Echange avec les ministres de l’Economie et de l’Energie

Il y a urgence sur le front des prix de l’énergie

Une délégation de l’OGBL, conduite par sa présidente Nora Back, a rencontré le 3 mars 2022 le ministre de l’Energie, Claude Turmes, et le ministre de l’Economie, Franz Fayot, dans le cadre d’un échange de vues portant sur les mesures à prendre pour faire face à l’explosion des prix de l’énergie.

L’OGBL avait demandé d’urgence cette entrevue, le 9 février dernier, à la suite d’une demande commune adressée par les deux ministres à la Commission européenne, qui concernait uniquement des aides aux entreprises. L’OGBL estimant que les ménages ont aussi besoin de soutien.

Depuis, le monde a changé. L’invasion russe de l’Ukraine a contribué à une hausse encore plus exacerbée des prix énergétiques — une évolution qui risque de s’aggraver davantage dans les mois à venir, si la guerre se prolonge.

Pour faire face à cette situation qui pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des salariés, des pensionnés et de leurs familles, le gouvernement luxembourgeois a enfin réagi et ainsi annoncé un paquet de mesures.

Lors de l’entrevue, l’OGBL n’a pu que déplorer que celle-ci n’ait lieu qu’après l’annonce des mesures du gouvernement, que l’OGBL aurait de toute évidence préféré discuter avec l’exécutif au préalable. L’OGBL partage toutefois le sentiment de devoir agir d’urgence et de faire voter le plus rapidement possible un projet de loi pour apporter une aide aux ménages, après plusieurs mois au cours desquels le gouvernement n’a pas voulu reconnaître la gravité de la situation. Rappelons que lors de la dernière réunion tripartite du 13 décembre, le gouvernement estimait encore qu’il n’y avait aucun problème au niveau du pouvoir d’achat.

Les deux ministres concernés se sont toutefois montrés ouverts pour discuter du détail des mesures avec l’OGBL et prévoir potentiellement d’autres échanges à ce sujet.

Les ministres Turmes et Fayot ont notamment expliqué les motivations du gouvernement pour agir sur les frais de réseau, plutôt qu’au niveau de la fiscalité (accises, taxe CO2, TVA), voire en plafonnant les prix. L’OGBL a salué ces mesures comme un pas dans la bonne direction, mais a estimé qu’elles risquent d’être encore fortement insuffisantes si les prix du marché continuent de grimper. L’OGBL regrette également que les mesures se limitent au gaz et à l’électricité et que rien ne soit entrepris pour stabiliser le prix du mazout (qui impacte surtout les ménages à faible revenu), ni celui des carburants.

En ce qui concerne l’allocation de vie chère, l’OGBL a tenu à rappeler ses trois principales revendications:

  • augmentation temporaire du montant de l’allocation au niveau de celui de 2020 (soit 2x l’allocation de 2019) ;
  • élargissement du cercle des bénéficiaires en augmentant le seuil jusqu’au niveau du salaire minimum qualifié;
  • adaptation régulière du montant de l’allocation de vie chère à l’indice des prix.

L’OGBL a aussi rappelé sa demande visant à adapter le crédit d’impôt prévu pour compenser la taxe CO2 avec chaque augmentation de celle-ci — donc également de façon rétroactive au 1er janvier 2022.

Les ministres ont indiqué, pour leur part, qu’ils prévoyaient de réaliser deux autres revendications de l’OGBL, à savoir l’interdiction de couper l’électricité ou le gaz dans cette situation de crise, ainsi qu’une réforme des aides visant à promouvoir l’efficacité énergétique qui introduirait un élément de progressivité. Les représentants de l’OGBL ont salué ces annonces, en attendant le détail des mesures.

Enfin, l’échange a aussi porté sur les aides à apporter aux entreprises qui souffrent de manière disproportionnée de la hausse des prix de l’énergie, ainsi qu’à plus long terme, des efforts à mettre en œuvre en vue d’une transition juste vers une économie décarbonisée.

Communiqué par l’OGBL
le 8 mars 2022