Une délégation du SEW/OGB-L, composée de Lucien Clément, Guy Foetz, Jacques Maas et Sonja Delli Zotti, a rencontré en date du 18 novembre Madame Mady Delvaux-Stehres, ministre de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle, entourée de ses collaborateurs MM. Marc Barthelemy, Jeannot Hansen, Michel Lanners et André Wilmes.
Au programme figuraient le recrutement des professeurs du secondaire et secondaire technique, l’enseignement des langues, la réforme du cycle supérieur du secondaire, la réforme de la formation professionnelle, le passage 9ème-10ème, l’orientation et les critères de promotion et enfin la tâche du personnel enseignant postprimaire Vu cet ordre du jour très vaste, le SEW avait surtout pour objectif d’obtenir des réponses à des questions pressantes.
1. Concernant le recrutement, le SEW rappela sa revendication d’un master de 300 ECTS dans la spécialité enseignée en tant que qualification de base pour accéder à la fonction de professeur de l’ES et de l’EST, refusant du même coup l’alternative d’un master en sciences de l’éducation, proposée en 2007 par le MENFP. La ministre de l’Education nationale évoqua l’alternative d’un master didactique dans la spécialité. Cette proposition, acceptable en elle-même pose néanmoins le problème, comment offrir un stage pédagogique intéressant à des personnes arrivant avec une formation de base divergente. Le ministère envisage une différenciation au niveau du mémoire (avec un sujet scientifique pour les “didactiques”, et un sujet didactique pour les masters dans la spécialité).
La réforme prévue du stage pédagogique – deuxième volet du point “recrutement” – fit ensuite l’objet d’un débat prolongé. Le MENFP propose un concours de recrutement ayant lieu au deuxième trimestre de l’année scolaire et un début du stage fixé au troisième trimestre. Les stagiaires auraient alors une initiation pédagogique (“classroom management” général; introduction didactique dans la spécialité) et juridique (législation scolaire). Il s’agirait là d’une formation de 40 unités dont pourraient bénéficier aussi les chargés de cours. Pendant la deuxième année de stage (3 trimestres), les stagiaires se verraient chargés d’un nombre déterminé de leçons sous la surveillance de deux tuteurs (ES et EST) et ils assisteraient à des cours de formation pédagogique générale et de formation pédagogique dans la spécialité. L’année scolaire suivante serait vouée à la préparation des pièces et du mémoire et à l’examen de fin de stage (1er trimestre), ainsi qu’à la 1re et -en cas d’ajournement – à la 2e session de la période probatoire (2e et 3e trimestres).
Pour le SEW, la date tardive (mois de février) proposée pour le concours et l’entrée en stage pendant le 3e trimestre seulement continuerait – peut-être plus encore qu’à l’heure actuelle – de favoriser l’augmentation du nombre de chargés d’éducation. En effet, en attendant l’examen-concours, les nouveaux diplômés s’orientant vers l’enseignement cherchent dès septembre à trouver des emplois comme chargés d’éducation et ceux qui ne réussissent pas le concours restent généralement en place. Le SEW continue donc de plaider pour une première session de l’examen-concours en juillet ou en septembre et demande que le stage commence en même temps que l’année scolaire. Ceci permettrait de couper court à la logique du recrutement sans fin de nouveaux chargés d’éducation en quête de concours et éviterait aussi une réorganisation des horaires des enseignants et des classes en raison d’un début de stage en cours d’année scolaire.
Par ailleurs, le SEW a demandé une réorganisation de l’examen-concours (redéfinition des objectifs, réduction du nombre d’épreuves) et l’abandon du mode de composition des jurys par le moyen de la cooptation, cela au profit d’une composition transparente par la voie d’annonces officielles à afficher dans tous les lycées et lycées techniques.
Quant au contenu du stage pédagogique, les représentants du SEW ont mis en évidence cinq revendications essentielles: – les stagiaires sont en premier lieu des personnes en formation et il ne s’agit pas de résoudre à leurs dépens le problème de la pénurie d’enseignants dans le postprimaire; il ne faut donc pas les charger de plus de leçons qu’actuellement, mais au contraire leur permettre de préparer convenablement ces leçons, notamment en approfondissant le tutorat – il faut donner aux stagiaires l’occasion de regarder au-delà des murs du lycée (technique) et ne pas les confiner dans un stage “intra muros” avec des tuteurs scolaires comme seules personnes de référence; en revanche l’institut de formation (qui est actuellement le département de la FOPED de l’Université du Luxembourg) doit se conformer aux exigences du MENFP, à qui il incombe en tant que donneur d’ordre, de préciser ce qu’il attend et de vérifier régulièrement l’exécution du contrat – les liens entre les tuteurs dans les lycées et les formateurs de l’institut de formation, qui sont extrêmement faibles à l’heure actuelle, doivent être développés et l’expertise des tuteurs sur le terrain mieux prise en compte – il faut bannir les cours purement théoriques sans lien direct avec la pratique qui caractérisent largement le stage actuel; le lien intensif entre la théorie et la pratique a toujours été un souci majeur du SEW – l’évaluation des stagiaires, actuellement extrêmement lourde et assortie de tracasseries bureaucratiques doit être allégée.
Dans le dernier volet du point “recrutement”, le SEW reçut l’information que le projet de loi portant création d’une réserve de maîtres auxiliaires, déjà déposé lors de la législature passée serait maintenu au rôle de la Chambre. Le SEW a réprouvé ce projet puisqu’il crée pour des chargés de cours une voie de recrutement parallèle à la voie normale des titulaires, mais à un niveau de formation inférieur (bachelor) et qu’elle ne prévoit pour ceux-là qu’une formation pédagogique minimaliste de 60 unités.
2. Enseignement des langues Au programme gouvernemental figure la stipulation suivante, concernant l’enseignement des langues : « Pour les formations secondaires qui donnent accès aux études supérieures, il sera exigé, en plus de compétences dans toutes les langues de l’école, une bonne maîtrise (niveau C du Cadre européen de référence) dans au moins une langue, qui sera celle dans laquelle seront poursuivies des études. » A notre question de savoir ce que signifie concrètement la formule « dans au moins une langue », la ministre a répondu que les élèves de l’enseignement secondaire classique devront obtenir la certification de deux langues de niveau C et d’une langue de niveau B2 garantissant l’accès à des études universitaires, alors que les élèves du secondaire technique devront obtenir la certification d’une langue de niveau C et de deux langues de niveau B2. Le ministère envisage d’imposer la langue française comme branche fondamentale aux élèves de la filière administrative de l’EST. Aux dires du MENFP, le choix des deux langues de niveau C ou d’une langue de niveau C n’aura pas d’incidence sur la langue véhiculaire dans laquelle les autres matières seront enseignées en classes supérieures. Ainsi le statut de la langue française comme langue véhiculaire de la plupart des matières enseignées dans les classes supérieures de l’enseignement secondaire demeurerait inchangé.
3. Réforme du cycle supérieur de l’enseignement secondaire La ministre a d’abord tenu à préciser la procédure retenue par le MENFP en vue de la réforme du cycle supérieur de l’enseignement secondaire. Le MENFP souhaite consulter dans une première phase les élèves, étudiants et enseignants à propos du bien-fondé, des objectifs et modalités de la réforme envisagée. Un document de synthèse et d’orientation serait ensuite publié par le MENFP au mois de février avant que l’on n’aborde, le cas échéant, la phase institutionnelle de préparation d’un projet de loi.
Les objectifs d’une réforme du cycle supérieur seront à discuter à l’occasion de la première phase de débat. Il s’agirait en particulier de clarifier et de préciser les concepts de culture générale et d’aptitude à faire des études universitaires. Et de centrer le débat sur les questions fondamentales suivantes : convient-il de pousser davantage la spécialisation des programmes dans les classes supérieures ou bien faudrait-il plutôt élargir les bases de la culture générale ? Quelle sera la part d’initiative et de liberté de choix des matières à accorder aux élèves ? Faut-il faire débuter le cycle supérieur en classe de quatrième ou en classe de troisième ? – D’ores et déjà, la ministre a indiqué qu’il n’y aura pas de choix prédéterminé concernant le maintien ou l’abrogation des sections ; ce qui est certain en revanche c’est qu’il n’y aura pas création de sections supplémentaires. – Il n’y aura pas de liberté totale concernant le choix des matières, pas « de menu à la carte », mais plutôt un regroupement de matières annexes/optionnelles autour des branches fondamentales – Le service d’orientation et de conseil des élèves devra être renforcé au niveau des établissements scolaires, afin que les élèves puissent mieux maîtriser leur cursus scolaire et opérer des choix judicieux en vue des études supérieures envisagées – Le rôle des Commissions nationales des programmes, notamment en ce qui concerne la standardisation des programmes d’études et des critères d’évaluation des compétences des élèves, sera consolidé.
4. Au sujet de la réforme de la formation professionnelle, les informations suivantes ont été obtenues: – La ministre regrette qu’il n’y ait pas eu une meilleure circulation des informations entre certains groupes curriculaires et les commissions nationales respectives. Elle entend mettre ce problème à l’ordre du jour de la prochaine réunion des présidents des commissions nationales avec des représentants du MENFP. – Il n’est plus prévu que des classes de la formation de technicien nouveau régime démarreront en septembre 2010. Par contre, la plupart des classes réformées du DAP débuteront en septembre 2010 et notamment celles de l’employé/e de bureau et de la vente. – Actuellement les responsables du MENFP sont en faveur d’une formation de technicien administrative et commerciale plutôt générale, avec toutefois des cours à option dans les domaines suivants: • comptabilité • secrétariat médical • secrétariat juridique • ressources humaines Les éléments de formation plus spécifiques seront enseignés lors des stages de formation en entreprise. Rien n’est encore décidé quant à la qualification des formateurs en milieu professionnel.
5. Le passage 9e-10e avait fait l’objet en 2007-2008 de nombreux avis au document émis à ce sujet par le MENFP. Dans la synthèse de tous les avis, établie par le MENFP, le SEW retrouve quelques-unes de ses propositions, mais beaucoup de problèmes qu’il a soulevés n’y sont pas mentionnés. Le SEW a notamment soulevé la question si les nouveaux critères de promotion n’équivalaient qu’à un changement de terminologie, ce qui fut démenti par la ministre. Selon elle, le nouveau système dévaluation permettrait de mieux cibler les compétences d’un élève et de l’orienter plus précisément. Les représentants du SEW n’ont pas manqué de revenir sur la lettre ouverte de 617 enseignants du postprimaire ayant mis en question le système actuel de compensation dans le cycle inférieur de l’EST. D’après la ministre, il n’y aura plus de compensation, sauf si le conseil de classe estime qu’un élève aura de fortes chances de maîtriser la matière l’année prochaine. 6. L’adaptation du règlement grand-ducal du 24 juillet 2007 sur la tâche des enseignants du postprimaire a été discutée en fin de réunion. Il s’agit d’étaler les 8 heures de formation continue obligatoire par année à raison de 24 heures à réaliser sur une période de 3 ans. Cette adaptation, convenue depuis 2008 entre le MENFP et les syndicats s’est trouvée bloquée en raison de procédures de recours pendantes devant le tribunal administratif. Le MENPF présentera une proposition de règlement en janvier 2010. D’autre part, il faudra mettre en conformité complète avec le règlement, l’instruction ministérielle concernant l’organisation des lycées et lycées techniques quant à la tâche de disponibilité (ACT72). Celle-ci ne doit pas se rapporter exclusivement aux “besoins résultant de l’organisation du lycée”, mais elle peut aussi correspondre “à l’enseignement” en général et “comprendre des activités culturelles et sociales”.
Communiqué par le SEW/OGBL le 2 décembre 2009
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