La formation professionnelle réformée rencontre de sérieux problèmes

Entrevue du département secondaire du SEW/OGBL avec la ministre Mady Delvaux-Stehres

Le 25 avril, une délégation du SEW/OGBL, composée de Jules Barthel, Guy Foetz et Sonja Delli Zotti, a rencontré Mady Delvaux-Stehres, ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle, entourée de ses collaborateurs Marc Barthelemy, Antonio De Carolis et Karin Meyer. A l’ordre du jour figuraient les problèmes de mise en œuvre de la réforme de la formation professionnelle.

1) Le SEW a rappelé que les résultats du 1er semestre 2011-12 ont été en partie catastrophiques – dû notamment au fait qu’à la sortie du cycle inférieur, les élèves, souvent, ne possèdent pas les connaissances de base nécessaires et que les critères de promotion sont interprétés différemment – , que les directions des lycées techniques rencontrent de graves problèmes d’organisation du rattrapage et que les mesures prises ne garantissent guère un encadrement digne de ce nom aux concernés.
Il a été retenu dans la discussion
– que les résultats du 1er semestre diffèrent très fortement d’un lycée technique à l’autre;
– que les critères d’évaluation devront être passés en revue, cela en coopération avec les conférences spéciales des lycées concernés et les commissions nationales de formation;
– que le rattrapage et la remédiation placent les directions des lycées techniques devant des problèmes d’organisation et que les mesures prévues dans ce contexte divergent substantiellement;
– que les leçons de rattrapage et de remédiation doivent être normalement rémunérées;
– qu’un rapport sera demandé aux directeurs quant à l’organisation du rattrapage dans leur établissement.

2) Les représentants du SEW ont une nouvelle fois fait part de leur scepticisme par rapport à l’organisation par modules et l’enseignement/l’évaluation par compétences:
– mode d’organisation statique et manque de fil conducteur résultant de l’enseignement
modulaire;
– programmes purement utilitaires ;
– manque de connaissances fondamentales dans les programmes des formations à haute
technicité;
– critères d’évaluation vagues et peu transparents ; absence d’évaluation au niveau national.
Ils ont particulièrement mis en évidence que le manque de prise en compte des évaluations intermédiaires dans l’évaluation finale n’encourage pas les élèves à se préparer régulièrement, conduisant fréquemment à leur échec lors de l’évaluation finale.
Ils ont souligné que dans l’enseignement professionnel réformé, l’enseignement et l’évaluation par compétences ne semblent pas produire pour l’instant les effets escomptés par ses protagonistes, alors que ce type d’enseignement devrait logiquement s’y prêter tout particulièrement.
Face à la demande de la part du SEW de se concerter avec les acteurs du terrain et de réaliser une évaluation sérieuse, la ministre de l’Éducation nationale a proposé d’établir – en concertation avec les enseignants – un questionnaire sur l’évaluation et l’enseignement par compétences.

3) Alors que le démarrage de la formation du technicien commercial, qui compte environ la moitié des élèves techniciens, est prévu pour septembre 2012, les représentants du SEW ont insisté sur la nécessité de promouvoir l’excellence et de fournir une perspective attractive aux élèves qui entameront cette formation réformée. Il faudra notamment permettre à au moins 20 % d’entre eux de poursuivre leurs études en direction d’un BTS (Bac+2).
Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d’une part de garantir une formation de qualité avec des contenus suffisants en langues et en mathématiques et d’autre part de mettre en place des modules préparatoires judicieusement choisis.
Face à ces revendications, la ministre a annoncé:
– la mise en place prochaine d’un groupe de travail «BTS» en concertation avec l’Ecole de
Commerce et de Gestion;
– la préparation de deux enquêtes, dont l’une questionnera les élèves actuels de 13e au sujet
des études qu’ils veulent poursuivre et l’autre demandera à tous les diplômés de l’ES et de
l’EST d’il y a deux ans, ce qu’ils font actuellement.

4) En fin d’entrevue, il a été rappelé à la ministre que les frais d’inscription à l’Université du Luxembourg pour enseignants-stagiaires de la promotion 12 (année 2010/11) n’ont toujours pas été remboursés, contrairement à l’engagement qu’elle avait prise fin août 2011. La ministre a déclaré vouloir s’occuper de ce problème.

Communiqué par le SEW/OGBL
le 2 mai 2012