Le 14 octobre, le SEW a rencontré les ministres Delvaux et Biltgen au sujet de la réforme statutaire dans la fonction publique.
Il est prévu de créer un stage de 3 ans pour chaque carrière. Cela signifie que le stage pédagogique des futurs enseignants de l’ES et de l’EST, qui vient juste d’être raccourci à 2 ans, devrait à nouveau être prolongé. Quant aux institutrices et instituteurs de l’enseignement fondamental, on se demande à quoi servirait un tel stage, puisqu’ils sortent justement d’une formation pédagogique. Monsieur Biltgen se retranche derrière l’argument de parallélisme entre toutes les carrières étatiques et il fait valoir des lacunes dans la formation de quelques instituteurs. Madame Delvaux ne dit mot et consent. Or, le but réel de ce stage est tout autre que formatif, tant pour les futurs enseignants de l’ES et de l’EST que pour ceux du fondamental: il a pour seul objectif la perte du salaire d’une demi-année de travail en début de carrière. La rémunération se situe en effet à 80% du salaire initial pendant les deux premières années et à 90 % pour la troisième. Le SEW n’est pas demandeur, c’est le moins qu’on puisse dire !
Un autre point majeur de la réforme projetée consiste à hiérarchiser toutes les carrières avec 15 à 20% de « postes à responsabilités » au sein de chaque administration. Les carrières enseignantes étaient depuis toujours des carrières planes et pour cause ! Si l’enseignement proprement dit à un groupe d’élèves n’est pas un vrai poste à responsabilité, on se demande ce qui peut bien l’être dans le cadre de l’Ecole ! Eh bien non, il faudra désormais – et Madame Delvaux est chargée de trouver des solutions, ensemble avec les syndicats – y définir des postes à responsabilité accrue. Comme chaque administration a droit à 15 à 20% de ces postes, il faudra que « les postes à responsabilité » dans l’enseignement respectent ces proportions. Evidemment, ce ne seront pas les enseignants travaillant avec les élèves qui occuperont ces postes, car ils sont beaucoup trop nombreux. Ce seront forcément ceux qui s’éloigneront le plus des élèves (attachés à la direction, instituteurs ressources et toutes sortes de fonctions intermédiaires) qui accèderont aux « postes à responsabilité », et qui bénéficieront d’un surplus de salaire.
L’évaluation généralisée est bien la plus farfelue, mais également la plus dangereuse de toutes les propositions de réforme. Désormais les fonctionnaires seraient notés après 3, 12 et 20 ans sur leurs compétences personnelles en vue de leur simple avancement barémique, qui pourrait se faire à des rythmes différents ou qui pourrait être bloqué, selon les notations qu’ils obtiennent de la part de leur supérieur hiérarchique. Cette notation se ferait sur une échelle de 1 à 4, définissant les valeurs qui permettraient de licencier un fonctionnaire jusqu’aux valeurs qui permettraient un avancement plus rapide. Dans le cadre de la gestion par objectifs, il faudrait définir des objectifs pour chaque école, puis les décliner en objectifs opérationnels pour chaque fonctionnaire au sein de cette école. Un entretien individuel annuel du fonctionnaire avec le supérieur hiérarchique permettrait d’articuler les objectifs personnels avec les objectifs de l’institution. Aux moments clés (3, 12, 20), ces entretiens déboucheraient sur une appréciation du fonctionnaire selon 3 critères qui seraient la qualité du travail, l’assiduité et les qualités personnelles et relationnelles. Au moyen d’une grille standardisée et d’un entretien plus ouvert, chaque fonctionnaire procéderait à une autoévaluation, suivie d’une appréciation du supérieur hiérarchique et d’une validation. Voilà de belles perspectives pour la bureaucratie envahissante ! Les enseignants trouveront-ils encore le temps de se consacrer à leurs élèves ? C’est de moins en moins probable, surtout s’ils veulent faire carrière ! Quant aux conséquences sur le climat de travail et le bon fonctionnement des équipes pédagogiques, bonjour les dégâts !
De toute façon, l’enseignement s’effacerait derrière tout cela. L’important ce ne serait plus la transmission des connaissances ni l’acquisition de compétences, mais la documentation, l’évaluation et la certification personnelle. Il s’en suivrait une transformation profonde du métier d’enseignant. Happés par la bureaucratie, les enseignants seraient de plus en plus coupés de leurs élèves.
Pour bien marquer la suprématie de l’administration, il est prévu de faire disparaître le tableau E et d’intégrer les carrières enseignantes dans le tableau A. Il y a fort à parier que ce reclassement se ferait au détriment de toutes celles et de tous ceux qui continueraient à consacrer leur temps aux apprentissages des élèves !
Le SEW/OGBL estime qu’il est grand temps que les enseignantes et les enseignants se mobilisent contre ce moule compresseur de l’administration qui anéantit leur profession par des procédures de plus en plus bureaucratiques !
Communiqué par le SEW/OGBL le 20 octobre 2011
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