Selon le «panorama social» de la Chambre des salariés, les inégalités sociales sont moins grandes chez les pensionnés que dans la population active. La même chose est vraie pour le risque de pauvreté. Ceci est un bon signe pour le régime luxembourgeois d’assurance pension. Dans le cadre des prochaines discussions sur la réforme du système de pension, il importe de veiller au maintien de ces avantages. Une réforme doit renforcer notre système de pension et doit l’adapter aux besoins des générations futures.
Beaucoup de personnes se demandent si compte tenu des réserves importantes de notre système de pension une réforme de celui-ci est nécessaire. C’est un fait que dans les années à venir le nombre de pensionnés augmentera considérablement. A défaut de changements au niveau du financement et tout en gardant les prestations d’aujourd’hui inchangées, selon différents scénarios relatifs à l’évolution économique, la réserve commencerait à diminuer entre 2024 et 2028 et elle serait épuisée entre 2035 et 2040. Compte tenu de ces conditions de départ comparativement avantageuses il devrait être possible de stabiliser et de sécuriser notre système de pension au-delà de ces étapes dans l’intérêt des générations futures sans devoir recourir à une dégradation des prestations.
A notre avis ceci est possible si les recettes de la Caisse de pension sont améliorées par le biais de légères augmentations des cotisations étendues sur plusieurs années ainsi qu’en captant d’autres sources de financement que les salaires comme par exemple les revenus provenant du capital (voir également à ce sujet les propositions et calculs de la Chambre des salariés de janvier 2010). Par ailleurs, il y a lieu de prendre des mesures positives permettant d’éviter les pensions de vieillesse anticipées. L’on pourrait concevoir un système de transitions flexibles entre la vie active et la retraite, par exemple en créant un droit au travail partiel combiné avec une pension partielle. Il est en outre nécessaire de mettre en œuvre une politique conséquente en matière d’amélioration des conditions de travail dans le but de contenir voire de prévenir l’usure physique ou mentale due au travail. Nous avons également besoin de mesures efficaces en matière de droit du travail permettant de mieux protéger les salariés plus âgés contre les licenciements pour raisons économiques, des mesures qui empêcheraient les employeurs de pousser les salariés plus âgés vers la sortie de la vie active.
Il importe également de prendre en compte l’objectif politique du gouvernement que 40% des lycéens poursuivent des études supérieures après leur bac. Ceci veut dire que ces jeunes ne commenceront leur carrière professionnelle qu’à partir de l’âge de 22, 23, 25 ans. Il est peu probable que toutes ces personnes deviennent plus tard des bénéficiaires de gros salaires. Que pouvons-nous leur offrir afin qu’ils puissent au moins atteindre le niveau de retraite de leurs parents?
Les orientations de la réforme présentées aux syndicats ne traitent pas ces questions ou les touchent à peine. Le texte ne mentionne nulle part le sujet des cotisations et/ou de sources de recettes supplémentaires. Lors de notre entrevue avec les ministres compétents une augmentation des cotisations n’a pas été écartée, mais au plus tôt dans 10 ans. Le sujet concernant de nouvelles sources de revenu pour la Caisse de pension n’a pas été évoqué. Pourquoi pas? Car en recourant à des recettes supplémentaires, le système pourrait être sécurisé pendant une plus longue période.
La proposition centrale du gouvernement consiste en une diminution des prestations de retraite après 40 années de cotisation, diminution à laquelle l’assuré pourrait remédier par une prolongation de sa vie active au-delà des 40 années. Mais à cause de la modification des majorations proportionnelles ce calcul ne fonctionnera pas pour la plupart des assurés. Même en cotisant pendant 45 années ou plus on n’atteindra pas le niveau de pension auquel on a droit aujourd’hui après 40 années de cotisation.
D’après nos calculs, ces changements toucheront en particulier les salariés qui ont effectué pendant 20 ans ou plus du travail de nuit, les invalides, les veuves et les orphelins ainsi que les personnes qui commencent à travailler jeune ou qui font de longues études.
Les propositions gouvernementales comprennent certes des mesures de sécurité pour ceux qui pendant toute leur carrière ne touchent que le salaire minimum ou un peu plus. Nous portons également un jugement positif sur le fait qu’il est envisagé de ne forcer personne à travailler plus longtemps, c’est-à-dire que contrairement à beaucoup d’autres pays, le Luxembourg n’augmentera pas l’âge légal de la retraite.
Un autre point positif est le fait qu’il n’est pas prévu de toucher aux pensions actuelles quoiqu’il faut mettre en question les intentions du gouvernement en ce qui concerne l’ajustement des pensions à l’évolution générale des salaires. Il n’est par ailleurs pas non plus prévu de toucher aux droits acquis avant la mise en vigueur d’une nouvelle loi. Par contre, ceci veut dire aussi que les mesures de réduction des prestations envisagées auront un effet d’autant plus négatif sur les jeunes. Plus on est éloigné de la retraite, plus on perdra. Est-ce un tel avenir que les responsables politiques souhaitent préparer aux jeunes générations?
Nous exigeons que nos critiques et nos alternatives soient considérées de manière objective dans le cadre des discussions. En tout cas, les orientations du gouvernement sont inacceptables pour l’OGBL dans leur forme actuelle.
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