Trois mois après l’échec des négociations avec les ministres Delvaux, Biltgen et Wiseler en vue d’une revalorisation de la carrière de l’instituteur, les syndicats d’instituteurs se sont heurtés une fois de plus à l’intransigeance du Gouvernement à l’occasion de la procédure de conciliation qu’ils avaient entamée. En date du 25 juin 2008, les pourparlers ont été abandonnés de façon inattendue pour les syndicats et le conciliateur a dû constater la nonconciliation.
Cet échec est arrivé d’autant plus inopinément que, lors de la réunion précédente, la représentation gouvernementale avait salué tout particulièrement un dernier effort concédé par les syndicats qui s’étaient déclarés d’accord de prester une leçon hebdomadaire supplémentaire pour prendre en charge un groupe réduit d’élèves éprouvant des difficultés d’apprentissage. Considérant que la future loi sur l’enseignement fondamental met l’accent sur une différenciation plus poussée de l’enseignement, les syndicats étaient prêts à accepter ce défi. La concession de prester une leçon d’enseignement supplémentaire, pourtant accueillie favorablement une semaine plus tôt par la délégation gouvernementale, a finalement été qualifiée de trop floue par les représentants du Gouvernement. Ceux-ci sont revenus sans autre explication sur une exigence minimale de deux heures d’enseignement supplémentaires comme conditio sine qua non pour le reclassement revendiqué qu’ils ont par ailleurs jugé trop onéreux pour l’Etat. D’après les représentants de l’autorité publique le tout serait à considérer comme un « package » indissociable comportant trois éléments : une présence accrue auprès des élèves, l’acceptation des nouvelles missions et sujétions des instituteurs prévues au projet de loi et, finalement, un reclassement de la carrière de l’instituteur en raison des études supérieures.
Les syndicats SNE/CGFP et SEW/OGBL restent consternés face à cette attitude singulière du Gouvernement qui revient une fois de plus et au dernier moment sur ses positions originales et qui tend à faire croire au public non averti que les instituteurs ne seraient pas prêts à innover dans le domaine éducatif et qu’ils ne seraient pas disposés à « bouger », ce qui constitue une diffamation pure et simple.
Or, ce sont justement les instituteurs qui ont fait des concessions sur les trois éléments du soi disant package. Face au refus du Gouvernement d’accorder le grade E6 revendiqué, la délégation syndicale a accepté bon gré, mal gré le reclassement en carrière supérieure, mais à un niveau inférieur à savoir à un grade E5/E5bis allongé en fin de carrière, les détails ayant été présentés par écrit à la commission de conciliation. En second lieu, les syndicats ont montré leur bonne volonté de soutenir les réformes indispensables de la nouvelle loi scolaire et se sont engagés, dès le début des négociations, à prester les heures devenues nécessaires en raison des nouvelles missions et charges prévues au projet de loi et qui concernent le travail avec les parents, l’évaluation des compétences des élèves et la concertation dans les équipes pédagogiques. Finalement, dans l’espoir d’en arriver enfin à un accord viable pour les deux parties, les syndicats ont accepté de réorganiser la tâche de l’instituteur de façon à prester une leçon d’enseignement individualisé dans le cadre des 4 heures hebdomadaires de présence à l’école, en dehors des leçons d’enseignement direct. L’organisation de cet appui individualisé au profit d’un élève ou d’un groupe d’élèves nécessitant un appui pédagogique supplémentaire, reviendrait à l’équipe pédagogique et ne pourra en aucun cas réduire les différentes formes de cours d’appui existantes.
Taire sciemment ces faits constitue une désinformation intentionnelle cachant une certaine lâcheté politique et ne sert qu’à discréditer les instituteurs et leur volonté déclarée de collaborer à la mise en pratique de la réforme scolaire. Les instituteurs ne se laissent toutefois pas décourager par une tactique de tergiversation des responsables politiques ayant pour but de les empêcher à recourir au dernier moyen syndical légitime qui est la grève. C’est pourquoi les syndicats d’instituteurs ont décidé de faire appel au médiateur, en la personne du président du Conseil d’Etat, afin d’user de la dernière possibilité prévue par la loi pour éviter le conflit social.
En cas d’échec de la médiation, il est inévitable que les institutrices et les instituteurs se mettent en grève afin d’obtenir un accord acceptable et que les écoles restent fermées pendant plusieurs jours après la rentrée des classes. La mobilisation des instituteurs est d’ores et déjà garantie.
Communiqué par le SNE/CGFP et le SEW/OGBL le 27 juin 2008
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