L’OGBL est prêt à venir s’exprimer devant la commission spéciale « Tripartite »

La commission spéciale «Tripartite» de la Chambre des députés, chargée du suivi législatif du paquet de mesures baptisé audacieusement «paquet de solidarité» par le gouvernement, a débuté ses travaux le 19 avril 2022.

L’OGBL a pris connaissance, dans ce contexte, de la demande exprimée par le plus grand parti d’opposition d’inviter dans cette commission tous les acteurs impliqués dans la tripartite qui s’est tenue du 22 au 31 mars.

L’OGBL tient à faire savoir qu’il est, pour sa part, tout à fait disposé à rencontrer les membres de la commission afin de répondre à leurs questions et leur exposer les défauts de l’accord «tripartite» qu’il a refusé de signer.

Pour rappel, les principales raisons de l’opposition de l’OGBL au mal-nommé «paquet de solidarité» sont les suivantes:

  • Le paquet prévoit une large manipulation de l’index jusqu’en 2024: en effet, en plus du report de huit mois de la tranche indiciaire qui doit normalement se déclencher en août 2022, l’accord «tripartite» prévoit également de retarder à chaque fois d’au moins un an d’éventuels déclenchements supplémentaires de l’index qui pourraient encore advenir en 2022 et 2023. Il existe donc en outre un véritable risque de voir une tranche indiciaire perdue de façon définitive si l’inflation se maintient au niveau actuel, voire augmente encore davantage.
  • Une large partie des propositions constructives faites par l’OGBL lors des négociations tripartites ont été balayées d’un revers de main par le gouvernement. Ainsi, il n’a pas été possible lors de ces négociations d’envisager d’autres pistes que celles retenues en amont de la tripartite par le gouvernement et le patronat. Il n’a ainsi pas pu y avoir de discussion portant par exemple sur une adaptation du barème fiscale à l’inflation ou bien encore sur d’autres sources de recettes fiscales pour l’Etat.
  • Le paquet prévoit des aides massives aux entreprises, dont la plus massive est absolument non ciblée et indifférenciée, à savoir le report de plusieurs tranches indiciaires, qui doit être financée par — et viendra donc amputer — le pouvoir d’achat de quasiment l’ensemble des salariés, des pensionnés et de leurs familles Il s’agirait là, rien de moins, que d’une vaste opération de redistribution à l’envers, du bas vers le haut.
  • Enfin, le crédit d’impôt qui est sur la table est très loin de constituer une réelle surcompensation pour la perte de pouvoir d’achat et le report d’une tranche indiciaire. De nombreux éléments du paquet s’apparentent par ailleurs à un chat dans un sac ficelé trop rapidement.

Dans cet ordre d’idées, l’OGBL est prêt à expliquer son point de vue sur l’accord «tripartite» ainsi que sur ses propres revendications à l’ensemble des députés siégeant dans la commission spéciale.

Communiqué par l’OGBL
le 21 avril 2022

Aujourd’hui, hier et demain: Pas touche à l’index!

«En plus du vol direct de l’index, le modèle luxembourgeois de la négociation salariale est sérieusement remis en question. La paix sociale ne semble plus représenter un argument de poids (…) Le moment est venu de faire opposition contre cette politique.» (Editorial André Roeltgen, Aktuell janvier 2012)

Des déclarations similaires, on peut également en lire sous la plume de John Casteg­naro ou de Jean-Claude Reding, dans d’anciennes éditions de l‘Aktuell. Face aux attaques répétées des gouvernements et du patronat — que nous avons toujours dû repousser et que nous continuerons à repousser — il est ici difficile de ne pas faire de plagiat.

Ainsi, quiconque considère aujourd’hui que l‘OGBL se serait radicalisé, se trompe. L‘OGBL est précisément là où il doit être lorsque les intérêts des salariés et de leurs familles sont attaqués de façon aussi massive. L‘OGBL reste tout simplement fidèle à lui-même.

Nous ne pouvions pas et ne pourrons pas mettre notre signature au bas d’un «accord» consistant en une vaste redistribution du bas vers le haut. Nous refusons de donner notre accord à une large manipulation de l‘index. En cela, nous sommes parfaitement dans notre rôle, dans l‘intérêt de tous les salariés et de tous les pensionnés au Luxembourg.

Le simple fait que les employeurs et le gouvernement tentent de désinformer et de faire croire à la population que l‘OGBL ne serait pas assez social, est à lui seul une raison suffisante pour tirer la sonnette d‘alarme.

Lorsque, par une impénétrable cacophonie de chiffres, le gouvernement tente de détourner l‘attention du public du véritable problème, à savoir la manipulation de l’index, tout le monde devrait commencer à se poser sérieusement des questions.

Lorsque les partis au pouvoir rompent leurs promesses électorales, trahissent leur engagement envers le plus grand syndicat du pays et tentent d‘enjoliver la situation en mettant en avant une politique de bienfaisance, alors au plus tard à cet instant, tout le monde devrait reconnaître que l‘OGBL a eu raison de ne pas signer cet accord tripartite.

C‘est précisément dans ces moments-là, qu‘il est important de se lever et de se défendre.

Lorsque les politiques et le patronat tentent de diviser les salariés et leurs familles, entre petits et un peu moins petits salaires, entre frontaliers et résidents, et lorsqu‘ils essaient de présenter l‘OGBL comme étant isolé ou loin des gens, c‘est précisément à ce moment-là qu‘il faut faire front commun! Faire front commun pour tout ce qui nous définit. Car nous ne sommes pas isolés. Nous sommes le contrepoids aux politiques et aux employeurs, nous sommes la plus grande organisation démocratique représentant les salariés et les pensionnés au Luxembourg.

Et s‘ils nous forcent à descendre à nouveau dans la rue pour défendre nos salaires et notre pouvoir d‘achat, nous le ferons. Être un syndicat ne signifie rien d‘autre et nous le prouveront dans les jours et semaines à venir.

Vive le 1er mai!

Nora Back,
Présidente de l’ OGBL

Retour sur le déroulement précis de la tripartite

→ 9.03
Alors que depuis plusieurs jours déjà circule la rumeur selon laquelle le gouvernement aurait l’intention de convoquer une tripartite en raison de la flambée des prix de l’énergie, la confirmation arrive sous forme d‘un appel téléphonique passé par le ministre de l‘Economie, Franz Fayot, à la présidente de l‘OGBL, Nora Back. Oui, le gouvernement envisage de convoquer une tripartite encore avant Pâques et il y sera question des prix de l‘énergie. Mais surtout et avant tout de l‘index qui, dans la situation actuelle, «briserait la nuque» des entreprises. Nora Back réplique sans équivoque qu‘une nouvelle discussion sur l‘index constitue une ligne rouge pour l‘OGBL et met le ministre de l’Economie explicitement en garde, en lui rappelant que par le passé, son parti a souvent été le garant de l‘index.

→ 10.03
Le ministère d‘Etat confirme qu‘une tripartite aura bien lieu avant les vacances de Pâques. Auparavant, le Premier ministre souhaite rencontrer les syndicats et le patronat, séparément, dans le cadre de «bipartites».

→ 11.03
Un séminaire du Bureau exécutif, prévue de longue date, est immédiatement transformée en réunion préparatoire en vue de la tripartite et des nouvelles attaques contre l‘index qui sont à craindre.

→ 14.03
Les trois syndicats représentatifs au niveau national — OGBL, LCGB et CGFP — s’échangent sur une ligne commune en vue des prochaines réunions tripartites.

→ 21.03
La «bipartite» a lieu au ministère d‘État. Initialement, le Premier ministre Bettel souhaitait recevoir les trois syndicats séparément, mais ces derniers refusent. L’état d’esprit du gouvernement est déjà manifeste à ce stade.

Trois mois seulement après avoir expliqué lors de la précédente tripartite: «Non, Monsieur Reckinger, ce gouvernement ne touchera pas à l‘index», Xavier Bettel reprend la vieille rengaine de son prédécesseur, Jean-Claude Juncker, selon laquelle l‘index serait socialement injuste et qu’il devrait être plafonné ou en tout cas remanié. Bettel va même jusqu‘à affirmer, de façon absurde, que l‘index «rend les pauvres toujours plus pauvres et les riches toujours plus riches». L‘OGBL insiste au contraire sur le fait que le renforcement du pouvoir d‘achat et des mesures contre l‘inflation devraient être discutés lors de la tripartite et non pas l‘index.

L‘après-midi se tient une réunion extraordinaire du Comité national de l‘OGBL. La délégation de l‘OGBL envoyée à la tripartite reçoit un mandat clair et unanime: s‘opposer à toute attaque contre l‘index.

→ 22.03
Premier jour de la tripartite. La réunion tripartite débute tranquillement: par l‘analyse de la situation économique et sociale. C‘est par ailleurs ce que prescrit la loi encadrant la tripartite. La présentation est un peu austère: après une introduction de Xavier Bettel, Franz Fayot explique que l‘économie se porterait mal et que les perspectives seraient sombres. Le ministre de l‘Économie annonce que le Statec estime désormais que la tranche indiciaire (index) suivant celle d’avril ne sera pas déclenchée au plus tôt en octobre comme annoncé encore début mars, mais dès le mois d‘août, ce qui est quelque peu surprenant. Dans la foulée, la ministre des Finances, Yuriko Backes, assure que les finances publiques se porteraient mal et que les perspectives d‘avenir seraient sombres.

C‘est ensuite au tour de l‘UEL qui se présente cette fois-ci avec une délégation comprenant sept personnes qui toutes assurent que leur secteur se porterait mal et que les perspectives d‘avenir seraient sombres, la faute en reviendrait avant tout à l‘index. Après plus de quatre heures de sombres tableaux, on permet à Nora Back de présenter également l‘analyse de la situation telle que la voient les syndicats. Elle insiste sur le fait qu’il ne faudrait pas oublier que les gens souffrent également, que face à la flambée des prix, nombre d’entre eux ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts, à quoi s’ajoutent les pertes de pouvoir d‘achat subies lors de la pandémie (p. ex.: chômage partiel) et la crise du logement permanente. S‘il est vrai qu’en raison des prix élevés de l‘énergie et des problèmes que connaissent les chaînes d‘approvisionnement, certaines entreprises rencontrent des difficultés et ont besoin de soutien, dans l‘ensemble il fait noter que de nombreux secteurs ont enregistré des chiffres d‘affaires record en 2021 et que la situation des finances publiques est également bien meilleure que ce que l‘on craignait en 2020.

Les échanges reprennent après le dîner avec les catalogues de revendications respectifs. C’est d’abord au tour de l‘UEL qui, outre des aides publiques aux entreprises énergivores, ne s‘intéresse avant tout qu‘à une seule chose: l‘index doit être aboli. Les deux tranches d‘indexation prévues pour 2022 devraient être purement et simplement annulées et si une tranche devait également encore tomber en 2023, le mieux serait de la supprimer directement aussi. C‘est alors que Michel Reckinger a un «éclair de génie»: pour les bas et moyens salaires, on pourrait éventuellement verser une sorte de «prime unique» échelonnée socialement — financée évidemment par les caisses de l’Etat, et non par les entreprises elles-mêmes.

C‘est ensuite à nouveau à Nora Back, qui présente le catalogue de revendications syndicales commun. Alors que les représentants du gouvernement avaient encore sagement écouté lorsque le patronat avançait sa revendication tout de même assez outrancière, visant à abolir l‘index et à le faire payer par le contribuable lui-même, deux ministres des Verts en particulier — Turmes et Bausch — interrompent désormais constamment la présidente de l‘OGBL. Ils se disent «choqués, choqués!» par des revendications telles que la réduction de la TVA et des accises sur les produits énergétiques ou bien encore la revendication visant à adapter le barème fiscal à l‘inflation («savez-vous ce que cela coûte!»).

Lors de la discussion qui suit, en particulier les ministres LSAP — Lenert, Engel et Fayot — expriment leur soutien à la proposition de l‘UEL quant à une «prime unique» qui pourrait être plus élevée pour les bas salaires que pour les salaires moyens et totalement absente pour la frange représentant les 40% supérieurs de l‘échelle des salaires. Le Premier ministre Bettel demeure lui en revanche encore relativement discret.

La première journée s’achève, sans résultat, vers 22h30. Le Premier ministre convoque aussitôt une nouvelle réunion pour le lendemain.

→ 23.03
Deuxième jour de la tripartite. Xavier Bettel ouvre la tripartite — alors qu’on vient tout juste de servir des lasagnes — en déclarant qu’avec ce gouvernement, la suppression de l’index est hors de question. Il ne serait absolument pas question non plus d’envisager le non-versement de la tranche d’avril. MAIS, la tranche d’août serait vraiment très proche de la tranche d’avril, et trois tranches en l’espace de 12 mois seraient vraiment difficiles à supporter pour les entreprises (le fait que la perte de pouvoir d’achat en raison de la forte inflation soit également difficile à supporter pour les salariés et les retraités, n’est pas mentionné). C’est pourquoi le gouvernement serait prêt à reporter la tranche d’août de 12 mois, jusqu’à août 2023. Pendant ce temps, le gouvernement ne compenserait pas seulement la perte de pouvoir d’achat pour les bas et moyens salaires, il la surcompenserait.

Le patronat s’indigne que le gouvernement ne veuille reporter qu’une seule tranche indiciaire — les entreprises auraient besoin de prévisibilité! Si le gouvernement et les syndicats devaient refuser une manipulation plus conséquente de l’index, de préférence jusqu’en 2026, l’UEL «romprait la paix sociale» (quoi que cela puisse vouloir dire).

Le gouvernement se retire et revient 1 heure et demie plus tard avec une solution de «compromis»: la tranche d’août devrait effectivement être payée en avril 2023, mais ensuite, il faudrait prévoir que jusqu’à début 2024, pas plus d’une tranche indiciaire n’ait à être payée en l’espace de 12 mois. Les syndicats expliquent à leur tour que cela n’est pas acceptable. Ils se disent prêts, éventuellement, à discuter du report d’une tranche, sous réserve que le montant de la «surcompensation» qui à ce stade reste encore à négocier soit suffisamment élevé par rapport à la perte de revenu consécutive au report de la tranche indiciaire. Ce sera le dernier mot de cette deuxième journée de tripartite, avant que Xavier Bettel ne lève la séance et ne fixe une prochaine réunion pour le jeudi 31 mars, au cours de laquelle un accord définitif devrait — ou non — être trouvé. D’ici là, des discussions doivent être menées avec les différents ministres compétents.

Par ailleurs, le gouvernement a également mis d’autres mesures sur la table, même si la réunion a été complètement obscurcie par la discussion portant sur l’index: le gouvernement a repris du catalogue syndical la revendication portant sur le gel temporaire des loyers et — à la dernière minute — celle relative à la compensation pour l’augmentation de la taxe CO2 au niveau du crédit d’impôt. La TVA et les accises ne seront pas suspendues, mais un rabais de 7,5 cents est accordé sur l’essence, le diesel et le mazout. Le paquet comprenait également des mesures de toute façon déjà décidées, à savoir l’augmentation de la subvention au loyer et la réforme de la «PrimE House». Enfin, la proposition du gouvernement comprenait un paquet de subventions pour les entreprises, qui à ce stade devait coûter 180 millions d’euros, montant qui — sans explication — est passé à 225 millions d’euros ultérieurement au cours de la tripartite.

La journée s’est achevée par une conférence de presse, au cours de laquelle aussi bien le Premier ministre que Nora Back ont tous deux souligné que les discussions avaient été constructives, mais qu’il n’y avait pas encore d’accord définitif. En revanche, la présentation de la proposition gouvernementale a donné, à une grande partie de la presse, l’impression tout à fait fausse qu’il s’agissait là déjà d’un accord et qu’il ne restait plus que des «détails techniques» à régler. Tel était vraisemblablement le but recherché – mais en aucun cas la réalité!

→ 25.03
Parallèlement à une visioconférence avec les ministres Kox et Turmes portant sur les mesures relatives à l’énergie et au logement, où des améliorations ponctuelles ont encore pu être décidées, une première réunion a eu lieu ce même jour au ministère des Finances, au cours de laquelle le montant et le principe de la compensation sous forme de crédit d’impôt ont été discutés. Il s’est avérait assez rapidement qu’il y avait de considérables divergences entre le gouvernement et les syndicats, non seulement en ce qui concerne le montant, mais aussi les pertes à compenser. En effet, pour les syndicats, il s’agissait en priorité de compenser la perte de pouvoir d’achat résultant du report de la tranche indiciaire, alors que pour le gouvernement, il s’agissait de compenser la perte de pouvoir d’achat subsistant après avoir déduit toutes les autres aides existantes et les décisions de la «Table énergétique» («Energiedësch») — un montant évidemment beaucoup plus faible. Les discussions au ministère des Finances se sont poursuivies le dimanche matin (!!), 27 mars, et le lundi 28 mars — sans résultat.

→ 29.03
Le Comité national de l’OGBL se réunit à l’Hémicycle au Kirchberg. Après un rapport détaillé de la présidente sur les négociations tripartites, le Comité national rejette à l’unanimité la proposition du gouvernement sur la table à ce moment-là. Par 84 voix contre 3 (et une abstention), il donne à la délégation de négociation le mandat de continuer à négocier en direction d’une véritable surcompensation pour le report de la seule tranche indiciaire d’août 2022 à avril 2023, mais en aucun cas d’accepter une manipulation de l’index allant au-delà.

→ 30.03
A la quatrième et dernière réunion au ministère des Finances — surprise — se présentent également Xavier Bettel, Paulette Lenert, Franz Fayot et François Bausch. Ils rejettent la contre-proposition des syndicats introduite entretemps — car «hors de prix» — et font une nouvelle proposition, sur base du même volume budgétaire: une indemnité beaucoup plus élevée sous la forme d‘un chèque énergie, mais qui ne serait versée qu‘aux seuls salariés et pensionnés résidant au Luxembourg. Les syndicats, rejettent cette proposition avec indignation, car elle constitue une discrimination inacceptable à l’encontre des frontaliers. Les syndicats rejettent tout aussi clairement une nouvelle proposition suivant laquelle une partie de l‘indemnité serait versée à tous les salariés et une autre partie exclusivement aux résidents. Le Premier ministre décide de convoquer une réunion tripartite à Senningen pour 18 heures.

Les syndicats y présentent une nouvelle contre-proposition moins élevée, que le gouvernement rejette à son tour, la jugeant toujours trop chère. Après plusieurs consultations entre les différentes parties, le gouvernement présente finalement sa «dernière» proposition, qui ne prévoit qu‘une légère augmentation du crédit d‘impôt (pour un salaire minimum, le montant est même inférieur à ce qu‘il était encore le lundi matin), sans que l‘effort budgétaire calculé ne soit significativement plus élevé que précédemment. Des mesures sont ensuite annoncées pour les étudiants et les bénéficiaires du REVIS, sans être expliquées pour autant. Le gouvernement s’obstine également à ce que la manipulation de l‘index soit maintenue jusqu‘au début de l‘année 2024.

Vers 23h30, la présidente de l’OGBL explique que son syndicat ne peut pas accepter la proposition qui est sur la table, car la manipulation ne se limite pas à une seule tranche et que par ailleurs, la compensation proposée pour les petits et moyens revenus est insuffisante pour justifier le franchissement de la ligne rouge, à savoir le décalage de l‘index. L‘OGBL ne peut donc pas signer un accord tripartite dans ces conditions.
Les présidents des deux autres syndicats, Dury et Wolff, qui jusqu‘alors faisaient front commun avec l‘OGBL, jugent que la proposition du gouvernement est acceptable, mais souhaitent convoquer leurs instances le lendemain avant de signer l‘accord.

→ 31.03
Pour la première fois dans l‘histoire, un accord «tripartite» (en réalité un accord 2-½-partite) est signée sans le syndicat de loin le plus important au Luxembourg, l‘OGBL.

 


>> Pas de manipulation de l’index avec l’OGBL!

Pas de manipulation de l’index avec l’OGBL!

Dans la nuit du 30 au 31 mars 2022, à l’issue de neuf journées de négociations acharnées, l’OGBL a refusé de donner son accord à la proposition inacceptable faite par le gouvernement dans le cadre de la tripartite convoquée en raison de la flambée des prix de l’énergie. L’OGBL a en effet refusé de mettre sa signature sous un accord ne signifiant rien d’autre qu’un démantèlement social au Luxembourg et il a ainsi refusé de vendre le salariat au Luxembourg.

L’OGBL est entré dans cette tripartite avec pour objectif, face à la flambée des prix, de renforcer le pouvoir d’achat des salariés, des pensionnés et de leurs familles, et non de l’affaiblir. L’accord proposé par le gouvernement était dans ce contexte tout simplement inacceptable pour l’OGBL et ce, pour quatre raisons principales.

Premièrement, l’OGBL a refusé de signer parce qu’il ne pouvait pas donner un chèque en blanc au gouvernement pour une manipulation de l’index jusqu’en 2024, sachant d’autant plus que les prix sont actuellement extrêmement volatiles. La proposition du gouvernement prévoyait en effet, en plus du report de huit mois de la tranche indiciaire qui, selon le Statec, doit normalement se déclencher en août 2022, de retarder également à chaque fois d’au moins un an d’éventuels déclenchements supplémentaires de l’index qui pourraient encore advenir en 2022 et 2023.

Deuxièmement, l’OGBL a refusé de signer parce qu’il n’accepte pas que des aides massives aux entreprises, dont la plus massive est absolument non ciblée et indifférenciée, à savoir le report de plusieurs tranches indiciaires, soient financées par — et viennent donc amputer — le pouvoir d’achat de quasiment l’ensemble des salariés, des pensionnés et de leurs familles. Il s’agit là, rien de moins, que d’une vaste opération de redistribution à l’envers, du bas vers le haut.

Troisièmement, force est de constater qu’une large partie des propositions constructives faites par l’OGBL lors de ces négociations ont été balayées d’un revers de main par le gouvernement (voir ci-dessous). Ainsi, il n’a pas été possible lors de ces négociations d’envisager d’autres pistes que celles retenues en amont de la tripartite par le gouvernement et le patronat. Il n’a ainsi pas pu y avoir de discussion portant par exemple sur une adaptation du barème fiscale à l’inflation ou bien encore sur d’autres sources de recettes fiscales pour l’Etat, comme le revendiquait pourtant l’OGBL.

Quatrièmement, les mesures financières proposées par le gouvernement en vue de compenser le report (de huit mois) de la tranche indiciaire qui doit normalement se déclencher en août 2022 sont quant à elles restées largement en dessous de tout compromis envisageable. L’OGBL insiste ici sur le fait que — contrairement à ce qu’affirme le gouvernement — pour la plupart des salariés et des pensionnés, celles-ci seront inférieures à ce qu’aurait représenté le déclenchement de l’index au mois d’août. Ainsi, pour 40% de la population (les «riches» selon le gouvernement), il n’y aura déjà pas de compensation du tout (0); et pour environ 20% de la population, la «compensation» sera anecdotique par rapport à la perte de revenu engendrée par le report de la tranche indiciaire. Même pour une large partie des quintiles 1 et 2 (soit les 40 % de revenus les plus bas), la compensation prévue ne couvrira pas la perte, en termes de revenu réel, provoquée par le report de la tranche indiciaire pendant 8 mois, sachant que le revenu annuel brut comprend dans bien des cas outre le salaire de base, également des primes, suppléments pour travail de nuit, pour travail de dimanche, heures supplémentaires, astreintes, etc, Sans oublier qu’aucun mécanisme de compensation n’est prévue au niveau des allocations familiales, pourtant récemment réindexées!

Ainsi, pour la très grande majorité des ménages, ces «compensations» ne compenseront pas la perte de pouvoir d’achat produite par la manipulation de l’index du mois d’août. Sans parler des éventuelles tranches supplémentaires qui pourraient encore être dues en 2022 et 2023, pour lesquelles le gouvernement a donc d’ores et déjà décidé qu’elles seraient décalées dans le temps. Les signataires de l’accord 2-½-partite se sont en effet bien mis d’accord sur un délai minimal de 12 mois entre deux tranches indiciaires et il y a donc un véritable risque qu’une tranche indiciaire soit perdue de façon définitive, si l’inflation se maintient au niveau actuel, voire augmente encore davantage.

L’OGBL regrette profondément que le gouvernement se soit agenouillé face au patronat, qu’il ait instrumentalisé cet outil si important que constitue la tripartite pour orchestrer un démantèlement social et une manipulation du système d’indexation des salaires et des pensions qui est pourtant l’un des garants de la paix sociale au Luxembourg.

L’OGBL tient par ailleurs à souligner qu’il est resté ouvert à la discussion tout au long des négociations et qu’il n’a cessé de faire des propositions en vue d’un accord équilibré, mais force est de constater que toutes les discussions ont toujours finies par en revenir à la question de l’index et de sa manipulation. En réalité, il ne s’est pas agi d’une tripartite visant à apporter des réponses à la flambée des prix de l’énergie, mais d’une tripartite visant à manipuler l’index.

Enfin, l’OGBL dénonce fermement la tentative du gouvernement visant à diviser le salariat au Luxembourg, que ce soit entre résidents et frontaliers (l’une des propositions faites par le gouvernement lors des négociations visait tout simplement à exclure les frontaliers du mécanisme de compensation — une proposition scandaleuse rejetée en bloc par l’ensemble des syndicats autour de la table) ou bien entre petits et moyens salaires dans le cadre du modèle de compensations finalement retenu.


Les revendications syndicales lors de la Tripartite

icone_remplieremplie | icone_partiellement_rempliepartiellement remplie | icone_rejetee rejetée

icone_rejeteeAdapter le barème de l’impôt à l’évolution des prix, tout en augmentant en même temps la progressivité de l’imposition en ajoutant des tranches supplémentaires en haut du barème)

Actions en vue de ralentir l’inflation:

icone_rejetee

    • Réduire temporairement la taxation (TVA, accises, taxe CO2) sur l’essence, le diesel, le gaz et le mazout au niveau minimum permis par la législation européenne – économies entre 140€ et 218€ par ménage/mois

1

    • )

icone_rejetee

    • Prévoir un gel des prix administrés, notamment les tarifs des maisons de soins.)

icone_remplie

    Prévoir un gel temporaire des loyers.

icone_rejeteeAu-delà du gel temporaire, introduire une réelle limitation des prix de location («Mietpreisbremse»)
icone_rejeteeAugmenter le niveau de la déduction forfaitaire pour frais de déplacement et prendre à nouveau en compte les 4 premiers kilomètres.)
icone_rejeteeRemonter le taux kilométrique à l’ancien taux de 0,40 ct./km.)
icone_rejeteeAdapter rétroactivement les allocations familiales pour compenser leur désindexation sur la période 2014-2021 (+7,7%).)
icone_remplieAdapter le crédit d’impôt prévu pour compenser la taxe CO2 conséquemment à la hausse récente de la taxe2.)
icone_partiellement_remplieRendre les primes pour augmenter l’efficacité énergétique socialement plus équitables afin de permettre aux ménages moins aisés d’en profiter aussi3.)
icone_rejeteeAgir sur l’allocation de vie chère pour aider les ménages vulnérables: doubler le montant, augmenter le cercle des bénéficiaires, prévoir une adaptation régulière du montant de l’allocation à l’évolution des prix.)


1 Au lieu de cette mesure, le gouvernement a proposé un rabais de 7,5 ct. par litre sur l’essence, le diesel et le mazout, limité respectivement au 31 juillet pour les deux premiers et au 31 décembre pour le dernier, soit très inférieur à la proposition syndicale par rapport à l’économie pour les ménages (sur 200 litres, économie de 15 € par rapport à un maximum de 218 € dans la proposition syndicale).
2 Le gouvernement a marqué son accord, il semble toutefois que cette hausse a été intégrée dans le nouveau crédit d’impôt énergie censé compenser la perte de pouvoir d’achat resp. le report de la prochaine tranche indiciaire.
3 Si ce point est repris dans l’accord 2-½-partite, il s’agit en fait simplement de l’accélération de la mise en œuvre d’un projet de loi déjà déposé, qui reste largement insuffisant.


L’indexation des salaires au Luxembourg
Quelques repères historiques

1921
L’indexation des salaires est introduite pour les cheminots et les fonctionnaires. A l’époque l’indice des prix se base sur un panier de 19 biens (aujourd’hui: plus de
40 000).
1965
La loi du 12 juin 1965 introduit l’obligation d’inclure une clause d’indexation des salaires à l’évolution des prix dans toutes les conventions collectives de travail.
1975
Le gouvernement DP-LSAP étend l’indexation des salaires à tous les salaires et pensions, indépendamment du secteur économique ou du statut du travailleur.
1982
Impulsé par l’OGBL, un front syndical commun organise une journée de mobilisation nationale le 29 mars, suivi d’une grève générale le 5 avril. Malgré la mobilisation largement suivie, le gouvernement CSV-DP décide une manipulation massive de l’index. Les députés LSAP quittent la Chambre en protestation lors du vote. L’OGBL maintient la pression par la suite et soulève la menace d’une seconde grève générale en 1983. Le fonctionnement normal de l’index est rétabli en 1984.
2006
Nouvelle manipulation de l’index par le gouvernement CSV-LSAP, acceptée cette fois-ci par les syndicats dans le cadre de la tripartite. Mais la contrepartie est de taille: l’introduction du statut unique, qui met fin aux inégalités de traitement entre ouvriers et employés privés et crée la Chambre des Salariés et la Caisse nationale de Santé.
2011/12
Fin 2011, les syndicats quittent la Tripartite qui se conclut sans résultat, alors que le gouvernement CSV-LSAP veut une nouvelle fois manipuler l’index. Le projet de loi en question est voté dans la hâte le 26 janvier 2012 avec les voix des partis CSV, LSAP, DP et déi Gréng. A noter, contrairement à ce qui est prétendu parfois aujourd’hui, que l’OGBL n’a jamais accepté cette manipulation. Le fonctionnement normal de l’index fut rétabli suite à un accord entre le nouveau gouvernement DP-LSAP-Gréng en juin 2014 – accord que ce même gouvernement piétine aujourd’hui.


>> Retour sur le déroulement précis de la tripartite
>> « Paquet de solidarité »: le storytelling du gouvernement commence à s’effriter


Erster Kollektivvertrag bei Schenker Luxemburg GmbH ausgehandelt

Kürzlich konnte der OGBL erstmals mit seinen Personaldelegierten und mit der Geschäftsleitung von Schenker Luxemburg GmbH, dem luxemburgischen Pendant vom Logistikunternehmen DB Schenker, einen Kollektivvertrag aushandeln.

Unglücklicherweise zogen sich die Verhandlungen aufgrund der Pandemie länger hin, die Gespräche verliefen aber weitgehend konstruktiv.

Ausgehandelt wurden unter anderem:

  • 27 Urlaubstage
  • Jeweils ein zusätzlicher halber Urlaubstag an Heiligabend und an Silvester
  • Jeweils ein zusätzlicher Urlaubstag nach 10, 15 und 20 Dienstjahren
  • Ein Überstundenzuschlag von 50%
  • Ein 13. Monatsgehalt für die gesamte Belegschaft
  • Einführung einer Betriebszugehörigkeitsprämie: 1.250€ nach 10, 2.500€ nach 15 und 3.750€ nach 20 Dienstjahren

Der Kollektivvertrag gilt rückwirkend ab dem 01.03.2022 und hat eine Laufzeit von 24 Monaten.

Mitgeteilt vom OGBL-Syndikat Straßenstransport Fluss- und Seeschifffahrt, am 11. April 2022

« Paquet de solidarité »: le storytelling du gouvernement commence à s’effriter

Les résultats financiers des filiales luxembourgeoises de grands groupes internationaux commencent à être publiées depuis une semaine et le moins que l’on puisse dire, c’est que pour un certain nombre d’entre elles en tout cas, les affaires semblent très très bien marcher. L’année 2021 — qui était encore une année de pandémie, rappelons-le — a visiblement été très lucrative pour de nombreuses entreprises implantées au Luxembourg… et donc pour leurs actionnaires. Le secteur bancaire affiche par exemple un résultat en hausse de 30,8% (!).

Ces résultats viennent absolument conforter la position défendue par l’OGBL dans le cadre de la récente tripartite et permettent peut-être aussi de mieux comprendre l’une des raisons pour lesquelles il s’est opposé au paquet de mesures proposé par le gouvernement. S’il est vrai qu’un certain nombre d’entreprises souffrent actuellement de l’augmentation des prix de l’énergie et que celles-ci ont donc véritablement besoin d’être aidées, il est tout aussi indéniable que ceci ne s’applique aucunement à l’ensemble des entreprises ayant leurs activités sur le territoire. C’est là précisément la raison pour laquelle l’OGBL était tout à fait disposer, lors de la tripartite, à soutenir des aides aux entreprises, mais des aides qui auraient dû être ciblées, à l’adresse exclusive des entreprises véritablement en difficulté en raison de l’évolution inquiétante des prix de l’énergie.

Au lieu de cela, en décidant de manipuler l’index, le gouvernement — se faisant le relais du patronat — a opté au contraire pour une aide massive, absolument non ciblée et indifférenciée, venant bénéficier à toutes les entreprises, sans distinction aucune, au détriment de quasiment l’ensemble des salariés et des pensionnés, à qui on vole leur index.

L’OGBL s’est opposé et continue de s’opposer à ce que le pouvoir d’achat des ménages soit massivement transféré vers l’ensemble des entreprises, dont un grand nombre n’ont aujourd’hui aucunement besoin d’être soutenues financièrement. Pour ces dernières, la manipulation de l’index est un véritable cadeau fait par le gouvernement, s’élevant à plusieurs centaines de millions d’euros qui finiront dans les poches de leurs actionnaires. Bref, il s’agit bien là, d’une vaste opération de redistribution du bas vers le haut.

Allocations familiales: un soudain revirement de la part du gouvernement!

L’OGBL tient également à souligner une nouvelle fois que la manipulation de l’index aura des conséquences graves sur le pouvoir d’achat des salariés et des pensionnés et qui seront bien plus étendues qu’on ne le soupçonne de prime abord. L’OGBL constate ainsi dans ce contexte que, suite à son intervention (communiqué du 2 avril 2022 et autres publications sur les réseaux sociaux), le gouvernement envisage désormais tout de même d’exclure les allocations familiales de la manipulation de la prochaine tranche indiciaire, ce que ne prévoyait pourtant pas le paquet de mesures retenues à l’issue de la tripartite.

Le gouvernement semble donc heureusement faire marche arrière sur ce point spécifique, mais ce soudain revirement témoigne une nouvelle fois du fait que le paquet de mesures du gouvernement — baptisé de façon éhontée: «paquet de solidarité» — n’a pas été pensé jusqu’au bout.

Quoi qu’il en soit, cette inflexion du gouvernement ne change rien quant au fond: la manipulation prévue de l’index demeure une attaque frontale sur les droits des salariés et l’OGBL continuera à lutter jusqu’à ce que le gouvernement restaure enfin le mécanisme d’adaptation des salaires et des pensions à l’inflation, l’index.

Communiqué par l’OGBL,
le 8 avril 2022