La dernière Revue trimestrielle du marché du travail et des conditions sociales au sein de l’UE publiée hier par la Commission européenne confirme que l’emploi et la situation sociale continuent à se détériorer pour les travailleurs européens et leurs familles. Ce rapport qui met un accent particulier sur la mobilité Nord-Sud, les sans-abri, le dénuement matériel, les dépenses en matière de protection sociale ainsi que les tendances à plus long terme et la segmentation des marchés du travail en Europe, illustre encore le fait que, après quatre années de crise, les citoyens continuent à en subir le plus gros des retombées encore aggravées par les politiques économiques et pour l’emploi défaillantes de l’UE.
Deux millions de personnes de plus ont rejoint les rangs des chômeurs au cours de l’année écoulée et la Commission elle-même admet qu’il y a « peu d’espoir » d’amélioration significative dans les 18 prochains mois. Les secteurs-clés de la production industrielle et de la construction ont connu d’importantes pertes d’emplois et le secteur public – qui a fait office d’amortisseur aux premiers stades de la crise – connaît actuellement une sérieuse destruction de l’emploi, une majorité d’États membres cherchant à réduire leurs déficits en sabrant dans les dépenses publiques. Outre la situation de l’emploi qui se dégrade, un accablant faisceau d’indices s’accumule qui témoigne de l’impact négatif sur la qualité et la disponibilité des services publics qui en résulte.
Le rapport brosse également un tableau très inquiétant de l’aggravation de la situation sociale et de ses conséquences potentielles à long terme en confirmant que les services de santé et les services sociaux ont été particulièrement affectés par les réductions des dépenses. Il est choquant de constater que, dans l’Europe du 21ème siècle, un nombre grandissant de personnes se trouvent incapables de payer leurs factures de gaz ou d’électricité, de se nourrir correctement ou d’avoir un toit au-dessus de la tête. Les femmes, les jeunes et les migrants sont touchés de manière disproportionnée. Un aspect important n’est toutefois pas mentionné dans le rapport : il s’agit de la dégradation grandissante de notre tissu social illustrée, entre autres, par une criminalité et une violence en hausse ainsi que par davantage d’intolérance et d’agressivité vis-à-vis des étrangers.
Réagissant au rapport, Jozef Niemiec, Secrétaire général adjoint de la Confédération européenne des syndicats (CES) a déclaré : « Quoique très fâcheuses, ces nouvelles ne nous surprennent pas du tout. Alors que les dirigeants européens se réunissent pour discuter du sort de l’euro, la situation toujours plus désespérée d’un grand nombre de leurs citoyens devrait être au premier plan de leurs préoccupations. Nous continuons à mettre en garde contre la poursuite de politiques qui, à l’évidence, détruisent des emplois, réduisent le niveau de vie et nous éloignent plus encore des objectifs Europe 2020 pour l’emploi et la réduction de la pauvreté. L’Europe doit sortir de la crise par la croissance, pas par l’austérité. Nous avons besoin de politiques débouchant sur un modèle économique durable qui soit au service des gens, pas des marchés, et qui garantisse le progrès social et la protection de l’environnement. La déréglementation des marchés financiers et celle croissante du marché du travail sont largement responsables du gâchis dans lequel nous sommes. La Commission veut une reprise génératrice d’emplois mais omet un facteur essentiel : il faut créer des emplois de qualité et durables aujourd’hui et pour l’avenir. La CES continuera à faire entendre son message en affirmant qu’il y a des alternatives à la crise – des alternatives qui font passer les gens d’abord et mettent la défense et la promotion du modèle social européen au centre des priorités. »
28 juin 2012
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