Un paquet social pour le Luxembourg

Première mobilisation à Dommeldange

 

La campagne «Un paquet social pour le Luxembourg – Pour un meilleur travail et un meilleur revenu» a connu le 26 novembre dernier son premier temps fort. Deux semaines après le lancement officiel de la campagne, plus de 1 000 délégués du personnel et de membres des comités des sections locales de l’OGBL se sont mobilisés à Dommeldange dans le cadre d’une première grande manifestation en salle, envoyant à cette occasion un message clair au gouvernement: il est grand temps de mettre un terme aux politiques antisociales qui ont rythmé ces dernières années. Il est donc temps de changer d’orientation politique. L’OGBL exige que le Luxembourg retrouve la voie du progrès social et de la justice sociale et il poursuivra sa campagne pour un paquet social, jusqu’à ce qu’il obtienne satisfaction.

Ce premier moment fort de la campagne s’inscrit pleinement dans la continuité de la manifestation de masse qui avait rassemblé des dizaines de milliers de personnes un 16 mai 2009 dans les rues de Luxembourg-ville pour s’opposer aux politiques d’austérité qui commençaient, à l’époque déjà, à se dessiner. Des politiques d’austérité qui, comme l’a rappelé le président de l’OGBL, André Roeltgen, lors de son discours, n’ont toutefois pas tardé à être mises en œuvre par le gouvernement CSV-LSAP issu des urnes au mois de juin de cette même année. Et si l’OGBL, par son opposition, a réussi à éviter que toute une série de mesures d’austérité supplémentaires soient transposées au cours de la dernière législature, il n’a toutefois pas été possible de mettre définitivement un terme au démantèlement social initié à cette époque.

«S’il y a quelque chose que ce nouveau gouvernement DP/LSAP/Gréng n’a pas reçu de la population, c’est bien un mandat pour poursuivre la politique d’austérité et le démantèlement social»

Une politique erronée que semble vouloir poursuivre le nouveau gouvernement DP/LSAP/Gréng au vue du paquet de mesures antisociales présenté l’année dernière. Comme l’a rappelé le président de l’OGBL, s’il y a pourtant bien une chose que cette coalition n’a pas reçu de la population, c’est un mandat pour poursuivre une politique d’austérité et de démantèlement social.

L’année dernière, sous la pression des syndicats, le gouvernement a dû revenir sur toute une série de mesures qu’il projetait. Force est toutefois de constater, un an plus tard, que la population a néanmoins dû subir de nouvelles charges et que son pouvoir d’achat a reculé. A cela s’ajoute que l’accord passé avec les syndicats n’a jusqu’à présent pas encore été totalement transposé.

La politique d’austérité et d’économies a fait suffisamment de ravages sociaux à travers toute l’Europe, comme l’a rappelé le président de l’OGBL, qui a également attiré l’attention sur le fait que cette politique s’avère par ailleurs totalement contreproductive d’un point de vue économique et qu’elle alimente toutes les forces nationaliste et d’extrême droite qui pullulent actuellement. Au Luxembourg, les inégalités, le chômage, la pauvreté et la précarisation des conditions de travail ont aussi augmenté de manière alarmante.manif_26_11_15_foule_1
Cette politique doit cesser, il n’y a d’ailleurs absolument plus aucune raison de la poursuivre. Nos finances publiques sont encore plus saines que l’année dernière et la croissance est à nouveau au rendez-vous. Après les charges de crise, l’OGBL exige des décharges de crise. Le président de l’OGBL a ainsi appelé le gouvernement à entreprendre les corrections nécessaires dans le cadre de sa trajectoire budgétaire pour éviter que les gens continuent à payer pour une crise pour laquelle ils ne sont pas responsables et qui est par ailleurs terminé. Ce qu’il faut désormais au Luxembourg, c’est un paquet de mesures sociales. Pour un meilleur travail et un meilleur revenu!

Un paquet social dont le président de l’OGBL, à Dommeldange face à l’assemblée, a bien évidemment décliné les différentes lignes de forces qu’il contient, à commencer par la question fiscale qui entretient un lien évident avec l’accroissement des inégalités et le recul du pouvoir d’achat dans le pays.

«Quand, dans l’un des pays les plus riches au monde, plus de 25% des ménages affirment avoir des problèmes d’argent et du mal à joindre les deux bouts, alors ce pays a un très grand problème»

L’équité fiscale est en chute libre au Luxembourg depuis la fin des années 1990. Une énorme redistribution de la charge fiscale s’y est produite au détriment des petits et moyens revenus et en faveur des entreprises et des couches sociales disposant de hauts et très hauts revenus. Dans le cadre de la grande réforme fiscale annoncée par le gouvernement, il ne peut ainsi y avoir qu’une seule priorité, a ainsi rappelé le président de l’OGBL, à savoir: un allègement d’impôts sensible pour les petits et moyens revenus et une mise à contribution plus importante des hauts revenus et des revenus du capital. Quant aux entreprises, un abaissement supplémentaire de leur imposition serait actuellement tout à fait absurde.

Deuxième ligne de force: les prestations sociales. Si dans l’un des pays les plus riches au monde, 25% des ménages déclarent avoir un problème à joindre les deux bouts, c’est que ce pays a un énorme problème. Et la réponse à cette injustice ne peut certainement pas être un démantèlement supplémentaire des prestations sociales comme l’envisage pourtant actuellement le gouvernement en ce qui concerne tout particulièrement  les allocations familiales, a ainsi souligné le président de l’OGBL. Le futur montant des prestations familiales envisagé par le gouvernement doit ainsi absolument être revalorisé. Et comme il s’y était engagé, le gouvernement doit prévoir un mécanisme d’adaptation périodique des montants à l’évolution du salaire médian afin que les prestations cessent de perdre mécaniquement de leur valeur au fil du temps.

manif_26_11_15_foule_3Autre revendication de l’OGBL: une augmentation structurelle du salaire social minimum de l’ordre de 10%. Les gens qui travaillent pour le salaire social minimum ont aussi le droit d’être payé dignement. Le président de l’OGBL a, dans ce contexte, tenu à rappeler que le Luxembourg détient en Europe un triste record en matière de pauvreté au travail («working poor»), lorsque tout en occupant un emploi, les individus se retrouvent très proches du seuil de pauvreté.

Autre ligne de force du paquet social: la défense du modèle sur lequel repose l’assurance dépendance. Un modèle qui a fait ses preuves, mais  qui est actuellement en train d’être remis en question par le gouvernement. La conséquence directe du modèle alternatif que promeut le gouvernement serait une dégradation de la qualité et des prestations qu’offre actuellement l’assurance dépendance. Un projet tout à fait inacceptable pour l’OGBL, comme l’a clairement affirmé une nouvelle fois son président.

L’OGBL revendique également une pérennisation des emplois et une bonne protection contre les licenciements et le chômage. Pour ce faire, l’OGBL exige que la protection contre les licenciements soit renforcée, que la procédure de négociations des plans sociaux soit améliorée, que la loi sur les plans de maintien dans l’emploi soit réformée, que la loi donne davantage de droits aux salariés dont l’entreprise fait faillite et que ces derniers soient également indemnisés plus correctement.

Dernière ligne de force du paquet social: une organisation du temps de travail qui permette enfin de concilier correctement vie privée et vie professionnelle. Comme l’a souligné le président de l’OGBL, la question qui est posée ici est la suivante: quand, à quelle fréquence, combien de temps et de quelle manière un salarié est-il à disposition de son employeur? Et qui doit en décider? L’OGBL plaide dans ce contexte pour une réorganisation du temps de travail qui protège davantage les salariés face aux nouvelles formes d’exploitation et de manipulation et exige que les heures supplémentaires soient à nouveau reconnues et rémunérées en tant que telles. Sans oublier la revendication visant l’introduction de la sixième semaine de congé légal.

 «Les injustices sociales qui ont augmenté pendant la crise doivent à nouveau être résorbées par le progrès social. Si pas maintenant, alors quand? Et comme nous connaissons la réponse, cela doit avoir lieu maintenant» 

Il est désormais grand temps de résorber les inégalités qui ont continué à se creuser pendant la crise. Il est désormais grand temps de renforcer l’Etat social qui a beaucoup souffert pendant cette période. Si pas maintenant, alors quand? Et comme l’OGBL connaît la réponse, il sait que cela doit se produire ès à présent.  Le progrès social doit enfin devenir l’objectif politique prioritaire de ce gouvernement.

>> Discours prononcé par André Roeltgen lors de la manifestation
>> Tout le dossier de la campagne (PDF)