Le Comité national de l’OGBL était réuni le 28 mars dernier à la Maison du peuple à Esch-sur-Alzette. Et il est tout d’abord revenu sur l’accord tripartite conclu en mars dernier. «C’est un bon accord tripartite (…) Il constitue un grand soutien au pouvoir d’achat des ménages», a notamment souligné la présidente de l’OGBL.
Les mesures retenues dans cet accord, ainsi que dans l’accord de septembre 2022, ont également permis de maintenir sous contrôle l’inflation. Il est d’ailleurs intéressant d’observer dans ce contexte que le Luxembourg affiche actuellement le taux d’inflation le plus bas de toute l’Europe, suivi de la Belgique – l’un des rares autres pays avec le Luxembourg à disposer d’un système d’indexation des salaires. Des chiffres qui démontrent une nouvelle fois que la thèse défendue par tous les milieux antisyndicaux, selon laquelle l’index alimenterait lui-même l’inflation, le soi-disant «effet d’auto-allumage», demeure un pur mythe.
Face à certaines critiques émises à l’encontre des mesures décidées dans le cadre de cet accord tripartite — son soi-disant manque de ciblage social — le Comité national a également tenu à apporter plusieurs clarifications. Tout d’abord, il faut rappeler que la crise du pouvoir d’achat s’étend actuellement jusque dans les classes moyennes et qu’il était donc tout à fait important de veiller à ce que non seulement les ménages à petits revenus soient soutenus, mais également les ménages à revenu moyen.
Ensuite, il faut voir que même le plafonnement des prix de l’énergie constitue une mesure sociale. En effet, même si les hauts salaires profitent également du plafonnement des prix de l’énergie, les principaux bénéficiaires n’en demeurent pas moins les petits et moyens salaires, qui consacrent en moyenne une part bien plus importante de leurs revenus aux coûts énergétiques.
L’augmentation du crédit d’impôt sur les actes notariés lors de l’acquisition d’un logement («bëllegen Akt»), qui s’adresse principalement aux jeunes actifs, comporte en soi aussi une dimension sociale, au regard de la population que vise cette mesure.
Enfin, en ce qui concerne l’adaptation du barème fiscal à l’inflation — qui constituait la principale revendication de l’OGBL dans le cadre de ces négociations tripartites et qui a été partiellement retenue dans l’accord — le Comité national rappelle que même si les hauts salaires en profitent également, ce sont à nouveau les petits et moyens salaires qui en sont les principaux bénéficiaires, sachant que ces derniers sont les principales victimes de la «progression froide» résultant de la non-adaptation du barème à l’inflation.
L’OGBL a également tenu à replacer sa revendication relative à l’adaptation du barème fiscal à l’inflation dans son contexte, en rappelant que l’OGBL dispose par ailleurs de tout un cahier de revendications bien plus vaste en matière de fiscalité. Sachant toutefois que le gouvernement avait clairement fait savoir depuis un certain temps déjà qu’il ne procéderait plus à une grande réforme fiscale au cours de cette législature, l’OGBL avait décidé de se concentrer sur cette seule revendication qui devenait plus qu’urgente, au regard de la pression actuelle sur le pouvoir d’achat des ménages.
En effet, si rien n’avait été entrepris, les ménages auraient subi entre 2017 et la fin de l’année 2023 pas moins de 8 augmentations d’impôts. Pour un salaire brut de 5000 euros — qui est le niveau de revenu le plus affecté actuellement par la progression froide – cela aurait constitué une augmentation d’impôts de l’ordre de 2000 euros par an sur cette période. «Il était urgent de faire quelque chose à ce niveau pour renforcer le pouvoir d’achat des ménages. Nous n’avons pas réussi à tout obtenir. Nous l’avons dit, mais c’est un premier pas symbolique très important. Et nous continuons à revendiquer l’adaptation complète», a ainsi indiqué Nora Back. Une percée d’autant plus importante qu’une semaine avant la tripartite, le gouvernement s’y opposait encore fermement, qualifiant ce type de mesure carrément d’«irresponsable» et de «hara-kiri financier».
Les autres revendications de l’OGBL en matière de fiscalité n’ont pas disparu pour autant. Bien au contraire. La politique fiscale menée au Luxembourg demeure en effet profondément injuste et il faut renverser la tendance. L’OGBL compte d’ailleurs formuler clairement ses revendications à l’adresse des partis politiques en vue des élections nationales d’octobre 2023.
En matière de fiscalité, outre l’adaptation complète du barème à l’inflation, l’OGBL revendique notamment une exonération du salaire social minimum, l’étirement du barème pour que la charge fiscale augmente plus lentement en fonction des revenus ainsi que l’ajout de tranches d’imposition supplémentaires pour les plus hauts revenus.
Mais l’OGBL pointe également une autre injustice flagrante: les revenus du capital sont scandaleusement moins imposés que les revenus du travail. Là aussi, il est temps d’agir. Autre priorité de l’OGBL dans la perspective des élections nationales d’octobre: le salaire social minimum qui doit absolument augmenter et ce de façon structurelle. Ce dernier n’a augmenté modestement que de 0,9 % au cours des dernières années au-delà de l’ajustement régulier à l’évolution générale des salaires, alors que l’OGBL revendique depuis des années une augmentation de 10 %.
La réforme de la loi sur les conventions collectives constitue une autre revendication phare de l’OGBL à l’adresse des partis politiques en vue des élections. Celle-ci n’est en effet plus adaptée à la réalité économique du pays. Le programme de coalition prévoyait une telle réforme, mais elle n’a malheureusement pas été mise en œuvre. Tout reste à faire.
Sans surprise, l’OGBL compte également scruter de près comment se positionnent les partis en ce qui concerne l’index, qui reste une ligne rouge pour l’OGBL. Enfin, la réduction du temps de travail ainsi que la défense et même l’amélioration de notre système de pension constituent deux autres revendications phares de l’OGBL en vue des élections législatives.
Le discours du 1er mai de l’OGBL devrait largement détailler ses revendications.
>> Un nouvel accord tripartite qui renforce le pouvoir d’achat et qui garantit l’index
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