Le terreau de la violence terroriste doit être asséché. L’appareil sécuritaire étatique peut et doit empêcher la survenue d’attentats, ou la rendre plus difficile. Mais il n’est pas en mesure de pouvoir lutter contre les causes de la terreur. Cette lutte appelle de profondes réponses politiques et sociales.
Nous nous interrogeons tous pour savoir ce qui peut pousser des jeunes, qui grandissent dans nos villes, à rejoindre des mouvements extrêmement réactionnaires et autoritaires et à adopter leur mentalité profondément méprisante. Il est question ici des auteurs criminels des attentats de Paris et de Bruxelles, mais aussi des jeunes d’extrême droite qui piétinent la solidarité et la tristesse démocratiques sur la place de la Bourse de Bruxelles ou qui en Allemagne mettent le feu aux centres de réfugiés.
Les réponses simples n’existent pas. Mais il existe des relations. La démocratie doit pouvoir être vécue. La démocratie ne se limite pas au droit de vote politique et à la liberté d’expression. La démocratie est plus que cela. L’égalité des chances et la possibilité d’une pleine participation à la société, à son évolution et à ses résultats sont les conditions préalables à l’épanouissement durable d’un ordre social stable et démocratique.
Les déficits s’accumulent en la matière depuis longtemps en Europe. Pas seulement depuis la crise de 2008/2009, mais de façon accrue depuis lors. Les inégalités sociales ont augmenté, le chômage de masse élevé est devenu permanent, des pans et couches entiers de la population sont concernés par la pauvreté et l’exclusion sociales ou vivent dans la peur du déclassement. En Europe, l’espoir d’une ascension sociale par le biais d’une bonne éducation et d’un un bon métier, a disparu dans nombre d’endroits.
Bien-sûr, tout le monde ne devient pas terroriste ou extrémiste de droite en raison d’un manque de perspectives ou de craintes sociales qu’il a éprouvé. Ce vécu est pourtant à l’origine de la perte de confiance et d’espoir dans les capacités de la société, de ses institutions et de ses décideurs, à pouvoir changer quelque chose à la situation existante. Cette frustration sociale permanente que ressentent beaucoup de gens en Europe, prédispose aux idéologies antidémocratiques, autoritaires, irrationnelles ou fanatiques et religieuses, aux sotériologies et partis, qui s’étendent dangereusement en Europe depuis longtemps et qui sont les incubateurs de la violence criminelle et politique.
L’Europe n’a plus de temps à perdre. Il nous faut plus de démocratie au lieu de moins de démocratie et de la justice sociale au lieu d’inégalité sociale. Voici le mot d’ordre. Les gouvernements de tous les pays européens, la Commission bruxelloise, le Parlement européen et tous les partis démocratiques sont appelés à faire de la dimension sociale la priorité numéro un de leur action.
Il doit être mis un terme à la politique d’austérité et de rigueur qui dans de nombreux pays d’Europe ôte la marge de manœuvre nécessaire à une politique sociale et d’investissements efficace orientée vers l’avenir. Il doit également être mis un terme à la politique des soi-disant «réformes structurelles» qui attaque en première ligne les droits des salariés, tout comme leurs assurances et prestations sociales ainsi que leur système national de négociation salariale et qui opère une redistribution massive dans la mauvaise direction.
L’OGBL reprendra cette revendication centrale de la Confédération européenne des syndicats lors de sa prise de position du 1er mai, journée de lutte historique du mouvement ouvrier et syndical pour la démocratie et la justice sociale. Le gouvernement luxembourgeois et tous les partis démocratiques au Luxembourg se doivent de contribuer, par la voie du progrès social et démocratique, à une Europe qui barre la route à tous les ennemis du vivre-ensemble démocratique et de nos valeurs fondamentales.
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