parmi ces répondants, quelques-uns confirment pourtant avoir vécu des situations qui pourraient être qualifiées d’harcèlement moral sous réserve du caractère systématique et de la durée des actes.

L’accord sur la tâche du personnel éducatif et psychosocial de novembre 2021 est caduc

Le Conseil d’Etat vient de rendre son avis très attendu sur le projet de loi 8163, concernant la tâche du personnel éducatif et psychosocial (EPS) dans l’enseignement public. Ce projet de loi concerne en particulier l’organisation du travail dans les Centres de compétence en psychopédagogie spécialisée ainsi que pour les équipes de soutien des élèves à besoins éducatifs spécifiques (ESEB) dans les écoles et lycées.

Le moins que l’on puisse dire est que l’avis du Conseil d’Etat est dévastateur pour le ministre de l’Education nationale : il contient en effet pas moins de six oppositions formelles au projet de loi dans sa forme actuelle. Ces oppositions formelles rejoignent en bonne partie les critiques formulées par l’APCCA (Association du Personnel des Centres de compétence et de l’Agence) et le SEW/OGBL.

Pour rappel : le projet de loi 8163 est censé transposer l’accord signé le 16 novembre 2021 entre le ministre Meisch et trois associations d’éducateurs affiliées à la CGFP. A l’époque, l’APCCA et le SEW/OGBL avaient pris connaissance par voie de presse de la signature de cet accord entre le ministère et un seul syndicat, alors que des négociations et des discussions menées dans des groupes de travail, impliquant tous les syndicats et associations du personnel concernés, étaient à l’arrêt depuis le 1er septembre 2021.

L’APCCA et le SEW/OGBL jugeaient que l’accord signé sans eux était tout sauf satisfaisant. Pour l’APCCA et le SEW/OGBL, comme le pointe d’ailleurs le Conseil d’Etat dans son avis, « cet accord restait […] vague sur de nombreux points, ne reflétait que partiellement les discussions dans les GT, ne répondait pas au but d’introduire des définitions adéquates des tâches du personnel et constituait même une détérioration des conditions de travail du personnel concerné. »

Face au refus du ministre Meisch de poursuivre les négociations après la signature de l’accord du 16 novembre 2021, l’APCCA et le SEW/OGBL avaient alors décidé d’engager une procédure de conciliation. Or, le 28 juin 2022, bien après l’écoulement du délai légal de six semaines et sans qu’aucune réunion n’ait eu lieu, la présidente de la commission de conciliation avait communiqué l’irrecevabilité du litige, au motif qu’un accord avait déjà été trouvé entre le ministre et un autre syndicat.

L’APCCA et le SEW/OGBL ont contesté cette décision d’irrecevabilité du litige — une décision unilatérale qui n’a aucune base légale et qui est en contradiction manifeste avec la législation internationale relative au droit de grève — et ont introduit un recours en annulation devant le tribunal administratif. Cette affaire est par ailleurs toujours en cours.

Alors que les droits syndicaux de l’APCCA et du SEW/OGBL, tout comme le droit de grève du personnel concerné, ont été piétinés et suite à l’avis du Conseil d’Etat, il est désormais évident que le projet de loi transposant l’accord du 16 novembre 2021 ne pourra plus être voté avant les vacances d’été et ne pourra donc pas entrer en vigueur à la rentrée 2023 (au départ, il était censé entrer en vigueur à la rentrée 2022 !).

Si le projet de loi 8163 est insatisfaisant à de nombreux égards, contenant de nombreuses insécurités juridiques, n’étant pas en adéquation avec les réalités du terrain et ne comprenant par ailleurs pas de mesures transitoires pour le personnel en place, l’APCCA et le SEW/OGBL restent néanmoins tout à fait demandeurs d’un règlement portant sur l’organisation du travail du personnel EPS dans les Centres de compétence et des ESEB. Or, une telle loi doit se baser sur un réel dialogue avec l’ensemble des acteurs, à commencer par les représentants syndicaux des personnels concernés.

L’APCCA et le SEW/OGBL espèrent qu’un tel dialogue sera possible avec le ou la ministre de l’Education nationale dans le cadre du prochain gouvernement, afin d’aboutir à un meilleur accord qui tienne réellement compte des besoins et des attentes du personnel EPS des Centres de compétence et des ESEB.

Communiqué par l’APCCA et le SEW/OGBL,
le 14 juillet 2023

Le mensonge sur les écoles européennes publiques

Le ministère de l’Education nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse a finalement présenté le 7 juillet 2023 les résultats préliminaires d’une étude sur les écoles européennes publiques, réalisée par des chercheurs du Luxembourg Centre for Educational Testing (LUCET) de l’Université du Luxembourg et du Service de Coordination de la Recherche et de l’Innovation pédagogiques et technologiques (SCRIPT)[1]. Sans surprise et comme il fallait s’y attendre, les résultats sont positifs, bien évidemment.

Créées à partir de 2016, ces écoles ont poussé comme des champignons aux quatre coins du Luxembourg. Partie intégrante du concept initial, le succès était préprogrammé, quitte à utiliser tous les moyens possibles pour le mettre en avant : indiqué récemment dans une réponse à une question parlementaire (QP 8025), le soi-disant succès a déjà été mesuré grâce aux inscriptions croissantes, le ministère ayant refusé tout type de comparaison avec le système scolaire traditionnel.

Lancée avec grand bruit, cette nouvelle étude tente de démontrer que les écoles européennes publiques permettent de réduire efficacement les inégalités scolaires et de prouver ainsi leur succès, s’il le fallait. Or, comme toujours, le diable se cache dans les détails, et l’interprétation des données laisse pantois. Le fait que les élèves inscrits dans les écoles européennes publiques proviennent généralement de milieux socio-économiques plus favorisés devrait en fait montrer que ces écoles n’ont pas réussi à réduire les inégalités scolaires.

En effet, selon le ministère de l’Éducation nationale, les écoles européennes publiques devaient permettre une réduction des inégalités avec un programme linguistique moins exigeant et plus flexible. Voilà pourquoi, la première école européenne publique a ouvert ses portes à Differdange, une commune avec un revenu médian des ménages parmi les plus faibles du Luxembourg.

Cependant, déjà en 2022, l’ONQS prévenait : « En intégrant quelques écoles européennes dans l’offre publique, la politique éducative transfère une partie de la responsabilité sociale à un système scolaire parallèle, [ce qui risque in fine] de conduire à un éclatement du paysage éducatif et d’entraîner une ségrégation sociale. »[2]

Cet éclatement du paysage éducatif a effectivement eu lieu avec la multiplication des écoles européennes publiques, augmentant encore la complexité de l’orientation scolaire. De plus, cette offre alternative est plus propice aux ménages aisés : l’étude présentée le 7 juillet révèle en effet que les écoles européennes publiques accueillent majoritairement des élèves issus de milieux socio-économiques plus favorisés.

Ce même rapport de l’ONQS indique également que « les inégalités existent, respectivement se transmettent déjà avant la scolarisation. […] Le lien entre la pauvreté des familles et la perte de chances au niveau scolaire est bien établi. » Si les écoles européennes publiques présentent donc moins d’inégalités scolaires, c’est bien parce que le recrutement se fait dans une partie socio-économiquement plus aisée, induisant plus d’homogénéité et donc moins d’inégalités dès le départ. L’une des clés du succès ?

Selon la nouvelle étude publiée, les élèves des écoles européennes publiques ont moins de retard scolaire. Or, même ce constat est sujet à caution. En effet, le système d’évaluation diffère de tout ce qui était connu jusqu’à présent. Il se base sur une note A et une note B : la note A reflète le travail quotidien des élèves, à savoir la concentration en classe, l’attitude positive face à la matière, le fait de faire les devoirs à domicile. La note B est composée de la moyenne des notes obtenues aux devoirs en classe. Ces deux notes sont de même prépondérance : la participation en classe et un cahier soigné ont ainsi une importance équivalente aux notes relatives à l’acquisition des savoirs. Dans ces conditions, il est facile de réussir son année et d’expliquer le taux de réussite de quasiment 100% au baccalauréat !

Il est également important de souligner que l’étude du ministère de l’Éducation nationale compare les écoles européennes à toutes les écoles luxembourgeoises (l’enseignement fondamental, et, pour le secondaire, de l’enseignement préparatoire — anciennement « modulaire » — à l’enseignement classique). Cette comparaison conduit à la conclusion erronée que les écoles européennes obtiendraient de meilleurs résultats que les écoles du système scolaire luxembourgeois. Il convient ici de noter que, pour le secondaire, les résultats de l’enseignement classique sont meilleurs que ceux des écoles européennes publiques. Il est également important de noter que cette étude se base uniquement sur les compétences en mathématiques et ne tient aucunement compte des compétences linguistiques des élèves des écoles européennes et du système scolaire luxembourgeois. Il semble en effet que le ministre craint les résultats découlant d’une comparaison des compétences linguistiques entre les élèves des écoles européennes et ceux du système scolaire luxembourgeois.

Dans leur rapport sur l’étude en question, les auteurs se doivent à un certain moment d’admettre les limites de leur étude, notamment le faible nombre d’élèves en fin de cursus européen. Cela ne semble en revanche en rien nuire à la communication sur le succès voulu des écoles européennes publiques. Comparer ce qui n’est pas comparable et faire abstraction de l’origine des inégalités sociales n’amoindrit, semble-t-il, nullement la « success story » prédéfinie.

Mais à y regarder de plus près, les écoles européennes publiques n’arrivent nullement à réduire les inégalités scolaires dans la population. Pire encore, elles tendent même à augmenter la ségrégation sociale et donc à nuire à la cohésion sociale du Grand-Duché du Luxembourg. La présentation en grande pompe d’une étude devant étayer le succès prédestiné n’a pas réussi à duper une grande majorité de la population. Plutôt que de continuer à promouvoir, à grands renforts de moyens et de publicité, de nouvelles écoles européennes publiques, le ministre de l’Education nationale serait mieux avisé de renforcer le système scolaire régulier afin d’avoir, comme promis, une école pour tous.

Communiqué par le syndicat Education et Sciences (SEW) de l’OGBL
le 13 juillet 2023


[1] LUCET & SCRIPT, European Public School Report,2023, sur POLICY REPORT (uni.lu)

[2] ONQS, Orientations pour une réduction de l’impact des inégalités d’origine sociale dans le système éducatif, 2022, sur ONQS_Rapport-thematique_inegalites-sociales_WEB_single.pdf

Neen zur neier Quereinsteigerformatioun «Bachelor en Formation pédagogique BFP»

D’Enseignantsgewerkschaften SNE/CGFP, SEW/OGBL an d’Studentevertrieder vum BScE-Studiegang op der Universitéit Lëtzebuerg schaffen am Dossier Enseignantsausbildung enk zesummen.

Am September 2023 leeft déi zweet Oplag vun der Quereinsteigerformatioun fir Schoulmeeschter ze ginn un. Dës Formatioun schléisst mat engem «Bachelor en Formation pédagogique» of a gesäit folgendermoossen aus: D’Detenteure vun engem Bachelordiplom, deen am Zesummenhang mat der Schoul steet, kënnen, no engem eejärege Studium an der Pedagogik an an der Didaktik, Zougang zum Schoulmeeschteschconcours fir d’Cyclen 2 bis 4 kréien. Domat si si de Studente vum «Bachelor en Sciences de l’Éducation» quasi gläichgestallt.

Dëst stéisst net nëmmen deenen zwou Gewerkschaften SEW/OGBL an SNE/CGFP sauer op, mee och d‘BScE-Studentevertrieder schwätze sech géint dës nei Mesuren aus. Ëmmerhin huet de Quereinsteiger, deen an engem Joer Crash-Cours d’Kärwësse vum Enseignant vermëttelt kréie soll, dem BScE-Student géintiwwer de Virdeel, no 4 Joer direkt 2 Bachelor-Diplomer an der Täsch ze hunn. Domadder bidd sech him och d’Perspektive, an een anere Beräich wéi dee vun der Educatioun wiesselen ze kënnen, wann hien dat am Laf vu sengem Beruffsliewen dann emol géif envisagéieren. Dass an engem Studium vun engem Joer mat nëmme 6 Woche Temps de terrain» net esouvill Wëssen an Erfarung ka vermëttelt gi wéi a 4 Joer Studium mat 30 Wochen «Temps de terrain» misst jidderengem kloer sinn, an dat fir ee Beruff wou d’Praxiserfarung eng grouss Roll spillt. Et ass dofir ëmsou méi onverständlech, dass den Educatiounsministère dëse Wee ageschloen huet, et geet hei schliisslech ëm eis Kanner, déi déi beschtméiglech Ausbildung kréie sollen.

Dat Novirpreschen an hektescht Reagéiere mat enger Noutléisung op den akuten Enseignantsmangel léisst eng laangfristeg a gutt iwwerluechten, mat allen Acteuren am Konsens festgeluechte Strategie vermëssen. Sou hunn déi zwou Gewerkschaften SNE/CGFP an SEW/OGBL 2018 beim Aféiere vum éischte Quereinsteigermodell drop higewisen, dass et strukturell Léisunge brauch fir nohalteg géint d’Enseignantspenurie virzegoen. Den SEW/OGBL an den SNE/CGFP hu scho viru 5 Joer gefuerdert, dass den Enseignantsberuff nees méi attraktiv gemaach gi muss, duerch zum Beispill eng «Simplification administrative» oder méi Ënnerstëtzung a Wäertschätzung fir d’Enseignanten an hirem Alldag. Geschitt ass net vill.

Sou ass et net verwonnerlech, dass mir 5 Joer méi spéit virum selwechte Constat stinn. Den SNE/CGFP an den SEW/OGBL fannen et ëmsou méi inakzeptabel, dass elo, kuerz virum Schluss vun dem éischte Quereinsteigermodell, séier nach de Quereinsteiger 2 agefouert gëtt, amplaz de Revendicatiounen vun de Gewerkschaften Rechnung ze droen.

Den SEW/OGBL, den SNE/CGFP an d’Studentevertrieder vum BScE si sech eens, dass si dëse neie Studiegang BFP net wëllen. D’Qualitéit vun der Enseignantsausbildung duerf net liichtfankeg op d’Spill gesat ginn.

Matgedeelt  vum SNE/CGFP, dem SEW/OGBL an der Studentevertriedung vum BScE-Studiegang op der Uni.lu
den 12. Juli 2023