Dans le cadre d’une série d’entrevues programmées avec les différents partis politiques représentés à la Chambre des députés, le Bureau exécutif de l’OGBL a rencontré récemment une délégation de déi gréng composée des ministres François Bausch et Félix Braz, de la présidente du groupe parlementaire Viviane Loschetter, des députés Claude Adam, Gérard Anzia, Henri Kox, Josée Lorsché et du président de parti, Christian Kmiotek. En guise d’introduction, le président de l’OGBL est tout d’abord revenu sur la bonne situation des finances publiques de l’Etat luxembourgeois, qui conforte une nouvelle fois l’analyse que fait l’OGBL depuis plusieurs années. Il est également revenu brièvement sur les critiques et l’opposition déployées par l’OGBL à l’encontre de la politique d’économies superflue initiée par le gouvernement à partir de 2014 dans le cadre de son soi-disant «Zukunftspak», avant de saluer le changement de cap politique opéré par la suite par l’exécutif ainsi que l’amélioration du dialogue proposé aux syndicats. Le président de l’OGBL a également tenu à souligner la contribution de déi gréng en tant que membre du gouvernement dans le fait que le mécanisme d’indexation des salaires et des retraites fonctionne à nouveau normalement depuis 2014. Enfin, il a souligné l’importance de l’engagement pris par le gouvernement, dans le cadre de l’accord du 28 novembre 2014 entre l’exécutif et les syndicats représentatifs au niveau national, consistant à garantir l’application des articles 28 des conventions collectives de travail FHL et SAS. Un engagement qui a été pleinement respecté et qui a contribué, à côté de la mobilisation du personnel concerné, à la conclusion des deux accords. L’entrevue a ensuite notamment porté sur la récente réforme fiscale du gouvernement. Une réforme que l’OGBL a soutenu en raison de l’allègement fiscal qu’elle a entrainé pour les petits et moyens revenus. Mais le premier syndicat du pays a également rappelé qu’il maintient parallèlement toute une série de critiques envers cette réforme et qu’il ne partage absolument pas l’idée selon laquelle cette réforme tendrait vers un soi-disant équilibre entre mesures en faveur des ménages et des entreprises. En effet, il faut bien voir que l’imposition des entreprises n’a cessé de fondre depuis une quizaine d’années, alors que celle des ménages n’a cessé d’augmenter sur la même période, tout particulièrement au cours des années de crise. La réforme n’a finalement que compensé partiellement l’effort fourni par les ménages au cours de ces dernières années. Dans ce contexte, l’OGBL juge que l’abaissement de l’imposition des entreprises était et demeure une erreur. L’OGBL continue également de déplorer que les revenus du capital (intérêts, dividendes et stock-options) restent imposés à des niveaux scandaleusement bas. Par ailleurs, l’OGBL revendique toujours l’instauration d’un mécanisme d’adaptation du barème à l’inflation et l’exonération fiscale des bénéficiaires du salaire social minimum. Les représentants de déi gréng ont fait savoir que le gouvernement pourrait prendre prochainement une intiative relative à l’imposition des stock options. Déi gréng se dit par ailleurs favorable à une exonération fiscale des bénéficiaires du salaire social minimum. Concernant le système de pensions, l’OGBL a une nouvelle fois souligné qu’il n’est aujourd’hui absolument pas en danger et que les projections à long terme qui prophétisent des difficultés de financement dans 30 ou 40 ans manquent de sérieux et sont donc tout à fait ridicules. L’OGBL a également réitéré ses critiques envers la réforme de 2012 qui a déjà programmé l’amputation de l’ordre de 14% des retraites que toucheront les futures générations. Il a enfin plaidé, au cas où le système de pensions connaitraît un jour véritablement des difficultés de financement, pour une augmentation du taux de cotisations – qui demeure constant depuis les années 1970 et très bas comparé aux autres pays – et contre une dégradation supplémentaire et inacceptable des prestations ou un allongement de l’âge de départ légal à la retraite. Les représentants de déi gréng ont dit partager à la fois l’attachement que porte l’OGBL au système public et solidaire des pensions ainsi que sa critique des projections à long terme. Ils ont par ailleurs également estimé que la réflexion sur l’avenir du système de pensions et son financement ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion sur les conséquences qu’aura le processus de digitalisation sur le monde du travail. L’OGBL a ensuite rappelé qu’il revendique une augmentation structurelle du salaire social minimum de 10%. Non seulement, le salaire social minimum ne permet pas actuellement de vivre dignement au Luxembourg, mais plus fondamentalement, il en va ici d’une question de justice salariale et de répartition de la richesse produite dans le pays. Comparativement aux autres pays, l’écart entre le salaire social minimum et le salaire médian est au Luxembourg bien plus prononcé, attestant de plus grandes inégalités entre bas et hauts salaires qui, en l’espèce, ne se justifient aucunement. Concernant le projet de loi relatif à la protection des données, l’OGBL a à nouveau réitéré sa ferme opposition à l’abolition prévue de l’autorisation préalable, jusqu’ici obligatoire à tout employeur souhaitant introduire une mesure de surveillance des salariés dans son entreprise. Les représentants de déi gréng ont estimé sur ce point qu’une solution devrait pouvoir être trouvée prochainement. Enfin, l’OGBL a une nouvelle fois souligné que le dispositif de la formation professionnelle continue (même après la réforme qui vient d’être votée) n’est plus du tout adapté aux exigences contemporaines, tout comme la législation en matière de licenciements, de plans sociaux et de plans de maintien dans l’emploi, qui sont désormais régulièrement contournées par les employeurs. Il est plus que temps d’agir dans ces domaines.
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