Le Comité exécutif de l’OGBL a commencé à examiner le projet de budget 2018 déposé récemment à la Chambre des députés par le ministre des Finances. De manière générale, l’OGBL se voit une nouvelle fois amplement conforté dans son analyse de la situation financière, économique et sociale du pays. L’OGBL déplore dans ce contexte un manque d’ambition politique affiché par le gouvernement et appelle ce dernier à exploiter, pleinement et sans plus attendre, les marges de manœuvre financières existantes afin de mettre en œuvre les politiques sociales qui s’imposent dans le pays.
L’OGBL constate tout d’abord que les finances publiques luxembourgeoises demeurent saines. Le projet de budget prévoit ainsi pour 2018 un solde à nouveau positif en ce qui concerne l’administration publique (+333 millions d’euros; +0,6% du PIB) qui devrait d’ailleurs encore croître significativement d’ici 2021 (+1,1 milliard d’euros; +1,7% du PIB), alors même que la réglementation budgétaire européenne – que l’OGBL juge déjà trop restrictive et économiquement contreproductive – autorise un déficit pouvant aller jusqu’à -0,5% du PIB. L’OGBL tient également à souligner que le solde budgétaire de l’administration publique (et non celui de l’administration centrale) est le seul critère budgétaire reconnu et déterminant sur la scène internationale et aux yeux de la Commission européenne elle-même. A relever, enfin, que le Luxembourg est l’un des rares pays de l’Union européenne à présenter, au niveau du budget de l’administration publique, un solde positif.
Concernant le léger déficit qu’accuse le budget prévisionnel de l’administration centrale pour 2018 (-890 millions d’euros), brandi comme un épouvantail par les forces politiques conservatrices, l’OGBL tient à le relativiser. Premièrement, l’OGBL attire l’attention sur le fait que ce déficit s’explique avant tout par le niveau élevé en investissements publics prévus dans le projet de budget 2018 (2,4 milliards d’euros) afin de préparer l’avenir du pays − ce que l’OGBL ne peut que saluer et soutenir. Mais, en d’autres mots, avant investissements, le budget de l’administration centrale est lui aussi excédentaire. Deuxièmement, l’OGBL tient également à attirer l’attention sur le fait que, comme le prouve l’expérience tous les ans au moment du décompte réel de l’exercice budgétaire, le déficit de l’administration centrale est systématiquement surévalué au moment du dépôt du budget.
Quant au taux d’endettement de l’Etat luxembourgeois, celui-ci continue de figurer parmi les plus faibles en Europe (22,7% du PIB en 2018 contre une moyenne de 89,5% dans la zone euro). Ce taux devrait d’ailleurs encore baisser continuellement au cours des prochaines années et ainsi s’éloigner davantage de l’objectif fixé par le gouvernement à 30% et s’éloigner encore davantage des prophéties apocalyptiques formulées il y a encore quelques années dans le contexte de la crise économique. Bref, le Luxembourg continue, avec ses finances publiques des plus saines, à faire figure d’élève modèle dans l’Union européenne.
Au regard de cette très bonne situation financière que connaît le pays et de la croissance économique qui ne faiblit pas (3% pour 2017 et 4,4% pour 2018), l’OGBL ne peut que déplorer un manque d’ambition affiché par le gouvernement en matière de politiques sociales. L’OGBL prend acte et salue bien évidemment la décision du gouvernement d’allonger le congé de paternité, tout comme celle de rendre gratuits les livres scolaires ainsi que de mettre à disposition des tablettes numériques dans l’enseignement secondaire. Mais ces mesures s’avèrent bien modestes et en-deçà des possibilités. A titre de comparaison, leur coût (28,5 millions d’euros) ne représente même pas un cinquième du coût annuel occasionné par le déchet fiscal qui résulte de l’imposition scandaleusement basse des stock-options (180 millions d’euros par an de manque à gagner pour l’Etat).
L’OGBL tient à rappeler dans ce contexte que les pertes subies par la grande majorité de la population au cours des années de crise, dans le cadre des différents paquets d’économie mis en œuvre aussi bien par l’ancien gouvernement que par l’actuel gouvernement au début de son mandat («Zukunftspak»), n’ont été que partiellement compensées jusqu’à présent par les mesures sociales initiées ces 2-3 dernières années.
Par conséquent, l’OGBL appelle le gouvernement, au cours des 12 derniers mois de son mandat, à exploiter pleinement les marges de manœuvre financières existantes au profit des politiques sociales qui s’imposent actuellement dans le pays. Quelles sont-elles? Pour l’OGBL, il est évident qu’une revalorisation de l’allocation de vie chère à l’adresse des ménages les plus fragiles s’avère plus que nécessaire, tout comme une augmentation structurelle de 10% du salaire social minimum qui ne permet plus de vivre dignement au Luxembourg. Une adaptation ponctuelle des pensions, en compensation des pertes injustifiées qu’ont subi les retraités au cours des dernières années, s’avère également des plus urgentes. Il y a trois ans, le gouvernement s’était engagé envers les syndicats à introduire un mécanisme d’adaptation périodique du montant des prestations familiales à l’évolution du salaire médian, or cette loi fait toujours défaut: le moment est venu pour le gouvernement d’honorer son engagement! Sur le plan fiscal, ensuite, l’OGBL continue de revendiquer une exemption fiscale pour les salariés touchant le salaire social minimum, ainsi que l’introduction d’un mécanisme d’adaptation automatique du barème à l’inflation afin d’éviter une nouvelle progression de la charge fiscale pour les couches inférieures et moyennes en raison de l’inflation («kal Progressioun»). Le gouvernement serait également très bien inspiré s’il entreprenait enfin les réformes nécessaires des législations portant sur les faillites et les plans sociaux.
Communiqué par l’OGBL le 2 novembre 2017
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