Sommet européen: des mots creux sur l’Europe sociale, mais un fort soutien à la déréglementation

Une « meilleure compréhension » des injustices et des déséquilibres sociaux, voilà ce que le Conseil européen considère être la dimension sociale de l’Union économique et monétaire (UEM). A des kilomètres de l’Europe sociale telle que la voit la Confédération européenne des syndicats (CES). Les conclusions du Conseil n’offrent aucune perspective de réorientation des politiques économiques vers plus d’égalité, moins de pauvreté, vers des investissements à long terme pour une croissance durable et des emplois de qualité.

En mettant rapidement en œuvre le programme REFIT, le Conseil approuve l’intention du Président Barroso d’abandonner l’accord des partenaires sociaux sur la protection de la santé et de la sécurité au travail dans le secteur de la coiffure. Plutôt que d’attaquer les droits des travailleurs, la Commission devrait concentrer ses efforts pour s’assurer que la législation européenne soit correctement appliquée partout en Europe et pour identifier les lacunes réglementaires.

Bernadette Ségol, Secrétaire générale de la CES, a déclaré : « Ils essaient vainement de nous convaincre que le noir est blanc. La dimension sociale se réduit à un tableau de bord et à des statistiques. Aucune action pour une croissance durable et des emplois décents, aucune initiative pour plus de justice sociale mais, au lieu de cela, nous pouvons nous attendre à ce que l’UE progresse sur le front de la déréglementation. Aujourd’hui, les travailleurs sont en colère et terriblement déçus. »

Sommet social tripartite: des changements concrets pour sauver l’Europe, maintenant

cesUne délégation de la Confédération européenne des syndicats (CES) prendra part au Sommet social tripartite pour la croissance et l’emploi qui aura lieu avant le Conseil européen. La CES y réitérera sa demande pour une dimension sociale effective de l’UE et pour qu’il soit mis fin aux attaques contre les droits des travailleurs. La dérégulation risque de saper le soutien des citoyens au projet européen.

Lors de la réunion, la CES exigera que :

  • Le Conseil change de cap et lance un audacieux plan de relance européen avec pour objectif d’investir 2% de PIB supplémentaires au cours de la prochaine décennie en faisant appel aux ressources nationales et européennes. Le but est de relancer l’économie en faveur d’une croissance durable, de réindustrialiser l’Europe et de créer des emplois décents, en particulier dans les pays les plus affectés par la crise.
  • Les indicateurs sociaux de référence (tels que proposés dans la communication de la Commission) puissent avoir un impact réel et contraignant sur les politiques économiques. La CES ne peut se dire satisfaite tant que ces indicateurs sociaux n’ont aucun poids sur l’élaboration des politiques économiques.
  • Des droits égaux s’appliquent aux travailleurs détachés. La CES est favorable à la libre circulation des travailleurs au sein de l’Union européenne. Elle se dit toutefois convaincue que la mobilité seule, sans égalité de traitement pour tous, n’est pas la solution pour générer une croissance et des emplois durables et qu’elle risque d’être instrumentalisée pour couvrir le dumping social et salarial. Elle exige que les travailleurs européens soient traités de la même manière.
  • Il soit mis fin à la dérégulation et aux attaques contre les droits des travailleurs. La communication de la Commission sur le « Programme REFIT – Un coup de pouce à la croissance » est déséquilibrée et risque de miner le soutien des citoyens au projet européen. L’intention de la Commission est de rendre la législation de l’UE moins contraignante et de réduire la charge législative et administrative des entreprises mais elle attaque clairement les droits des travailleurs et ces acquis pour lesquels les syndicats européens se sont battus. La Commission européenne détruit ainsi des éléments clés du modèle social européen.

Bernadette Ségol, Secrétaire générale de la CES, a encore déclaré : « Il n’y a toujours aucun signe ni aucune volonté au niveau européen de proposer des changements concrets. L’Europe, les travailleurs européens méritent beaucoup mieux. » Elle a également plaidé pour la solidarité suite à la tragédie de Lampedusa et demande à l’Europe d’agir avec dignité et de façon coordonnée face à de telles catastrophes, tout en mettant en place des politiques étrangères qui préviennent les facteurs incitant les immigrants à quitter leur pays.

La CES présentera aussi la déclaration conjointe des partenaires sociaux européens sur l’implication des partenaires sociaux dans la gouvernance économique européenne. Le syndicat européen insiste toutefois sur le fait qu’approuver la présente déclaration et participer au processus de consultation ne signifie en rien légitimer l’actuelle gouvernance économique européenne, à propos de laquelle la CES a déjà souligné son opposition dans différentes résolutions, dans son contrat social, ainsi que dans sa déclaration sur la dimension sociale de l’UE.

Bruxelles, 24/10/2013

Négociations UE-USA: la CES s’inquiète des conséquences sociales et pour l’emploi

ces En s’adressant aujourd’hui à la conférence des Socialistes & Démocrates sur le « Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI) : emplois et croissance ? », la Confédération européenne des syndicats (CES) a fait part de ses vives inquiétudes quant au manque d’évaluation correcte de l’impact social avant le début des négociations.

« Nous reconnaissons que, si l’accord est basé sur les meilleures pratiques de chaque côté de l’Atlantique, il pourrait avoir des effets positifs sur l’emploi et le flux des investissements et soutenir une relance économique durable. Nous sommes toutefois extrêmement prudents, surtout pour ce qui concerne le très médiatisé potentiel de création d’emplois et le champ d’application de l’accord, car, sans garanties pour l’emploi et les services publics en particulier, nous ne voyons pas le PTCI comme étant le remède miracle pour une relance de qualité en Europe », a prévenu Judith Kirton-Darling lors de son intervention à la conférence, ajoutant : « Il nous manque actuellement une évaluation d’impact complète en matière de durabilité et d’emploi. »

La seule analyse du PTCI au niveau européen est celle faite par le Centre de recherche sur les politiques économiques (CEPR) basée sur une hypothèse utilisant les salaires comme indicateur de la création d’emplois ainsi que sur une grande flexibilité du marché du travail. « La CES s’en inquiète pour trois raisons : 1. Vu que les salaires réels stagnent ou sont en baisse partout en Europe, ils contribuent à la crise économique actuelle. Il est donc très préoccupant que l’analyse et la politique s’appuient sur cette base. 2. Il n’y a aucune garantie quant à la création d’emplois plutôt que de bénéfices qui seront versés aux actionnaires sous forme de dividendes, diminuant encore la part des salaires. 3. Les obstacles réglementaires explicitement visés comprenant le marché du travail, la santé et la sécurité et les règles et accords en matière de protection de l’emploi, il n’y a pas de garantie sur la qualité des emplois qui en découlent », a-t-elle encore précisé.

La CES réclame d’urgence une évaluation complète de l’impact social et pour l’emploi ainsi que des propositions concrètes sur les droits du travail et la protection des travailleurs.

– Voir la position de la CES sur le PTCI sur : http://www.etuc.org/a/11230

La CES met en garde contre les conséquences dramatiques des politiques d’austérité sur les salaires partout en Europe

29/07/2013

L’Institut syndical européen (ETUI) a dévoilé aujourd’hui une nouvelle carte visuelle comparant les évolutions salariales dans l’Union européenne entre 2000 et 2012. Pour la Confédération européenne des syndicats (CES), celle-ci illustre les conséquences dramatiques des politiques d’austérité sur les salaires dans l’UE. Dix mois avant les élections européennes, chômage de masse et politiques de réduction des salaires constituent un cocktail dangereux qui nuit au soutien des citoyens pour le projet européen. La CES met en garde les responsables européens : un changement de cap s’impose d’urgence pour restaurer la croissance et la confiance.

Depuis le début de la crise, la CES a exprimé de vives inquiétudes quant à l’impact négatif des mesures d’austérité sur la situation économique et sociale en Europe. Comme tous les indicateurs le confirment depuis lors, cet impact se traduit par des chiffres du chômage qui explosent avec, aujourd’hui, plus de 26,5 millions de personnes sans emploi. L’infographie basée sur le récent rapport de l’ETUI Benchmarking Working Europe montre que, dans la majorité des pays où le chômage augmente, les salaires diminuent avec de graves conséquences en termes de risque croissant de pauvreté et d’exclusion sociale.

« Ce que cette infographie sur l’évolution salariale démontre est que les salaires sont la première cible des mesures d’austérité partout en Europe. Ils sont à l’évidence devenus l’instrument-clé ou le mécanisme d’ajustement d’une politique de dévaluation interne », a déclaré Bernadette Ségol, Secrétaire générale de la CES. « Cette tendance n’a pas résolu les problèmes de ‘compétitivité’, en particulier dans les pays soumis à un plan de sauvetage financier. Cela a, au contraire, aggravé les problèmes existants en affectant les plus vulnérables. C’est inacceptable et cela risque de nuire encore plus au soutien déjà fragile des citoyens pour le projet européen ».
– Lien vers la carte visuelle : http://www.etui.org/fr/News/ETUI-wage-map-shows-failure-of-EU-s-wage-cutting-austerity-policies

Europe sociale, l’heure de vérité

En écoutant certains dirigeants de l’UE, on pourrait croire que la crise est pratiquement terminée. Et pourtant rien n’est moins vrai comme ne le savent que trop bien les millions d’Européens qui connaissent toujours des difficultés sans précédent et souffrent d’une diminution dramatique de leurs conditions de vie.

Alors que les responsables politiques font preuve d’un intérêt de pure forme pour la « dimension sociale » de l’Europe, leurs politiques augmentent encore la pression d’une implacable austérité. Les gens ordinaires font toujours les frais de la crise – au prix de tensions sociales grandissantes et d’inégalités, de pauvreté et de chômage en hausse qui auront des conséquences sur les perspectives de vie des jeunes Européens durant de nombreuses années – tandis qu’on assiste à une montée inquiétante de l’intolérance et de la xénophobie. Cela ébranle irrémédiablement le soutien pour l’Union européenne elle-même comme en témoigne la progression de partis nationalistes anti-UE dans plusieurs États membres. À peine 30 % des Européens ont encore une image positive de l’UE. Et, malgré cela, les dirigeants n’ont pas fait grand-chose, voire rien, pour consolider l’Europe sociale.

Il y a un an, la Confédération européenne des syndicats présentait son Contrat social pour l’Europe détaillant les mesures nécessaires pour interrompre cette spirale négative et rétablir la confiance de la population dans l’UE. En avril, la CES réitérait ses exigences avec davantage d’insistance. Les actions se font attendre depuis longtemps.

Bien que la CES salue la décision de la Commission européenne d’enfin publier une feuille de route sur la dimension sociale de l’Union économique et monétaire, elle soutient que les nouvelles mesures doivent aller au-delà de l’UEM en favorisant le plein emploi et le progrès social partout en Europe dans les politiques liées à tous les domaines d’activités.

Les dirigeants européens se réuniront pour un nouveau sommet les 27 et 28 juin au cours duquel ils devraient rédiger une feuille de route pour l’Europe sociale. On ne leur pardonnera pas s’ils déçoivent une nouvelle fois.

La dimension sociale de l’UE devrait signifier de meilleures conditions de vie et de travail, la protection sociale, des services publics de qualité et le dialogue social. Mais la réalité est que les dirigeants de l’UE poursuivent leur campagne pour sabrer dans les dépenses publiques et déréglementer à tout prix, mettant ainsi en péril l’emploi, les conditions de travail et des services vitaux dans de nombreux secteurs.

En cherchant à établir un marché du travail transfrontalier libre, les gouvernements ont échoué dans la mise en place de mesures de protection des travailleurs avec pour résultat une exploitation généralisée et un dumping social qui ont pris des proportions désastreuses. Des personnes ayant désespérément besoin d’un travail sont déplacées dans toute l’Europe afin de faire diminuer les salaires et les conditions de travail existants entraînant de dangereuses réactions d’hostilité.

Le dialogue social est lui aussi sous tension. Un rapport de la Commission européenne publié en avril reconnaissait qu’un dialogue bien structuré entre employeurs et travailleurs est indispensable à un progrès social consensuel. Et pourtant, les politiques d’austérité et les réductions de dépenses ont sapé le rôle des partenaires sociaux et le droit syndical inaliénable en matière de liberté de négociation collective et de fixation des salaires au niveau national et européen.

En mai, les dirigeants européens s’engageaient à s’attaquer à l’hémorragie annuelle d’un trillion d’euros de recettes fiscales du fait de la fraude et de l’évasion fiscales. La CES réclamait un plan d’action solide et contraignant mais le sommet de Bruxelles n’a débouché sur aucun programme concret.

Pour couronner le tout, si rien n’est fait pour interrompre l’implacable montée mensuelle du chômage – dont le taux dépassait 12 % en mars et même le double chez les jeunes, le risque d’une rupture sociale est réel. Les récentes émeutes de Stockholm donnent une idée de l’impact potentiel sur la société.

La CES demande la mise en place d’un revenu minimum dans chaque État membre de l’UE et une hausse significative du salaire minimum légal dans les pays où les syndicats l’estiment nécessaire. Enfin, l’UE doit investir de 1 à 2 % du PIB dans un plan de relance économique pour rétablir la croissance et lutter contre le chômage.

Les exigences de la CES ont été reprises par le Parlement européen où des eurodéputés ont condamné l’échec de la Commission à présenter des propositions réalistes pour renforcer l’Europe sociale et ont plaidé pour « un changement de cap » pour favoriser la croissance, l’emploi et la justice sociale.

Partout en Europe, nos priorités sont pour la fin des coupes contreproductives dans les dépenses publiques, l’arrêt de la concurrence transfrontalière poussant à la baisse les salaires et les conditions de travail et encourageant l’évasion fiscale, l’investissement en faveur d’une croissance et d’emplois durables et le soutien au dialogue social et à la négociation collective. L’Europe ne peut se permettre de tarder davantage.

Signée à Luxembourg, le 7 juin 2013

Bernadette Ségol
Secrétaire générale de la CES
Jean-Claude Reding
Président de l’OGBL
Patrick Dury
Président national du LCGB

Lettre ouverte à l’Ambassadeur de la République Hellénique au Luxembourg

Votre Excellence,

C’est avec un profond regret et une grande consternation que nous, en tant que Direction Syndicale du Syndicat Imprimeries, médias et culture – FLTL de l’OGBL (Confédération Syndicale Indépendante du Luxembourg), avons appris la fermeture des médias publics en Grèce.

Avec cette lettre nous tenons à exprimer notre solidarité claire et nette avec les collègues journalistes grecs, qui se trouvent face à la destruction de leurs emplois.

En notre qualité de Direction Syndicale du Syndicat Imprimeries, médias et culture – FLTL de l’OGBL nous exprimons également notre souci quant au fait que la fermeture des médias publics va réduire le pluralisme médiatique dans le pays.

La Grèc, berceau de la démocratie en Europe, a besoin de davantage, et pas de moins de pluralisme médiatique.

Surtout en ces temps économiquement difficiles que traverse la Grèce, il est important que les journalistes puissent exercer leur métier de manière sereine et sans peur de perdre leur emploi.

Nous demandons au gouvernement grec de retirer avec effet immédiat et sans restriction sa décision de fermer les médias publics.

Nous vous prions, Monsieur l’Ambassadeur, d’agréer nos salutations distinguées.

La Direction Syndicale du Syndicat Imprimeries, médias et culture – FLTL de l’OGBL