Les déclarations dans la presse de E.W. Contzen et Carlo Thill, dirigeants de l’Association des Banques et Banquiers, sont inquiétantes et remettent en cause l’avenir du secteur bancaire au Luxembourg en le comparant à la sidérurgie dans les années 70. Les salariés devront-ils faire face à des licenciements en masse sous prétexte de réduction des coûts de main-d’œuvre?
Le secteur financier doit son développement à Luxembourg à la main-d’œuvre qualifiée issue de la Grande Région et au secret bancaire. Il est effectivement un des piliers de l’économie luxembourgeoise et contribue à la prospérité du pays mais il ne faut pas oublier que le secteur a été sauvé en 2008 par l’ensemble des contribuables à la suite des dérives des spéculateurs.
D’après E.W. Contzen, les nouvelles réglementations et perspectives de développement obligeraient le secteur financier à s’adapter à ces changements pour rester compétitif. Les dirigeants de l’ABBL déclarent que, malgré le choix d’une finance plus durable, cela ne pourra se réaliser que par la délocalisation d’activités vers l’Asie, la suppression de l’indexation des salaires et l’augmentation du temps de travail. Comment MM. Contzen et Thill expliquent-ils les bénéfices réalisés par les banques en 2011 et les prévisions optimistes de la BCL qui estime que la situation des banques à Luxembourg devrait s’améliorer encore dans les deux ans? Les banques luxembourgeoises sont prospères et la productivité de leurs salariés est reconnue comme une des meilleures d’Europe. La pérennité du secteur financier ne peut être garantie sans l’expertise et les compétences de ses salariés.
L’attaque contre la convention collective du secteur est injustifiée car les avantages et protections obtenues pour les salariés du secteur compensent la grande flexibilité qui leur est demandée tant en polyvalence que dans leurs horaires de travail. Par contre, les bonus des dirigeants sont toujours aussi larges tout comme les millions d’euros de dividendes reversés aux actionnaires! C’est à ce niveau que se situe la «spirale haussière des salaires» et l’OGBL demande également la régulation de telles pratiques.
L’OGBL constate de plus en plus de licenciements abusifs, maltraitances sur le lieu de travail et burn out de salariés pressés comme des citrons. La déshumanisation du travail dans les banques grandit sous la pression des groupes internationaux. Les décisions de délocalisation et de restructuration se prennent à l’étranger, loin de la réalité luxembourgeoise. La qualité du service à la clientèle signifie-t-elle encore quelque chose pour les directions des banques ou s’agit-il seulement de réaliser le maximum de bénéfices pour les actionnaires?
Le Syndicat Banques et Assurances de l’OGBL s’opposera à tout démantèlement des acquis sociaux âprement négociés depuis des décennies par les syndicats. La place luxembourgeoise se démarque par la qualité et la diversité de ses services. Les salariés devront-ils gagner le salaire social minimum pour faire face à la concurrence internationale? L’ABBL devrait promouvoir la place financière en mettant en avant les compétences et avantages luxembourgeois au lieu de mettre en péril la paix sociale.
Communiqué par le Syndicat Banques et Assurances de l’OGBL le 27 avril 2012
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