Nouvelle chronique d’une histoire sans fin…

L’OGBL et le LCGB dénoncent fermement les délocalisations de SES vers l’Inde et craignent des suppressions massives d’emploi

Les délégations du personnel de SES et les représentants syndicaux de l’OGBL et du LCGB sont actuellement en procédure d’information et de consultation avec la direction de l’opérateur de satellites luxembourgeois. La procédure ouverte par la direction porte sur les restructurations prévues ainsi que les conséquences que les activités d’externalisation vers l’Inde auront pour le siège du groupe à Betzdorf. Si la direction n’a pas encore officiellement communiqué au personnel le nombre d’emplois qui risquent d’être supprimés au Luxembourg dans le cadre de sa stratégie d’externalisation, il ne faut pas se leurrer… la conséquence en sera des licenciements collectifs.

Ceci n’est toutefois pas une surprise — ni pour les syndicats représentés dans l’entreprise ni pour les délégations du personnel concernées ! Depuis avril 2023, l’OGBL n’a cessé d’alerter le gouvernement sur les manœuvres de SES : ses délocalisations d’activités vers la Roumanie et l’Inde ainsi que la reprise du concurrent du groupe satellitaire basé au Luxembourg – Intelsat SA.

A maintes reprises, l’OGBL a appelé les gouvernements successifs (le gouvernement Bettel-Lenert-Bausch jusqu’à octobre 2023, puis le gouvernement Frieden-Bettel) à veiller à ce que les intérêts des salariés au Luxembourg soient préservés et que le maintien des emplois soit érigé en priorité. Pas plus tard que la semaine dernière, l’OGBL a à nouveau envoyé une lettre aux membres du Conseil d’administration de SES afin qu’ils prennent enfin position suite aux récentes délocalisations en Inde et leurs conséquences directes pour le Luxembourg. Une première lettre adressée aux douze membres du Conseil d’administration, en août 2024, semble en effet ne pas avoir suffisamment attiré leur attention, puisqu’une réponse — par ailleurs très superficielle et sans engagement vis-à-vis du site luxembourgeois — a été fournie par… le directeur intérimaire du bureau du personnel. Or, le conseil d’administration et la direction d’une entreprise sont bien évidemment deux entités distinctes dont les responsabilités diffèrent totalement.

Pour rappel, le groupe de satellite basé au Luxembourg a traversé ces dernières années une période assez agitée avec plusieurs restructurations — petites et grandes — dont un grand programme de restructuration en 2020 (« Simplify and Amplify » ; S&A) qui a abouti in extremis à la conclusion d’un plan de maintien dans l’emploi (PME) en août 2020, renouvelé en mai 2022 et à la conclusion d’un troisième PME en décembre 2023. Ces PME, qui prévoient d’une part des mesures de redéploiement interne vers des postes vacants (actuels et futurs) et d’autre part la mise en place d’instruments publics tels que la préretraite-ajustement, les aides temporaires au réemploi et les aides à l’embauche, ont non seulement aidé SES à se réorganiser et à réaliser des économies substantielles, mais ont surtout été financées par le contribuable luxembourgeois.

Dans ce contexte, il convient aussi de rappeler que l’État est un actionnaire important de l’entreprise, qui est représenté au conseil d’administration de SES où il détient 33,3% des voix.

Pour l’OGBL et le LCGB, il est tout simplement scandaleux que SES s’apprête à se séparer d’une partie de ses salariés d’une façon aussi brutale, et ce, avec l’accord du gouvernement qui à aucun moment n’a demandé des garanties en matière d’emploi à SES et qui semble entériner toutes ces décisions néfastes sans broncher, sachant pourtant que le groupe a largement bénéficié de l’argent public au cours de ces cinq dernières années dans le cadre des trois plans de maintien dans l’emploi.

 

Pour information: le groupe SES est divisé au Luxembourg en cinq entités juridiques : SES Engineering ; SES Networks ; SES Techcom ; SES Astra et SES SA. Depuis les élections sociales de mars 2024, les représentants du personnel syndiqués sont largement majoritaires (13 mandats effectifs pour l’OGBL ; 1 mandat effectif pour le LCGB et 7 mandats effectifs dits indépendants).

Communiqué par l’OGBL et le LCGB, le 25 octobre 2024