Tripartite – Il y a manifestement tromperie sur la marchandise

L’OGBL souhaite apporter encore quelques précisions concernant sa décision, prise le 30 mars 2022, de ne pas signer la proposition faite par le gouvernement dans le cadre de la tripartite. Ces précisions apparaissent malheureusement nécessaires au regard de la présentation douteuse, pour ne pas dire mensongère, qui en est faite par le gouvernement et le patronat depuis lors.

Tout d’abord, il n’est pas vrai que l’OGBL a refusé de donner son accord à la proposition gouvernementale, au motif qu’il aurait voulu que les salariés qui gagnent jusqu’à 160 000 euros par an soient également «compensés» pour le report de la tranche indiciaire prévue normalement en août 2022 — une vaste blague qui malheureusement semble trouver un certain écho dans la presse.

Plus sérieusement, l’OGBL a refusé de signer, d’une part parce qu’il ne pouvait pas donner un chèque en blanc au gouvernement pour une manipulation de l’index jusqu’en 2024, sachant d’autant plus que les prix sont actuellement extrêmement volatiles, d’autre part, parce qu’il n’accepte pas que des aides massives aux entreprises, dont la plus massive est absolument non ciblée et indifférenciée, à savoir le report de plusieurs tranches indiciaires, soient financées par — et viennent donc amputer — le pouvoir d’achat de quasiment l’ensemble des salariés, des pensionnés et de leurs familles. Il s’agit là, rien de moins, que d’une vaste opération de redistribution inversée, du bas vers le haut.

Ensuite, concernant les fameuses compensations tant vantées par le gouvernement pour le report de la tranche indiciaire normalement due en août 2022, l’OGBL insiste sur le fait que pour la plupart des salariés et des pensionnés, celles-ci seront inférieures à ce qu’aurait représenté le déclenchement de l’index au mois d’août. Ainsi, pour 40% de la population (les «riches» selon le gouvernement), il n’y aura déjà pas de compensation du tout (0); et pour environ 20% de la population, la «compensation» sera anecdotique par rapport à la perte de revenu engendrée par le report de la tranche indiciaire. Même pour une large partie des quintiles 1 et 2 (= 40 % des revenus les plus bas), la compensation prévue ne couvrira pas la perte, en termes de revenu réel, provoquée par le report de la tranche indiciaire pendant 8 mois, sachant que le revenu annuel brut comprend outre le salaire de base, également les primes, suppléments pour travail de nuit, pour travail de dimanche, heures supplémentaires, astreintes, etc, Sans oublier qu’aucun mécanisme de compensation n’est prévue au niveau des allocations familiales, pourtant récemment réindexées !

Ainsi, pour la très grande majorité des ménages, ces «compensations» ne compenseront pas la perte de pouvoir d’achat produite par la manipulation de l’index du mois d’août. Sans parler des éventuelles tranches supplémentaires qui pourraient encore être dues en 2022 et 2023, pour lesquelles le gouvernement a donc d’ores et déjà décidé qu’elles seraient décalées dans le temps. Les signataires de l’accord 2-½-partite se sont bien mis d’accord sur un délai minimal de 12 mois entre deux tranches indiciaires et il y a donc un véritable risque qu’une tranche indiciaire soit perdue de façon définitive, si l’inflation se maintient au niveau actuel, voire augmente encore davantage.

S’il est vrai qu’avec les mesures retenues, le gouvernement compte imposer à la très grande majorité des salariés et des pensionnés du Luxembourg de devoir se montrer solidaires envers les entreprises, l’OGBL estime néanmoins que baptiser ce paquet de mesures du nom de «paquet de solidarité» est tout de même audacieux. Il y a manifestement tromperie sur la marchandise.

Enfin, l’OGBL dénonce fermement la tentative du gouvernement visant à diviser le salariat au Luxembourg, que ce soit entre résidents et frontaliers lors des négociations (l’une des propositions faites par le gouvernement visait tout simplement à exclure les frontaliers du mécanisme de compensation) ou bien entre petits et moyens salaires dans le cadre du modèle de compensations finalement retenu.

Communiqué par l’OGBL,
le 2 avril 2022

Pas d’accord de l’OGBL au démantèlement social !

Dans la nuit du 30 au 31 mars 2022, à l’issue de neuf journées de négociations acharnées, l’OGBL a refusé de donner son accord à la proposition inacceptable faite par le gouvernement dans le cadre de la tripartite convoquée en raison de la flambée des prix de l’énergie. L’OGBL a en effet refusé de mettre sa signature sous un accord ne signifiant rien d’autre qu’un démantèlement social au Luxembourg et il a ainsi refusé de vendre le salariat au Luxembourg.

L’OGBL est entré dans cette tripartite avec pour objectif de renforcer le pouvoir d’achat des salariés, des pensionnés et de leurs familles, et non pour l’affaiblir. L’accord proposé par le gouvernement était dans ce contexte tout simplement inacceptable pour l’OGBL et ce, pour trois raisons principales. Premièrement, la proposition du gouvernement prévoyait, en plus du report de la tranche indiciaire qui selon le Statec serait normalement due en août 2022, de retarder également à chaque fois d’au moins un an d’éventuels déclenchements supplémentaires de l’index qui pourraient encore advenir en 2022 et 2023. Deuxièmement, une large partie des propositions constructives faites par l’OGBL lors de ces négociations ont été balayées d’un revers de main par le gouvernement. Ainsi, il n’a pas été possible lors de ces négociations d’envisager d’autres pistes que celles retenues en amont de la tripartite par le gouvernement et le patronat. Il n’a ainsi pas pu y avoir de discussion portant sur une adaptation du barème fiscale à l’inflation ou bien encore sur d’autres sources de recettes fiscales pour l’Etat, comme le revendiquait pourtant l’OGBL. Troisièmement, les mesures financières proposées par le gouvernement en vue de compenser le report (de huit mois) de la tranche indiciaire qui doit normalement se déclencher en août 2022 sont restées largement en dessous de tout compromis envisageable pour l’OGBL.

L’OGBL regrette profondément que le gouvernement se soit agenouillé face au patronat, qu’il ait instrumentalisé cet outil si important que constitue la tripartite pour orchestrer un démantèlement social et une manipulation du système d’indexation des salaires et des pensions qui est pourtant l’un des garants de la paix sociale au Luxembourg.

L’OGBL tient par ailleurs à souligner qu’il est resté ouvert à la discussion tout au long des négociations et qu’il n’a cessé de faire des propositions en vue d’un accord équilibré, mais force est de constater que toutes les discussions ont toujours finies par en revenir à la question de l’index et de sa manipulation.

Enfin, l’OGBL a refusé de donner son accord à une vaste opération de redistribution inversée (du bas vers le haut !!!), consistant à aider toutes les entreprises, sans distinction aucune, avec le pouvoir d’achat des salariés, des pensionnés et de leurs familles.

Publié par l’OGBL
le 31 mars 2022


2022-03-31 – Pressekonferenz vum OGBLno der Tripartite: Keen Accord vum OGBL zu Sozialofbau (Lu)

Vérités et mensonges sur l’index

L’index: ce qu’il est et ce qu’il n’est pas

L’indexation automatique des salaires (depuis 1975) a comme but la sauvegarde du pouvoir d’achat par le biais d’une compensation de la dépréciation monétaire causée par l’inflation. Ainsi, l’index est un mécanisme technique destiné à compenser la perte du pouvoir d’achat.

A productivité et performance économique égales de l’entreprise, l’index évite que l’inflation dévalorise les salaires réels.

Les salariés et pensionnés peuvent à nouveau s’offrir le même volume de produits ou de services qu’avant la dévalorisation.

Le maintien du pouvoir d’achat de son côté profite à l’économie, plus particulièrement au commerce et à l’artisanat.

Le mécanisme légal comprend:

  1. le suivi mensuel de l’évolution des prix des produits et services du panier de la ménagère (qui reflète les habitudes de consommation de la population) et
  2. l’adaptation automatique de +2,5% de tous les salaires bruts et pensions si l’évolution des prix du panier de la ménagère a atteint le mois précédent le seuil de +2,5%.

Index = paix sociale

L’index permet de mener un minimum de politique salariale organisée, ceci grâce à l’adaptation de tous les salaires à l’inflation qui déleste et facilite les négociations de conventions collectives dans les entreprises –>avec l’index, les négociations salariales peuvent se focaliser sur les performances économiques des entreprises et sur l’évolution de la productivité, étant donné que le volet de la compensation de l’inflation n’a pas besoin d’être négocié. Ce modèle s’est avéré très efficace depuis des décennies et a largement contribué au progrès social et économique. Il est un des plus importants piliers de la paix sociale au Luxembourg. Le salariat luxembourgeois n’a aucun intérêt à ce que le modèle luxembourgeois soit détérioré voire progressivement démantelé.


L’index n’est donc ni une mesure de politique sociale ni de redistribution des richesses créées par l’économie, et à vrai dire pas non plus un instrument de la politique salariale, mais tout simplement un mécanisme de compensation.


Les arguments des adversaires de l’index

Celui qui dit aujourd’hui qu’il y a urgence d’agir face à une évolution de l’inflation dite problématique n’est pas honnête et envisage clairement une attaque contre le système de l’indexation:

pour troubler gravement le modèle de la négociation salariale voire même le supprimer, et

pour imposer des diminutions de salaire et exercer une pression constante sur les salaires aux dépens des salariés.

L’inflation au Luxembourg est trop élevée = faux!

Suivant l’Observatoire de la formation des prix, le Luxembourg a connu en 2021 une inflation de 2,5%. L’inflation au Luxembourg dépasse légèrement la moyenne européenne et celle de la France, mais reste inférieure à celle des autres pays voisins et des Pays-Bas. L’inflation s’est accélérée les dernières semaines dans le contexte de l’invasion russe de l’Ukraine. Toutefois, la situation est volatile et il n’est pas clair si cette inflation accrue persistera longtemps. Ici encore, l’évolution des prix au Luxembourg suit les trends internationaux et n’est pas sensiblement plus élevée.

En tout état de cause, nous sommes actuellement bien loin de la situation des années 1970 et de celle du début des années 1980, quand l’inflation se situait par moments à 10%. Une évolution économique dynamique ne produit pas seulement de l’inflation, elle en a également besoin. Les économistes considèrent une évolution de l’inflation de l’ordre de 2% ou de 3% par année et même plus comme optimale et comme stimulant l’activité économique. Ce qui correspond au taux d’inflation moyen au Luxembourg pendant les 30 à 35 années passées.

« L’index alimente l’inflation et provoque une flambée des prix » = faux!

Ce sont les entreprises qui sont les premières à augmenter les prix –> si elles ne le faisaient pas, nous n’aurions pas besoin de l’index pour mieux protéger nos salaires et notre pouvoir d’achat. Si l’index alimentait l’inflation, chaque échéance entraînerait automatiquement une poussée de l’inflation. Contrairement aux affirmations récurrentes, le Statec n’a pas pu confirmer dans une étude sur ce phénomène un tel effet inflationniste dit « de second tour » de l’index (celle-ci était commanditée lors de la dernière discussion nationale sur une manipulation de l’index ; cf. Economie & Statistiques No 43/2010) –> seulement 0,2% peuvent être imputés à ce phénomène. Si l’index alimentait vraiment l’inflation, l’évolution de l’inflation devrait être significativement plus élevée au Luxembourg que dans les autres pays européens, ce qui n’est pas du tout le cas.

Les salaires sont trop élevés = faux!

Il n’y a au Luxembourg aucune raison objective pour revendiquer des diminutions de salaire. En fait, depuis des années la part salariale de la plus-value créée diminue: les salaires ont évolué moins rapidement que les profits et les dividendes des entrepreneurs et des actionnaires.

Ce dévoiement de la répartition entre capital et travail n’est pas un phénomène spécifiquement luxembourgeois, il vaut pour les salariés de tous les pays européens –> mais le Luxembourg est clairement en tête, car la redistribution injuste des résultats économiques est particulièrement prononcée au Luxembourg (et ce malgré notre système d’indexation). La productivité du travail au Luxembourg est depuis des années largement supérieure à celle de nos voisins géographiques. En même temps, les marges bénéficiaires des entreprises (part de la plus-value créée, déduction faite des coûts salariaux) sont également plus élevées que chez nos voisins. S’il y a des problèmes dans certaines entreprises ou certains secteurs économiques, dans la majorité des cas ils ne sont pas dus aux coûts salariaux.

L’index n’est pas équitable socialement = faux!

Les négociations salariales directes et les négociations collectives servent à établir plus d’équité des salaires: elles fixent de quelle façon la plus-value créée par le travail presté est répartie entre les salaires et les revenus du capital et si une répartition plus juste de la performance économique d’une entreprise entre les salaires et les profits, les revenus du capital et des dividendes, peut être obtenue ou non.

L’index n’a rien à faire non plus avec la hiérarchie des salaires dans une entreprise! Ce n’est pas la faute à l’index, si dans une entreprise la relation entre les salaires et les différentes fonctions respectivement les diverses qualifications professionnelles n’est pas équilibrée ou même injuste.

–> Il faudrait viser à plus de justice sociale par une politique fiscale progressiste de l’Etat, qui augmente la pression fiscale sur les bénéfices d’exploitation des entreprises et sur les gros revenus.

Pour mémoire: L’OGBL revendique une réforme fiscale comprenant

une adaptation des barèmes à l’évolution des prix. Celle-ci n’a plus été appliquée depuis 2009. Or sans adaptation des barèmes, l’index ne compense l’entièreté de la pouvoir d’achat que sur le revenu brut, mais non sur le revenu net (phénomène de la progression froide)

un allègement fiscal pour la classe moyenne par le biais d’une plus forte progressivité de l’impôt, y inclus une augmentation du taux d’imposition maximal;

une imposition plus élevée des revenus du capital et des fortunes, tout comme de la spéculation sur l’immobilier.

Dans les années passées, la charge fiscale a de plus en plus été transférée des entreprises vers les ménages privés; cette tendance doit être inversée.

Le mythe de l’index «plafonné»

«Est-ce juste qu’une tranche indiciaire de 2,5% représente une augmentation d’un peu plus de 50€ pour un salarié au SSM alors que l’autre touche 500€ en plus?» – de telles affirmations populistes empêchent toute discussion sérieuse, car ces chiffres ne sont rien d’autre que la comparaison d’un salaire brut mensuel de 2 250€ (SSM) avec un salaire brut de 20 000€!

–> Soit 8,86x le salaire social minimum!

On passe sous silence les dizaines de milliers de salariés aux salaires bruts de 4 000€, 5 000€, 6 000€ ou 7 000€. Et pourtant ce sont eux qui sont visés par le président de l’Union des Entreprises luxembourgeoises Michel Reckinger quand il fournit de tels exemples.

Si, en effet, il s’agissait de ceux qui gagnent 15 000€ ou 20 000€ par mois, l’UEL devrait sans hésiter accepter la revendication de l’OGBL d’établir plus de justice fiscale par le biais de tranches d’imposition supplémentaires sur les très grands revenus !

–> La proposition d’un index plafonné n’a pas comme but d’arriver à plus de justice salariale ou sociale, au contraire, il s’agit tout simplement de réduire les salaires normaux et à partir de là leur pouvoir d’achat!

–> C’est une étape intermédiaire sur la voie de l’abolition complète du système d’indexation!

Index plafonné = index social?

Les seuls à profiter de ces économies sont les entreprises et les actionnaires. Une tranche indiciaire maximale aurait comme conséquence que les salariés aux revenus plus élevés s’identifient dans une moindre mesure à notre modèle social et sa sécurité sociale.

L’index plafonné profitera-t-il aux petits salaires?

«Les petits salaires profiteront-ils du fait que les salaires d’environ 45% des autres salariés soient démantelés?» –> Non.

L’index plafonné ne profiterait aucunement aux catégories salariales à faible revenu: ceux-ci ne toucheront pas un seul cent de l’argent que le patronat encaisserait aux dépens des autres salariés. Pire –> la pression du patronat et de ses organisations sur les petits salaires augmentera!

Il serait tout aussi naïf que faux de méconnaître l‘orientation générale des revendications du patronat: «A bas le salaire social minimum, à bas l’index, pour une diminution générale des salaires au Luxembourg.»

–> Dans le secteur du bâtiment et de l’artisanat, du commerce, du nettoyage, de l’hôtellerie et de la restauration, il n’y a que peu de salariés qui gagnent plus de deux fois le salaire social minimum. Le patronat ne lâchera pas la proie jusqu’à ce que l’«index social» soit devenu encore «plus social» et «plus sélectif». Il se peut que cela se fasse dans plusieurs étapes: on passera progressivement de 2 à 1,5, puis à 1,25, enfin à 1x le salaire social minimum pour finalement l’abolir complètement.

Le véritable objectif

Au Luxembourg, l’indexation automatique légale pour compenser l‘inflation cesserait d’exister. La compensation de l’inflation ne serait ainsi plus liée aux salaires. Les salariés aux revenus les plus bas, quasiment au seuil de la pauvreté, recevraient en échange au maximum une «allocation de vie chère» augmentée de 200€ et une « prime énergie » qui ne couvrira que partiellement leur perte de pouvoir d’achat. Les ménages avec des revenus moyens ne recevront plus de compensation du tout, d’autant plus s’ils ne tombent pas sous une CCT.

–> L’index plafonné est l’étape préliminaire à l’abolition complète de l’index!

Le panier de la ménagère

Une fois par an, le Statec révise la liste des biens et services et leur pondération dans le panier de consommation. L’indice des prix révèle notamment combien les consommateurs dépensent et pour quels biens et services. Il sert de base au calcul de l’inflation.

Enlever les produits pétroliers du panier de consommation?

= un premier pas dans la direction d’une remise en question de l’indexation des prix

Pour des raisons existentielles, aucun ménage ne peut se passer de la consommation de produits pétroliers (+ gaz naturel). Une manipulation de l’index concernant les produits pétroliers bannirait un des biens les plus importants du panier de consommation et mettrait en péril la protection du pouvoir d’achat. En plus, elle affecterait en premier lieu les ménages à faible revenu du fait que pour eux proportionnellement à leur revenu global la part de ces produits pèsera financièrement plus lourd sur leur budget que pour d’autres catégories de revenu. En même temps, une telle neutralisation ne mènera nullement à moins d’émissions de gaz à effet de serre et à une utilisation moindre d’énergies fossiles !

Au lieu de manipuler l’index, l’OGBL propose au gouvernement:

  de se focaliser sur l’extension et la densification et sur la qualité de l’offre de transports publics ;

d’élargir les mesures du régime d’aides pour la promotion de l’efficacité énergétique dans le domaine du logement et de la mobilité et de les rendre socialement plus équitables (dégressivité en lien avec le revenu) afin que les catégories à bas salaire puissent également en profiter.

Et pourquoi serait-il inapproprié d’enlever le tabac et l’alcool?

L’exclusion du tabac et de l’alcool n’aurait aucun impact du point de vue de la politique de la santé, contrairement à des taxes plus élevées sur ces produits. Une telle mesure pénaliserait surtout les salariés à bas revenus, qui ne consomment pas forcément davantage de produits de tabac ou d’alcool, mais qui en comparaison doivent investir une part proportionnellement plus importante de leur revenu que les ménages mieux placés (Chambre des salariés: plus un revenu est élevé, plus la part des frais pour tabac et alcool dans les dépenses globales des salariés est petite).

L’OGBL refuse aussi:

le décalage dans le temps des tranches indiciaires

Avec les «modulations» (plus exactement: les manipulations) de l’index opérées entre 2006 et 2013, consistant dans le décalage de plusieurs tranches indiciaires, les entreprises et l’Etat ont fait des économies de l’ordre de plus d’un milliard d’euros et ceci sur le dos des salariés. La perte en pouvoir d’achat réelle équivalente pour les salariés n’a par contre jamais été compensée. L’OGBL s’est opposé à ces manipulations de l’index et continuera à le faire. Le fonctionnement normal du mécanisme de l’index doit être maintenu, comme le gouvernement s’était d’ailleurs engagé de le faire dans l’accord de coalition de 2018 et encore récemment lors de la Tripartite de décembre 2021.

l’abolition complète du système de l’indexation

L’adaptation des salaires à l’inflation devrait alors être traitée dans les négociations collectives dans les entreprises. Les conflits seraient ainsi programmés d’autant plus que le système luxembourgeois de la détermination et de la négociation des salaires se défera progressivement.

–> Tous ceux qui veulent abolir l’index s’attaquent automatiquement à notre modèle des négociations salariales et mettent ainsi en péril la paix sociale au Luxembourg!

Publié le 22 mars 2022


>> Vérités & mensonges sur l’index (PDF)

>> Wahrheiten & Lügen über den Index (PDF)

>> Verdades & mentiras sobre o index (PDF)

>> Truths & lies about the index (PDF)

Etude du Statec sur la représentativité syndicale — Une analyse qui contient des erreurs manifestes

L’OGBL tient à réagir suite à la parution du dernier numéro du périodique «Regards» portant sur un prétendu déclin des syndicats au Luxembourg, publié par le Statec le 14 mars 2022. En effet, l’OGBL constate que les analyses et les conclusions contenues dans cette publication s’appuient sur des données erronées en ce qui concerne l’évolution des membres de l’OGBL.

Ainsi, à en croire la publication du Statec, l’OGBL aurait connu une forte régression au niveau de ses membres entre 2017 et 2019. Cette évolution ne correspond toutefois nullement à la réalité et l’OGBL la conteste donc formellement. Il semblerait que l’auteur de l’étude ait pris en compte les membres du FNCTTFEL-Landesverband dans le total des membres de l’OGBL pour l’année 2017 et qu’il ne l’ait pas fait pour l’année 2019 — ce qui fausse d’ailleurs également le nombre total de personnes syndiquées au Luxembourg avancé dans l’étude.

Cette erreur provient vraisemblablement du fait que l’auteur semble avoir eu recours à différentes sources de données, même si seule l’OCDE est mentionnée comme telle dans l’étude (au niveau de l’OCDE, les chiffres concernant l’OGBL incluaient les membres du FNCTTFEL-Landesverband avant même son intégration en 2020, car l’OGBL représentait déjà à l’époque le Landesverband sur le plan international).

L’OGBL s’étonne également que l’étude relève un fort recul de ses membres pour les années 2008-2011, alors qu’il s’est agi d’années au cours desquelles l’évolution des membres de l’OGBL a été au contraire positive.

Enfin, l’OGBL s’étonne fortement que la publication indique que 2,7% des personnes syndiquées au Luxembourg soient encore affiliées à la FEP-FIT, alors que celle-ci s’est dissoute en 2003 pour intégrer l’OGBL! Ces membres devraient donc être ajoutés à ceux de l’OGBL, à moins qu’il s’agisse ici de données reprises par l’OCDE, d’année en année, sans qu’elles ne correspondent à une quelconque réalité, puisque le syndicat en question n’existe plus depuis 19 ans.

L’OGBL a adressé un courrier à l’auteur de l’étude pour lui faire part de ses éléments qui remettent largement en cause les analyses et les conclusions avancées dans celle-ci, en lui demandant par conséquent de la réviser et d’en informer la presse.

Communiqué par l’OGBL
le 15 mars 2022

L’inaction du gouvernement coûte chère aux salariés

Face à la flambée des prix énergétiques, le gouvernement vient d’annoncer la convocation prochaine d’une Tripartite nationale. L’OGBL et le LCGB sont sidérés par la lenteur avec laquelle le gouvernement se réveille pour venir à l’aide des ménages et des entreprises. Dans les faits, ils sont laissés-pour-compte car ils devront continuer à porter les frais de la crise énergétique au moins jusqu’à Pâques.

Tout d’abord, les organisations syndicales tiennent à revenir sur la dernière Tripartite nationale du 13 décembre 2021, lors de laquelle l’ensemble des partenaires sociaux avait déjà soulevé le problème de l’augmentation des prix de l’énergie. Une série de revendications y a été soumise au gouvernement dont notamment un plafonnement des prix de l’énergie et des carburants. De façon tout à fait incompréhensible, le gouvernement a catégoriquement refusé de mener une discussion sur la flambée des prix et la perte de pouvoir d’achat et de ce fait, beaucoup de temps précieux a été gaspillé pour endiguer la hausse vertigineuse des prix énergétiques que nous vivons actuellement.

Bien trop tard, le gouvernement semble avoir appris sa leçon en annonçant hier la convocation d’une Tripartite nationale rien que sur la flambée des prix de l’énergie. Le même jour, à la Chambre des députés, le gouvernement a déclaré reconnaître la gravité et l’urgence de la crise énergétique. Or, outre cet effet annonciateur, dans les faits, l’inertie politique perdure. En effet, le gouvernement refuse de prendre des mesures instantanées et prétend vouloir attendre la Tripartite nationale. Sous prétexte des maigres mesures récemment annoncées lors du « Energiedësch » qui soutiennent à peine les ménages les plus vulnérables, l’ensemble du pays doit apparemment attendre jusqu’à Pâques pour voir l’annonce de mesures concrètes.

Pour les organisations syndicales, la gravité et l’urgence de la situation sont réelles depuis octobre 2021. Le gouvernement se doit donc de mettre un terme à son inaction et de prendre aujourd’hui des mesures d’urgences bénéficiant à l’ensemble des ménages et des entreprises en attendant des mesures globales qui doivent être discutées lors de la Tripartite annoncée. Toute autre politique risque inévitablement d’engendrer une casse sociale sans pareille.

Communiqué par l’OGBL et le LCGB
le 11 mars 2022

Il y a urgence sur le front des prix de l’énergie

Une délégation de l’OGBL, conduite par sa présidente Nora Back, a rencontré le 3 mars 2022 le ministre de l’Energie, Claude Turmes, et le ministre de l’Economie, Franz Fayot, dans le cadre d’un échange de vues portant sur les mesures à prendre pour faire face à l’explosion des prix de l’énergie.

L’OGBL avait demandé d’urgence cette entrevue, le 9 février dernier, à la suite d’une demande commune adressée par les deux ministres à la Commission européenne, qui concernait uniquement des aides aux entreprises. L’OGBL estimant que les ménages ont aussi besoin de soutien.

Depuis, le monde a changé. L’invasion russe de l’Ukraine a contribué à une hausse encore plus exacerbée des prix énergétiques — une évolution qui risque de s’aggraver davantage dans les mois à venir, si la guerre se prolonge.

Pour faire face à cette situation qui pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des salariés, des pensionnés et de leurs familles, le gouvernement luxembourgeois a enfin réagi et ainsi annoncé un paquet de mesures.

Lors de l’entrevue, l’OGBL n’a pu que déplorer que celle-ci n’ait lieu qu’après l’annonce des mesures du gouvernement, que l’OGBL aurait de toute évidence préféré discuter avec l’exécutif au préalable. L’OGBL partage toutefois le sentiment de devoir agir d’urgence et de faire voter le plus rapidement possible un projet de loi pour apporter une aide aux ménages, après plusieurs mois au cours desquels le gouvernement n’a pas voulu reconnaître la gravité de la situation. Rappelons que lors de la dernière réunion tripartite du 13 décembre, le gouvernement estimait encore qu’il n’y avait aucun problème au niveau du pouvoir d’achat.

Les deux ministres concernés se sont toutefois montrés ouverts pour discuter du détail des mesures avec l’OGBL et prévoir potentiellement d’autres échanges à ce sujet.

Les ministres Turmes et Fayot ont notamment expliqué les motivations du gouvernement pour agir sur les frais de réseau, plutôt qu’au niveau de la fiscalité (accises, taxe CO2, TVA), voire en plafonnant les prix. L’OGBL a salué ces mesures comme un pas dans la bonne direction, mais a estimé qu’elles risquent d’être encore fortement insuffisantes si les prix du marché continuent de grimper. L’OGBL regrette également que les mesures se limitent au gaz et à l’électricité et que rien ne soit entrepris pour stabiliser le prix du mazout (qui impacte surtout les ménages à faible revenu), ni celui des carburants.

En ce qui concerne l’allocation de vie chère, l’OGBL a tenu à rappeler ses trois principales revendications:

  • augmentation temporaire du montant de l’allocation au niveau de celui de 2020 (soit 2x l’allocation de 2019) ;
  • élargissement du cercle des bénéficiaires en augmentant le seuil jusqu’au niveau du salaire minimum qualifié;
  • adaptation régulière du montant de l’allocation de vie chère à l’indice des prix.

L’OGBL a aussi rappelé sa demande visant à adapter le crédit d’impôt prévu pour compenser la taxe CO2 avec chaque augmentation de celle-ci — donc également de façon rétroactive au 1er janvier 2022.

Les ministres ont indiqué, pour leur part, qu’ils prévoyaient de réaliser deux autres revendications de l’OGBL, à savoir l’interdiction de couper l’électricité ou le gaz dans cette situation de crise, ainsi qu’une réforme des aides visant à promouvoir l’efficacité énergétique qui introduirait un élément de progressivité. Les représentants de l’OGBL ont salué ces annonces, en attendant le détail des mesures.

Enfin, l’échange a aussi porté sur les aides à apporter aux entreprises qui souffrent de manière disproportionnée de la hausse des prix de l’énergie, ainsi qu’à plus long terme, des efforts à mettre en œuvre en vue d’une transition juste vers une économie décarbonisée.

Communiqué par l’OGBL
le 8 mars 2022