Prise de position de l’OGBL et du LCGB relative au projet de rapport social national 2012

Par courriel en date du 17 avril 2012, le ministère de la Famille et de la Solidarité a transmis à nos organisations syndicales la version provisoire du Rapport Social National (RSN) 2012.

Dans ce document, l’OGBL et le LCGB prennent position sur les chapitres traités dans le document qui leur a été transmis par le ministère. Il s’agit principalement des initiatives au niveau légal qui ont été mises en œuvre au cours des derniers mois et qui, parfois, sont encore à l’état de projets.

Toutefois, il va sans dire que le travail de nos organisations n’est pas limité à ces domaines et qu’il peut, à chaque instant de la vie sociale et économique, y avoir d’autres initiatives, propositions et revendications de notre part.

1. Introduction: le cadre macroéconomique (chapitre 1 du RSN)

Dans cette partie introductive du document du ministère, il est question d’une récession de l’ordre de 0,9% en 2012.

Les organisations syndicales OGBL et LCGB attirent l’attention sur le fait que les données relatives à 2011 ont été corrigées vers le haut, de sorte que l’on s’attend maintenant à une croissance du PIB de 1,6% pour 2011 au lieu de 1%.

En outre, les projections très pessimistes du Comité de prévision pour 2012 ne sont ni partagées par la Banque centrale du Luxembourg, ni par la Commission européenne.

Quoi qu’il en soit, une situation économique morose ne peut jamais servir d’argument en faveur d’une remise en question de prestations sociales, puisque celles-ci ont été créées dans le but de venir en aide aux personnes dont la situation budgétaire et les conditions de vie sont difficiles. Les prestations sociales doivent justement continuer à jouer leur rôle pendant des temps plus difficiles. Leur dégradation, voire leur suppression, ne ferait qu’aggraver la dégradation de la situation sociale des ménages et des travailleurs au Luxembourg.

2. L’inclusion sociale des personnes handicapées (chapitre III.1 du RSN)

Le texte du RSN fait référence à la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées et son protocole facultatif (CRDPH), dont nous saluons le plan d’action de mise en œuvre par la société civile et les représentants du Gouvernement luxembourgeois.

Le texte rappelle aussi la modification de la loi du 12 septembre 2003 relative aux personnes handicapées. Un des principaux changements est la généralisation d’une participation de l’Etat à 100% aux frais de salaire du salarié handicapé engagé dans un atelier protégé.

Nous tenons toutefois à rappeler que la Chambre des salariés s’était opposée avec vigueur à la suppression de la voie de recours devant la Commission spéciale de réexamen. La Chambre des salariés estimait même qu’un renforcement des moyens administratifs de cette commission s’imposerait face au nombre élevé de dossiers à traiter.

Nous constatons toujours l’existence d’interférences de la législation sur les personnes handicapées avec la loi concernant l’incapacité de travail et la réinsertion professionnelle et jugeons inapproprié le fait de soumettre le travailleur handicapé et le demandeur d’une pension d’invalidité à deux procédures différentes avec des organes différents, alors qu’il existe un lien étroit entre un handicap et une invalidité.

Depuis 1991, et suite à la modification de 2003, la législation sur les travailleurs handicapés prévoit des quotas de postes réservées à des travailleurs handicapées aussi bien pour le secteur privé, qu’étatique et communal.

Nous demandons un suivi régulier du respect des quotas des emplois réservés aux travailleurs handicapés et des raisons pour lesquelles ces quotas ne sont pas respectés. Face à l’augmentation constante des demandeurs d’emploi ayant le statut de travailleur handicapé, le respect de la législation sur les quotas devrait être poussé plus activement par l’administration compétente.

3. La politique d’inclusion sociale (chapitre III.3 du RSN)

Le taux de risque de pauvreté a augmenté en tendance au Luxembourg pour stagner autour de 14,5%.

En ce qui concerne surtout les résultats alarmants des ménages monoparentaux et des familles nombreuses, les organisations syndicales ont maintes fois demandé une action ciblée en matière de prestations familiales.

La création du boni pour enfant, du crédit d’impôt monoparental et du crédit d’impôt pour salariés a été accueillie avec satisfaction puisqu’il s’agit effectivement de transferts bénéficiant relativement davantage aux ménages à revenus modestes.

Bien que certaines mesures ne soient entrées en vigueur qu’en 2009, on aurait pu croire que l’introduction de ces crédits d’impôt devrait entraîner une réduction du taux de risque de pauvreté des ménages avec enfants.

Or, force est de constater que tel n’a pas été le cas. En 2010, le taux de risque de pauvreté d’une personne seule avec des enfants à charge a été, avec 46,4%, le plus élevé de l’Union européenne-15. L’OGBL et le LCGB demandent au Gouvernement de faire une analyse plus détaillée des raisons à l’origine de l’augmentation des taux de risque de pauvreté en dépit de mesures monétaires ciblées sur les ménages les plus frappés par la pauvreté. Une des raisons est sans doute le gel des prestations familiales en espèces par la loi du 27 juin 2006 adaptant certaines modalités d’application de l’échelle mobile des salaires et des traitements, qui a modifié les modalités de calcul du forfait d’éducation et des prestations familiales en inscrivant les montants des prestations dans la loi sans référence à l’indexation.

D’autre part, au vu du seuil de risque de pauvreté qui s’établit pour 2010 à 19.400 euros par an, soit 1.616,67 euros par mois, on peut également se poser la question si le revenu minimum garanti (RMG) est suffisant pour permettre aux bénéficiaires de sortir de la pauvreté, en particulier si le nombre d’enfants dans le ménage est élevé. En effet, en 2009, année pour laquelle les revenus sont pris en considération pour le calcul du seuil de pauvreté 2010, le RMG pour une personne s’élevait en moyenne à 1.193,80 euros.

En outre, en matière de RMG, un enfant compte pour moins d’un quart du premier adulte (allocations familiales comprises), alors que l’échelle OCDE à la base du calcul du revenu équivalent en matière de statistiques sur le taux de risque de pauvreté attribue un coefficient de 0,3 à un enfant. Ne faut-il pas viser une cohérence entre les deux instruments en matière de calcul de la pauvreté ?

En matière de pauvreté au travail, le Luxembourg réalise une performance très mauvaise. En comparaison européenne, on peut constater que le Luxembourg, avec 10,6% de travailleurs pauvres en 2010, figure parmi les pays ayant les taux de pauvreté en emploi les plus élevés de l’UE-15, tout comme pour les personnes au chômage.

Le Luxembourg est également un des pays où la distribution primaire des revenus du travail est la plus inégalitaire. Avant transferts sociaux, en 2010, 45% des personnes étaient exposées à un risque de pauvreté. Parmi les pays de l’UE-15, le Luxembourg n’était dépassé que par l’Irlande où le taux correspondant était de 50%. Donc, ce n’est que grâce aux transferts sociaux que le Luxembourg peut réduire son taux de risque de pauvreté à 14,5%.

4. Les chèques-services (chapitres III.3 et III.5 du RSN)

Le Gouvernement a mis en vigueur une politique par laquelle, plutôt que d’opter pour une augmentation des allocations familiales pour les enfants, il met l’accent sur le développement des structures d’accueil pour enfants et la création de chèques-services destinés aux familles avec enfants.

Le règlement grand-ducal du 13 février 2009 instituant le chèque-service accueil a mis en place un dispositif de gratuité partielle et de participation financière parentale réduite favorisant l’accès des bénéficiaires à des prestations éducatives professionnelles. Chaque enfant, quel que soit le revenu de ses parents, a droit à au moins trois heures gratuites par semaine dans une structure d’accueil. A ces trois heures gratuites, s’ajoutent des heures à tarif réduit. Les enfants dont les parents sont bénéficiaires du RMG ont droit à la gratuité de 25 heures par semaine et les enfants, identifiés par les communes ou le ministère de la Famille comme étant exposés au risque de pauvreté, bénéficient de 15 heures gratuites.

Si nous approuvons quant au principe cette initiative gouvernementale qui devrait faciliter l’accès généralisé aux structures de garde pour enfants, nous estimons néanmoins que les modalités concrètes de mise en œuvre sont insatisfaisantes.

En effet, l’on ne peut pas justifier la non-adaptation des allocations familiales par l’introduction des chèques-services, si ces derniers se limitent aux enfants de moins de 13 ans. Les parents d’enfants âgés de plus de 12 ans ne bénéficient donc pas de cette compensation pour la non adaptation des allocations familiales. Il faudrait dès lors au moins procéder à une augmentation de la majoration d’âge des allocations familiales pour les enfants de plus de 12 ans.

De plus, il est inadmissible que ces chèques-services soient limités aux enfants résidant au Luxembourg. Une telle application est discriminatoire par rapport aux travailleurs frontaliers qui contribuent d’ailleurs à financer la mesure en question par leurs impôts. En outre, une telle discrimination risque de créer un climat malsain à l’intérieur des entreprises.

D’autre part, tous les enfants de moins de 13 ans ne profitent pas nécessairement du chèque service accueil (CSA).

Il ressort en effet du rapport d’activité du ministère de la Famille et de l’Intégration pour l’année 2010 que, en date du 1er janvier 2011, 53.509 cartes d’adhésion ont été émises sous la responsabilité des administrations communales. Selon le STATEC, la population totale des enfants âgés de 0-12 ans résidant au Luxembourg est estimée à 77.239 enfants. 69,27 % des enfants de 0 à 12 ans vivant au Luxembourg ont donc adhéré au CSA.

Pour la période de facturation de décembre 2010, 44.741 enfants ont été inscrits dans le système informatique par des structures d’accueil socio-éducatif et par l’Agence « Dageselteren » pour le compte des assistants parentaux. Ceci constitue une progression de 22,45 % par rapport à la même période en 2009, pour laquelle 36.538 enfants avaient été inscrits.

L’inscription de l’enfant par un prestataire dans le système informatique ne renseigne pas forcément sur la présence réelle de l’enfant et donc sur le bénéfice effectif du chèque-service accueil. Il y a donc lieu de se référer au nombre de décomptes: un décompte par enfant étant envoyé aux parents à la fin de chaque période de facturation renseignant sur toutes les prestations facturées par des prestataires du CSA.

29.583 décomptes ont été générés pour la période de facturation de décembre 2010. Il s’agit d’une progression de 12,6 % par rapport à la même période en 2009, pour lesquels 26.274 décomptes avaient été générés.

Par rapport à la population totale, 38,3 % des enfants ont été accueillis pendant la période de facturation de décembre 2010 dans une structure d’accueil socio-éducatif ou par une assistante parentale. Pour décembre 2009, ce taux se chiffrait à 34,27 %.

En y ajoutant le nombre d’enfants bénéficiant du CSA dans le cadre de l’enseignement musical et du mouvement sportif, on peut estimer qu’environ 35.100 enfants bénéficient effectivement du CSA. 65,54 % des enfants détenteurs d’une carte CSA utilisent réellement le dispositif. Par comparaison à la population totale éligible, ce taux se chiffre à 45,4 %.

L’OGBL et le LCGB notent donc que moins de la moitié de la population éligible utilise le chèque service. Parmi les détenteurs d’une carte CSA, ce sont à peine deux tiers des enfants qui y ont un accès effectif. Au vu des places effectivement disponibles, il existe une liste d’attente, ce qui fait que le droit au chèque service est un droit en partie théorique. En effet, au 31 décembre 2010, dans tout le pays, 32.342 places d’accueil pour enfants de 0 à 12 ans étaient disponibles dans les maisons relais, les garderies, foyers de jour et crèches (conventionnés et non-conventionnés) ainsi qu’auprès des assistants parentaux.

Ces chiffres soulignent la nécessité de la continuation, voire du développement des mesures en matière de mise à disposition de structures de garde pour enfants.

5. Le logement (chapitre III.6 du RSN)

Les préoccupations de nos organisations syndicales concernent d’un côté l’accès à un logement abordable et d’un autre côté les aides à la rénovation énergétique des logements.

5.1. L’accès au logement

S’il est vrai que les effets potentiels de la loi sur le pacte logement ne pourront se faire jour qu’après quelques années, il faut toutefois constater que notre pays est, de longue date, un de ceux qui traitent le logement social particulièrement en parent pauvre.

En effet, on peut estimer le taux du logement social locatif dans notre pays à 3,6%, ce qui est non seulement extrêmement peu dans l’absolu, mais surtout eu égard au taux de pauvreté en augmentation constante ces dernières années et qui stagne actuellement à quelque 14,5%.

En matière de logement locatif, nous rappelons que les locataires au Luxembourg sont proportionnellement nettement plus exposés au risque de pauvreté que les propriétaires, puisque, en 2010, seuls trois pays de l’Union européenne des 15 ont des taux de risque de pauvreté des locataires supérieurs à celui du Luxembourg. Alors que, parmi les propriétaires, 8,5% sont exposés à un risque de pauvreté, ce sont 28,3% des locataires qui sont exposés au risque de pauvreté. Les pourcentages respectifs en moyenne européenne (UE15) sont 12,2% et 26,1%.

Eu égard à ce très faible taux de logements sociaux locatifs, nous renouvelons notre revendication de prévoir un certain quota de logements sociaux locatifs répartis uniformément sur toutes les communes du pays. En fixant à 14,5% le taux de logements locatifs sociaux rapportés au nombre total de résidences principales, on atteindrait la même proportion de la population que celle qui est exposée à un taux de risque de pauvreté.

Au demeurant, et afin de venir en aide aux plus nécessiteux, nos organisations demandent d’introduire rapidement une allocation de loyer généralisée, dont devraient bénéficier les ménages exposés au risque de pauvreté, afin de rendre plus supportable la charge du loyer qui leur est demandé sur le marché libre dans l’attente de se voir attribuer un logement social locatif.

L’OGBL et le LCGB rappellent aussi que le projet de loi et de règlement grand-ducal visant à introduire une allocation de logement et une allocation de loyer est toujours bloqué. Si, en temps de crise, de telles mesures sont particulièrement importantes, elles ne rendent toutefois pas superflues une politique plus générale en faveur des locataires (et propriétaires) pauvres.

Il est particulièrement choquant de devoir constater que même cette mesure ponctuelle destinée à venir en aide aux locataires en situation de détresse tarde à trouver son application au Luxembourg.

À terme toutefois, chaque personne exposée au risque de pauvreté devrait pouvoir avoir un droit opposable à un logement social et, par défaut, un droit à une allocation de logement de rechange lui permettant de se loger correctement sur le marché libre.

Mais, au-delà du logement social, le secteur du logement locatif doit gagner en importance afin d’améliorer sensiblement l’offre de logements accessibles aux ménages à revenus faibles ou moyens. Car ce sont surtout les ménages des classes moyennes inférieures, qui dépassent les plafonds de revenus donnant droit aux aides sociales et qui n’ont pas droit à un logement social, qui ont des difficultés à trouver un logement sur le marché libre. C’est pour cette raison que des mesures supplémentaires sont à prendre afin d’élargir à court terme l’offre de logements disponibles et de libérer les ménages à faible revenu des charges élevées liées au logement.

5.2. Les mesures énergétiques en matière de logement

5.2.1. Les projets en instance pénaliseront surtout les ménages modestes

Le crédit d’impôt énergétique (réforme du « Bëllëgen Akt ») prévu par le Gouvernement établit des critères plus sévères de performance énergétique par rapport à la législation actuellement applicable. Ces dispositions, liées à la probabilité d’une insuffisance de l’offre de logements correspondants aux critères exigeants et partant d’une augmentation des prix de ceux-ci, feront que le recours au crédit d’impôt énergétique n’aura pas la même envergure que le recours actuel au crédit d’impôt pour droits d’enregistrement.

En effet, du fait de leur budget et de leurs possibilités d’accès au crédit restreints, les ménages plus modestes n’ont ni la possibilité d’acheter un logement répondant aux conditions de performance énergétique élevée ni les moyens de procéder à des rénovations importantes consécutivement à l’acquisition. De ce fait, ils n’auraient pas le droit de recourir au crédit d’impôt énergétique.

D’autre part, il ne faut pas oublier que le propriétaire d’un appartement faisant partie d’une copropriété n’a qu’un pouvoir d’influence partiel en ce qui concerne les décisions relatives à des travaux d’assainissement énergétique, le certificat de performance énergétique étant établi pour un bâtiment d’habitation entier.

Nos organisations syndicales sont persuadées que l’objectif initial du « Bëllëgen Akt », à savoir la prise en charge par l’Etat des droits d’enregistrement liés à l’acquisition d’un logement convenable, ne sera plus atteint en raison de la hausse des prix immobiliers pendant les dernières années et des conditions sévères ouvrant droit au bénéfice de la tranche du crédit d’impôt énergétique. Afin que ce but soit respecté à nouveau, il conviendrait plutôt de maintenir le crédit d’impôt traditionnel à son niveau actuel et d’y ajouter une tranche de crédit d’impôt énergétique.

Le projet de loi prévoit également qu’en vue de l’encouragement des propriétaires de logements anciens à assainir énergétiquement un immeuble ancien affecté au logement locatif, le coût résultant de cet assainissement pourra être amorti de manière accélérée dans le chef des propriétaires.

En principe, des investissements destinés à améliorer la performance énergétique des logements devraient avoir pour conséquence une réduction des frais énergétiques des locataires.

Toutefois, l’investissement supplémentaire du propriétaire autorise celui-ci à augmenter le loyer, et en présence de dépenses d’investissement considérables, il est peu probable que la réduction des dépenses énergétiques permettra de compenser cette augmentation de loyer.

Afin de garantir cependant la neutralité des loyers, charges comprises (Warmmietenneutralität) pour les locataires de logements énergétiquement rénovés par le propriétaire, l’OGBL et le LCGB demandent l’introduction d’une « allocation loyer énergie » (Klimawohngeld) en faveur des locataires devant supporter des augmentations de loyer suite à des assainissements énergétiques.

5.2.2. La libération des ménages à faibles revenus des augmentations du coût du logement et de l’énergie

Pour permettre également aux ménages à revenus modestes de réaliser les investissements nécessaires pour réduire leurs frais d’énergie, nous plaidons en faveur des mesures supplémentaires suivantes :

  • sensibilisation et conseils aux ménages à faible revenu en faveur d’une utilisation économique et efficiente de l’énergie, grâce à des offres de consultations gratuites sur la consommation d’énergie dans le ménage (utilisation de l’électricité et du chauffage) ;
  • remise gratuite d’aides aux économies d’énergie n’impliquant qu’un faible investissement ;
  • contrats de financement communaux : des mesures d’investissement, p.ex. pour l’isolation thermique du bâtiment, sont préfinancées par la commune et refinancées par des subventions pour constructions à haute efficacité énergétique ainsi que par des subventions étatiques et communales (allocation de vie chère).

L’OGBL et le LCGB saluent à ce sujet l’introduction projetée par le Gouvernement de l’éco-prêt à taux zéro pour le financement d’un assainissement énergétique pour les « ménages à très faible revenu », annoncée dans le chapitre relatif au paquet logement du rapport gouvernemental.

6. Les soins de santé (chapitre IV du RSN)

Le RSN fait référence à la loi du 17 décembre 2010 portant réforme du système de soins de santé, dont il cite quelques éléments importants, tels le médecin référent, le médecin-coordinateur et l’enveloppe budgétaire globale des hôpitaux.

Toutefois, contrairement aux annonces ambitieuses du programme gouvernemental de 2009 en matière de santé, l’objectif principal de la loi est non pas de mettre la santé de l’individu au premier plan, mais la limitation de la progression des coûts en matière de santé. Loin d’associer tous les acteurs à une démarche holistique en matière de santé, qui accorderait notamment une importance accrue à la prévention et à la détection précoce des maladies, la loi cimente le pouvoir discrétionnaire du Gouvernement, qui pourra décider unilatéralement de la politique à mener en matière de santé tout en imputant les coûts y relatifs aux partenaires sociaux.

6.1. Les droits des patients

L’OGBL et le LCGB sont en faveur d’une loi en matière de droits des patients ayant également pour but l’élaboration d’une véritable charte des droits des patients.

Pour ce qui est de l’introduction du médecin référent, nous sommes d’avis que les dispositions afférentes induisent en erreur dans la mesure où les patients, dans leur majorité, ont déjà disposé d’un tel médecin qui, en règle générale, est leur médecin traitant.

Le recours à un médecin référent ou le refus d’y recourir par le patient ne doit pas avoir des conséquences désavantageuses pour ce dernier au niveau de la prise en charge des actes médicaux et, ergo, du libre choix du médecin.

Or, d’après le règlement grand-ducal d’exécution, le patient ne peut se délier du contrat avec son médecin référent pendant la première année sauf accord commun, s’il n’est par exemple pas satisfait du service que celui-ci lui a rendu. Il devra attendre le début de la deuxième année pour pouvoir le résilier de façon unilatérale.

A l’inverse, le médecin référent ne peut pas non plus résilier le contrat avec le patient pendant la première année s’il a des raisons légitimes pour lui refuser la prestation de services.

Il s’agit ici d’une violation flagrante du principe du libre choix du médecin par le patient et concomitamment une violation du principe du libre exercice de la profession médicale.

Si l’idée de regrouper toutes les données médicales et autres informations concernant le patient dans un dossier de soins partagé (DSP) est tout à fait louable, le texte de loi manque de précision en ce qui concerne la création, la gestion, la sécurité et la suppression d’un tel dossier, les conditions d’accès à ce dossier ainsi que les personnes y ayant accès.

En ce qui concerne la demande éventuelle d’un employeur, nous nous rallions à la proposition de la Chambre des salariés qui exige d’introduire dans le code du travail une disposition interdisant à tout employeur de demander des renseignements sur le DSP du salarié ou même du candidat à un poste, sous peine de sanctions pénales.

6.2. La prise en charge des frais de santé

Pour ce qui est de la prise en charge des frais de santé, nous demandons une application généralisée du tiers payant, étant donné qu’une telle mesure sera plus simple et qu’un certain nombre de prestations sont déjà, à l’heure actuelle, prises en charge directement. A titre subsidiaire, le tiers payant devrait être appliqué à 100% pour tout bénéficiaire du revenu minimum garanti et du revenu pour personnes gravement handicapées, ce qui aurait l’avantage de préserver l’anonymat du patient, qui n’aurait pas à faire une démarche auprès de l’office social. En outre, pour les médicaments remboursables à moins de 100%, nous proposons l’introduction d’une disposition prévoyant que la CNS rembourse la participation financière aux bénéficiaires du revenu minimum garanti et du revenu pour personnes gravement handicapées sur base de la facture envoyée par le pharmacien.

Nos organisations syndicales ne peuvent pas accepter les projets du Gouvernement en matière de remboursement des médicaments substituables (génériques).

En effet, le projet de règlement grand-ducal en la matière n’oblige pas les médecins à prescrire des médicaments génériques, c’est-à-dire des médicaments dont le brevet a expiré, mais impose aux pharmaciens de proposer au patient la substitution d’un médicament « cher » par le médicament le plus économique disponible sur le marché appartenant au même groupe. Or, l’obligation de prescrire des médicaments génériques doit résider clairement auprès des médecins qui ont les meilleures connaissances du médicament et de ses effets sur l’état de santé de leurs patients.

Nous demandons de garantir que le patient ne subit pas une augmentation de sa participation lorsque le médecin prescrit un médicament original alors qu’il existe un médicament plus économique du même groupe.

Or, ce risque semble bel et bien devenir réalité si l’on analyse le projet de règlement sur la base de remboursement des médicaments substituables. Si le médicament le plus économique n’est pas disponible et si le patient achète un générique plus cher, voire l’original (médicament princeps) prescrit par le médecin, la prise en charge par l’assurance maladie n’est pas calculée sur le prix du médicament effectivement acheté par le patient, mais sur une base de remboursement plus faible.

Les différences de remboursement par la CNS peuvent devenir énormes, notamment en cas de maladie chronique qui nécessite un traitement continu.

Une telle pratique de remboursement tend à augmenter le risque d’une médecine à deux vitesses. Si les patients qui disposent de revenus élevés peuvent se permettre de rester avec le médicament prescrit par le médecin ou le médicament qu’ils utilisent depuis des années, les patients à faible revenu, par contre, doivent le cas échéant faire l’arbitrage: est-ce que pour des raisons budgétaires ils renoncent au médicament prescrit par le médecin ou non ?

En outre, en matière de financement de l’assurance maladie, nous rappelons que, en date du 10 novembre 2010, le comité directeur de la Caisse nationale de santé (CNS), a décidé, contre les voix des représentants des assurés, des mesures d’économies statutaires à hauteur de 20 millions d’euros, tout en précisant que cette décision était liée au maintien dans le projet de loi d’une économie correspondante à réaliser à charge des prestataires de soins.

La CNS a en outre arrêté un relèvement du taux de cotisation de 0,2% à charge partagée entre les assurés, les employeurs et l’État.

A l’augmentation du taux de cotisation et au relèvement des participations statutaires des assurés, nous préférons une suppression du plafond cotisable, mesure qui correspondrait mieux à un esprit de solidarité devant prévaloir dans le financement de la Sécurité sociale.

6.3. Le secteur hospitalier

Pour ce qui est du secteur hospitalier, on peut partager les préoccupations du Gouvernement quand il veut introduire une meilleure pilotabilité dans le système. En effet, actuellement, dans un esprit de concurrence, les hôpitaux acceptent en permanence une surcharge de travail, reléguant au second plan le programme réglementé des activités, en dépit de tous les risques que cela implique pour les patients et le personnel. Le développement des médecins salariés permettrait une meilleure coordination entre activités régulières et médecine d’urgence, une planification raisonnée des capacités en lits, l’observation des règles élémentaires de fonctionnement et des formes d’organisation temporaires.

Toutefois, nos organisations regrettent que, une fois de plus, la maîtrise des coûts soit au centre des préoccupations. Ainsi, l’enveloppe budgétaire globale initiale, qui devrait réduire la progression des coûts à 3%, sera dans tous les cas insuffisante.

Ce mode de financement risque en outre d’aboutir à une médecine à deux vitesses. En effet, les hôpitaux pourraient essayer d’augmenter leurs recettes en se concentrant sur les prestations non opposables à la CNS, à savoir les prestations rendues à des personnes protégées à titre de convenance personnelle ou l’hospitalisation 1ère classe au détriment des prestations opposables.

Par ailleurs, le règlement grand-ducal prévoit le financement par forfaits pour les frais autres que les frais de personnel de soins et les frais de consommation tout en restant imprécis au sujet de la définition et du calcul de ces forfaits en question.

La question se pose si le financement forfaitaire permettra le maintien et la garantie des conditions de travail et de salaire telles qu’elles sont définies dans la convention collective de travail des salariés occupés dans les établissements hospitaliers luxembourgeois. Qui plus est, un financement forfaitaire ne tient pas compte de la disparité entre les services, voire entre les différents hôpitaux en matière de politique du personnel. L’engagement de personnel qualifié et/ou ayant une ancienneté de service élevée serait rendu difficile à l’avenir.

En ce qui concerne le médecin-coordinateur, nous demandons que celui-ci soit dans tous les cas un médecin salarié de l’hôpital faisant partie du personnel de l’hôpital, puisque le coordinateur doit être une personne impliquée totalement à l’activité de l’hôpital. Le médecin-coordinateur doit faire partie de la direction médicale de l’hôpital et avoir un pouvoir d’organisation effectif, sinon cette fonction n’a pas de raison d’être et génère uniquement des charges financières et administratives considérables.

Nous déplorons que le concept de filière de soins intégrée prévu par le projet de loi soit totalement flou et que des dispositions claires et précises relatives à l’organisation des filières et des centres de compétences fassent défaut. Rien n’empêche les établissements hospitaliers de collaborer sous l’égide de la législation actuelle.

Finalement, la qualité élevée est un principe fondamental d’un système de soins, qui demande un véritable contrôle de qualité automatique et permanent, qui serait basé sur des standards internationaux comparables.

7. Les soins de longue durée (chapitre V du RSN)

L’OGBL et le LCGB notent que le Gouvernement a décidé de faire un bilan de l’assurance dépendance introduite en 1999, bilan qui évaluera la qualité des prestations fournies et qui examinera la viabilité à long terme de l’assurance dépendance.

Nous avons à maintes reprises protesté contre le gel de la contribution de l’État à l’assurance dépendance, qui avant 2006, était fixée à 45% des dépenses, à 140 millions pour les années 2007 à 2011.

Nous accueillons favorablement la décision du Gouvernement de fixer la contribution à charge de l’État pour l’exercice 2012 à 35% des dépenses totales de l’assurance dépendance et pour l’exercice 2013 à 40% afin de tenir compte des contraintes financières à laquelle l’assurance dépendance devra faire face à moyen et à long terme en raison de l’évolution démographique.

Nous nous prononçons pour l’établissement et la perception de la contribution dépendance sur l’intégralité des revenus professionnels et des revenus de remplacement au seul bénéfice du Centre commun de la sécurité sociale afin que celui-ci soit en mesure de tenir immédiatement compte de l’ensemble des recettes provenant de la déclaration mensuelle intégrale de l’assiette cotisable par les employeurs en vue de l’établissement du budget de l’assurance dépendance pour l’année suivante.

Nous demandons en outre le prélèvement de la contribution en faveur de l’assurance dépendance également sur les revenus d’intérêts qui sont soumis à l’imposition forfaitaire de 10%, prélèvement qui n’a plus été fait depuis l’introduction de l’imposition à la source libératoire des revenus d’intérêts.

8. Assurer des pensions adéquates et viables (chapitre VI.1 du RSN)

Le projet de loi portant réforme de l’assurance pension présenté par le Gouvernement n’apparaît pas à la hauteur du défi et de l’importance que le Gouvernement a voulu accorder à la question de la réforme du régime général de pension au cours des dernières années. Avec quelques dégradations substantielles des prestations et l’hypothèse lointaine d’un recours à des recettes supplémentaires, ce projet n’offre d’ailleurs qu’une approche restreinte de la « problématique » du financement des pensions et ne formule aucune mesure précise favorisant une solution structurelle complète pour éliminer les points faibles détectés dans le système.

Derrière ce qui est présenté comme un « système de pension à la carte », se cache la principale réforme qui est la baisse des majorations proportionnelles, et donc une baisse du niveau des pensions, qui a pour conséquence la généralisation de l’allongement de la durée de la vie active. Le passage, à l’horizon 2052, du taux des majorations proportionnelles de 1,85% à 1,6%, ce qui représente une baisse de 13,5%, nous ramènera à une situation antérieure à la loi du 24 avril 1991 qui avait pour objet l’amélioration des pensions du régime contributif. Pour compenser cette baisse, le salarié devra donc retarder son départ à la retraite, et par conséquent allonger la durée de sa vie active.

Si l’espérance de vie augmente dans la même mesure que l’allongement de la durée d’activité, il n’y a qu’un décalage dans le temps de la durée de la jouissance de la pension avec augmentation de la durée d’activité, accompagnée éventuellement d’un risque croissant pour la santé. Si l’espérance de vie n’augmente pas, la reforme prévue équivaudra à une simple baisse des prestations. Or, les prévisions tablant sur une augmentation continue de l’espérance de vie ne sont pas sûres d’être confirmées par la réalité. Déjà, dans certains pays, mais aussi chez nous, il y a des indications relatives à une stagnation de l’espérance de vie. En outre, l’espérance de vie n’est pas la même pour toutes les catégories de travailleurs. C’est pourquoi l’OGBL et le LCGB demandent avec insistance l’établissement de tables de mortalité pour les différentes catégories socioprofessionnelles, à l’instar de ce qui est fait dans d’autres pays.

Les propositions gouvernementales, qui engendrent un certain nombre de dégradations concrètes au niveau des prestations, ne sont évidemment pas acceptables, alors qu’elles font l’impasse sur un « mix », sur un « dosage paramétrique » convenable et qu’elles ne considèrent aucunement la globalité des enjeux pour contrecarrer un éventuel problème de financement du système des retraites : aucune mesure de garantie d’embauche ou de maintien des salariés âgés dans l’emploi n’est prise, aucune amélioration n’est prévue en termes de conditions de travail des salariés âgés, aucune possibilité de réduction du temps de travail à l’approche de la fin de la vie active n’est suggérée, aucun volet consacré aux recettes supplémentaires n’est présent, si ce n’est une référence à une très hypothétique hausse du taux de cotisation non chiffrée, et aucune piste visant à explorer d’autres sources alternatives de financement n’a été envisagée.

Un enjeu primordial se cache derrière le refus d’accroître les recettes de l’assurance pension : l’arbitrage politique à effectuer entre financements public et privé de la protection sociale ! Celui-ci semble, en dehors de tout consensus, avoir déjà été réalisé. Les dépenses sociales sont par essence socialisées. Or, le présent projet, qui s’inscrit dans la ligne des réformes européennes, limite la part socialisée de ces dépenses au profit de dépenses privées individualisées. Cela n’est guère acceptable. Rendre les systèmes de pension adéquats et viables, c’est avant tout conforter et solidifier les régimes publics de retraite et non pas les déforcer en faveur des marchés financiers. La voie d’une augmentation immédiate et préférentiellement neutre des recettes, c’est-à-dire de préférence sans accroître les prestations futures par des droits supplémentaires, offre clairement une issue positive à la question de la viabilité du système de pension.

Cette approche, loin d’être « fausse », s’inscrirait dans une stratégie proactive et anticipatrice de renforcement du régime de pension à long terme ; elle permettrait en outre de temporiser, en réduisant et différant le problème de l’épuisement de la réserve de la CNAP (et de son potentiel déséquilibre financier) à 2060, voire à plus loin, moment où l’on s’approchera alors de la maturité démographique du régime de pension et d’un éventuel point d’équilibre.

Nous regrettons dans ce contexte que le projet de loi ne procède pas à une abolition du plafond cotisable en matière de pensions, disposition ayant pour corollaire que la pension maximum dans le régime général ne pourrait excéder la pension maximum possible dans la fonction publique et partant une harmonisation des prestations.

D’autre part, le projet de loi ne comporte aucune disposition visant l’introduction d’un régime complémentaire public, pourtant annoncée en 2011.

Par ailleurs, une réforme digne de ce nom ne doit pas se limiter à la seule composante financière du vieillissement, si importante qu’elle soit. Le projet de loi manque cruellement de dispositions visant une amélioration de la situation des salariés plus âgés dans leur environnement de travail, mais aussi en ce qui concerne leur équilibre travail-vie privée. Aucune mesure de retraite progressive ou de temps partiel n’est envisagée.

Pour des personnes ayant interrompu leurs carrières professionnelles pour des motifs de formation ou de vie familiale, le projet ne contient pas de dispositions non plus, si ce n’est une cotisation volontaire et facultative à minima.

Finalement, au lieu de contribuer à résoudre un prétendu conflit de générations, que nos organisations récusent avec vigueur, le projet de loi impose clairement aux générations actives futures la principale charge financière de la réforme. En effet, tandis que les travailleurs quittant la vie active dans les prochaines années verront leur prestation ne diminuer que faiblement, atténuation que nous saluons de manière subsidiaire, ceux qui s’apprêtent à commencer leur vie active maintenant subiront la pleine réduction de leur pension dans 40 années. A la question « qui payera les retraites à l’avenir ? », la réponse est évidemment « ceux qui travailleront demain », ce qui est normal dans un régime de répartition, mais il faut y ajouter que « les pensions à l’avenir seront bien inférieures à celles d’aujourd’hui ».

Une véritable réforme de l’assurance pension devrait être basée sur les éléments suivants :

  • le recours à des sources de financement qui ne seraient pas uniquement assises sur les salaires et une augmentation des recettes à la place d’une diminution des prestations;
  • l’introduction de la retraite progressive sous forme de pension partielle assortie du salaire résultant d’un travail à temps partiel ;
  • une meilleure protection des travailleurs âgés lors des licenciements économiques par l’introduction de critères sociaux (ancienneté, âge, charges familiales, état de santé) et l’augmentation des indemnités pour rupture de contrat ;
  • l’obligation faite aux entreprises de mettre en place des plans d’action senior permettant e.a. l’amélioration des conditions de travail et la prévention des situations de pénibilité ainsi que l’aménagement des fins de carrière et de la transition entre activité et retraite ;
  • des mesures en faveur des assurés ayant commencé plus tard ou ayant interrompu leur carrière (cotisations sur les bourses d’études, rachat pour périodes d’études ou de formation continue, augmentation des majorations forfaitaires pour les périodes de réduction d’activité, augmentation de l’assiette cotisable en matière d’assurance continuée et facultative) ;
  • transformation des indemnités d’attente en pensions d’invalidité (seulement 6% des reclassements externes retrouvent un emploi) et recours à l’impôt de solidarité pour financer les reclassements externes ;
  • maintien du taux des majorations proportionnelles et des majorations proportionnelles spéciales à 1,85% pour les pensions d’invalidité ;
  • abolition de la condition d’après laquelle la préretraite cesse de plein droit à partir du jour où le préretraité remplit les conditions de stage pour avoir droit à la pension de vieillesse anticipée à partir de l’âge de 60 ans (art. L.-585-6 Code du travail) ;
  • maintien du taux de majorations proportionnelles à 1,85% et maintien des dispositions relatives aux majorations échelonnées pour les assurés ayant bénéficié de la préretraite travail posté et travail de nuit ;
  • élargissement des conditions du droit d’ouverture à la préretraite travail posté et travail de nuit pour tenir compte de l’évolution du monde du travail.

9. Améliorer la situation des personnes concernées par l’incapacité de travail (chapitre VI.2 du RSN)

D’après le RSN, le projet de réforme actuellement en phase de finalisation prévoit un statut spécifique, qui garantit le maintien des droits liés à la décision de reclassement professionnel et enlève le risque lié actuellement à la perte du nouvel emploi accepté lors de la procédure de reclassement. En remplacement de l’ancienne indemnité d’attente, très proche d’une pension d’invalidité et qui a toujours posé problème, notamment sur le plan international, il est proposé de créer une indemnité professionnelle.

Nos organisations syndicales ont déjà proposé de transformer les indemnités d’attente en pensions d’invalidité (seulement 6% des reclassements externes retrouvent un emploi), justement en raison des difficultés que rencontrent les bénéficiaires au niveau national où l’indemnité d’attente n’est pas reconnue comme prestation de sécurité sociale.

L’OGBL et le LCGB ont en effet demandé à maintes reprises une réforme de la procédure de reclassement, tant interne qu’externe, pour la rendre plus performante en termes de réinsertion professionnelle des personnes concernées, ce qui permettrait par ailleurs d’en réduire les charges qui viennent grever les budgets de la Sécurité Sociale et du Fonds pour l’emploi.

La procédure de reclassement interne soulève en effet quelques interrogations qui restent sans réponse. Notamment, il serait intéressant de savoir combien de ces mesures internes sont couronnées de succès, tant pour l’employé que pour l’employeur, et s’il n’y a pas un abus de la part des employeurs qui ont de bonnes raisons de pousser leurs employés (surtout les plus âgés) à demander un reclassement interne.

Quant à la procédure de reclassement externe, si l’un des objectifs affichés de la mise en place de la procédure de reclassement des travailleurs était celui de réduire (partiellement) le nombre de bénéficiaires de pensions d’invalidité et de, par-là réduire les charges supportées par les caisses de pension, celui-ci n’a pas été atteint. En effet, si le nombre de bénéficiaires d’une pension d’invalidité a légèrement diminué depuis la fin des années 1990, force est de constater que le nombre de personnes percevant des indemnités d’attente fait au final remonter le nombre de personnes à charge des caisses de pension.

Luxembourg, le 30 avril 2012

Sous le signe de l’opposition et de l’engagement pour des réformes dans l’intérêt des salariés

Jean-Claude Reding, président de l’OGBL
Jean-Claude Reding, président de l’OGBL

La crise, déclenchée en 2008 par la course effrénée au profit du capital financier, a anéanti les progrès sociaux et économiques réalisés depuis 2000, au niveau mondial, dans la lutte contre la pauvreté, l’exploitation et le chômage. C’est ce que montrent les différents rapports de l’Organisation internationale du Travail à Genève. Le chômage a atteint un nouveau record mondial et dans la majorité des pays du monde, toujours plus de personnes ressentent une dégradation de leurs conditions de vie. D’un autre côté, la part des richesses nationales affectée aux profits a augmenté. Les investissements productifs stagnent. En revanche, les dividendes, investissements financiers et placements sont en hausse.

Opposons-nous à une politique d’austérité sur le dos du salariat!

Les causes de la crise du capitalisme mondial n’ont pas été éliminées. Au contraire, l’actuelle politique d’austérité européenne se fait aux dépens des salariés qui n’ont pas causé la crise.

Au lieu de créer des emplois, de mieux répartir le travail, on vise une augmentation du temps de travail. On fait juste l’opposé de ce qu’il faudrait faire.

Au lieu d’améliorer les revenus de la grande masse des citoyens et de stimuler ainsi l’activité économique, on mise sur une modération voire une diminution des salaires, on réduit les prestations sociales pour aboutir à un système de protection sociale minimaliste et on augmente la taxe sur la valeur ajoutée. Le taux d’impôt maximum reste pour ainsi dire inchangé, les revenus provenant de placements, les dividendes, bénéficient d’un régime de faveur du point de vue fiscal, l’impôt sur la fortune est aboli ou réduit à un taux minimum, pour les grandes entreprises maintes lacunes fiscales leur permettent de ne plus payer d’impôts. D’un autre côté, nombreux sont les pays ayant contracté des dettes afin d’assainir le secteur financier. De nombreuses banques frôlaient en fait la faillite suite aux fautes commises par leurs dirigeants. Dans très peu de cas les opérations de sauvetage étatiques ont conduit à des changements au niveau de l’actionnariat ou du management. Pas de sanctions infligées aux fautifs! Ce sont les salariés qui ont été punis par de réelles diminutions de salaire ou la destruction pure et simple de leurs emplois. Des dettes ont également été faites pour réaliser des travaux publics dans le but de soutenir l’économie. La crise de la dette est profondément liée à tous ces facteurs.

La politique d’austérité européenne actuelle ne résoudra pas la crise de la dette. Au contraire, elle risque de conduire à une récession économique. L’évolution de la politique européenne a été ces dernières années complétement déséquilibrée du point de vue social, elle favorise le démantèlement social et le chômage, elle privilégie une politique des revenus injuste.

Des réformes pour et non contre les intérêts des salariés sont nécessaires!

Cette politique a également des répercussions sur le Luxembourg. C’est au nom de la soi-disant «compétitivité» que depuis des années on revendique la modération salariale, qu’on attaque l’indexation des salaires et pensions.

C’est grâce à l’opposition syndicale que le forcing dans ce domaine n’a pas abouti. L’indexation des salaires et des pensions n’a pas pu être abolie et n’a pas été manipulée de manière structurelle. L’adaptation du salaire minimum et des pensions à l’évolution moyenne des salaires a été défendue avec succès. C’est la politique salariale syndicale qui est à la base de ces adaptations («ajustement»), une politique largement influencée par le premier syndicat luxembourgeois, l’OGBL. C’est aussi grâce à l’engagement de l’OGBL que la surprime payée par les ouvriers à l’assurance maladie a été réduite de moitié au 1er janvier 2012 et sera abolie avant terme l’année prochaine selon les affirmations faites par le ministre d’Etat.

C’est également grâce à la pression syndicale que l’impôt de crise superflu a été aboli.

La protection sociale en cas de chômage, maladie, dépendance, accident de travail et retraite a aussi pu être sauvegardée. Certaines améliorations comme dans le cas des indemnités chômage ont même pu être obtenues.

L’évolution dans le domaine de la politique familiale pose cependant problème plus particulièrement pour les familles avec des enfants âgés de plus de 12 ans.
Restent également à améliorer les prestations de la Caisse nationale de santé pour certains soins. Dans ce domaine, plusieurs promesses n’ont pas encore été tenues.

Compte tenu des propos tenus récemment par le ministre du Budget concernant des coupes dans les dépenses de l’Etat et compte tenu également des directives venant de Bruxelles, il faut rester très prudent et vigilant notamment en ce qui concerne la politique fiscale, la politique familiale et l’assurance pension.

L’OGBL n’est fondamentalement pas opposé à des augmentations d’impôts. Au contraire, pour le syndicat elles peuvent représenter une alternative nécessaire aux dégradations des prestations sociales, elles peuvent devenir incontournables pour sauvegarder de bons services sociaux et publics. La politique fiscale cependant doit être socialement juste.

Nous n’avons besoin d’aucune dégradation des pensions, ni de celles d’aujourd’hui, ni de celles de demain. Nous avons besoin d’une réforme qui apporte des améliorations (sources de financement supplémentaires afin de sauvegarder les prestations, possibilités de transition vers la retraite plus flexibles – combinaison de travail partiel avec pension partielle –, mesures en faveur des jeunes afin de leur permettre d’acquérir des droits convenables à la pension, améliorations dans le domaine de l’invalidité, possibilité de contracter une assurance complémentaire au sein de l’assurance-pension publique, …). Le projet de réforme actuel doit être modifié dans ce sens.

Dans le domaine du droit du travail il importe aussi de faire des réformes progressistes dans l’intérêt des salariés, dans l’intérêt du dialogue social tant vanté par tous. Il y va notamment des points suivants:

  • protection en cas de licenciement pour raisons économiques;
  • meilleure protection en cas de faillite;
  • droit à l’accès à l’emploi pour les jeunes à la recherche d’un travail;
  • protection de l’emploi pour les salariés âgés;
  • meilleur appui pour les demandeurs d’emploi et renforcement de leurs droits.

Une réforme essentielle dans ce domaine est la réforme des droits de cogestion des salariés et des droits des délégués du personnel élus et de leurs syndicats.

Nous attendons des courants sociaux au sein du gouvernement et au Parlement qu’ils s’engagent activement pour la réalisation de ces objectifs.

Nous demandons aux organisations patronales et à leurs dirigeants d’abandonner leur attitude de blocage et de réinstaurer un véritable dialogue social qui implique qu’on ne peut pas seulement recevoir, mais qu’il faut aussi savoir donner.

Sinon la confrontation se poursuivra.

2013 sera une année décisive pour le secteur de la logistique

Une délégation de l’OGBL composée de représentants des syndicats professionnels Transports-ACAL et Aviation civile fut reçue le 11 avril 2012 par le ministre de l’Economie Etienne Schneider pour discuter sur le secteur de la logistique et le développement du centre logistique de Bettembourg-Dudelange sur le site de l’ancien camp militaire WSA.

Concurrence dans la Grande-Région

Pour l’OGBL, le retard énorme dans la réalisation du centre logistique de Bettembourg constitue un sérieux problème.  S’y ajoute la législation européenne actuelle qui invite les entreprises de transport carrément à déclarer leur personnel à l’étranger ou à se délocaliser dans un des pays voisins. L’OGBL s’inquiète en ce qui concerne les développements dans la Grande-Région, notamment en ce qui concerne l’éventuel modernisation de l’aéroport de Bitbourg ou la réalisation de l’immense centre logistique près de Thionville qui accueillera jusqu’à 2 000 entreprises chinoises et qui créera jusqu’à 30 000 emplois. Ce centre pourrait signifier la fin du secteur logistique au Luxembourg. L’OGBL s’est prononcé en faveur d’une stratégie cohérente des différents acteurs du secteur sur les sites du Findel, de Bettembourg et de Contern.

Construction du premier hall en 2013

Le ministre a assuré l’OGBL de toute sa compréhension et a confirmé que suite à des problèmes d’ordre procédural la réalisation du centre logistique de Bettembourg a effectivement pris un retard de plusieurs années. Il s’est montré confiant que la procédure commodo-incommodo pourra être clôturée avant la fin de cette année et que le premier hall de stockage pourra être construit début 2013. Selon Etienne Schneider, 2013 sera une année décisive pour le secteur de la logistique. Au cas où le Luxembourg n’aurait toujours pas commencé la réalisation de ses plans d‘ici là, il risque d’être dépassé par ses concurrents des pays voisins. Schneider a plaidé en faveur d’un concept global pour le secteur de la logistique qui tiendra compte de la future stratégie de Cargolux et de Luxair-Cargo, ainsi que du développement des sites logistiques de Contern et de Bettembourg de même que des activités du port de Mertert.

Jusqu’à 5 000 nouveaux emplois

Selon Etienne Schneider, il est primordial de mettre à disposition l’infrastructure nécessaire. Le ministre souligna qu’il y a moyen de créer jusqu’à 5 000 nouveaux emplois dans le secteur de la logistique, dont un nombre important d’emplois non-qualifiés, ce qui est important pour le marché de l’emploi.

Schneider proposa à l‘OGBL de se voir régulièrement pour faire le point. Une prochaine réunion aura lieu immédiatement après les vacances d’été.

Le ministre avisa favorablement la demande de l’OGBL de mettre en place une tripartite logistique.

Communiqué par les syndicats Transports-ACAL et Aviation Civile de l’OGBL
Le 12 avril 2012

 

 

La délégation de l’OGBL: Annette Schuler (Présidente du syndicat Aviation civile de l’OGBL, présidente de la délégation du personnel Luxair), Helder Borges (Vice-président du syndicat Aviation civile de l’OGBL, Luxair), David Massaro (président de la délégation du personnel Cargolux), Marcel Breuskin (Président syndicat Transport-ACAL de l’OGBL), Romain Daubenfeld (Secrétaire central du syndicat Transport-ACAL de l’OGBL), Hubert Hollerich (Secrétaire central du syndicat Aviation civile de l’OGBL).

Der Finanzminister macht Angst mit Katastrophenszenario

Wie man es mittlerweile von ihm gewohnt ist, macht Finanzminister Luc Frieden im Vorfeld der Rede zur Lage der Nation, die Staatsminister Juncker am 8. Mai halten wird, Stimmung mit negativem Zahlenmaterial. Dem OGBL sind seit 2006 keine Prognosen über die Entwicklung der Staatsfinanzen bekannt, die sich nicht schon nach kurzer Zeit als falsch erwiesen hätten. Der Ausgangspunkt für die negativen Vorhersagen ist systematisch eine vorübergehend schlechte wirtschaftliche Lage. Es werden also zunächst konjunkturelle Gründe für die Verschlechterung ins Feld geführt, um dann zu schlussfolgern, Luxemburg habe ein strukturelles Problem auf der Ausgabenseite, insbesondere beim Sozialstaat. Obwohl in den derzeitigen Prognosen für 2013, 2014 und 2015 schon wieder ein kräftiges Anziehen der Wirtschaft vorhergesagt wird, nimmt Minister Frieden ausschließlich die negativen Vorhersagen für 2012 zum Anlass, um strukturelle, d.h. dauerhafte Verschlechterungen im Bereich der Sozialleistungen vorzuschlagen.

Die „Lösungsansätze“ über die Minister Frieden heute nachdenkt würden wieder einmal zu 90% die Lohnabhängigen und Pensionierten treffen, insbesondere die kleinen und mittleren Einkommenskategorien. Nachdem die Regierung der schaffenden und pensionierten Bevölkerung durch die Indexmanipulation 2012-2014 bereits mehr als 500 Millionen Euro an Kaufkraft weggenommen hat, und weitere 350 Millionen dazukommen, weil sie sich weigert, die gesetzlich vorgesehene Anpassung der Einkommenssteuertabelle an die Inflation zum 1. Januar 2012 vorzunehmen, soll nun die Erosion der Kaufkraft weitergehen. Dem Finanzminister schwebt u.a. vor, das „Rentenajustement“ abzuschaffen sowie ebenfalls die Jahresendprämie der Pensionierten, die er fälschlicherweise „13. Monat“ nennt (sie kann maximal 692 Euro brutto ausmachen), die Familienzulagen zu kürzen und die Einkommenssteuer für Privatpersonen um einen Prozentpunkt auf allen Tranchen anzuheben. Darüber hinaus denkt er auch über ein Anheben des Mehrwertsteuersatzes von 15% nach. Für den OGBL wären diese Maßnahmen inakzeptabel, da sozial und wirtschaftlich kontraproduktiv.

Nichts vorgesehen für die „breiten Schultern“

Der OGBL stellt fest, dass in der Liste des Finanzministers nichts vorgesehen ist, um die höheren Einkommenskategorien höher zu belasten, d.h. um die „breiten Schultern“ mehr tragen zu lassen. Im Jahre 2010 hatte die Regierung ins Auge gefasst, einen Spitzensteuersatz von 42% für Einkommen über 250.000 Euro pro Jahr einzuführen. Dazu kam es nicht und wird es wohl auch nicht kommen. Immer wieder geht die Rede davon, dass 80% der luxemburgischen Unternehmen keine Steuern zahlen. Warum nicht auch hier den Hebel ansetzen, um eine größere Steuergerechtigkeit herbeizuführen?

Der OGBL ist einer sozial gerechten Steuerreform nicht abgeneigt, im Gegenteil. Was Minister Frieden aber jetzt vorhat würde die Kaufkraft der kleinen und mittleren Verdiener noch stärker beschneiden. Er setzt voll auf die von Brüssel vorgegebene Austeritätspolitik ohne Rücksicht auf deren negativen Auswirkungen auf das Wirtschaftswachstum. Und obwohl diese Politik in immer mehr europäischen Ländern auf starken Widerstand stößt, auch bei den Regierungen. Der OGBL erwartet, dass die Regierung sich nicht auf die Vorschläge Luc Friedens einlässt.

Mitgeteilt vom OGBL
am 28. März 2012

«Oui au pouvoir de dire Non»

André Roeltgen, secrétaire général de l’OGBL
André Roeltgen, secrétaire général de l’OGBL

«Oui au pouvoir de dire Non» tel est le slogan du spot publicitaire de l’OGBL projeté actuellement dans les salles de cinéma.  N’est-ce qu’un simple spot publicitaire? Aucunement. Il est du devoir légitime de l’OGBL de s’opposer aux réformes entraînant la régression sociale pour ses 65 000 membres.  Et il est du devoir du syndicat de combattre  avec fermeté la voie agressive que le patronat emprunte actuellement contre les salaires, les conditions de travail et la sécurité sociale des salariés.

L’OGBL a toujours donné priorité au dialogue social. Mais afin que le dialogue social fonctionne, une condition essentielle doit être remplie: il doit y avoir une base de discussion commune pour les parties négociantes!

Le Premier ministre fait fausse route s’il pense que c’est à l’OGBL de reconsidérer sa «façon de voir le dialogue social». Il se trompe d’adresse. Et pour de bon. E.W. Contzen, président de l’Association luxembourgeoise des banques et banquiers, veut liquider l’index, réduire les salaires et augmenter le temps de travail. C. Thelen, porte-parole économique de la Chambre de commerce, trouve, ou invente plutôt, une lacune de productivité de 35% en ce qui concerne le salaire minimum. A quoi un dialogue social digne de ce nom ressemblerait-il avec ces Messieurs? L’extrémisme dont font preuve ces personnes dans leurs revendications corrompt depuis un certain temps déjà le dialogue social au Luxembourg.  Cet extrémisme est du poison pour la paix sociale.

Le Premier ministre prétend être «toujours un partisan de la tripartite». S’il en est ainsi, il incombe au gouvernement de ranimer le dialogue social au Luxembourg. Ce qui restera pourtant un espoir vain aussi longtemps que M. J.-C. Juncker et son gouvernement ne se montreront pas plus critiques envers les thèses patronales. La manipulation de l’index n’est pas nécessaire, elle est fausse et baisse à partir du mois de mars le pouvoir d’achat de la population de millions d’euros. Cette loi doit être révisée! La discussion sur le subventionnement du salaire minimum est tout aussi superflue que fausse et est en plus offensante et dévalorisante pour quelque 50 000 salariés touchant le salaire minimum dont le travail journalier ne laisse absolument rien à désirer.

Qu’en est-il de l’interprétation pratique du dialogue social  de la part du gouvernement? En décembre, sa tentative d’entrainer l’OGBL dans sa politique de régression a échoué du fait que l’OGBL a refusé catégoriquement le «consensus national» en faveur d’une manipulation du système de l’indexation visée par le gouvernement. Dieu sait pourquoi cette décision tout à fait logique de notre syndicat a été interprétée comme un acte de «politique de la chaise vide»!

La crise de légitimation qui avait été prédite à l’OGBL par certains politiques et journalistes ne s’est pas produite. La vague de sorties annoncée n’a pas eu lieu, bien au contraire, le nombre de membres est en progression. Et l’opposition syndicale active s’accroît. Les protestations contre la dégradation des pensions et contre la réforme scolaire en sont des exemples frappants et découlent par ailleurs du manque de volonté du gouvernement de dialoguer. L’approche du gouvernement dans ce domaine est vite résumée: on respecte la forme du dialogue, des consultations et des entretiens ont lieu. Mais en ce qui concerne le fond, les contenus, rien ne bouge!

Et ce bien que le côté syndical présente en plus d’analyses critiques des solutions alternatives en abondance. Sur la question des pensions, des alternatives ont été mises sur la table qui rendent absolument superflues les initiatives du gouvernement axées unilatéralement sur une dégradation des prestations et frappant durement la jeunesse. Le gouvernement doit prendre en compte ces propositions alternatives et mettre dos au mur les provocateurs politiques de la droite conservatrice et des verts qui agissent pour une défiscalisation des pensions et une baisse du plafond cotisable.

Le gouvernement doit aussi mettre un nouvel accent en matière de lutte pour le maintien des emplois et des activités économiques au Luxembourg.

En ce qui concerne la société de fret aérien Cargolux, le gouvernement devrait être tenu à éviter une reprise ainsi qu’une nationalisation par l’Etat du Qatar. Si une augmentation du capital s’imposait, il conviendrait de préférer une participation étatique luxembourgeoise à une augmentation des parts qatariennes. Ou bien voulons-nous mettre en marche une évolution pour Cargolux, Luxair et les activités aéroportuaires similaire à celle que nous connaissons actuellement dans la sidérurgie?

La fermeture des sites sidérurgiques de Schifflange et de Rodange doit être évitée. 600 emplois industriels sont en jeu. ArcelorMittal doit soumettre immédiatement des plans contraignants d’investissement et des garanties financières pour le maintien et la modernisation de tous les sites sidérurgiques luxembourgeois. Car ce n’est pas l’argent qui semble manquer à ArcelorMittal. Non seulement des dividendes salés ont été distribués mais aussi une augmentation des bonis des dirigeants du groupe a été décidée en 2011. Une augmentation de 138%! Un scandale! Pour Lakshmi Mittal il s’agit de 199% d’augmentation! Parmi les bénéficiaires des généreux bonis,  il y a aussi Michel Würth qui en tant que président de la fédération patronale luxembourgeoise UEL et de la Chambre de commerce revendique la suppression de l’index et une baisse substantielle de nos salaires.

L‘OGBL demande au gouvernement d’adapter le barème de l’impôt sur le revenu

Dans une lettre adressée le 13 mars 2012 au ministre des Finances Luc Frieden, l’OGBL demande au ministre de préparer d’urgence un projet de loi ayant pour objet l’adaptation du barème de l’impôt sur le revenu des personnes physiques conformément à la législation en vigueur.

En effet, l’article 125 de la Loi modifiée du 4 décembre 1967 concernant l’impôt sur le revenu stipule que « Lorsque la moyenne de l’indice des prix à la consommation des six premiers mois d’une année accuse par rapport à la moyenne de l’indice des prix des six premiers mois de l’année précédente une variation de 3,5 pour cent au moins, le tarif de l’impôt sur le revenu des personnes physiques applicable à compter de l’année d’imposition suivante est à réviser en raison de la variation de l’indice des prix constatée. A cette fin le Gouvernement soumettra à la Chambre des Députés le projet de tarif de l’impôt dûment adapté. »

Il se trouve que la moyenne de l’indice des prix à la consommation des six premiers mois de l’année 2011 a augmenté de plus de 3,5% par rapport à la moyenne de l’indice des prix des six premiers mois de l’année 2010.

L‘OGBL estime donc que le gouvernement aurait dû soumettre à la Chambre des députés un projet de loi adaptant le tarif de l’impôt en conséquence à partir de l’année 2012.

Comme tel n’a pas été le cas, l’OGBL demande au gouvernement de redresser au plus vite cette omission et de procédér aux adaptations nécessaires, avec effet au 1er janvier 2012, pour les contribuables concernés comprenant bien entendu tous les salariés et pensionnés.

Communiqué par l‘OGBL
le 14 mars 2012