Editorial

Il faut en finir avec la politique d’austérité!

André Roeltgen, secrétaire général de l’OGBL
André Roeltgen, secrétaire général de l’OGBL

La politique actuelle de la Commission européenne et du Conseil européen ne rompt aucunement avec la politique économique et financière néolibérale qui a déclenché tant la crise financière et économique que celle des budgets publics en Europe. Celui qui cherche dans cette politique l’«Europe sociale» ne la trouvera pas.  Car le «leitmotiv» est un tout autre: dumping salarial et social dans tous les pays européens!

L’opposition syndicale contre cette politique sur le dos des salariés se renforce. Les 15 à 20 000 syndicalistes venus de nombreux pays européens l‘ont souligné de façon impressionnante lors de la manifestation de la Confédération européenne des syndicats le 21 juin à Luxembourg.

La politique d’austérité propagée par Bruxelles nuit à la relance économique conjoncturelle. Une nouvelle récession économique ne peut donc plus être exclue.

Du point de vue social, cette politique est scandaleuse. Une politique capitaliste de répartition de  bas en haut: actionnaires, manager et les gros salaires sont épargnés et récompensés tandis que les revenus et les acquis sociaux des classes inférieures et moyennes sont attaqués et réduits. Les cisailles de distribution inéquitable sont censées prendre encore plus d’ampleur.

Voilà pourquoi l’OGBL rejette catégoriquement les «recommandations» politiques que Bruxelles a adressées en juin au gouvernement luxembourgeois. Toutes vont dans le sens d’une détérioration de nos acquis sociaux. Bruxelles attaque l’index et les pensions. Bruxelles exige une politique d’austérité rigoureuse en ce qui concerne notre budget d’Etat. Bruxelles veut plus d’impôts injustes.

L’OGBL lance un appel au gouvernement de rejeter par retour du courrier ces recommandations dirigées contre les salariés et de stopper immédiatement la politique d’austérité superflue.

Compte tenu d’une croissance économique réelle entre 3 et 4% (2011-2014), d’une inflation qui retomberait de 3,5% en 2011 à 2,3% en 2012 et même à 1,8% en 2013 et 2014 et vu que les finances publiques augmenteraient pour les années 2010 et 2011 carrément de quelque 2,5 milliards € supplémentaires non prévus dans les estimations d’il y a un an,  la continuation des mesures d’austérité devient infondée. Les scénarios présentés lors de la tripartite de 2010 s’avèrent faux dans leur ensemble.

Même si l’opposition syndicale de l’OGBL et de tout le mouvement syndical luxembourgeois a pu éviter certaines mesures, fait est que la répartition totalement inéquitable des charges de la crise est maintenue.

Les patrons n’ont pas été priés de passer à la caisse. Bien au contraire. Le gouvernement leur a fait cadeau entre autres de «compensations» superflues lors de l’adaptation du salaire social minimum et l’augmentation des cotisations de la caisse de santé.

Les salariés, leurs familles ainsi que les pensionnés ont maintenant assez payé pour ce genre de redressement de la crise.

L’OGBL revendique entre autres l’annulation de l’impôt de crise pour 2012, le retrait des dégradations des prestations de la caisse nationale de santé, la suppression de la discrimination concernant les bourses d’études pour les enfants des collègues frontaliers.

Ne touchez pas à notre index!

Après la perte de 1% du pouvoir d’achat suite au retardement de la tranche indiciaire qui sera payée seulement en octobre au lieu de mai, l’OGBL n’est pas prêt à accepter une perte supplémentaire du pouvoir d’achat pour 2012. Le paiement de la tranche indiciaire venant probablement à échéance dans les premiers mois de 2012 doit s’effectuer dans les délais et doit être calculée sur le panier de la ménagère tel qu’il est aujourd’hui constitué!

Pour une réforme du régime de pension socialement progressiste.

En ce qui concerne la réforme du régime de pension, l’OGBL a introduit avec la CGFP et le LCGB une position commune des syndicats en réaction aux premières propositions gouvernementales.

L’intention du gouvernement de diminuer à l’avenir le niveau des pensions lorsqu’on a atteint l’âge normal de la retraite, est la mauvaise voie.

Ce dont nous avons besoin dans le domaine de l’assurance pension est une politique offensive comprenant des initiatives législatives qui nous permettent de pouvoir travailler plus longtemps et dans de meilleures conditions et de rester plus longtemps dans nos professions. Tout en ayant des perspectives sociales et professionnelles intactes jusqu’à l’âge légal de la retraite! Et pas plus longtemps!

L’argument du gouvernement que nous devrions travailler au delà de l’âge légal de la retraite puisque du point de vue statistique l’espérance de vie continuerait d’augmenter, ne tient tout simplement pas compte de la réalité sociale.

Aujourd’hui déjà, des dizaines de milliers de salariés n’ont plus la chance d’atteindre l’âge légal de  la retraite actuel. Bien avant, ils sont obligés de quitter le monde du travail contre leur gré. Combien de salariés connaîtraient le même sort en cas d‘un allongement de la vie active?

Des problèmes de santé, des plans sociaux ou des employeurs qui se «défont» tout simplement des salariés plus âgés leur enlèvent la possibilité de partir normalement à la retraite. Et c’est exactement par là qu’il faut attaquer politiquement dans la dite «problématique des pensions».

Une meilleure protection contre les licenciements, des horaires et organisations de travail adaptés aux salariés plus âgés, une meilleure prévention des maladies dues au travail, le maintien des qualifications professionnelles par le biais d’une formation continue ciblée et adaptée, le droit au travail à temps partiel pour raisons d’âge avec garantie d’une cotisation pension vieillesse compensatoire, l’introduction d’une mesure permettant de combiner un emploi à temps partiel avec une retraite partielle seraient à titre d’exemples de bonnes mesures pour arriver à une meilleure qualité de vie professionnelle et à une meilleure qualité de vie en général.

De telles mesures permettraient d’augmenter le taux d’emploi, de diminuer le taux de chômage et la pauvreté de vieillesse. Et elles contribueraient à la viabilité financière à long terme de notre système public d’assurance pension.

L’OGBL demande au gouvernement de considérer les propositions syndicales comme principales «vis de réglage» dans la réforme du régime de pension. Commencer par le bon bout dans ce domaine signifie jeter les bases législatives pour une politique du personnel respectueuse de l’âge des travailleurs dans les entreprises luxembourgeoises.

D’autres «vis de réglage» peuvent attendre.