Plus de personnel. Maintenant !

Le manque de personnel continue à se faire cruellement ressentir tant au niveau des maisons de soins, des services de soins à domicile, des hôpitaux que des établissements socio-éducatifs. Le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme et d’attirer l’attention sur ce grave problème.

Déjà avant la pandémie, l’OGBL avait réclamé dans ce contexte des dotations en personnel adaptées aux besoins réels du terrain. Même si ces dernières années, sous la pression continue de l’OGBL, les responsables politiques ont enfin reconnu le problème et ont pris quelques décisions allant dans la bonne direction, il manque aujourd’hui encore des pistes de solutions à court terme au regard de l’urgence de la situation. Il faut rappeler qu’en comparaison européenne, le Luxembourg est plutôt mal placé en matière de dépenses de santé par rapport au PIB. Il faudra donc absolument investir à l’avenir davantage dans notre système de santé.

Les salariés du secteur constatent régulièrement que la charge de travail est loin d’être correctement proportionnée, voire dangereusement disproportionnée, par rapport au personnel disponible.

Il est grand temps de réfléchir à la qualité de nos établissements de santé, de soins et socio-éducatifs et de mettre un terme à cette situation permanente de sous-effectif!

Si le problème de manque de personnel était souvent nié dans le passé, aujourd’hui plus personne n’ose prétendre qu’il n’y a pas de pénurie. Et cette pénurie ne doit justement pas servir d’excuse pour se soustraire à la nécessité de fixer des dotations claires et contraignantes en matière de personnel.

Le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL revendique dans ce contexte des seuils minima en matière de personnel, adaptés aux besoins, permettant de prester un service de qualité et d’offrir de bonnes conditions de travail.

Pour pouvoir mettre ceci en œuvre, il est urgent de revoir à la hausse les dotations en personnel dans le secteur socio-éducatif et des soins. Dans le secteur hospitalier, il faut introduire des dotations minimales définissant d’une part la clé de répartition du personnel en fonction du nombre de lits, et d’autre part les qualifications du personnel soignant en nombre suffisamment élevé.

De l’autre côté, les tentatives visant à empêcher ou affaiblir les efforts pour augmenter les effectifs, en prétendant ne pas trouver du personnel qualifié, doivent cesser. Car c’est précisément la clé pour améliorer la situation et ainsi attirer davantage de personnel.

Dans ce contexte, l’OGBL constate avec étonnement qu’en septembre dernier, selon les chiffres officiels, au total 425 professionnels de santé étaient inscrits à l’ADEM et auraient pu être engagés dans les domaines relevant des «professions médicotechniques», «soins paramédicaux» et «rééducation et appareillage».

Par ailleurs, dans certains secteurs comme celui des soins à domicile et celui des laboratoires privés ou encore le secteur socio-éducatif, le personnel est engagé principalement et souvent de façon involontaire, par le biais de contrats à temps partiel afin de simplifier les planifications et d’exploiter au maximum les fluctuations des périodes de référence, et ce au détriment des salariés. Que cela entraîne des conséquences négatives considérables sur l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle des salariés et ne contribue certainement pas à l’attractivité des professions qui connaissent aujourd’hui une pénurie ne semble guère perturber les employeurs.

Il serait possible ici de récupérer des heures dans le secteur, en augmentant les heures des contrats à temps-partiel involontaires et d’obtenir au passage des améliorations considérables en matière de conditions de travail. Le tout, par une amélioration de la planification, avec évidemment, du point de vue des employeurs, le «risque fâcheux» de créer ponctuellement des surdotations. Ce qui aurait cependant comme conséquence des améliorations qualitatives significatives pour les patients et le personnel.

En revanche, dans le secteur socio-éducatif, il est plus que surprenant que seule une fraction des élèves qui suivent des formations d’éducateurs en alternance, ne soient recrutés et payés en tant qu’«éducateurs en formation». Les futurs éducateurs se voient souvent confrontés à des employeurs prétendant qu’il n’y a pas suffisamment de postes d’éducateurs libres. Ils sont alors classés dans des carrières précaires inférieures. Ceci n’est absolument pas compréhensible dans un secteur où la pénurie d’éducateurs est d’ailleurs reconnue officiellement aussi bien par la politique que par les employeurs. Une augmentation des dotations en matière de personnel permettrait donc non seulement de remédier à court terme à la pénurie de personnel, mais à plus long terme d’ouvrir la voie à des jeunes en valorisant et en reconnaissant leur formation.

De manière générale, le nombre de contrats de travail à durée déterminée a augmenté au Luxembourg de 45,6% en 2021. Une tendance que l’OGBL constate également dans le secteur de la santé, des soins et des services socio-éducatifs, surtout parmi les jeunes qui sont les premiers concernés par ce phénomène. Ceci est d’autant plus incompréhensible dans un secteur où le manque de personnel est donc plus qu’évident. La révision, voire l’introduction de dotations minimales permettrait certainement de remédier à cette évolution et d’attirer ainsi davantage de jeunes talents.

En 2020, le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL avait déjà attiré l’attention sur cette situation désastreuse et la nécessité de protéger les salariés du secteur sous le slogan «Ouni Eis Geet Näischt». Lors des négociations des conventions collectives, l’accent a ensuite été mis par l’OGBL sur l’amélioration de la qualité des emplois et sur les moyens pour les salariés de se reposer de leur travail intensif.

Toutefois, il est indispensable, de créer des postes supplémentaires dans le secteur et ensuite de les répartir et de les pérenniser par le biais de dotations minimales. C’est la raison pour laquelle le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL revendique: Plus de personnel. Maintenant!

Communiqué par le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL
le 2 février 2023

Nous ne devons pas abandonner notre système de santé au libre marché!

Depuis quelque temps, des nuages noirs s‘annoncent au-dessus du système de santé luxembourgeois. Le débat sur les forces et les faiblesses de notre système de santé, qui a pris de l‘ampleur avec la pandémie, a surtout servi de poudre à canon à ceux qui poursuivent un agenda clairement égoïste.

Le fait est que l’étude de Marie-Lise Lair, commandée en 2017, a déjà montré que le Luxembourg, tout comme la plupart des pays européens, se dirigeait à toute vitesse vers une pénurie de personnel dans le secteur. Le fait est également que la pandémie a montré que notre système a des atouts à faire valoir, mais que notre bien-être repose avant tout entre les mains des milliers de travailleurs du secteur. Notre priorité absolue doit donc être de renforcer ces points forts à l’avenir et d’accorder une attention particulière à la protection du personnel de santé et de soins.

Cependant, si des spéculateurs privés investissent aujourd’hui au Luxembourg dans des infrastructures qui ont pour objectif d’accueillir à l’avenir des équipements médicaux lourds et d’être ainsi exploités comme des mini-hôpitaux privés, c’est avant tout parce que les investissements privés dans la santé et les soins sont devenus très attractifs. Cela n’a rien d’étonnant sur le plan économique, puisque leur financement par les cotisations des assurés offre une sécurité incroyable.

En revanche, le lobby de l’AMMD, le corps médical libéral, qui fait tout son possible sur le plan politique pour ouvrir la voie à de telles structures commerciales, est scandaleux. Ces derniers mois, des tentatives répétées ont été faites pour remettre en question le caractère public de notre système, ce qui fait sa force, afin de soumettre des pans entiers à une logique de marché privé et d’aspirer l’argent public investi pour garantir une médecine et des soins de qualité, sous forme de profits privés.

A l’étranger, de nombreux exemples illustrent déjà les dégâts qu’une telle logique de développement commercial peut causer dans le secteur de la santé. Chez nos voisins aussi, les privatisations ont souvent conduit à la réduction des capacités et à la fermeture d’hôpitaux, car les opérateurs privés se limitent généralement à des traitements standardisables et lucratifs. C’est ce qu’illustre déjà aujourd’hui l’offre d’emploi avec laquelle le centre médical privé Cloche d’Or tente d’attirer des médecins. Ici, l’argument ciblé dans les offres d’emploi est que dans ces structures, contrairement aux hôpitaux, les médecins n’ont pas besoin de faire du travail posté ou d’être de garde. Le fait que de tels arguments ne peuvent qu’aggraver la pénurie de médecins dans les hôpitaux ne semble pas déranger les opérateurs.

L’OGBL salue pendant ce temps le courage politique du Luxembourg de ne pas imiter ces erreurs en attribuant de telles dérives aux établissements publics déjà existants.

Les conséquences du manque d’un tel courage politique s’observent pourtant au même moment dans le secteur des soins. Un récent article de presse du Tageblatt a révélé que le grand groupe français Orpea tentait déjà depuis 2014 de s’implanter au Luxembourg, ce qui avait pourtant été refusé «avec véhémence» par le passé. Après avoir tenté de privatiser une partie de l’entreprise publique Servior il y a deux ans, la ministre libérale de la Famille n’a pas vu d’autre possibilité que d’ouvrir la porte du Luxembourg à Orpea, et ce malgré le fait que le groupe ait fait la une des journaux partout en Europe, tant en ce qui concerne le rationnement des prestations, la maltraitance des résidents, le détournement de fonds publics que l’exploitation de son propre personnel.

Tout cela parce qu’il a été prouvé qu’Orpea utilisait son activité de soins comme seul moyen de maximiser les profits privés et de construire un empire immobilier international. Ceci parce que la logique du marché privé ne l’a pas empêché et ne l’empêcherait pas non plus dans le système de santé luxembourgeois si nous devions le rendre possible aujourd’hui.

Notre santé ne doit pas devenir une marchandise attractive pour les accumulateurs de capitaux, les spéculateurs et les investisseurs. Dans cette optique, il est de la responsabilité de notre gouvernement de ne pas permettre des ouvertures dans le système qui permettraient à l’argent de nos impôts d’aller dans des poches privées, au lieu d’arriver au personnel, au matériel de qualité et donc surtout à la qualité des soins des patients et des personnes dépendantes.

L’OGBL et son syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs saluent donc le fait que la logique publique, qui fonctionne main dans la main avec le principe de solidarité, soit actuellement renforcée dans le secteur de la santé et revendiquent la même détermination dans le secteur des soins.

En outre, tant dans le secteur hospitalier que dans l’«extrahospitalier», il est temps d’agir à court terme pour remédier au manque de personnel. Finis les temps partiels et les contrats à durée déterminée dans le secteur. Il n’est pas acceptable que des jeunes se voient proposer des contrats de travail précaires, alors que chaque main tendue est nécessaire dans le secteur. Dans le domaine des soins mobiles notamment, de tels contrats sont utilisés pour conserver une flexibilité de planification maximale du côté des employeurs, au détriment des travailleurs. En outre, nous avons besoin à court terme d’une augmentation des dotations en personnel, couplée à des dotations minimales, tant en ce qui concerne le nombre de collaborateurs que leurs qualifications par unité de soins.
Ce n’est qu’en combinant ces facteurs que l’on pourra garantir à tous les patients des soins uniformes et optimaux.

Mitgeteilt vom OGBL-Syndikat Gesundheit und Sozialwesen
am 16. Januar 2023

Après les scandales et les déboires financiers d’Orpea, le feu vert du gouvernement est totalement incompréhensible pour l’OGBL

La ministre de la Famille, Corinne Cahen, a validé le 3 novembre dernier la demande introduite par le groupe privé français Orpea en vue de l’obtention d’un agrément. Cette décision permettra à Orpea — accusé à l’étranger entre autres de maltraitance de personnes âgées, de détournement d’argent public, de fraudes comptables, de non-respect des droits syndicaux, de spéculations immobilières et de pratiques plus que douteuses en matière de ressources humaines — d’ouvrir ainsi ses premières résidences pour personnes âgées au Luxembourg.

Pour rappel, l’OGBL avait déjà souligné en début d’année que le scandale autour d’Orpea était loin d’être un phénomène français isolé. Partout dans le monde où le groupe est installé et exploite des structures pour personnes âgées, les organisations syndicales dénoncent des problèmes similaires en matière de rationnement des moyens, de maltraitance et de non-respect des droits syndicaux des salariés.

Si la ministre libérale de la Famille précise qu’elle n’a aujourd’hui pas le droit de refuser la délivrance d’un agrément à une structure lorsque celle-ci remplit toutes les conditions prévues par la loi, le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL déplore toutefois vivement l’absence de critères qualitatifs portant sur la réalité effective des activités en cours d’une entreprise dans l’évaluation d’un dossier d’agrément. Qu’une telle décision puisse être prise sans que ne soit pris en compte le sort des victimes de maltraitance — directement lié à la recherche incessante d’un taux de rentabilité toujours plus élevé — n’est tout simplement pas acceptable et encore moins dans le secteur des soins.

Par ailleurs, le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL souligne également que le groupe Orpea a annoncé début novembre l’ouverture d’une nouvelle procédure visant à renégocier sa dette avec ses créanciers en France. Cette dette s’élevait au 30 septembre dernier à 9,5 milliards d’euros. Dans ce contexte, il faut noter que l’entreprise a également déjà annoncé de nouvelles dépréciations de la valeur des actions du groupe: des pertes estimées à entre 2,1 et 2,5 milliards d’euros.

Au-delà de l’absence regrettable de véritables critères de qualité dans le cadre du processus de délivrance d’agréments, l’OGBL estime ainsi qu’il est totalement incompréhensible que le ministère ne prenne pas non plus en compte la réalité financière du groupe, alors même que celui-ci évoque déjà des plans de restructuration. La situation financière du groupe risque bien évidemment d’avoir un impact direct sur les investissements au Luxembourg et donc sur la sécurité des salariés et des pensionnaires dans ces établissements au Luxembourg.

Dans un tel contexte, l’OGBL s’interroge sérieusement quant aux «garanties» demandées par la ministre au groupe Orpea concernant le traitement qui sera réellement réservé aux résidents des établissements et aux salariés. Ces garanties sont-elles vraiment suffisantes?

Le plus grand syndicat du Luxembourg s’oppose à l’ouverture de résidences pour personnes âgées au Luxembourg par le groupe Orpea.

Communiqué par le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL,
le 10 novembre 2022

L’OGBL soumet son catalogue de revendications au ministre Marc Hansen

Alors que l’accord salarial de la Fonction publique arrive à échéance à la fin de l’année 2022, le département de la Fonction publique de l’OGBL vient de transmettre son catalogue de revendications au ministre de la Fonction publique, Marc Hansen, en vue des négociations du nouvel accord salarial.

Pour l’OGBL et pour ses quatre syndicats professionnels concernés (Service public OGBL/Landesverband; Chemins de fer FNCTTFEL-Landesverband; Education et Sciences; Santé, Services sociaux et éducatifs), qui regroupent ensemble près de 20 000 salariés, fonctionnaires et employés du secteur public, il n’est plus justifiable que le ministre compétent mène les négociations relatives à l’accord salarial avec le seul syndicat majoritaire de la Fonction publique. La CGFP ne regroupe en effet que les fonctionnaires et employés de l’Etat, et n’a d’ailleurs jamais eu la prétention d’organiser des travailleurs relevant d’un autre statut.

Or, le résultat des négociations de l’accord salarial n’impacte pas seulement les fonctionnaires et employés de l’Etat, mais aussi, directement ou indirectement, des dizaines de milliers de travailleurs du secteur public, dont les agents CFL, les salariés, fonctionnaires et employés des services publics communaux, les salariés de l’Etat, ainsi que les salariés des établissements publics et conventionnés dans les secteurs de la santé, des services sociaux et éducatifs. Il faut rappeler dans ce contexte que l’OGBL, respectivement le FNCTTFEL-Landesverband, sont majoritaires dans la grande majorité des secteurs concernés.

Par conséquent, l’OGBL insiste pour être intégré aux négociations de l’accord salarial, en attendant une réorganisation de ces négociations, afin qu’elles deviennent des négociations salariales globales pour l’ensemble du secteur public (1er point du catalogue de revendications envoyé au ministre). L’OGBL s’attend donc à recevoir une invitation de la part du ministre de la Fonction publique en vue d’une première réunion de négociation dans les meilleurs délais.

Communiqué par le département de la Fonction publique de l’OGBL,
le 28 octobre 2022

>> Catalogue de revendications du Département de la Fonction publique de l’OGBL en vue des prochaines négociations de l’accord salarial de la Fonction publique (PDF)

Pour un renforcement de notre système de santé publique

Que ce soit dans les hôpitaux ou dans les maisons de soins, avec une population vieillissante nécessitant davantage de soins, le Luxembourg manque cruellement de personnel pour répondre à ses besoins croissants.

En attaquant les bases mêmes de notre système de santé luxembourgeois, l’AMMD semble pourtant en chercher les raisons aux mauvais endroits.

L’OGBL tient à rappeler dans ce contexte que c’est précisément notre solide système de santé publique qui a permis à notre société de répondre à la crise de façon «particulièrement agile» (=évaluation par l’OCDE des réponses au COVID-19 du Luxembourg).

Une vision progressiste de l’avenir de notre système de santé devrait donc logiquement prévoir le renforcement et le développement de ce système.

Seule l’extension d’un système de santé publique fort, basé sur la solidarité, avec un accès égal pour tous permettra de préparer au mieux le système de santé luxembourgeois à tous les défis futurs — un système qui par ailleurs garantit et qui doit continuer de garantir des conditions de travail et de salaire optimales pour tous les salariés du secteur.

La réunion du comité quadripartite, qui aura lieu le 19 octobre 2022, examinera surtout le volet financier de l’assurance maladie-maternité et notamment l’état des lieux de la compensation financière pour les mesures prises dans le cadre de la crise sanitaire due au COVID-19.

Face à l’augmentation constante des dépenses et le fait que la pandémie a généré bon nombre de dépenses inattendues, il a été décidé lors de la dernière réunion quadripartite d’instaurer un groupe de travail (GT) «Soutenabilité financière de l’assurance maladie». Le 19 octobre, un état des lieux des travaux devrait être présenté. Cependant, et sauf erreur de notre part, ce GT n’a à ce jour pas encore eu l’occasion de se réunir. L’OGBL estime en outre que la composition de ce GT doit répondre au principe du «décideur-payeur». Une grande inconnue, qui s’avère néanmoins d’une importance cruciale, réside dans l’enveloppe financière nécessaire pour la mise en place du plan national de santé 2030 et ses projets concrets.

Par ailleurs, l’OGBL porte une très grande attention au point 3 figurant à l’ordre du jour, à savoir l’état des lieux des travaux concernant de nouvelles prestations, voire des améliorations, en matière de médecine dentaire. Depuis 2017, l’OGBL reste en effet sur sa faim. Après les derniers propos tenus dans la presse (cf. Tageblatt, 13 octobre 2022) par le vice-président de l’AMMD, le Dr Carlo Ahlborn, l’OGBL souhaiterait enfin découvrir les résultats concrets des négociations entre l’AMMD et la CNS en ce qui concerne les actes/prestations et les tarifs en faveur des patients.

De plus, l’OGBL a demandé que les points suivants soient ajoutés à l’ordre du jour:

  • Groupe de travail (GT) « Désengorgement des services d’urgence » – Quelles sont les mesures d’amélioration avancées par le GT et d’autre part celles qui ont d’ores et déjà été mises à jour?

Avant la pandémie, un groupe de travail portant sur le désengorgement des urgences avait été mis en place. Cependant une stratégie nationale concernant le fonctionnement des services d’urgence (hôpitaux & maisons médicales) fait toujours défaut. Les patients sont sans cesse confrontés à de longs délais d’attente et à des salles d’attentes inadéquates à leurs besoins. Le constat d’un bon fonctionnement global des services d’urgence offert au patient étant la carte de visite du système de santé, il faudra se concerter dans les plus brefs délais pour trouver la solution qui assurera une prise en charge de pointe.

  • Mise en place d’un système de gestion de crise amélioré en cas de nouvelle pandémie (quarantaine, isolation, téléconsultations, prise en charge d’autres maladies et « dommages collatéraux », influence psychique et vie sociale, etc.).

Suite à l’expérience de ces 2 dernières années et du rapport de l’OCDE, l’OGBL souhaite obtenir des informations concernant les concepts et les mesures concrètes en cas de nouvelle vague de pandémie (Qu’en est-il d’un hôpital Covid-19 ? Qu’en est-il de l’organisation interne des hôpitaux? etc.)

  • Création d’un groupe de travail «Coordination des séjours d’hospitalisation du patient avec l’ensemble du/des médecin(s) y compris le personnel soignant des établissements hospitaliers».

Le patient doit être placé au centre des préoccupations dans le cadre du parcours de soins, notamment au niveau de la sécurité et de la qualité de la prise en charge en milieu hospitalier. Malheureusement, ces derniers temps, l’OGBL a de plus en plus l’impression que le système de santé s’oriente davantage vers les besoins des médecins.

Il s’y ajoute que des milliers de soignants s’engagent au quotidien sur le terrain pour prester des soins de qualité aux patients hospitalisés, mais ces derniers sont de plus en plus souvent en sous-effectif. Dans ce contexte, l’OGBL revendique l’introduction de dotations minimales dans le secteur de la santé qui doivent définir, d’une part, la clé de répartition du personnel par rapport au nombre de lits et, d’autre part, les qualifications du personnel soignant en nombre suffisamment élevé.

Les salariés sont soumis à une densité de travail croissante et de telles dotations minimales permettraient de contrer cette pression même à court terme, par exemple en augmentant, pour ceux qui le souhaitent, le nombre d’heures des salariés qui ont un contrat à temps partiel ou en mettant fin à des pratiques courantes de contrats à durée déterminée dans le secteur.

L’OGBL continuera à s’engager pour un renforcement de notre système de santé luxembourgeois afin de le préparer au mieux à tous les défis futurs et pour que les valeurs et principes fondamentaux suivants soient impérativement garantis:

  • un accès au système de santé universel et équitable pour toute personne le nécessitant;
  • des services et des soins de santé de qualité, adaptés aux besoins individuels des patients, fournis par des professionnels de santé formés et dispensés dans un délai raisonnable;
  • la garantie de la liberté du choix du patient éclairé et de la liberté thérapeutique du prestataire responsable;
  • une prise en charge financière basée sur le principe de solidarité.

Ces trois éléments sont indissociablement liés les uns aux autres de sorte que la mise en cause de l’un d’entre eux remet en question le système de soins de santé dans son intégralité et ainsi la cohésion sociale du pays.

Communiqué par le secrétariat social de l’OGBL et le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL,
le 19 octobre 2022

Aucune trace de reconnaissance – à l’encontre de tous les accords conclus, comment une grande part des salariés de l’accueil extrascolaire des enfants sont dépouillés financièrement

Depuis plusieurs semaines, le secteur de l’accueil extrascolaire des enfants fait beaucoup parler de lui. En effet, la rentrée s’avère très difficile pour les milliers de salariés dans les structures socio-éducatives. Avant tout, en raison du fait que les salariés se voient toujours à nouveaux mis, à court terme, face à de nouveaux défis de la part des politiques et des employeurs, et ce dans un contexte de pénurie de personnel s’aggravant constamment et d’un nombre croissant d’enfants à encadrer.

Cette charge de travail en constante augmentation, accentuée notamment en raison de la gratuité de l’accueil et de la nouvelle aide aux devoirs, se fait de plus en plus ressentir auprès du personnel.

Dans ce contexte, il est scandaleux que les employeurs, sous la direction de la FEDAS (Fédération des acteurs du secteur social au Luxembourg asbl), exploitent financièrement, depuis des années désormais, une partie non négligeable du personnel qui assume avant tout un rôle complémentaire et de soutien dans l’encadrement.

Il est question ici d’une politique d’embauche dans le secteur de l’accueil des enfants dans le cadre de laquelle le personnel d’encadrement de soutien est classé systématiquement depuis 2017 dans la carrière la plus basse de la convention collective SAS, la carrière C1. Et ce, à l’encontre de tous les accords et calculs de salaires qui ont été conclus entre partenaires sociaux par le passé. Comme le précise la convention collective, la carrière C1 est prévue pour les «professions administratives, logistiques, techniques, artisanales et manuelles sans qualification» et elle n’a jamais été prévue entre partenaires sociaux pour le personnel d’encadrement au contact direct des enfants.

En 2017, lors des calculs relatifs à la nouvelle convention collective, ces personnes ont en outre été prévues pour des carrières supérieures, ce qui laisse supposer une fraude concrète relative aux fonds publics. Ainsi, la nouvelle convention collective SAS a été présentée par les employeurs comme plus coûteuse en termes de salaires, tout en sachant que par la suite, il s’agissait de faire des économies sur le dos des salariés en les rémunérant de façon précaire.

Nous donnons quelques exemples pour l’illustrer:

  • La plus grande partie du personnel d’encadrement dans la carrière C1 est constituée des aide-éducateurs, qui reçoivent aujourd’hui une formation de base de 110 heures pour pouvoir encadrer des enfants. Cette catégorie de personnel était encore recrutée avant 2017 avec un salaire initial d’environ 600 euros de plus qu’aujourd’hui.

Ces salariés touchent donc aujourd’hui plus de 600 euros en moins par mois et par personne que ce qui a été calculé en 2017 par les employeurs! Pourtant, en 2017, les employeurs s’étaient expressément engagés à ce qu’aucun salarié ne gagne moins après l’accord qu’auparavant. Ce déclassement n’a donc pas été convenu, ni communiqué de manière transparente. Bien au contraire, les chiffres officiels ont été délibérément falsifiés.

  • De plus, au cours des 5 dernières années, de plus en plus d’éducateurs en formation ont été embauchés en carrière C1. Les élèves qui suivent une formation d’éducateur en alternance au Luxembourg ou à l’étranger doivent pouvoir justifier d’un contrat de travail dans le domaine social.

Les employeurs profitent toujours de cette dépendance et donnent aux élèves la seule possibilité d’un contrat C1 précaire. Nous rappelons encore une fois que, selon les accords conclus entre partenaires sociaux, aucun salarié exerçant une fonction d’encadrement vis-à-vis du public ne devrait être engagé dans la carrière C1 qui est la plus basse.

Bien au contraire, les employeurs se sont engagés en 2017 à embaucher des éducateurs et des éducateurs gradués en formation dans la carrière qui correspond à la qualification minimale pour entrer dans une formation continue. Ainsi, un éducateur en formation devrait aujourd’hui gagner près de 1000 euros bruts de plus, et pour l’Educateur gradué en formation, la différence est encore plus importante.

Ces calculs ont également été faits en 2017 par les employeurs dans les carrières supérieures et présentés de la sorte aux syndicats et aux politiques. Ces coûts salariaux, tels qu’ils ont été calculés, sont également tirés aujourd’hui vers le bas au détriment du personnel.

C’est une triste ironie, que parallèlement, dans le cadre de la pénurie aiguë de personnel, on discute politiquement des mesures à prendre pour attirer davantage de jeunes vers ces professions et cette formation. Nous avons, à court terme,  besoin de bras pour pouvoir répondre aux besoins croissants de la société, sans oublier les exigences du plan-cadre de formation. Et pendant ce temps, les employeurs, sous l’impulsion de la FEDAS, ponctionnent financièrement et de manière ciblée ces mêmes salariés. Il n’y a ici aucune trace de reconnaissance, or la reconnaissance est la seule chose qui peut, sur le long terme, contrecarrer le manque de personnel.

Même après plusieurs tentatives de l’OGBL pour trouver une solution constructive avec les organisations patronales, il n’y a pas eu de compréhension et de volonté exprimée par la FEDAS pour payer les personnes qui s’occupent quotidiennement du bien-être de nos enfants davantage que le minimum absolu prévu par la convention collective.

C’est un scandale qui vient aggraver à long terme le manque de personnel et qui met en péril la qualité de l’encadrement. Le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL va prévoir des actions syndicales dans les semaines à venir pour lutter contre cette injustice criante.

Nous revendiquons:

  • Un avancement de carrière pour tous les salariés en C1 qui ont une fonction d’encadrement, et ce de manière rétroactive et avec une reconnaissance de l’ensemble leur expérience professionnelle.
  • Une régularisation de tous les salariés qui suivent une formation en alternance visant une profession socio-éducatives, dans la carrière convenue en 2017, qui correspondant à la qualification minimale pour entrer en formation.

Communiqué par le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL, le 13 octobre 2022