Le Comité exécutif de l’OGBL a analysé le 12 novembre le projet de budget 2013 et a constaté que le gouvernement ne semble pas avoir tiré, pour le Luxembourg, les leçons des conséquences désastreuses de la politique d’austérité imposée par Bruxelles. Quoique la situation des finances publiques au Grand-Duché soit une des meilleures en Europe, on essaie pourtant de faire une politique qui diminuera le pouvoir d’achat des salariés et des retraités, dégradera les prestations sociales et aura un impact négatif sur l’économie locale et régionale surtout sur le secteur de l’artisanat et du commerce. Ce projet de budget, une fois mis en œuvre, affaiblira la performance économique du Luxembourg.
Les mesures d’austérité annoncées en trois phases, entrant en vigueur à partir de 2013, se feront principalement aux dépens des ménages privés (45%), tandis que les entreprises ne devront contribuer que de façon minimale au projet d’économies avec une participation d’à peine 17%. Si dans le premier projet de budget du 2 octobre, il était encore prévu d’augmenter l’impôt de solidarité pour les personnes physiques et les entreprises de 2%, la nouvelle version du 6 novembre annonce déjà une augmentation de 3% pour les ménages privés, pour les entreprises cependant l’impôt de solidarité reste à 2%. Il semble évident que le gouvernement veut continuer à ménager les entreprises qui paient des impôts, qui se portent donc bien, voire très bien. Car ce ne sont que ces entreprises qui, payant des impôts en raison de leurs bénéfices, doivent également payer l’impôt de solidarité.
Dans les mesures du gouvernement, il n’est plus question de lutter contre la fraude fiscale ni de supprimer les niches fiscales. Il n’y a pas de véritable progrès non plus en ce qui concerne l’imposition des revenus de placements.
Une nouvelle perte du pouvoir d’achat de 450 millions d’euros est programmée
Le Comité exécutif de l’OGBL rejette toute mesure qui va aux dépens du pouvoir d’achat des salariés du secteur privé et public ainsi que des pensionnés et de leurs familles. Deux exemples: par la suppression de l’adaptation des retraites et pensions à l’évolution générale des salaires en 2009 et 2010, on prive illégalement les pensionnés de 1,5% de leur revenu, et ce malgré la réserve de l’assurance-pension qui s’élève à quelque 12 milliards d’euros. Suite à la suppression du forfait kilométrique pour les 4 premiers kilomètres bien des ménages se retrouveront dans une tranche d’imposition supérieure et paieront donc plus d’impôts. Cette mesure frappera surtout les petits et moyens revenus. On pourrait qualifier de pur cynisme la discussion parallèle sur une augmentation des prix des transports publics.
Par la manipulation de l’index au cours des dernières années, la non-adaptation des barèmes d’impôt à l’évolution des prix, la désindexation des allocations familiales, l’augmentation des participations aux prestations des soins de santé, les salariés travaillant au Luxembourg, les pensionnés ainsi que le marché intérieur sont déjà victimes d’une perte de pouvoir d’achat substantielle. Suite aux mesures de rigueur prévues, les ménages privés au Luxembourg perdront encore 450 millions supplémentaires de pouvoir d’achat. Le commerce de détail et l’artisanat s’en ressentiront. Des sondages récents le présagent clairement. Les effets négatifs sur l’emploi ne tarderont pas à se manifester.
Le pouvoir d’achat perdu des ménages privés et la réduction des dépenses d’investissement diminueront les revenus fiscaux ce qui contribuera de nouveau à une augmentation du déficit de l’Etat voire mènera à une annulation des efforts du côté revenus (augmentation de l’impôt de solidarité, introduction d’un taux maximal d’imposition, le doublement de l’impôt minimal sur les Soparfi de 1 500 à 3 000 euros, introduction d’un impôt minimal pour les entreprises, …).
L’OGBL, avec le mouvement syndical européen, met en garde depuis longtemps déjà contre cette politique erronée qui étrangle toute éventuelle reprise de l’économie nationale et européenne et qui conduit l’économie européenne entière dans la récession.
Attaque contre les familles et les chômeurs
Quoique le Luxembourg remplisse encore à merveille les critères de Maastricht (déficit public maximal de loin en dessous des 3% et dette publique de loin en dessous des 60%), la coalition de gouvernement chrétienne sociale et socialiste ne trouve pas mieux que de mener une politique d’austérité antisociale. Le Comité exécutif de l’OGBL constate que le gouvernement ne s’arrêtera pas à la désindexation des allocations familiales qui a mené à la dévalorisation insidieuse de l’allocation familiale, mais qu’il réduira maintenant aussi l’allocation de rentrée scolaire. Et ce malgré l’augmentation des prix pour la garde des enfants, l’augmentation des frais pour le matériel scolaire et les activités scolaires.
Les premières coupes concernant les aides au logement lors de l’acquisition d’un logement vont dans la même direction. Les aides sont diminuées sans que soit pour autant présenté un véritable concept pour endiguer la crise du logement et la spéculation sur le marché immobilier responsable des prix excessifs.
Pour la première fois depuis le début de la crise, on s’attaque à un des piliers de notre système social. Malgré l’augmentation de l’impôt de solidarité, la croissance du chômage, on pratique des coupes dans la politique de l’emploi. En ce qui concerne la réforme de l’aide au réemploi, on vise une réduction des dépenses au lieu d’une meilleure utilisation des moyens. C’est le cas aussi en ce qui concerne la suppression de la préretraite-solidarité qui fera monter le chômage.
La politique gouvernementale actuelle va dans la mauvaise direction. L’OGBL continuera à s’opposer à cette politique et à défendre notre Etat social.
Communiqué par le Comité exécutif de l’OGBL le 12 novembre 2012
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