Zoom sur les dossiers nationaux en cours

comnat0617Le Comité national de l’OGBL était réuni à la Maison du Peuple à Esch-sur-Alzette le 27 juin dernier. À l’ordre du jour de cette dernière réunion avant la trêve estivale figuraient, entre autres, un suivi des différents dossiers politiques en cours, la campagne de l’OGBL pour de meilleurs salaires et une augmentation du salaire social minimum, une discussion sur le régime général des pensions et la situation dans les entreprises.

Parmi les différents dossiers en cours, l’OGBL est tout d’abord revenu sur le projet de réforme de l’assurance dépendance (qui devait être soumis au vote de la Chambre des députés au début du mois de juillet). L’OGBL a une nouvelle fois souligné qu’il jugera cette réforme au regard du dispositif actuel et qu’il n’acceptera aucune dégradation de celui-ci. A l’heure où se tenait la réunion du Comité national de l’OGBL, le projet présentait encore une zone d’ombre et deux points de critiques. Premièrement, l’OGBL continuait de craindre une détérioration des prestations, tout particulièrement dans le cadre de l’aide à domicile apportée aux personnes dépendantes. L’OGBL critiquait ensuite le fait que le statut de l’aidant informel continue à ne pas être suffisamment encadré légalement. Une situation qui aujourd’hui déjà favorise trop souvent le recours au travail au noir. L’OGBL proposait dans ce contexte, d’une part, de limiter le statut de l’aidant informel provenant de l’entourage de la personne dépendante aux seuls membres de sa famille entretenant avec elle un lien de parenté ne pouvant dépasser le second degré. D’autre part, l’OGBL proposait de formaliser le statut de l’aidant informel salarié, en exigeant que la personne concernée dispose des compétences requises et qu’elle soit inscrite dans un contrat de travail conforme aux dispositions de la convention collective de travail du secteur SAS. Enfin, l’OGBL ne pouvait se satisfaire du fait que la cellule d’évaluation et d’orientation, qui détermine notamment les aides et soins auxquels la personne dépendante a droit, soit placée sous l’autorité du seul ministère de la Sécurité sociale et non sous le contrôle démocratique et collectif de tous ceux qui financent l’assurance dépendance.

comnat0617bL’OGBL s’est ensuite penché sur le projet visant à lutter contre le chômage de longue durée, présenté récemment par le ministre du Travail. Un projet visant à offrir des contrats de travail réguliers aux chômeurs de longue durée (âgés au moins de 30 ans et au chômage depuis plus d’un an) en lieu et place des mesures actuelles d’occupation temporaire indemnisée (OIT) auprès d’établissements publics, d’associations et de fondations. Ces emplois seront financés par le Fonds pour l’emploi. Jugeant qu’il est effectivement plus sensé de financer des emplois que le chômage, l’OGBL ne peut que se prononcer favorablement quant à cette mesure, tout en restant attentif à un certain nombre de détails qu’il reste à préciser.

En matière de droit du travail, le Comité national a une nouvelle fois fait l’analyse des dysfonctionnements actuels et arrive toujours à la conclusion qu’il est urgent de réformer et de renforcer la législation en matière de licenciements, de plans sociaux et de plans maintien dans l’emploi, qui continuent à être contournée trop facilement par un certain nombre d’employeurs. Une autre loi doit également être réformée de manière urgente. En effet la loi sur le reclassement professionnel, qui a pourtant déjà été réformée récemment, présente un certain nombre de problèmes plaçant les salariés concernés dans des situations impossibles. L’OGBL avait alerté le gouvernement sur les lacunes de la loi avant que celle-ci ne soit votée, mais il n’avait malheureusement pas été suivi à l’époque.

L’OGBL a ensuite pris acte de la volonté du gouvernement de trouver une solution concernant le projet de réforme de la loi relative à la protection des données. L’OGBL s’oppose formellement à l’abolition de l’autorisation préalable délivrée par la Commission nationale de la protection des données dont doit disposer actuellement tout employeur souhaitant introduire une mesure de surveillance dans son entreprise.
Concernant l’imposition des salariés et retraités frontaliers et plus particulièrement des inégalités de traitement introduites par la récente réforme fiscale, les discussions se poursuivent avec le ministre des Finances, en vue de trouver une solution équitable.

Enfin l’OGBL a fait un premier bilan intermédiaire dans le cadre de sa campagne «Un bon salaire pour tous» visant une augmentation générale des salaires ainsi qu’une revalorisation structurelle du salaire social minimum de l’ordre de 10 %.



Il n’y a rien de plus performant qu’un système de pensions public et solidaire

Le Comité national de l’OGBL s’est penché, dans sa réunion du 27 juin 2017, sur l’avenir du système de pensions. L’OGBL a en effet décidé d’anticiper la discussion à venir. Une discussion programmée d’avance par la dernière réforme opérée en 2012 et qui aura lieu au cours de la prochaine législature. L’OGBL annonce dans ce contexte d’ores et déjà qu’il scrutera de très près ce que les différents partis politiques écriront à ce propos dans leur programme en vue des élections nationales de 2018.
En ce qui concerne la situation financière actuelle du système de pensions, autant dire qu’avec des réserves présentant presque 5 fois le volume des dépenses courantes, il n’y a actuellement aucune raison de s’inquiéter à court ou moyen terme de la viabilité du système. L’OGBL tient par ailleurs à signaler qu’il n’accorde aucun crédit aux études projectives à long terme qui prophétisent des scénarios allant au-delà d’une période de 10 voire 15 ans au maximum. Pour l’OGBL, il serait en effet irresponsable de prendre au sérieux des études s’aventurant au-delà d’une telle période pour prendre des décisions politiques, alors que l’histoire a suffisamment démontré que ce type d’études s’est toujours révélé incapable de prédire les évolutions réelles, qui dépendent d’autres variables également impossible à prédire autant de temps à l’avance (évolutions de la croissance économique, de la productivité, de l’emploi, etc).
L’OGBL souligne ensuite qu’il est et reste très fortement attaché au système de pensions public et solidaire. Les alternatives, qui consistent en des assurances privées et commerciales, sont très loin de présenter les mêmes avantages pour la population. En effet, le système de pensions tel que nous le connaissons aujourd’hui garantit que:
  • les cotisants d’aujourd’hui financent les retraites d’aujourd’hui et les cotisants de demain financeront les retraites de demain (système de répartition)
  • un niveau de prestation minimum est fixé suivant une logique de redistribution allant du haut vers le bas
  • la reconnaissance de périodes au cours desquelles un individu n’a pas cotisé (études, parentalité)
  • la fixation par la loi du montant des prestations, comprenant notamment le mécanisme de l’index
  • un facteur de stabilisation et donc de cohésion sociale en temps de crise (il suffit d’observer que les pays qui ont le mieux traversé la crise sont ceux qui disposent des systèmes de pensions les plus performants)

Pour l’OGBL, il est évident que différents acteurs très bien identifiés (patronat, assurances privées, think tank néolibéraux) ont un intérêt tout particulier à vouloir dénaturer, voire détruire ce système public et solidaire. En effet, un système alternatif à base d’assurances privées et commerciales comme ils le préconisent presque quotidiennement lorsqu’ils s’expriment dans les médias, leur permettrait de générer encore davantage de profits qu’aujourd’hui. Mais il faut bien voir que ce serait au détriment du plus grand nombre et de la cohésion sociale dans le pays.
Sous l’influence de la Commission européenne, le Luxembourg a déjà connu en 2012 une réforme négative du système de pensions – à laquelle l’OGBL s’est opposé et qu’il continue de critiquer – introduisant une détérioration progressive et continue des prestations. Les jeunes générations voient aujourd’hui déjà leur future retraite amputée de 14%. Comment peut-on seulement parler de solidarité intergénérationnelle dans ce contexte? C’est tout le contraire qui a eu lieu. Et l’OGBL ne tolérera pas que cela se reproduise.
Si la viabilité du système de pensions devait un jour être en danger, l’OGBL souligne qu’il s’opposera aussi bien à toute détérioration supplémentaire des prestations qu’à un éventuel allongement de l’âge légal de départ à la retraite. Pour l’OGBL, le cas échéant, il ne peut y avoir qu’une piste envisageable: une augmentation du taux de cotisation qui n’a plus évolué depuis plus de 50 ans et qui demeure relativement bas comparativement aux autres pays. L’OGBL ne s’opposerait pas non plus à une initiative politique consistant à commencer à relever progressivement le taux de cotisation dès la prochaine législature, afin d’éviter ainsi une augmentation brutale à l’avenir. Ceci aurait d’ailleurs comme avantage de garantir également à l’avenir l’application du mécanisme d’ajustement des retraites qui pourrait sinon être mis en suspens en fonction du niveau des réserves, comme le stipule la réforme de 2012.
Toujours au cas où se poserait à l’avenir un problème de financement, l’OGBL propose par ailleurs un déplafonnement des cotisations (fixé aujourd’hui à 5 fois le salaire social minimum) couplé à un principe dégressif en matière de prestations, introduisant ainsi un principe supplémentaire de redistribution.


Situations conflictuelles dans les différents secteurs d’activités

Le Comité national a également, comme à son habitude, fait le tour des principaux conflits qui se présentent actuellement dans les différents secteurs d’activités.
Dans le secteur du Bâtiment et de l’Artisanat, qui est actuellement pourtant en plein boom, ce sont directement trois dossiers conflictuels qui se présentent. Tout d’abord, les négociations en vue du renouvellement de la convention collective du secteur du Bâtiment sont toujours au point mort. Le patronat tente notamment de gagner du temps en faisant des propositions provocatrices (dégradation de l’organisation du temps). Si des négociations sérieuses ne débutent pas très prochainement, des premières actions syndicales seront organisées en septembre. Le secteur des ascensoristes connaît une situation analogue, avec un patronat qui refuse ici tout simplement de négocier. Des actions ont déjà eu lieu dans ce secteur. Enfin, les négociations s’avèrent également laborieuses dans le secteur nouvellement réorganisé des carreleurs – marbriers – tailleurs de pierres, en raison du blocage de certaines fédérations patronales.
A l’Université du Luxembourg, l’OGBL met tout d’abord en garde face aux conséquences que pourraient avoir les restrictions budgétaires sur la qualité même de l’enseignement. L’OGBL insiste par ailleurs pour qu’au moins un représentant du personnel obtienne enfin un siège avec droit de vote au Conseil de gouvernance. Enfin, l’OGBL salue le redémarrage des négociations en vue du renouvellement de la convention collective.
Le Comité national est également revenu sur les propos inacceptables à l’encontre de l’OGBL, tenus récemment sur une radio par le directeur de l’ABBL, la fédération patronale dans le secteur des Banques. Le directeur de l’ABBL y avait critiqué l’approche de l’OGBL, en la traitant notamment de rétrograde, au motif que le syndicat serait trop combatif à son goût. Il est certes bien possible que le patronat des Banques ait à faire pour la première fois à un syndicat qui défend véritablement les intérêts des salariés dans ce secteur.
Enfin, concernant la mise à pied scandaleuse d’une déléguée du personnel à l’ACL, qui a entretemps obtenu gain de cause devant les tribunaux, le Comité national ne peut que constater encore une fois, qu’il est trop facile pour un employeur de se débarrasser par ce biais d’un représentant du personnel qui fait bien son travail, même si comme ici, il ne s’agit que d’une période limitée. Il serait grand temps qu’une initiative politique soit prise afin d’inverser la logique de cette procédure et que la mise à pied d’un délégué ne puisse être effective, qu’après que les tribunaux aient validé le bien-fondé de cette mesure.

Entrevue entre l’OGBL et le LSAP : des engagements en faveur d’une politique sociale

Entrevue_OGBL_LSAP_1Dans le cadre d’une série d’entrevues programmées avec les différents partis politiques représentés à la Chambre des députés, le Bureau exécutif de l’OGBL a récemment rencontré une délégation du LSAP composée des ministres Dan Kersch, Nicolas Schmit et Romain Schneider, du président de parti, Claude Haagen, du président de la fraction parlementaire, Alex Bodry et des députés Frank Arndt et Taina Bofferding.

En guise d’introduction, le président de l’OGBL est d’abord revenu sur les récents accords trouvés au niveau des conventions collectives de travail FHL et SAS. Il a souligné à cet égard l’importance de l’engagement pris par le gouvernement, dans le cadre de l’accord du 28 novembre 2014 entre l’exécutif et les syndicats représentatifs au niveau national, consistant à garantir l’application des articles 28 des dites conventions. Un engagement qui a été pleinement respecté et qui a contribué, à côté de la mobilisation du personnel concerné, à la conclusion des deux accords.

L’entrevue a ensuite notamment porté sur le projet de réforme de l’assurance dépendance. L’OGBL a une nouvelle fois souligné qu’il jugera cette réforme dans son ensemble par rapport au dispositif actuel et qu’il ne tolérera aucune détérioration, tant qualitative que quantitative, de celui-ci. Il est notamment revenu sur trois points qui posent toujours problème dans le texte qui est proposé. Premièrement, l’OGBL continue de craindre que la réforme n’entraine une dégradation des prestations, plus particulièrement celles relevant de l’aide pour les tâches domestiques. Deuxièmement, l’OGBL exige que le statut de l’aidant informel (personne qui apporte des aides et soins à la personne dépendante à domicile) soit enfin clairement encadré légalement afin d’enrayer le travail au noir qui est aujourd’hui encore trop facilement rendu possible. L’OGBL propose dans ce contexte, d’une part de limiter le recours à un aidant informel provenant de l’entourage de la personne dépendante à un membre de la famille entretenant un lien de parenté ne pouvant dépasser le 2e degré, d’autre part de formaliser le statut de l’aidant informel dit salarié par un contrat de travail conformément aux dispositions de la convention collective de travail du secteur SAS. L’aidant informel salarié devra par conséquent également disposer des compétences requises à cet effet. Troisièmement, l’OGBL s’oppose à ce que la cellule d’évaluation et d’orientation, qui détermine notamment les aides et soins auxquels la personne dépendante a droit, soit placée sous l’autorité du seul ministère de la Sécurité sociale. Au regard du rôle crucial que joue cette dernière, l’OGBL insiste pour qu’elle soit placée sous le contrôle démocratique et collectif de tous ceux qui financent l’assurance dépendance. Le LSAP a fait quelques propositions afin de trouver des solutions aux problèmes soulevés par l’OGBL, sans pour autant se positionner définitivement sur tous les points. L’OGBL suivra de près l’évolution de ce dossier.

Entrevue_OGBL_LSAP_2En ce qui concerne la sécurisation des parcours professionnels, l’OGBL a pointé les carences de la législation actuelle qui n’est plus adaptée sur un certain nombre de points, en revendiquant dans ce contexte un renforcement de la protection contre les licenciements et une réforme des lois relatives aux plans de maintien de l’emploi et aux plans sociaux, qui sont trop souvent contournées par les employeurs. Une nécessité partagée par les représentants du LSAP, qui se sont dits ouverts à un approfondissement de la discussion sur ces sujets.

Le ministre du Travail a par ailleurs fait savoir qu’il compte initier une vaste discussion portant sur le dispositif de la formation professionnelle continue. Une annonce que salue l’OGBL, d’autant plus que celui-ci ne répond absolument plus ni aux exigences actuelles, ni à celles qui s’annoncent dans le cadre du processus de digitalisation de la société et de l’économie.

L’OGBL a ensuite souligné sa ferme opposition au projet de réforme de la loi relative à la protection des données qui prévoit d’abroger l’autorisation préalable, jusqu’ici obligatoire à tout employeur souhaitant introduire une mesure de surveillance des salariés dans son entreprise. Une mesure qui, en l’espèce, serait inacceptable. Le ministre du Travail a indiqué dans ce contexte que le gouvernement comptait faire très prochainement des propositions visant à continuer à garantir le respect de la sphère privée des salariés sur le lieu de travail. Une entrevue entre l’OGBL et les ministres compétents devrait avoir lieu prochainement.

En ce qui concerne l’avenir du système de pensions, l’OGBL a tout d’abord rappelé ses critiques quant à la réforme de 2012 et souligné son attachement à ce régime public et solidaire qui a largement fait ses preuves et qui ne saurait être remis une nouvelle fois en question dans les années à venir. L’OGBL a également insisté sur le fait que le système de pensions n’est à l’heure actuelle absolument pas en danger et que les réserves financières dont il dispose permettent d’appréhender l’avenir du système avec sérénité. Par ailleurs, l’OGBL a indiqué qu’en cas de futures difficultés de financement, il se prononce en faveur d’une augmentation progressive du taux de cotisation dont le niveau demeure extrêmement bas par rapport à d’autres pays (les cotisations n’ont en effet plus été relevées au Luxembourg depuis les années 1970). L’OGBL s’oppose en revanche formellement à d’éventuelles futures détériorations des prestations (comme ce fût le cas dans le cadre de la réforme de 2012: -14% pour les futures générations) ou à un allongement de l’âge légal de départ à la retraite. La délégation du LSAP a confirmé que les dernières projections indiquent qu’il n’existe aucune nécessité de réformer le régime des pensions à court et moyen terme. A plus long terme, en cas de nécessité, la piste d’un relèvement des cotisations est à privilégier.

En matière salariale, l’OGBL a tout d’abord salué la contribution du LSAP dans le fait que le mécanisme d’indexation des salaires et des retraites fonctionne depuis 2014 à nouveau normalement. Le LSAP a assuré qu’il se poserait également à l’avenir comme un défenseur de ce mécanisme fondamental de compensation, pour les salariés et les retraités, face à l’augmentation continuelle des prix. L’OGBL a par ailleurs rappelé les revendications qu’il porte dans le cadre de sa campagne salariale, et notamment la nécessité d’une augmentation structurelle de 10% du salaire social minimum.

Enfin, concernant le problème du logement, qui demeure majeur au Luxembourg, le LSAP annonce vouloir faire bouger les lignes en amorçant une vaste discussion à ce sujet au plan national. Selon le LSAP, il faut pouvoir examiner toutes les solutions envisageables. Une approche que partage l’OGBL.

Communiqué par l’OGBL
le 2 juillet 2017

Le Comité national anticipe la future discussion sur les pensions

Le Comité national de l’OGBL était à nouveau réuni le 27 juin 2017 à la Maison du Peuple à Esch-sur-Alzette. À l’ordre du jour de cette dernière réunion avant la trêve estivale figuraient entre autres: une analyse de la situation politique, économique et sociale, un suivi des différents dossiers politiques en cours (assurance dépendance, reclassement, droit du travail, protection des données, fiscalité des frontaliers, semestre européen, …), la campagne de l’OGBL pour de meilleurs salaires et une augmentation du salaire social minimum, une discussion sur le régime général des pensions et des rapports sur la situation dans les entreprises.


Pressekonferenz – Nationalvirstand vum 27. Juni 2017

Entrevue entre l’OGBL et le CSV : Convergences, divergences et mises-au-point

entrevue_csv_19_06_2017_2Dans le cadre d’une série d’entrevues programmées avec les différents partis politiques représentés à la Chambre des députés, le Bureau exécutif de l’OGBL a rencontré le lundi 19 juin 2017 une délégation du CSV composée de son président, Marc Spautz, du président de son groupe parlementaire, Claude Wiseler et du député Jean-Marie Halsdorf.

Le président de l’OGBL, André Roeltgen, est tout d’abord revenu sur les critiques émises par le syndicat à l’encontre de la politique de gouvernement du CSV avant 2013, qui du point de vue syndical consistait surtout en une politique d’austérité et de démantèlement social. Des critiques qui ont culminé dans l’appel de l’OGBL à ne pas voter pour le parti chrétien-social à l’occasion des dernières élections. L’OGBL a tenu à souligner qu’en vue des prochaines élections, il analysera et jugera le programme du CSV, comme il le fera pour tous les autres partis, sur les mêmes bases. La discussion qui a suivi et qui a porté sur un certain nombre de sujets, laisse apparaître aussi bien des convergences que des divergences entre les deux parties.

Ainsi, si de grandes différences existent quant à l’appréciation générale de la récente réforme fiscale du gouvernement, qui était globalement soutenue par l’OGBL, les deux parties s’accordent néanmoins sur deux points relevant de l’équité fiscale, à savoir l’exemption fiscale des salariés rémunérés au salaire social minimum et la question d’une plus forte imposition des stock-options. Il s’agit en effet de deux revendications portées par l’OGBL qui n’ont pas été retenues dans le cadre de la réforme et que l’OGBL continue de soutenir, tout comme d’ailleurs celle visant l’introduction d’un mécanisme d’adaptation du barème fiscal à l’inflation et celle prônant une plus forte imposition des revenus du capital en général. L’OGBL a également réaffirmé sa ferme opposition à toute diminution supplémentaire de la charge fiscale des entreprises.

entrevue_csv_19_06_2017_3En ce qui concerne la sécurisation des parcours professionnels, l’OGBL a insisté sur le fait que la législation actuelle n’est plus adaptée sur un certain nombre de points: la protection contre les licenciements doit être renforcée, la loi relative aux plans de maintien de l’emploi et celle relative aux plans sociaux, trop souvent contournées par les employeurs, doivent être réformées. Le CSV a marqué son accord sur le fait que des modifications législatives sont à prévoir à ce niveau, en particulier par rapport aux plans de maintien dans l’emploi. Par ailleurs, l’OGBL et le CSV estiment que l’actuel projet de loi relatif à la gestion des âges se révèle très en-deçà de ce qui est attendu pour répondre aux enjeux actuels et futurs. Le texte doit être absolument revu et corrigé.

Concernant l’index, qui fût entre l’OGBL et le CSV un sujet très conflictuel à partir de 2006, le CSV s’est exprimé en faveur de la pérennisation du mécanisme, sans toutefois exclure d’éventuelles mesures qui seraient à discuter avec les partenaires sociaux en cas de crise manifeste. L’OGBL a, pour sa part, réaffirmé son attachement sans faille à l’index, garant de la paix sociale au Luxembourg, en soulignant qu’il s’opposera à toute tentative de dénaturation de ce mécanisme de compensation, pour les salariés et les retraités, face à l’augmentation continuelle des prix.

L’OGBL a également rappelé aux représentants du CSV qu’il revendique une augmentation structurelle de 10% du salaire social minimum, en soulignant que le salaire social minimum actuel ne permet pas de vivre dignement au Luxembourg, comme l’atteste désormais également une étude réalisée par le Statec, qui avait d’ailleurs été demandée par Marc Spautz, alors ministre de la Famille.

En ce qui concerne l’avenir du système de pensions, l’OGBL et le CSV constatent tout d’abord que celui-ci n’est à l’heure actuelle absolument pas en danger. L’OGBL et le CSV observent également qu’il existe suffisamment de marges de manœuvre financières pour appréhender l’avenir du système avec sérénité. Le CSV estime néanmoins qu’il serait opportun d’envisager une réforme des pensions dès-à-présent pour anticiper les évolutions à venir que prédisent les projections à long terme. De son côté, l’OGBL n’apporte aucun crédit à ces projections à long terme, d’autant plus que l’histoire a démontré que ce type d’études s’est toujours révélé incapable de prédire les évolutions réelles. Il souligne que la réforme de 2012 a déjà fait suffisamment de mal aux jeunes générations, en programmant l’amputation du montant de leur future retraite de 14%. Il s’oppose par conséquent à toute diminution supplémentaire des prestations, qui au contraire doivent être préservées, voire améliorées. De même, il s’oppose à un allongement de l’âge de départ légal à la retraite. En cas de futures difficultés de financement, l’OGBL se prononce en faveur d’une augmentation progressive du taux de cotisation dont le niveau demeure extrêmement bas par rapport à d’autres pays – les cotisations n’ont en effet plus été relevées au Luxembourg depuis les années 1970.  Les réponses du CSV n’ont pas contribué à dissiper les interrogations de l’OGBL quant au positionnement du parti chrétien-social sur cette question.

entrevue_csv_19_06_2017_1L’OGBL et le CSV ont en outre abordé la situation financière de l’Etat. L’OGBL a exhorté le CSV à arrêter de dépeindre un tableau inquiétant de l’avenir, qui ne correspond tout simplement pas à la réalité. Sans nier la bonne santé actuelle des finances publiques, le CSV exprime néanmoins des craintes quant aux perspectives de croissance de l’économie et de la démographie censées permettre la soutenabilité des finances publiques à moyen terme. Pour l’OGBL, ce n’est pas tant la  croissance en tant que telle qu’il faut remettre en question, mais le modèle de croissance envisagé et sa plus-value en terme de qualité de vie pour la population.

L’OGBL et le CSV s’accordent dans ce contexte sur la nécessité d’anticiper et d’accompagner très étroitement les importantes conséquences sociales que va entrainer le processus de digitalisation de l’économie et de la société, qui est actuellement en cours. L’OGBL et le CSV jugent notamment que l’étude prospective réalisée par l’expert américain mandaté par le gouvernement, Jeremy Rifkin, n’accorde pas suffisamment d’attention à ce volet essentiel qui devrait pourtant être au cœur des réflexions portant sur les mutations à venir. Les deux parties sont d’ailleurs tombés d’accord sur l’importance d’un dialogue social structuré, entre autres au niveau national, pour mener ces discussions.

L’OGBL et le CSV s’accordent également sur l’urgente nécessité de prendre le problème du logement au Luxembourg à bras le corps. Le CSV a indiqué souhaiter initier dans ce contexte, sans tabou aucun, une vaste discussion sur ce thème, afin d’examiner toutes les mesures envisageables en la matière.

Enfin, le CSV a fait savoir qu’il mène actuellement une série de réflexions en interne relatives à l’organisation du temps de travail. Il a été convenu que lorsque les conclusions de celles-ci auront été tirées, le CSV et l’OGBL se retrouveront pour en discuter.

Communiqué par l‘OGBL
le 22 juin 2017

Au nom du progrès social, de la démocratie et de la paix

L’OGBL a tenu le 27 avril 2017 à Dudelange son traditionnel meeting en amont du 1er mai au cours duquel son président, André Roeltgen, a pris position sur les principaux thèmes de l’actualité sociale. Extraits.

«Il est permis d’avoir la vision d’un modèle pour le Luxembourg à l’ère digitale.
Une vision qui n’est toutefois pas pensable sans un syndicat fort.
Et cela ne peut être qu’un syndicat fort, unitaire et indépendant.
Un syndicat représentant tous les métiers et toutes les qualifications, couvrant le secteur public et privé, qu’on soit homme ou femme, Luxembourgeois ou étranger, d’ici ou de l’autre côté de la frontière.
Un syndicat qui a eu l’année dernière son grand rendez-vous avec son histoire centenaire. Et qui, en 2017, a rendez-vous avec aujourd’hui et avec l’avenir.
Pour la paix et la démocratie, pour une Europe sociale, pour un Luxembourg socialement progressiste. Pour une bonne formation, pour un bon travail et un bon revenu et une bonne sécurité sociale pour chacun.
Nous y sommes prêts. Vous tous ici dans la salle, nos milliers de représentants du personnel dans les entreprises et nos dizaines de milliers de membres, qui soutiennent la principale force sociale et syndicale du Luxembourg.
Vive notre section centenaire de Dudelange. Vive notre OGBL. Et vive le 1er mai.»

André Roeltgen, Président de l’OGBL
Dudelange, le 27 avril 2017

 


27 avril 2017 – OGBL-Meeting zu Diddeleng


Riedner : Henri Kremer, President vun der Diddelenger OGBL-Sectioun – André Roeltgen, President vum OGBL


>> Discours du président de l’OGBL à l’occasion du meeting du 27 avril 2017


Les salaires doivent augmenter!

André Roeltgen, Präsident des OGBL
André Roeltgen, Président de l‘OGBL

L’économie luxembourgeoise tourne à plein régime et les salaires augmentent. Le premier énoncé est juste, pas le second. L’économie luxembourgeoise tourne à plein régime et les dividendes et les profits des actionnaires et des employeurs augmentent. Cette fois-ci, les deux énoncés sont justes. Et c’est la raison pour laquelle s’annonce au Luxembourg une vague de conflits salariaux.

Quasiment tous les secteurs économiques sont concernés. L’industrie, le bâtiment et l’artisanat, le secteur bancaire et financier et de nombreuses activités dans le secteur des services. L’OGBL, en tant que principal syndicat au Luxembourg, se trouve face à de grands défis. La stratégie manifeste de blocage pratiquée par les organisations patronales luxembourgeoises en matière de salaires doit être brisée.

Ainsi, par exemple, dans le secteur du bâtiment. Face à la presse réunie, l’organisation patronale concernée, la Fédération des Artisans, se félicite du boom économique. Face aux salariés, le tableau se renverse: dans le cadre des négociations portant sur la convention collective, elle retarde tout d’abord les négociations avant de passer à l’offensive en attaquant de manière aberrante les salaires et les conditions de travail. Dégradation de la prime annuelle, refus d’augmentation des salaires et bousillement du temps de travail en exigeant l’introduction d’une période de référence d’un an. Un déjà-vu de 2013. A l’époque, le patronat n’avait cédé qu’après que les salariés, à plus de 90%, se soient prononcés pour la grève. Au regard de la ligne scandaleuse adoptée par le patronat dans ces négociations, l’OGBL a lancé la mobilisation et appelle l’ensemble du salariat dans le secteur du bâtiment à se préparer au conflit social et à rejoindre massivement l’OGBL. Il n’y aura pas de détérioration des conditions de travail avec l’OGBL! Les bénéfices des entreprises doivent se reporter dans les salaires! L’OGBL appelle l’organisation patronale à éviter que le conflit ne se durcisse davantage en initiant dès-à-présent une négociation salariale positive avec l’OGBL. Dans ce contexte, il doit être mentionné qu’il n’existe toujours pas, 8 ans après l’introduction du statut unique, de convention collective unique rassemblant anciens employés et ouvriers. La période légale pour ce faire est désormais révolue.

Ainsi, par exemple, dans le secteur bancaire. Au regard de l’évolution réel des salaires du personnel dans les banques, la question est vite résolue de savoir où vont les gains de productivité et où se déversent les résultats économiques: le personnel reste sur sa faim depuis 2010 avec une augmentation linéaire de 1%! 0,125% en moyenne annuellement! La situation est très différente dans les étages supérieurs, chez les managers et les actionnaires. Il y a du retard à rattraper en matière de conditions de travail. L’OGBL appelle l’ABBL à mettre une proposition salariale substantielle sur la table de négociation. Et l’OGBL exige que les intérêts professionnels, sociaux et touchant à la santé du personnel soient mieux protégés face à l’intensification inhumaine du travail et aux délocalisations motivées par le seul profit. Des mesures législatives s’imposent également compte tenu que le patronat des banques définit à tort comme cadres des milliers de salariés en les privant ainsi de droits qui leur reviennent de par leur convention collective de travail.

Ainsi, par exemple, dans de nombreuses entreprises de l’industrie. Les salaires ont été réduits et détériorés au cours de la crise. La crise est passée et les pertes subies doivent désormais être reprises. La baisse des salaires à l’embauche qui a été provoquée par la crise doit être levée. Par ailleurs, le noyau dur du personnel doit être renforcé dans ses conditions de travail et protégé contre le travail intérimaire qui est hostile au salariat et qui représente une forme d’externalisation. Et quand est-ce que la tripartite sidérurgie va enfin se conclure dans l’intérêt des salariés de la sidérurgie?

Ainsi, par exemple, dans de nombreux autres secteurs des services, dans lesquels pour l’OGBL des conflits salariaux sont imminents ou s’annoncent. Dans les sociétés de gardiennage, à l’université du Luxembourg, à LuxAirport, chez les ascensoristes, chez…

Beaucoup a déjà été dit concernant le conflit social dans l’ensemble du secteur de la santé et du secteur social. De la part de l’OGBL et de la part du gouvernement! Les préparatifs en vue de la grève sont en cours, contre les agissements scandaleux du patronat envers ce secteur essentiel des services publics pour l’ensemble de la population. La seule solution permettant d’éviter ce conflit social réside dans la signature du patronat sous les nouvelles carrières revendiquées par l’OGBL. Personne ne peut douter un seul instant de l’issue du vote des membres de l’OGBL lorsque la base sera consultée pour faire grève. Mais personne ne doit sous-estimer non plus les dégâts que les «managers» dont les entreprises sont financées par de l’argent public et les assurances sociales – de la Croix-Rouge aux hôpitaux CHL, Hôpitaux Robert Schuman Kirchberg – ont déjà provoqués. Ils ne seront pas si faciles à réparer et laisseront des traces pendant des années. Et déjà, de nouvelles questions se posent. Comme par exemple celle consistant à savoir si les prochaines négociations portant sur la convention collective ne devront pas être reliées aux négociations salariales générales dans le secteur des services publics au Luxembourg.