La Confédération européenne des syndicats (CES) a organisé une conférence de haut niveau à Madrid le lundi 28 janvier, conférence à laquelle ont participé l’OGBL et le LCGB. L’événement, qui a réuni les principaux dirigeants syndicaux européens ainsi que des responsables des institutions européennes, fut l’occasion pour la CES de célébrer ses quarante ans d’existence. La CES a également inauguré sa nouvelle identité visuelle à travers le lancement d’un nouveau logo.
La conférence s’est organisée autour de trois tables rondes qui ont permis de débattre sur le rôle et l’avenir du mouvement syndical en tant qu’acteur de la construction européenne mais aussi sur l’avenir de l’Europe sociale et le rôle des citoyens et des travailleurs ainsi que des syndicats dans l’Union économique et monétaire (UEM).
Le premier débat a permis au commissaire européen László Andor (Emploi, affaires sociales et inclusion) de s’exprimer sur le thème de la dimension sociale de l’Union européenne et la façon de la concrétiser. Le commissaire se dit en faveur d’un cadre clair de coordination et de convergence sociale dans la définition de l’Union économique et monétaire (UEM). Une telle dimension sociale doit impliquer les partenaires sociaux, et leur implication dans le Semestre européen devrait être renforcé et être codifiée. Parmi les travaux de la Commission à ce sujet, le commissaire a mentionné le lancement d’un troisième paquet centré sur «l’investissement social», qui fait suite au paquet pour l’emploi (avril 2012) et au paquet emploi jeunes (décembre 2012), et qui visera à concilier la nécessaire efficacité des politiques sociales à la crise budgétaire dans de nombreux États membres.
Martin Schulz, président du Parlement européen (PE), s’est exprimé dans le cadre du second débat sur le rôle des citoyens, des travailleurs et des syndicats dans une véritable union économique et monétaire, Le président du PE a rappelé la nécessité de combiner concrètement discipline budgétaire avec croissance, investissements et emplois. Seul un budget européen conséquent permettra de réduire les déséquilibres sociaux et économiques qui existent au sein de l’Union européenne. Il constate également que de plus en plus de citoyens européens se détournent d’une Union européenne devenue trop néolibérale, et qu’ils considèrent comme étant responsable de la crise et des abus commis par la place financière. Martin Schulz rappelle également que l’approfondissement du marché unique est incompatible avec un affaiblissement des règles, comme le souhaiteraient certains Etats-membres. Cela renforcera les libertés des entreprises et affaiblira les droits des syndicats. C’est pourquoi il est primordial à ses yeux que démocratie et parlementarisme soient renforcés afin d’obtenir plus de justice sociale.
Le commissaire européen Olli Rehn (Affaires économiques et monétaires) s’est exprimé lors du troisième débat portant sur une gouvernance économique porteuse de croissance et d’emplois durables. Il est nécessaire pour l’UE de renouer avec la croissance, de lutter contre le chômage et de garantir la cohésion sociale. Dans ce contexte, les partenaires sociaux ont un rôle important à jouer. Un premier pas dans cette voie consiste en la tenue d’un échange tripartite de vues sur l’évolution des salaires avec les partenaires sociaux nationaux, qui aura lieu lors d’une réunion spéciale du Comité de l’emploi (EMCO), le 1er Février 2013. Olli Rehn a également annoncé que la Commission était prête à s’engager dans un dialogue tripartite politique avec les partenaires sociaux sur les politiques à mettre en œuvre pour relancer la compétitivité industrielle européenne et sa capacité à créer des emplois.
Pour leur part, les représentants syndicaux ont appelé à la mise en place de politiques économiques qui servent les travailleurs et pas uniquement les banques. Il faut pour cela un projet social fort, tel que prôné par le Contrat social de la CES, qui se fonde sur les trois piliers fondamentaux que sont la démocratie sociale – notamment le respect des négociations collectives -, la gouvernance économique au service d’une croissance durable et d’emplois de qualité, et enfin la justice économique et sociale. Dans ce cadre, la Confédération des syndicats allemands (DGB), a également fait des propositions concrètes dans le cadre de son « Plan Marshall », un programme d’investissements et de développement sur dix ans (soit de 2013 à 2022) pour les 27 Etats-membres. Le plan donne les priorités aux investissements dans l’industrie, la transformation énergétique, les infrastructures, les services publics, l’éducation et la formation.
Pour conclure, Bernadette Ségol, secrétaire générale de la CES, a souligné la nécessité d’une dimension sociale intégrée à la gouvernance économique, qui s’applique à l’ensemble des pays de l’UE. La CES participera ainsi activement à l’élaboration de la feuille de route sur la dimension sociale de l’UEM.
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