Le MENFP s’obstine à ignorer les conséquences désastreuses de ses réformes

Après la mobilisation de 2/3 des enseignants fin mars 2012, les syndicats du fondamental avaient espéré que les responsables du MENFP prendraient conscience qu’il est impossible de réussir la réforme scolaire sans l’appui des enseignants du terrain. Dès lors, ils avaient espéré que le MENFP prendrait enfin au sérieux leurs principales revendications concernant la mise en œuvre de la réforme de l’enseignement fondamental qui sont:

  • l’arrêt de la réduction des leçons d’enseignement à travers le contingent;
  • la réduction des procédures bureaucratiques;
  • la mise en place de bilans plus cohérents et plus lisibles pour l’évaluation des élèves.

Néanmoins le MENFP persiste dans sa politique du dialogue de sourds et du fait accompli:

  • en accordant de moins en moins de leçons d’enseignements aux écoles, qui n’ont dès lors plus les moyens de venir en aide aux élèves en difficulté;
  • en augmentant chaque jour la charge administrative des comités d’école, tels les plans d’encadrement périscolaires et autres monstres bureaucratiques;
  • en déposant, en dépit des objections fondées des syndicats, un projet de loi sur une réorganisation de l’inspectorat qui démultiplie les instances de contrôle tout en les éloignant encore plus du terrain et en instaurant une bureaucratie insensée;
  • en s’accrochant à une forme d’évaluation dont les incohérences sont patentes.

Le dernier échange sur les bilans intermédiaires entre la Ministre de l’Education nationale et les syndicats et surtout la communication du MENFP faisant suite à cet échange constitue une illustration particulièrement parlante de la façon de procéder du MENFP.

Les syndicats avaient relevé les incohérences des bilans actuels à travers maints exemples concrets et dénoncé la logique de la progression linéaire selon une trame préconçue qui ne respecte nullement les progressions très diverses des enfants. Ils avaient même développé un modèle de bilan alternatif, discuté et accepté au préalable par une majorité des enseignants. Face à une attitude très hostile de la ministre, les syndicats avaient renoncé à l’introduction des nouveaux bilans dès la rentrée 2012/2013 contre l’assurance d’une prise en compte du modèle soumis par les syndicats dans l’élaboration d’un nouveau modèle pour l’année 2013/2014. Une première journée de discussion avait même été fixée au 14 septembre 2012, afin de pouvoir aboutir rapidement à un nouveau modèle pouvant être soumis aux écoles bien avant son entrée en vigueur.

Quelle n’a été la consternation des syndicats au retour de la réunion de lire un communiqué du MENFP rappelant la poursuite des principes adoptés par le MENFP et le désir «d’assurer aux enseignants et aux parents la stabilité et le temps nécessaires pour s’approprier les nouveaux outils». L’échange avec les syndicats n’étant destiné qu’à «approfondir l’analyse des vécus sur le terrain».

Les syndicats constatent que cette analyse a bel et bien été effectuée déjà et qu’il s’agit maintenant de réagir au plus vite pour éviter un désordre généralisé. Ils ne se prêteront pas au jeu de dupes ne consistant qu’à gagner du temps en menant un dialogue de façade derrière lequel la politique du fait accompli se met en place. De plus en plus d’enseignants commencent à se lasser et se résignent à obtempérer pour retrouver un peu de sérénité dans leur pratique enseignante journalière. Ceux qui gardent un esprit critique sont systématiquement dénigrés par les responsables du MENFP. Le MENFP joue à l’usure en campant sur ses positions.

Nombre d’enseignants sont néanmoins fortement préoccupés par les mesures mises en place et ils se font de sérieux soucis pour l’avenir de leurs élèves et au-delà pour l’avenir de la société luxembourgeoise. Ils appellent les parents d’élèves à jeter un regard critique sur l’évolution de l’école publique et à s’informer sur les enjeux des réformes auprès des différents acteurs.

Si le MENFP ne consent pas à ouvrir de réelles négociations sur les sujets essentiels qui lui ont été soumis par les syndicats, ces derniers devront envisager d’autres moyens pour se faire entendre.

Communiqué par le SEW/OGBL et le SNE/CGFP
le 12 juin 2012

Entrevue du département secondaire du SEW/OGBL avec la ministre Mady Delvaux-Stehres

Le 25 avril, une délégation du SEW/OGBL, composée de Jules Barthel, Guy Foetz et Sonja Delli Zotti, a rencontré Mady Delvaux-Stehres, ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle, entourée de ses collaborateurs Marc Barthelemy, Antonio De Carolis et Karin Meyer. A l’ordre du jour figuraient les problèmes de mise en œuvre de la réforme de la formation professionnelle.

1) Le SEW a rappelé que les résultats du 1er semestre 2011-12 ont été en partie catastrophiques – dû notamment au fait qu’à la sortie du cycle inférieur, les élèves, souvent, ne possèdent pas les connaissances de base nécessaires et que les critères de promotion sont interprétés différemment – , que les directions des lycées techniques rencontrent de graves problèmes d’organisation du rattrapage et que les mesures prises ne garantissent guère un encadrement digne de ce nom aux concernés.
Il a été retenu dans la discussion
– que les résultats du 1er semestre diffèrent très fortement d’un lycée technique à l’autre;
– que les critères d’évaluation devront être passés en revue, cela en coopération avec les conférences spéciales des lycées concernés et les commissions nationales de formation;
– que le rattrapage et la remédiation placent les directions des lycées techniques devant des problèmes d’organisation et que les mesures prévues dans ce contexte divergent substantiellement;
– que les leçons de rattrapage et de remédiation doivent être normalement rémunérées;
– qu’un rapport sera demandé aux directeurs quant à l’organisation du rattrapage dans leur établissement.

2) Les représentants du SEW ont une nouvelle fois fait part de leur scepticisme par rapport à l’organisation par modules et l’enseignement/l’évaluation par compétences:
– mode d’organisation statique et manque de fil conducteur résultant de l’enseignement
modulaire;
– programmes purement utilitaires ;
– manque de connaissances fondamentales dans les programmes des formations à haute
technicité;
– critères d’évaluation vagues et peu transparents ; absence d’évaluation au niveau national.
Ils ont particulièrement mis en évidence que le manque de prise en compte des évaluations intermédiaires dans l’évaluation finale n’encourage pas les élèves à se préparer régulièrement, conduisant fréquemment à leur échec lors de l’évaluation finale.
Ils ont souligné que dans l’enseignement professionnel réformé, l’enseignement et l’évaluation par compétences ne semblent pas produire pour l’instant les effets escomptés par ses protagonistes, alors que ce type d’enseignement devrait logiquement s’y prêter tout particulièrement.
Face à la demande de la part du SEW de se concerter avec les acteurs du terrain et de réaliser une évaluation sérieuse, la ministre de l’Éducation nationale a proposé d’établir – en concertation avec les enseignants – un questionnaire sur l’évaluation et l’enseignement par compétences.

3) Alors que le démarrage de la formation du technicien commercial, qui compte environ la moitié des élèves techniciens, est prévu pour septembre 2012, les représentants du SEW ont insisté sur la nécessité de promouvoir l’excellence et de fournir une perspective attractive aux élèves qui entameront cette formation réformée. Il faudra notamment permettre à au moins 20 % d’entre eux de poursuivre leurs études en direction d’un BTS (Bac+2).
Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d’une part de garantir une formation de qualité avec des contenus suffisants en langues et en mathématiques et d’autre part de mettre en place des modules préparatoires judicieusement choisis.
Face à ces revendications, la ministre a annoncé:
– la mise en place prochaine d’un groupe de travail «BTS» en concertation avec l’Ecole de
Commerce et de Gestion;
– la préparation de deux enquêtes, dont l’une questionnera les élèves actuels de 13e au sujet
des études qu’ils veulent poursuivre et l’autre demandera à tous les diplômés de l’ES et de
l’EST d’il y a deux ans, ce qu’ils font actuellement.

4) En fin d’entrevue, il a été rappelé à la ministre que les frais d’inscription à l’Université du Luxembourg pour enseignants-stagiaires de la promotion 12 (année 2010/11) n’ont toujours pas été remboursés, contrairement à l’engagement qu’elle avait prise fin août 2011. La ministre a déclaré vouloir s’occuper de ce problème.

Communiqué par le SEW/OGBL
le 2 mai 2012

Solidaresch fir d’Bildung – plus que mis en évidence!

Photo: Isabella Finzi

Le 22 mars, les manifestantes et manifestants étaient bel et bien représentatifs pour leurs corps de métier quand ils défilaient à 6 000 personnes dans les rues de la ville de Luxembourg.

Les messages lancés aux ministres de l’Education nationale et de la Fonction publique furent clairs et nets.

Le personnel de l’Ecole luxembourgeoise est déterminé à voir ses revendications réalisées.

Bien que reportée d’une année, la réforme du lycée avec ses points contestés reste sur la table. Il faut qu’elle soit mise à plat pour réellement résoudre les problèmes. Il faut aussi évaluer objectivement et profondément réviser les réformes de l’enseignement fondamental et de l’enseignement professionnel. Enfin, il faut que la gestion par objectifs, l’appréciation individuelle, ainsi que la hiérarchisation et la dévalorisation des carrières prévues dans la réforme de la Fonction publique soient remises en question.

Epaulés par la majorité absolue de leurs collègues, les syndicats de l’enseignement sont en position de force pour mener une négociation sérieuse avec les responsables politiques et n’accepteront plus le dialogue de sourds pratiqué jusqu’à présent par les ministères.

le 23 mars 2012

Le personnel enseignant et éducatif ne désarme pas !

Trois jours avant la grande manifestation du personnel enseignant et éducatif, qui se déroulera sous le mot d’ordre « Solidaresch fir d’Bildung » , la ministre de l’Education nationale a fait savoir qu’elle serait « prête à poursuivre jusqu’au printemps 2013 l’échange sur le projet de réforme du lycée ».

Le report ainsi annoncé de cette réforme est une première ouverture aux revendications des enseignants.

Or, cette concession est incontestablement due à la très forte mobilisation, à la détermination et à l’unité d’action dont les enseignants ont fait preuve jusqu’ici.

Rien n’est cependant gagné ! Bien que reportée d’une année, la réforme du lycée avec ses points extrêmement contestés (enseignement par compétences ; niveaux des langues, dominantes, promotion automatique, travail personnel) se trouve toujours telle quelle sur la table. Il faudra donc continuer à mettre la pression pour que le MENFP s’engage vraiment dans un dialogue serein et ouvert sur ces points et qu’une réforme qui mérite ce nom voie le jour !

Quant aux réformes de l’enseignement fondamental et de l’enseignement professionnel, qui forment deux autres volets importants de la contestation enseignante, il faut qu’elles soient évaluées objectivement et profondément révisées!

Enfin, la gestion par objectifs, l’appréciation individuelle, ainsi que la hiérarchisation et la dévalorisation des carrières enseignantes, incluses dans la réforme de la Fonction publique ne sont toujours pas mises en question par le ministre Biltgen.

Les enseignants n’ont donc aucune raison pour désarmer ; ils savent que l’école publique et le cadre de leur profession sont sérieusement menacés.

En participant massivement à la grande manifestation du 22 mars, ils montreront aux responsables politiques qu’ils ne se laisseront pas faire !

Luxembourg, le 21 mars 2012

Le fossé reste largement ouvert!

Une nouvelle rencontre à propos des réformes scolaires entre les syndicats SEW/OGBL et APESS d’une part et le MENFP d’autre part a eu lieu le vendredi, 2 mars 2012. La ministre était accompagnée de ses collaborateurs Michel Lanners, Marc Barthelemy, Jos Bertemes, Gérard Zens, Nicolas Neumann, Robert Brachmond, Guy Strauss et Myriam Bamberg, l’APESS était représentée par Daniel Reding, Simone Lehnert, Pascal Zeihen et Eric Bruch, et le SEW/OGBL par Patrick Arendt, Monique Adam, Guy Foetz, Jules Barthel, John Wecker et Sonja Delli Zotti.

Les représentants des enseignants du fondamental et du secondaire ont rappelé le succès du meeting du 1er décembre à Bertrange et du «Manifeste» lancé en janvier et signé par plus de 4 700 enseignants. Ils ont demandé une nouvelle fois la mise à plat du projet de réforme de l’enseignement secondaire. La ministre a déclaré une fois de plus qu’elle devait « aussi écouter d’autres voix », dont celles des élèves, des parents et des organisations patronales.

Alors qu’au cours des semaines passées, elle avait répété à l’occasion des réunions régionales auxquelles elle avait convié les représentants des enseignants des différents lycées et lycées techniques, que «tout était négociable», elle est pourtant restée évasive ce 2 mars aussi bien sur la négociabilité, que sur l’«échéancier», qui – semble-t-il – ne devrait pas aller plus loin que le lendemain des vacances de Pâques.

Quant au «cadre européen des langues», il fut tout à coup déclaré non négociable, et la question de l’apport pédagogique de l’enseignement par compétences a été érigée en tabou.
Alors que depuis des mois, les enseignants exigent une mise à plat complète du projet de réforme du secondaire, une révision des dispositions de la loi sur l’enseignement fondamental, notamment concernant le contingent, l’évaluation, le PRS et les travaux administratifs, ainsi qu’une révision de la loi sur l’enseignement professionnel, les représentants du MENFP ont évité une nouvelle fois le débat de fond.

Cela tout aussi bien sur la réforme du secondaire que sur celles de l’enseignement fondamental et de l’enseignement professionnel, qui, de l’aveu même de la ministre pour ce dernier, se voient confrontés à des problèmes de taille. Or, ils viennent d’être réformés à travers la même philosophie globale que celle prévue pour le secondaire, philosophie que le MEN s’obstine à vouloir imposer malgré le chaos qu’elle a engendré.

Finalement, les représentants ont informé la ministre qu’une manifestation de rue sera organisée en date du 22 mars sous le mot d’ordre «Solidaresch fir d’Bildung!»

Communiqué par le SEW et l’APESS
le 5 mars 2012

Le ministre Biltgen refuse de négocier et renvoie la balle à la ministre Delvaux-Stehres

Lors de leur conférence de presse du 6 janvier 2012, les syndicats SEW/OGBL et APESS avaient lancé un manifeste
– qui exprime leur rejet catégorique de l’avant-projet de réforme du statut du fonctionnaire visant à transformer le service public en entreprise privée
et
– qui marque leur mécontentement face à la mise en œuvre des réformes de l’enseignement fondamental et de la formation professionnelle ainsi que leur refus du texte actuel de la réforme de l’enseignement secondaire.

Plus de 4 500 enseignants, instituteurs, professeurs et intervenants de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire et secondaire technique ont marqué leur soutien aux revendications reprises dans le manifeste et ont donné mandat pour engager des actions syndicales.

Les syndicats APESS et SEW/OGBL constatent donc

– qu’ils sont représentatifs pour le secteur de l’enseignement de la Fonction publique;
– qu’ils sont mandatés par les enseignants et le personnel des écoles pour entamer des actions syndicales.

En date du 9 février, le SEW/OGBL, représenté par Patrick Arendt, Guy Foetz, Monique Adam et Sonja Delli Zotti, et l’APESS, représentée par Daniel Reding et Pascal Zeihen, ont rencontré le ministre Biltgen accompagné de ses collaborateurs et de deux représentants du ministère de l’Education nationale, Michel Lanners et Claude Kuffer.

Lors de cette entrevue, François Biltgen a refusé de toucher aux quatre principes de sa réforme que sont

– la gestion par objectifs
– l’appréciation du fonctionnaire
– la hiérarchisation de la carrière par majoration d’échelon
– un stage de 3 années rémunéré à 80 % respectivement 90%.

Le ministre Biltgen considère le plan de réussite scolaire (PRS) du fondamental comme l’instrument de d’évaluation collective des écoles et des enseignants dans le cadre d’une gestion par objectifs.

Dans l’enseignement secondaire et secondaire technique, ce rôle reviendrait au plan de développement scolaire (PDS).

François Biltgen a fait savoir que dans le secteur de l’enseignement, les évaluations annuelles individuelles devraient être remplacées par des évaluations collectives, mais qu’une appréciation individuelle des enseignants aurait bien lieu aux trois moments clés de leur carrière (à la fin du stage ainsi qu’après 12 et 20 ans de service) et cela d’après des critères spécifiques pour l’enseignement. Ces critères seraient à négocier et à définir avec le MENFP.

La même procédure serait à entamer pour la définition des postes à responsabilité particulière dans le cadre de la promotion de certains enseignants par majoration d’échelon. François Biltgen a refusé de considérer cette majoration comme un avancement automatique.

Le ministre a écarté toute discussion sur la durée du stage ainsi que sur la réduction du traitement y afférente et il a invité les syndicats à définir le contenu du stage avec le MENFP.

L’APESS et le SEW/OGBL constatent donc que le ministre de la Fonction publique refuse toute négociation sur les principes contestés de son projet de réforme. Sa stratégie consiste à dévier la discussion en invitant les syndicats à entamer une pseudo-négociation avec le MENFP.

Le SEW/OGBL et l’APESS ne se laisseront pas entraîner dans cette voie de garage qui impliquerait l’acceptation des principes de base de la réforme ainsi que la proposition – par les deux syndicats – de critères suivant lesquels les enseignants seraient évalués, classés et hiérarchisés.

Forts de l’appui massif des enseignants du fondamental et du secondaire, les deux syndicats ont décidé d’entamer la procédure de litige qui pourra aboutir à une grève. Dans l’immédiat, l’APESS et le SEW/OGBL poursuivent leur mobilisation et préparent une grande manifestation de rue.

Communiqué par le SEW/OGBL et l’APESS
le 16 février 2012