Lors de sa dernière réunion, le comité du Département Enseignement supérieur et Recherche du SEW/OGBL, qui regroupe tous les délégués du personnel OGBL du secteur, s’est entre autres penché sur les conventions pluriannuelles signées récemment entre le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, d’une part, et l’Université du Luxembourg et les Centres de recherche publics (les trois LI : LIH, LISER, LIST) ainsi que le Fonds national de Recherche, d’autre part.
Les délégués ont salué de prime abord que la menace d’un gel de la dotation budgétaire, qui planait un moment sur le secteur et contre laquelle l’OGBL avait mené campagne, a été écarté. Les chiffres restent conformes à la programmation budgétaire pluriannuelle votée par la Chambre des Députés, et aussi bien le Ministère que l’Université et les LI se sont félicités d’«investissements records», avec une croissance des dotations pour les quatre années à venir de 17,6% par rapport aux plans quadriennales précédents (2018-2021).
L’OGBL salue le fait que l’investissement dans l’enseignement supérieur et la recherche reste une priorité pour le gouvernement et continuera à s’opposer à toute velléité de freiner ce développement, voire de faire des épargnes dans ce secteur.
L’OGBL salue également l’accent mis sur la concertation et la complémentarité entre l’Université, les LI et l’Institut Max Planck, qui ne devrait pas uniquement répondre à un « souci d’une bonne et efficiente gestion des deniers publics », mais qui devra aussi contribuer à développer des projets et des échanges communs, renforçant la collaboration interdisciplinaire, l’attractivité du secteur et son rayonnement international.
En ce sens, l’OGBL serait favorable de développer davantage les échanges entre les différents établissements du secteur. Un premier pas dans cette direction a été fait dans le contexte de la Convention-Cadre pour les salariés des Centres de recherche publics, qui prévoit un échange régulier des offres d’embauche entre les trois LI. Des efforts supplémentaires sont à faire pour améliorer la mobilité aussi bien intra- qu’interinstitutionnelle, par exemple en mettant en place, dans le cadre d’accords entre partenaires sociaux, des modèles de prêt de main-d’œuvre temporaire à l’échelle sectorielle.
Dans ce sens, un grand bémol des conventions pluriannuelles récemment signées, qui lui semble aussi être en contradiction avec l’objectif d’une évolution du secteur à long terme, subsiste ; à savoir la volonté affichée d’augmenter encore davantage la proportion de contrats à durée déterminée par rapport aux contrats à durée indéterminée au niveau des indications relatives à l’évolution des effectifs pour les années 2022-2025. Ceci, malgré le fait que la proportion de CDD est déjà largement plus élevée dans ce secteur que dans l’économie en général!
En effet, les projections pour l’Université du Luxembourg prévoient de passer d’une proportion de 44,8% de CDI et de 55,2% de CDD en 2021 à une proportion de 40% de CDI et de 60% de CDD à l’horizon 2025!
En ce qui concerne les LI, la proportion de CDD n’est à l’heure actuelle pas encore aussi importante qu’à l’Université. Pour le LIH, les projections prévoient un passage de 32,2% de CDD en 2022 à 35,3% de CDD en 2025, et pour le LISER, la proportion de CDD augmenterait de 35,6% en 2022 à 40,4% en 2025. En revanche, la convention avec le LIST ne donne pas d’indications différenciées par type de contrat.
Pour l’OGBL, il s’agit totalement de la mauvaise voie. Il n’y a pas lieu de multiplier encore davantage les CDD et donc des contrats précaires, qui nuisent en fin de compte à l’attractivité du secteur. Surtout pour les enseignants-chercheurs et chercheurs de moins de 40 ans, il devient de plus en plus difficile de décrocher un CDI. Or, c’est justement la tranche d’âge pendant laquelle il est d’usage de fonder une famille, d’acheter une maison (et donc de vouloir contracter un prêt bancaire) … Sans possibilité de progresser vers un CDI, les concernés auront tendance à quitter le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche au Luxembourg, soit pour aller vers un autre poste à l’étranger, soit vers un autre secteur (en particulier le secteur public) au Luxembourg.
L’OGBL tient à rappeler que le programme du gouvernement de 2018 contenait l’engagement formel des partenaires de coalition que « la lutte contre la précarisation du statut de chercheur sera menée » et qu’à «cette fin la situation professionnelle ainsi que sur les perspectives de carrière à long terme des chercheurs sera analysée».
Non seulement le fait qu’une telle analyse voire une initiative législative allant dans ce sens n’ont été entreprises à ce jour, les prévisions d’évolution du personnel prévoyant une augmentation de la proportion des CDD vont clairement dans le sens inverse. Est-ce que le gouvernement ne tiendrait pas ses engagements?
Pour l’attractivité du métier d’enseignant-chercheur et de chercheur, il n’y a en effet pas d’alternative à un développement de perspectives de carrières à long terme au Luxembourg. L’OGBL appelle par conséquent le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, l’Université et les LI à revoir leurs cibles et à augmenter, au contraire, la proportion de CDI.
Communiqué par le département Enseignement supérieur et Recherche du SEW/OGBL le 18 février 2022
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