Les syndicats OGBL et LCGB sont consternés par le fait que les représentants patronaux, composés de la Fédération des Entreprises Luxembourgeoises de Construction et de Génie Civil et du Groupement des Entrepreneurs du Bâtiment et des Travaux Publics, s’obstinent à vouloir imposer par tous les moyens un modèle de flexibilité derrière lequel se cache une augmentation pure et simple du temps de travail pouvant aller jusqu’à 52 heures par semaine.
La Convention Collective de Travail (CCT) « Bâtiment et génie civil » couvrant près de 14.000 salariés au Luxembourg est en négociation depuis fin 2009. Les négociations n’ont jusqu’ici pas abouties puisque les représentants patronaux, après un premier refus de négocier une quelconque amélioration, tiennent envers et contre tout à imposer un modèle de flexibilité dans lequel les salariés sont perdants sur tous les points.
Une augmentation cachée du temps de travail
Le modèle voulu par les employeurs est constitué d’une augmentation du temps de travail de 40 à 52 heures hebdomadaires sur une période allant d’avril à octobre (7 mois). Les heures accumulées au-delà des 40 heures servent à alimenter un compte d’heures dans lesquels les employeurs peuvent puiser à leur gré pour renvoyer le salarié chez lui sans tenir compte de la volonté de ce dernier. Nous tenons à rappeler que le temps de travail normal dans le secteur est de 8 heures par jour et de 40 heures par semaine et non de 48 heures par semaine comme le prétend le patronat.
Les représentants patronaux justifient cette demande par le besoin de ménager la santé et le portefeuille des salariés et par la nécessité d’améliorer la compétitivité des entreprises luxembourgeoises. Ces fausses justifications ne correspondent pas à la réalité du secteur.
Cette augmentation du temps de travail aura un impact néfaste sur les salariés parce qu’elle fera augmenter le nombre d’accidents sur le lieu de travail et les risques de maladie. En ce qui concerne l’avantage financier, les représentants patronaux oublient de dire que c’est le salarié qui finance lui-même ses périodes en décalant le moment du paiement des heures prestées.
Une flexibilité hors-la-loi
L’augmentation de travail voulue par les employeurs n’est pas de 4 heures supplémentaires par semaine, mais bien de 12 heures sans possibilité d’y échapper. Par ailleurs, les périodes « ponctuelles » couvertes par cette augmentation couvrent plus de la moitié de l’année.
Finalement, dans la dernière proposition parvenue aux syndicats, les fédérations patronales ne considèrent comme heures supplémentaires que les heures dépassant la durée journalière de 10 heures. Les dispositions légales en vigueur prévoient que toute heure de travail dépassant la durée normale de travail de 8 heures journalières est considérée comme heure supplémentaire.
Par conséquent, les revendications patronales d’aménager le temps de travail vont à l’encontre des dispositions légales en vigueur au Luxembourg sur le temps de travail, les heures supplémentaires et les récupérations et elles sont inacceptables.
Une vraie flexibilité positive
Bien que les syndicats OGBL et LCGB ne soient pas demandeurs d’une quelconque flexibilité, les représentants des salariés ont fait des propositions constructives afin de faciliter la gestion des entreprises et pour faire face aux imprévus.
Une des propositions est la création d’un compte épargne temps (CET) alimenté par les heures supplémentaires prestées sur base volontaire. Ces heures sont majorés et la majoration est réglée le mois de leur prestation. Le compte serait réparti entre le salarié et l’employeur. Outre la possibilité de fournir davanatage de flexibilité aux entreprises pour faire face aux imprévus, le salarié aurait à sa disposition plus de jours de congés qu’il utiliserait selon ses besoins.
L’argent qui pourrait être économisé par cet instrument au niveau du chômage intempéries, devra être réinvesti dans le secteur au niveau des salariés et de leur formation afin de garantir la pérennité du secteur.
Les revendications salariales
Les fédérations patronales ont jusqu’ici ignoré les revendications salariales. Les syndicats OGBL et LCGB revendiquent depuis le début des améliorations au niveau des salaires et des conditions de travail des 14.000 salariés du secteur.
Ainsi, les syndicats revendiquent un accès facilité à la formation professionnelle éliminant les barrières utilisées par les employeurs. Le secteur souffre d’un manque cruel de main d’œuvre qualifiée et le problème ne pourra être résolu qu’en permettant à tout un chacun d’acquérir le savoir-faire nécessaire et valorisant.
La qualité des emplois passe également par une revalorisation des salaires. La dernière en date remonte à septembre 2006 et elle était de 0,10€ par heure. Le temps est venu de revoir les salaires du secteur afin de rendre le métier plus attractif et d’inciter les jeunes à opter pour une carrière dans le Bâtiment et le Génie Civil.
Les salariés revendiquent également une adaptation de la prime de fin d’année de 5 à 6%. Une amélioration qui n’en ai pas une puisqu’elle ne fait qu’intégrer la prime de sécurité, qui s’élevait à 1% jusqu’à la fin de la dernière période couverte par la convention collective.
A côté de ces améliorations quantitatives, les syndicats ont demandé des améliorations au niveau de sécurité passant, entre autre, par la mise à disposition d’habits de protections spécifiques.
Etant donné la pénibilité du métier, les syndicats demandent l’introduction de la préretraite solidarité dans la convention collective de travail permettant aux salariés souffrant de problèmes de santé, et qui ne sont qu’à quelques années de la retraite, de partir plus tôt.
Conclusion
Force est de constater que si les fédérations ne retirent pas leur demande d’augmentation du temps de travail et ne reviennent pas à la table des négociations en considérant les revendications salariales, le secteur court tout droit vers un conflit social majeur.
Communiqué par le Syndicat Bâtiment, Artisanat du bâtiment et Constructions métalliques de l’OGBL et par le LCGB le 21 mars 2012
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