Les dirigeants européens sont réunis les 17 et 18 juillet 2020 en Conseil européen extraordinaire pour débattre du plan de relance de la Commission européenne visant à faire face à la crise du COVID-19. Dans une lettre envoyée le 14 juillet au Premier ministre luxembourgeois, la présidente de l’OGBL, Nora Back, lui demande d’appuyer le plan de relance qui s’avère primordial pour éviter une crise économique et une explosion du chômage encore plus graves, avec toutes les conséquences que cela aurait.
Alors que les prévisions économiques d’été de la Commission européenne prévoient désormais une récession pour 2020 plus grave que ne le laissaient encore supposées les prévisions du printemps ainsi qu’un niveau de reprise plus faible pour 2021, une action urgente est nécessaire pour éviter que la «crise de l’emploi ne se transforme en crise sociale», comme le souligne également l’OCDE dans ses Perspectives de l’emploi de juillet 2020.
Au cours des trois premiers mois de restrictions imposées dans le cadre de la crise du COVID-19, le chômage a augmenté de 900 000 personnes dans l’UE pour atteindre le chiffre choquant de 14,3 millions d’individus. La Confédération européenne des syndicats (CES) estime que 45 millions de travailleurs supplémentaires bénéficient actuellement de programmes de chômage partiel et qu’elles sont donc aussi gravement menacées par le chômage, ainsi que les 2,5 millions de travailleurs sous contrat à très court terme. Au total, ce sont ainsi plus de 60 millions de raisons de lancer dès à présent un plan de relance dans l’UE.
Ces chiffres alarmants auront de graves conséquences sociales et politiques et s’ajoutent à une situation déjà inacceptable: grandes inégalités sociales, stagnation voire recul du salaire moyen des travailleurs depuis 10 ans dans un tiers des pays de l’UE, réductions et sous-investissement dans les services de santé, les services sociaux et d’autres services publics. Une reprise lente et très «inégale», à la suite de la crise de 2008/2009, menace désormais d’être submergée par un tsunami de récession causé par la pandémie.
C’est pourquoi le mouvement syndical européen appelle chaque chef de gouvernement ou d’État de l’Union européenne à prendre sa part de responsabilité collective lors de la réunion du Conseil européen des 17 et 18 juillet et à soutenir le plan de relance de l’UE, doté de 750 milliards d’euros, proposé par la Commission européenne.
Le mouvement syndical européen demande en outre aux dirigeants européens de ne pas augmenter la part des prêts dans le paquet proposé (afin de ne pas rendre insoutenable le fardeau de la dette de nombreux États membres), de ne pas réduire le montant du cadre financier pluriannuel proposé par la Commission européenne (afin d’éviter un risque sérieux de réduction de la politique de cohésion, en particulier du FSE+) et de ne pas introduire de droits de veto et de conditions budgétaires sur les plans de relance nationaux (ce qui nuirait au potentiel de la stratégie de relance proposée pour prévenir une crise économique et de l’emploi massive dans l’UE).
Le mouvement syndical européen demande également aux dirigeants européens d’accepter que le Green Deal, l’Agenda numérique, le pilier européen des droits sociaux et les Objectifs de développement durable des Nations Unies guident la relance.
Dans sa lettre, Nora Back souligne que ce plan de relance est probablement la décision la plus importante prise par l’Union européenne depuis plus d’une décennie et qu’il ne peut être à nouveau reporté. Le retarder risquerait en effet d’entraîner des millions de personnes dans le chômage, provoquant un coût financier pour les gouvernements bien plus élevé que le financement de la reprise.
«N’oubliez pas l’ensemble des salariés qui ont continué à travailler, et ont potentiellement mis leur vie en danger pendant la crise de COVID-19 pour fournir des services essentiels — qui risquent maintenant de perdre leur travail et d’être poussés au chômage. Ce sont les travailleurs, souvent les moins bien payés, leurs familles et leurs communautés qui souffriront le plus si vous ne parvenez pas à vous mettre d’accord sur un plan de relance européen vaste et ambitieux. S’accorder sur ce point doit être la plus haute priorité sociale, économique et politique de l’Union européenne et de ses dirigeants», conclut la présidente de l’OGBL.
Communiqué par l’OGBL le 17 juillet 2020
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