Le Comité national de l’OGBL a siégé le 28 janvier pour la première fois en 2009. Cette réunion était l’occasion pour faire le point sur la crise financière et économique ainsi que sur les négociations tripartites en cours.
Même si les analyses des organisations économiques internationales OCDE et Fonds monétaire international (FMI) ainsi que celles de la Commission européenne confirment toutes que nous sommes entrés en récession au niveau mondial, il est frappant que ces organisations gouvernementales ne parlent que peu des causes de cette crise.
L’Etat n’est pas le problème, mais la solution
Pendant des décennies, les analystes économiques de l’OCDE n’ont manqué aucune occasion pour prôner un Etat allégé, la déréglementation, la privatisation de services publics qui marchaient pourtant bien, la libéralisation effrénée.
Aujourd’hui, ces mêmes «experts» conseillent à nos politiciens l’application d’une politique anticyclique, la nationalisation partielle de certaines banques, la mise en place de paquets conjoncturels, etc. Tout d’un coup, l’Etat n’est plus le problème, mais la solution.
Pour le Comité national de l’OGBL, ce ne sont pas seulement les pratiques bancaires et financières douteuses, mais c’est surtout une politique économique erronée qui a causé cette crise. Pendant des décennies on a misé sur la production et l’offre et en même temps sur la modération salariale. La consommation fleurissait à un moment où les revenus des ménages stagnaient. Comment était ce possible, sinon par le biais de l’endettement personnel des consommateurs? La politique de l’endettement avait remplacé la politique de la demande, qui elle ne peut fonctionner sérieusement que si les revenus progressent. Ce phénomène s’avérait le plus prononcé aux Etats-Unis où la crise actuelle a pris son origine. Des millions de personnes sont devenues victimes de la spirale de l’endettement, c’està-dire, si l’on ne peut pas rembourser un prêt, on en contracte un nouveau, plus élevé que le premier, pour a) rembourser le premier et b) se créer un revenu pour financer des acquisitions nouvelles. Et ainsi de suite. La même pratique est d’usage en ce qui concerne les cartes de crédit. On acquiert des cartes de crédit supplémentaires et ne rembourse que le minimum.
Les aides publiques aux entreprises doivent être accompagnées de contreparties
Pour l’OGBL, la politique doit de nouveau prendre les affaires en mains. Les aides publiques aux banques et entreprises doivent être accompagnées de contreparties sur lesquelles les bénéficiaires doivent s’engager. Lorsqu’une entreprise touche des fonds publics elle doit notamment s’engager à ne pas licencier du personnel, ou au moins à maintenir dans l’emploi le personnel dont elle n’a pas besoin temporairement suite à un recul des commandes. Il est inacceptable que les contribuables paient deux fois: une fois sous forme d’aides étatiques, une deuxième fois sous forme d’indemnités de chômage. Le mot clé aujourd’hui est „solidarité“. Les actionnaires eux aussi doivent assumer leur responsabilité sociale face à la situation catastrophique actuelle.
Pour l’OGBL, les deux jambes qui peuvent nous permettre de sortir de la crise sont d’un côté, des investissements élevés de la part de l’Etat pour soutenir l’économie, en particulier les petites et moyennes entreprises luxembourgeoises et, d’un autre côte des mesures rapides et efficaces pour renforcer à court et à moyen terme le pouvoir d’achat des consommateurs. Les mesures fiscales décidées par le gouvernement l’année passée et qui sont déjà en vigueur, ont à nouveau été saluées par le Comité national. Pour l’OGBL, il y a encore des marges de manoeuvre supplémentaires. Ainsi, certains abattements fiscaux n’ont plus été adaptés à l’évolution des prix depuis des années. Il en est de même pour les chèques-repas. Le système des chèques-enfants, qui sera introduit au 1er mars 2009, devrait être étendu à tous les enfants jusqu’à l’âge de 18 ans. Il faudrait également revoir les allocations familiales, celles-ci n’ayant plus été adaptées à l’évolution des prix depuis 2006. Enfin, le cercle des personnes bénéficiant de l’allocation de vie chère devrait aussi être élargi.
Pas de confiance sans un «oui» inconditionnel pour le modèle social luxembourgeois
Pour l’OGBL il est clair: afin de reconquérir la confiance des consommateurs, salariés et retraités, le gouvernement devra se prononcer clairement en faveur du modèle social luxembourgeois. Pas par des mots, mais par des actes! Ceci impliquerait par exemple que le gouvernement renonce à préparer de nouvelles attaques contre le système de l’indexation automatique des salaires et renonce à envisager une dégradation des prestations de la sécurité sociale.
En ce qui concerne la politique de l’emploi, il importe pour l’OGBL que les dispositifs du maintien dans l’emploi soient appliqués de façon plus efficace ou même améliorés. Par ailleurs, les droits de cogestion des salariés doivent être améliorés et adaptés à la structure économique luxembourgeoise d’aujourd’hui.
En ce qui concerne les finances publiques du pays, qui sont actuellement encore en bon état, il faudrait songer à trouver de nouvelles recettes à l’avenir. Il ne suffit pas de pratiquer une politique d’investissement anticyclique et de relance du pouvoir d’achat pendant une seule année. Vu la gravité de la crise actuelle, il apparaît aujourd’hui évident qu’une telle politique doit être maintenue pendant plusieurs années. Ceci serait possible grâce aux réserves et à la bonne situation générale des finances de l’Etat.
En ce qui concerne l’organisation interne de l’OGBL, le Comité national a décidé une redistribution des tâches au sein du Bureau exécutif, a créé le poste de secrétaire général, a appelé plusieurs responsables syndicaux et administratifs à des responsabilités plus élevées, a adopté la liste des candidats de l’OGBL pour les institutions de la sécurité sociale ainsi que celle concernant les représentants de l’OGBL dans différents conseils d’administration.
Enfin, le Comité national a donné son feu vert au projet de convention relative à la lutte contre le harcèlement et la violence sur le lieu de travail qu’il a négocié avec la fédération patronale UEL.
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