Ouverture dominicale des magasins à Luxembourg

Des conditions de travail sacrifiées sur l’autel de quelques intérêts commerciaux

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Une délégation du syndicat Commerce de l’OGBL a été reçue le 17 mars 2015 par la secrétaire d’État à l’Économie, Francine Closener, dans le cadre de sa récente décision, par dérogation, d’autoriser les commerçants et les artisans, situés dans la Ville Haute et dans le quartier de la gare à Luxembourg, à ouvrir tous les dimanches et jours fériés jusqu’à 19h au cours de l’année 2015.

Le syndicat Commerce de l’OGBL a clairement fait part de son mécontentement à la secrétaire d’État, dénonçant tout particulièrement les répercussions négatives que cette décision aura sur les conditions de travail du personnel concerné. Outre un allongement injuste de la semaine de travail de ces salariés venant amputer une partie supplémentaire de leur temps de loisirs, cette «ouverture dominicale élargie» va venir confronter ces derniers à une série de désagréments additionnels (transports en commun moins réguliers qu’en semaine, structures d’accueil pour enfants fermées, etc). Pour l’OGBL, les conditions de travail – et d’existence – des salariés sont purement et simplement sacrifiées sur l’autel de quelques intérêts commerciaux.

17032015_commerce_Closener_3Dans ce contexte, l’OGBL n’a pas manqué non plus de faire remarquer qu’il serait absurde d’imaginer que l’«ouverture dominicale élargie» des magasins à Luxembourg vienne doper le chiffre d’affaires de ces commerces. En effet, le pouvoir d’achat des ménages restera, lui, borné et on assistera par conséquent, au mieux, à un transfert des achats qui auraient de toute façon eu lieu au cours des six autres jours de la semaine, n’entrainant ainsi absolument aucune plus-value pour les commerçants.

L’OGBL a également insisté auprès de la secrétaire d’État pour qu’elle ne cède pas à la tentation d’octroyer désormais ce type d’autorisation à d’autres communes du pays, sous la pression d’unions commerciales locales se manifestant soudainement suite à ce précédent.

Pour l’OGBL, la législation actuelle – révisée en 2012 – offre déjà largement assez de possibilités aux commerçants en matière d’heures d’ouverture. Des marges de manœuvres qui, non seulement ne sont aujourd’hui pas totalement exploitées par les commerçants et qui plus est, vont bien au-delà de ce qui existe dans les pays voisins, invalidant ainsi l’argument d’un soi-disant manque de «compétitivité» sur ce terrain.

17032015_commerce_Closener_2La secrétaire d’État a de son côté confirmé sa volonté d’évaluer prochainement en profondeur les dispositions actuelles en matière de réglementation des heures d’ouverture dans le secteur du commerce pour, le cas échéant, réviser la législation actuelle. Dans une première étape, le ministère de l’Économie souhaite lancer sous peu une étude inventoriant notamment la sociologie, l’organisation et les conditions de travail des salariés concernés actuellement par une dérogation aux heures de fermetures obligatoires. La secrétaire d’État a dans ce contexte proposé à l’OGBL de s’associer à l’élaboration de celle-ci.

Le syndicat Commerce de l’OGBL, en tant que représentant des salariés du secteur et donc également en tant que plus grand connaisseur de la situation et des conditions de travail du personnel travaillant dans le commerce, s’est évidemment dit disposé à collaborer à celle-ci. Il a néanmoins sévèrement critiqué l’approche du gouvernement consistant, d’abord, à prendre de nouvelles initiatives et à n’entreprendre une évaluation de la situation que dans un second temps.

Communiqué par le syndicat Commerce de l’OGBL
le 23 mars 2015