Le pouvoir d’achat des ménages souffre et le gouvernement regarde ailleurs!

L’OGBL faisait sa rentrée le 1er février dernier. Une nouvelle année qui débute, hélas, un peu comme la précédente s’est achevée, c’est-à-dire dans un contexte qui reste toujours fortement marqué par la pandémie du Covid-19 et les restrictions que celle-ci nous impose, aussi bien dans nos vies privées que dans nos vies professionnelles. Et c’est donc également à nouveau à l’Hémicycle du Centre de conférences au Kirchberg que le Comité national de l’OGBL a dû se réunir, comme il le fait désormais depuis le déclenchement de la crise sanitaire, afin de pouvoir garantir le respect des mesures de distanciation.

Le contexte sanitaire pèse donc toujours lourdement, également sur le plan politique où la crise sanitaire semble avoir éclipsé tous les autres dossiers depuis bientôt deux ans. Une situation que le Comité national de l’OGBL a une nouvelle fois fortement déploré. En effet, les défis auxquels des réponses politiques devraient être apportées aujourd’hui sont nombreux et les urgences sociales n’ont quant à elles pas tari au cours de la crise, bien au contraire! D’où également, le grand mécontentement de l’OGBL à l’issue de la réunion tripartite de décembre dernier où l’OGBL n’a pas pu aborder avec le gouvernement et le patronat, un certain nombre de dossiers qui devraient pourtant constituer aujourd’hui les priorités du gouvernement.

A commencer par la crise du logement qui ne s’est pas soudainement volatilisée avec la crise sanitaire, mais qui au contraire à continuer de s’intensifier. Les réponses politiques adéquates à cette crise se font toujours attendre. L’OGBL, qui a fait tout une série de propositions en la matière, ne peut évidemment pas s’en satisfaire. Des mesures doivent être prises de façon urgente pour freiner ce qui constitue aujourd’hui le premier poste de dépenses pour une grande majorité de ménages. Cette crise doit également être stoppée.

Autre dossier prioritaire pour l’OGBL qui n’a pas pu non plus être abordé lors de la dernière réunion tripartite: celui touchant au droit du travail et des réformes qui s’imposent sur ce plan depuis déjà plusieurs années. On pense ici aux législations encadrant les plans sociaux, les plans de maintien dans l’emploi ou les faillites qui doivent absolument être renforcées, mais également à la loi sur les conventions collectives qui n’est plus du tout adaptée à notre réalité contemporaine et qui entretient par ailleurs un lien étroit avec la question centrale du moment: celle du pouvoir d’achat. Dans son programme de coalition, le gouvernement s’était engagé à entreprendre un certain nombre d’initiatives sur ce terrain, mais l’OGBL constate qu’il ne s’est toujours rien produit jusqu’à présent.

Même constat en ce qui concerne la réforme fiscale annoncée par le gouvernement ou bien encore la transition écologique: là aussi, la crise du Covid-19 semble avoir anesthésié toute volonté politique. Pour l’OGBL, tous ces sujets devraient pouvoir être discutés dans le cadre de la tripartite.

Il en va de même de la question du pouvoir d’achat des ménages, qui est actuellement une préoccupation centrale de l’OGBL. Or, de son côté, le gouvernement semble totalement dénier qu’il y ait un besoin d’agir sur ce plan. En effet, comme cela a été rappelé lors de la réunion du Comité national, il y a sur la question du pouvoir d’achat de grandes divergences de vues entre l’OGBL et le gouvernement. Alors que ce dernier estime que le pouvoir d’achat des ménages se porte bien (!!!), l’OGBL observe une pression accrue et inquiétante sur celui-ci.

En effet, entre la crise du logement qui pèse de plus en plus sur le portefeuille des ménages, les pertes de revenu en lien avec la crise sanitaire (jusqu’à -20% de salaire en cas de chômage partiel, p.ex.) et à présent, l’explosion des prix de l’énergie, il semble pour l’OGBL totalement déplacé d’affirmer qu’il n’y ait pas d’urgence sur ce plan. L’OGBL revendique dans ce contexte un paquet de mesures urgent visant à soutenir le pouvoir d’achat dans la période que nous traversons.

Le Comité national de l’OGBL a ainsi tenu à rappeler dans ce contexte que le prix des carburants a augmenté de 31% rien qu’entre septembre 2020 et septembre 2021. On observe un phénomène similaire quant au prix du gaz.

La seule mesure entreprise par le gouvernement jusqu’à présent pour répondre à ces augmentations a été d’augmenter l’allocation de vie chère de 200 euros. Une mesure largement insuffisante aux yeux de l’OGBL, qui ne permet d’ailleurs même pas de compenser les pertes encourues par les bénéficiaires de cette allocation depuis 2009, date depuis laquelle elle n’a plus été adaptée à l’évolution des prix.

Alors qu’une revalorisation s’imposait de toute façon: avec l’explosion des prix de l’énergie, l’OGBL revendique désormais le doublement du montant de l’allocation, tout comme cela avait déjà été entrepris en 2020. Il s’agit là d’un effort minimum que le gouvernement devrait fournir.

S’ajoute désormais aussi la pression accrue exercée par la taxe CO2, qui a été augmenté en début d’année, alors que les compensations sociales prévues à cet effet — jugées déjà insuffisantes initialement par l’OGBL —et n’ont pas été adaptées en même temps. Pour l’OGBL, il faut dans ce contexte absolument pouvoir envisager des aides spécifiques à l’adresse des ménages les plus fragiles.

Et puis, l’OGBL estime que le plafonnement des prix de l’énergie ne doit plus constituer un tabou. La France ou l’Espagne ont déjà pris des mesures dans ce sens. Il faut enfin sortir de la logique néolibérale et réhabiliter l’intervention des pouvoirs publics en vue de contrôler l’évolution des prix de l’énergie et ainsi empêcher l’advenue de nouvelles fractures sociales.

Le Comité national de l’OGBL s’est en outre penché sur le récent projet de loi déposé à la Chambre des députés relatif à la lutte contre le harcèlement moral au travail (lire ci-dessous), la question de la vaccination obligatoire (lire également ci-dessous), la tentative de l’UEL d’instaurer une véritable chasse aux malades au niveau de la CNS, les nouvelles modalités d’application du chômage partiel jusqu’au mois de juin et la Grève des femmes qui est actuellement en préparation.


La question de la vaccination obligatoire

Alors que le débat public quant à l’introduction d’une éventuelle vaccination obligatoire au Luxembourg contre le Covid-19 a été lancé il y a déjà quelques semaines, le Comité national de l’OGBL a tenu à clarifier sa position sur la question.
Tout d’abord, l’OGBL rappelle qu’il s’est toujours prononcé en faveur de la vaccination contre le Covid-19 et qu’il a toujours fait confiance au consensus médical en la matière. Par souci d’égalité de traitement, l’OGBL se prononce toutefois catégoriquement contre une éventuelle obligation vaccinale qui ne vaudrait que pour une ou plusieurs franges de la population, comme par exemple les personnes âgées de plus de 50 ans ou bien encore les salariés du secteur de la Santé. Ensuite, concernant l’introduction d’une éventuelle obligation vaccinale généralisée, l’OGBL ne se ferme pas à une telle discussion avec le gouvernement, à qui incombe la responsabilité de l’introduction d’une telle mesure, mais il constate toutefois qu’actuellement, il n’y a pas de consensus sur ce point et que dans la situation spécifiquement luxembourgeoise, la question des nombreux salariés frontaliers est également à prendre en considération. Enfin, une ligne rouge demeure pour l’OGBL dans cette discussion éventuelle: il ne sera pas accepté que des sanctions puissent être prévues en lien avec l’activité professionnelle. La transposition d’une éventuelle obligation vaccinale doit être assurée par l’Etat et non par les entreprises.


Harcèlement moral au travail

Le Comité national de l’OGBL s’est également penché sur le projet de loi relatif à la lutte contre le harcèlement moral au travail déposé récemment à la Chambre des députés. L’OGBL ne cache pas son étonnement de ne pas avoir été consulté par le gouvernement en amont du dépôt de ce projet de loi. Si l’OGBL salue la volonté de légiférer sur cette question (actuellement, il existe en la matière uniquement un accord entre partenaires sociaux datant de 2009, mais qui du fait de ne pas avoir force de loi se révèle limité, notamment en ce qui concerne les moyens juridiques), il craint toutefois que ce projet de loi, en raison de ses lacunes, ne change pas grand-chose dans la pratique. Selon l’OGBL, pour mener sa mission à bien, l’ITM devrait ainsi disposer de davantage de moyens et de compétences que ne le prévoit le projet de loi et d’autres organismes, tels que la médecine du travail par exemple, devraient également pouvoir être mobilisés sur cette problématique. Enfin, le projet de loi ne touche pas au point fondamental qui est que la charge de la preuve continue de reposer sur la victime, ce qui demeure très difficile à prouver dans la pratique.