André Roeltgen, Président de l‘OGBL
Quiconque travaille en échange d’un salaire ne vend pas seulement son travail, mais également son temps, une partie importante de son temps de vie. Chaque négociation tarifaire est en même temps une négociation sur le temps. La limitation de la durée de travail journalière et hebdomadaire, tout comme l’introduction de temps de repos et de congés constituent des moments centraux de la négociation entre le travail et le capital. Hier comme aujourd’hui.
Qu’il y ait en matière de temps de travail une contradiction entre différents intérêts est une réalité objective. Cette contradiction peut toutefois être atténuée par des réglementations légales et contractuelles dans le cadre des relations collectives. Comme dans la plupart des pays européens, cela se fait au Luxembourg à travers le droit du travail et les conventions collectives de travail. Néanmoins, les discussions actuelles portant sur une nouvelle législation relative au temps de travail démontrent à quel point la confrontation sur ce sujet peut être conflictuelle.
Le camp patronal, représenté par l’UEL, tente d’imposer une loi sur le temps de travail qui introduirait une flexibilisation accrue des horaires de travail dans l’intérêt exclusif des employeurs et au détriment des salariés. L’UEL veut, au sens littéral, une organisation du temps de travail qui soit dérégulée autant que possible, sans dispositions protectrices ni limitations, sans définition transparente des heures de travail supplémentaires et sans cogestion des salariés.
L’OGBL s’oppose aux intentions du patronat et a mis de son côté des propositions sur la table en vue d’une modernisation de la loi PAN qui, sans aucun doute, a besoin d’être réformée. Des horaires de travail variables nécessitent de bonnes règles et appellent, en compensation de la charge de travail, une réduction du temps de travail.
Alors que la prochaine négociation aura lieu le 18 février, il y a pour l’instant toutefois peu de raisons d’être optimistes. La devise actuelle du patronat «Soit comme NOUS le voulons, soit NOUS en restons à la loi en vigueur» témoigne non seulement d’un manque de volonté de réformer, mais également d’une conception pervertie du contenu et des missions du dialogue social et du droit du travail.
L’OGBL somme l’UEL d’abandonner son attitude de blocage annoncée et de s’atteler à un accord commun. Si elle ne le fait pas, cela reviendrait à une dégradation supplémentaire des relations sociales au Luxembourg, après son refus en 2014 d’accepter la proposition du gouvernement portant sur l’index.
Par ailleurs, l’UEL tente par tous les moyens de mettre le gouvernement sous pression. Elle parle par exemple de «concessions» que le camp patronal aurait faites. Il est question ici, d’une part, du projet de loi relatif au congé parental que le gouvernement a déposé à la Chambre des députés, qui représente un véritable progrès et que l’OGBL appuie totalement. Celui-ci n’a toutefois rien à voir avec une «concession» que l’UEL aurait faite. L’amélioration du congé parental s’inscrit, tout comme le développement des structures et offres d’accueil pour enfants, parmi les priorités que la Commission européenne a fixé dans la stratégie UE2020. L’objectif étant d’augmenter la part de femmes sur le marché de l’emploi parce que l’économie européenne, dans l’intérêt des entreprises, ne saurait pas faire l’impasse plus longtemps sur ce potentiel en force de travail. Ce que l’UEL passe également sous silence, c’est que le congé parental est financé par le budget de l’État. C’est-à-dire, dans une large mesure, par les salariés eux-mêmes, dont la charge fiscale a augmenté de manière disproportionnée par rapport à celle des entreprises au cours de toutes ces dernières années.
D’autre part, l’UEL invoque l’accord qu’elle a conclu en janvier 2015 avec le gouvernement. Le programme «Entreprises partenaires pour l’Emploi» prévu, mieux connu par l’annonce médiatiquement efficace des employeurs d’embaucher 5 000 demandeurs d’emploi supplémentaires en trois ans, se révèle être visiblement une promesse creuse. Les chiffres et les interprétations du Statec sont sans équivoques. Bien que la croissance économique affiche un résultat très positif en 2015 (+4,8% dans les neuf premiers mois), le nombre de demandeurs d’emploi n’a que très peu reculé (de 497 unités) entre décembre 2014 et décembre 2015, passant de 19 362 à 18 865. Ce chiffre se réduit à 324, si l’on y soustrait encore le nombre croissant de ceux qui se trouvent dans les dites «mesures pour l’emploi». Il n’y a pas eu non plus d’amélioration concernant l’obligation légale d’annoncer les offres d’emploi auprès de l’Adem. Le taux de chômage, qui se situe actuellement à 6,7%, est de 50% supérieur à ce qu’il était en 2008, l’année du déclenchement de la crise, et de 300% supérieur au taux de chômage enregistré en 2001. Est-ce là tout ce qu’il faut attendre de l’offensive de l’UEL dans la lutte contre le chômage?
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