Le syndicat Bâtiment de l’OGBL avait appelé les salariés du secteur à une manifestation le 7 décembre dernier au Casino syndical de Bonnevoie. Pour de meilleures conditions de travail! Pour des emplois sûrs et de qualité. Et contre la flexibilisation du temps de travail.
D’entrée, José Nicolau Nunes Pinto, le président du syndicat Bâtiment de l’OGBL, a annoncé la couleur: «On est là pour défendre notre convention collective. C’est cette union qui va nous permettre de nous battre contre le patronat qui devient de plus en plus mesquin, arrogant et d’un égoïsme incomparable et démesuré. Il ne faut pas oublier que les patrons ont bien rempli leurs poches et ça grâce à nous. Il est temps qu’ils partagent enfin avec nous leurs richesses».
Cela fait deux ans que la convention collective sectorielle dans le secteur du Bâtiment est arrivée à échéance, deux ans que l’OGBL bataille avec les fédérations patronales du secteur pour négocier une nouvelle convention collective. «Ils refusent toute négociation sérieuse et c’est un scandale», explique Jean-Luc De Matteis, secrétaire central du syndicat Bâtiment de l’OGBL.
Et pourtant, depuis des dizaines d’années, les employeurs ont largement profité de la dynamique qu’a connue le secteur de la construction. Et comme le précise Jean-Luc De Matteis, les entreprises de la construction, ce sont aussi très souvent eux-mêmes des investisseurs, des promoteurs qui ont largement profité de la flambée des prix du logement. «Les augmentations des prix du logement et des terrains sont en très grande partie entrés dans les mêmes poches.» Précisons dans ce contexte que les marges bénéficiaires des promoteurs se sont élevés à 20-40% du prix d’un logement, ce qui représente des dizaines de millions d’euros gagnés sur le dos des salariés.
«Aucune entreprise dans la construction ne peut dire que ces dernières années, les marges n’étaient pas assez importantes, que les bénéfices n’étaient pas assez élevés et que leurs carnets de commande n’étaient pas assez remplis. C’est pourtant ce que dit le patronat depuis le début des négociations», dénonce le secrétaire central de l’OGBL.
Depuis deux ans, le patronat use de tous les arguments possible et imaginable pour ralentir les négociations. «Au début, il y avait la guerre en Ukraine, ensuite l‘inflation en raison de la flambée des prix de l’énergie. Malgré tout cela, on leur a prouvé, chiffres à l’appui, que le secteur allait bien ». A l’arrêt pendant trois semaines au début de la pandémie de Covid, le secteur du Bâtiment avait aussi été l’un des premiers à repartir, affichant une reprise fulgurante. « Et cette reprise, c’est vous qui l’avez faite, avec des heures supplémentaires. Le secteur en est sorti renforcé.»
Selon les fédérations patronales, les salaires et les conditions de travail seraient actuellement satisfaisantes et il n’y aurait donc pas de raison d’envisager des augmentations. Or comme le précise Jean-Luc De Matteis, si les conditions de salaires et de travail étaient vraiment si bonnes, comment expliquer alors la pénurie de mains-d’œuvre dont souffre actuellement le secteur! «Ce n’est qu’avec des conditions de travail sérieuses et avec des perspectives qu’on arrivera à attirer des jeunes dans le secteur et à pallier cette pénurie de mains-d’œuvre».
L’OGBL reconnait que les négociations en vue du renouvellement de la convention collective se déroulent cette fois-ci dans un contexte un peu différent que par le passé et que «depuis plusieurs mois, le secteur de la construction se trouve dans une phase de ralentissement». Mais, précise Jean-Luc De Matteis, toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne. Toutes ne souffrent pas de ce ralentissement. Le secteur n’est pas homogène et un grand nombre d’entreprises continuent à faire des bénéfices.
Et c’est là un autre grief de l’OGBL envers le patronat que dénonce l’OGBL. Depuis 2022, «le patronat ne cesse de crier au loup afin d’obtenir, par tous les moyens possibles, des aides massives de l’État». Désormais, les fédérations patronales réclament la mise en place d’un plan de maintien dans l’emploi sectoriel auquel s’oppose l’OGBL. «Toutes les entreprises ne sont pas toutes touchées de la même manière du coup d’arrêt momentané. Il est dès lors inconcevable que ceux qui ne sont pas dans le besoin mettent la pression pour toucher ces aides. L’État ne doit pas remplir les poches des acteurs qui ont pendant au moins une décennie gagné des centaines de milliers d’euros sur le dos des travailleurs», clame le secrétaire central du syndicat Bâtiment de l’OGBL.
L’OGBL se dit en revanche tout à fait disposé à négocier des plans de maintien dans l’emploi individuels avec les entreprises réellement en difficulté en raison de la conjoncture actuelle. Or, les fédérations patronales font tout pour bloquer cette option, en mettant actuellement la pression sur les chefs d’entreprise. «Nous avons eu connaissance de lettres envoyées dans lesquelles les entreprises sont appelées à ne pas conclure de plans individuels, surtout pas avec l’OGBL. C’est tout simplement dégueulasse comme démarche», fustige Jean-Luc De Matteis, en rappelant que des milliers d’emplois sont en jeu.
L’OGBL regrette également d’être un peu seul dans ce dossier. L’autre syndicat s’étant rallié à la position patronale.
Dernier point abordé lors de la manifestation: l’annonce du nouveau gouvernement qui souhaite flexibiliser le temps de travail — un énorme cadeau fait au patronat dans le secteur du Bâtiment. «Leur rêve de faire travailler les salariés quand ils veulent et comme ils le veulent: plus en été et moins en hiver», explique Jean-Luc De Matteis.
L’annonce du gouvernement renvoie en effet parfaitement à la revendication de longue date que portent les fédérations patronales dans le secteur de la construction. Une mesure que l’OGBL juge non seulement dangereuse, car faisant augmenter les risques d’accident, mais étant également au détriment des salariés, car signifiant des pertes de salaire ainsi qu’une perte de qualité de vie.
L’OGBL s’opposera à cette mesure, comme il s’y est opposé par le passé. Et dans ce combat qui s’annonce, il ne pourra pas compter non plus sur l’autre syndicat…
L’article a été publié dans l’édition de décembre de l’Aktuell
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