Nous ne payons pas pour leur crise!

Le leitmotiv du 16 mai reste actuel!

La période des vacances est terminée. La période des vacances devrait être une période de loisirs et de repos. Pour certains de nos concitoyens, la période estivale était plutôt marquée par la peur de l’avenir.

Nous pensons aux salariés qui ont perdu leur emploi chez Villeroy&Boch, Qatena, Laubach, Duscholux et encore dans d’autres entreprises. Nous pensons aux salariés qui se demandent s’ils vont continuer à rester au chômage partiel, à ceux qui se posent des questions sur l’avenir de leur entreprise, sur l’avenir de leur emploi. Nous pensons aux jeunes qui terminent leur formation et se demandent s’ils vont pouvoir trouver un emploi.

Nous avons besoin d’une politique active de l’emploi qui empêche la destruction d’emplois pour des raisons de profit. L’Etat luxembourgeois a dépensé et mis à disposition des montants importants de recette fiscale pour aider les entreprises à maîtriser la crise. De ce fait résulte une obligation pour ces entreprises, et en particulier pour celles, qui n’ont pas seulement bénéficié des programmes conjoncturels, mais également d’aides directes, comme c’est le cas de certaines banques. Cela signifie en même temps que l’Etat doit s’ingérer lorsque des entreprises ne se tiennent pas à cette obligation. Il est inadmissible que d’un côté, des entreprises encaissent des aides financées par le contribuable, et que d’un autre côté ces mêmes entreprises poussent leurs salariés vers le chômage.

Les instruments en vigueur visant à éviter le chômage, tels le chômage partiel et les plans de maintien dans l’emploi, doivent être étendus et améliorés. La sécurisation financière en cas de perte d’emploi sans responsabilité personnelle doit également être améliorée.

La protection des salariés en cas de faillite doit être renforcée. L’OGBL demande une action urgente dans ce domaine.

Les jeunes gens qui ont terminé leurs études ou leur formation et qui sont à la recherche d’un emploi ont besoin d’un appui actif, non compliqué et non bureaucratique. Des initiatives comme le portail d’information pour jeunes mis en place par les ministères de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur, de la famille et du travail (www.anelo.lu) vont dans la bonne direction.

Après une longue période d’inactivité, le Comité permanent du travail et de l’emploi se réunira le 20 octobre prochain. C’est une bonne chose. L’OGBL participera activement à ces travaux et insistera à ce que cet organe se dote d’un programme d’action concret pendant la crise et qu’il ne se limite pas au minimum prévu par la loi.

Nos contacts journaliers avec les salariés dans les entreprises nous enseignent que la charge de travail, qui était déjà considérable, a encore augmenté. Certains employeurs et managers profitent de la crise pour augmenter la pression et le stress sur le lieu de travail. Avant la crise, les organisations patronales ont beaucoup parlé de responsabilité sociale de l’entreprise (RSE). C’est aujourd’hui que les employeurs
peuvent mettre en pratique ces concepts. Les soucis des salariés doivent être pris au sérieux. Ceci veut dire: information et dialogue plutôt que pressions et insécurisation! Dans ce domaine, une importance clé revient au dialogue social organisé avec les délégués du personnel et leurs syndicats. Or, l’OGBL constate que dans certaines entreprises, le dialogue social est dégradé à un exercice imposé pénible. Cette expérience faite sur le terrain confirme l’OGBL dans son opinion qu’il est indispensable, en particulier en temps de crise, de moderniser rapidement la législation sur la représentation du personnel, c-à-d la législation en matière de cogestion, et, par ce biais, de renforcer et d’améliorer le dialogue social au niveau de l’entreprise. Et ce dans l’intérêt des salariés. Nous nous attendons à ce que ce domaine devienne une priorité du nouveau ministre du Travail et de l’Emploi.

Nous ne savons pas aujourd’hui, si la relance économique annoncée est durable. C’est pourquoi ce serait une erreur d’arrêter les programmes conjoncturels maintenant et de déclencher une politique d’austérité.

Au contraire, il y a lieu de maintenir le pouvoir d’achat des gens, de le renforcer et de le sécuriser en cas de maladie, d’accident, d’invalidité et dans la vieillesse. De nouvelles attaques contre le système d’indexation de la part des fonctionnaires des organisations patronales et de la part du représentant de la Banque centrale européenne au Luxembourg sont totalement superflues et ne sont pas matière à débattre pour l’OGBL. Les revendications de la manifestation du 16 mai restent d’actualité. Le soutien massif que les salariés et pensionnés ont apporté aux revendications syndicales continue de constituer pour l’OGBL une obligation d’agir.

Jean-Claude Reding, président