C’est avec effroi que l’OGBL a pris connaissance de l’arrestation début-septembre du président de la Confédération coréenne des syndicats (KCTU), Kyeung Soo YANG, et de la descente des autorités sud-coréennes au siège de sa confédération.
L’OGBL dénonce avec la plus grande fermeté cette grave atteinte à la liberté et aux activités syndicales, qui va à l’encontre des principes qui régissent une société libre et démocratique.
Kyeung Soo YANG a été placé en détention provisoire au motif qu’une manifestation organisée le 3 juillet dernier par la KCTU, exigeant un moratoire sur les licenciements et des actions urgentes en vue de préserver les existences et les moyens de subsistance des travailleurs, aurait fait obstruction à la circulation et aurait violé la loi sur les rassemblements ainsi que les mesures relatives au contrôle des maladies infectieuses dans le cadre du COVID-19.
Comme l’écrivait en 2016, Maina Kia, l’ancien rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association, dans un rapport remis au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies portant déjà sur la Corée du Sud: «Le fait d’accuser au pénal les participants aux rassemblements, en invoquant notamment l’entrave à la circulation, criminalise de facto le droit aux réunions pacifiques. (…) Le choix d’engager des poursuites, et plus encore d’accuser les participants de l’infraction grave d’obstruction générale à la circulation, traduit la volonté des autorités de décourager les rassemblements sur la voie publique.» L’ancien rapporteur spécial de l’ONU rappelait également que les rassemblements constituent une utilisation de l’espace public tout aussi légitime que l’activité commerciale ou la circulation des véhicules et des piétons.
Par ailleurs, il faut noter qu’aucun nouveau cas de Covid-19 n’a été identifié en Corée du Sud, de quelque manière que ce soit, avec une participation à la manifestation du 3 juillet.
L’arrestation du président de la plus grande confédération syndicale de Corée du Sud intervient également à quelques semaines seulement d’une grève générale que la KCTU prévoit d’organiser en octobre. On ne peut évidemment pas s’empêcher d’y voir, de la part des autorités sud-coréennes, une tentative visant à intimider et dissuader les travailleurs de poursuivre leur action syndicale.
Dans une lettre envoyée à la Confédération coréenne des syndicats — dont une copie a été envoyée à l’Ambassadeur de la République de Corée pour l’Union européenne et au ministre luxembourgeois des Affaires étrangères — l’OGBL assure la KCTU de son soutien et se joint à elle pour exiger la libération immédiate de Kyeung Soo YANG ainsi que la réparation de tous les dommages que la KCTU et ses membres ont éventuellement subis.
Communiqué par l’OGBL le 16 septembre 2021
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