En amont des élections législatives qui détermineront les rapports de majorité et par la suite la formation du gouvernement, l’OGBL avait présenté ses principales revendications aux partis politiques en vue de la législature à venir.
Des revendications en faveur d’une politique qui donne la plus grande priorité aux intérêts de l’ensemble des salariés, de leurs familles et de leurs enfants.
Pour une perspective d’avenir qui donne une sécurité professionnelle et sociale aux salariés ainsi que des possibilités de s’élever socialement. Pour une qualité de vie qui réponde aux besoins d’épanouissement personnel. Pour une vie bonne, sans crainte de l’avenir, pour une vie en paix et en démocratie.
Une telle perspective d’avenir exige une politique qui se donne deux principaux objectifs dans le cadre de la prochaine législature.
Premièrement, la réduction des inégalités sociales.
Et deuxièmement, faire face aux bouleversements dans la société, c’est-à-dire la digitalisation croissante et la nécessaire transition écologique, de sorte à ce qu’elles ne se retournent pas contre les besoins et les intérêts de ceux qui travaillent, mais qu’elles se développent harmonieusement avec ces derniers.
La consigne de vote de l’OGBL à l’adresse des salariés au Luxembourg:
Donnez vos voix au(x) parti(s) qui font de ces deux objectifs le fil conducteur de la politique gouvernementale qu’ils proposent.
Ces deux objectifs sont des prérequis pour que la société cesse de se morceler davantage et regagne en solidarité.
La principale condition de cette solidarité est un Etat social renforcé, qui répartit de façon plus juste, en faveur des couches de notre société à faible et moyens revenus.
Pour cette raison, nous avons besoin d’une politique de gouvernement qui préserve nos services publics et nos infrastructures, les développe et les met à l’abri de la privatisation commerciale.
Nos écoles, notre système de santé, notre système social, nos transports publics, beaucoup de tâches administratives et services importants au niveau communal n’ont rien à faire dans le secteur privé et commercial!
Toute privatisation de services publics ne fait qu’enrichir les riches et scinde notre société entre ceux qui peuvent se payer ses services et ceux qui ne le peuvent pas ou sous certaines conditions seulement.
Nous avons besoin d’un gouvernement qui s’oppose clairement aux attaques contre notre sécurité sociale publique et solidaire, qui viennent de la part des nantis, des assurances privées et commerciales ainsi que des lobbyistes du patronat.
Notre assurance-vieillesse génère de la stabilité sociale et politique et réduit les inégalités sociales. Les droits à la pension doivent être maintenus pour les générations actuelles comme pour celles à venir. Ils doivent être adaptés et même améliorés.
Nous avons besoin d’un gouvernement qui développe le niveau de performances de l’assurance maladie publique. Une adaptation positive de la nomenclature aux évolutions tant médicales, techniques que de soins est urgente, et non des mesures qui favorisent le commerce privé, comme par exemple le déconventionnement des médecins. Une médecine à deux vitesses ne doit pas voir le jour au Luxembourg. Sous aucun prétexte.
Les prestations sociales publiques sont un pilier et un indicateur important d’un Etat social performant.
Comme les assurances sociales publiques, elles sont un levier incontournable pour réduire les inégalités sociales. L’OGBL revendique leurs adaptations – dans le sens du progrès social – aux nouvelles conditions de vie et de travail de la population et l’ancrage dans la loi de l’adaptation régulière des prestations en espèces et en nature à l’évolution générale des revenus.
Pour pouvoir réussir sa mission, l’Etat social doit disposer de recettes fiscales suffisantes. Parallèlement, il a le devoir de veiller à ce qu’il y ait de l‘équité fiscale.
Les deux sont possibles. Ceci présuppose une politique fiscale qui impose les revenus du capital et la propriété des riches et des nantis et qui n’autorise pas une réduction supplémentaire de l’imposition de entreprises.
Plus d’équité fiscale garantit le pouvoir d’achat des couches de la population à bas et moyen revenus.
C’est également ce que fait l’indexation automatique des salaires, des traitements et des pensions.
L’OGBL a réussi à empêcher, entre 2006 et 2013, que l’index soit structurellement détérioré. La manipulation de l’index entreprise par le gouvernement de l’époque a pu être limitée à un simple décalage dans le temps de l’adaptation, grâce à notre résistance syndicale,
De son côté, le gouvernement actuel n’a plus toucher à l’index, ni entrepris des manipulations.
Le futur gouvernement est appelé à en faire de même.
Les gains réels de productivité doivent entraîner des évolutions réelles de salaires. Il y a un retard à rattraper dans beaucoup d’entreprises. Même dans certaines où il existe des conventions collectives.
Dans le cadre sa politique salariale et de l’emploi, le prochain gouvernement doit s’atteler à la revalorisation générale de notre système de conventions collectives, afin d’empêcher que la quote salariale ne chute encore davantage et que les écarts salariaux et de conditions de travail ne se creusent.
Et très important: la politique salariale nationale doit veiller à ce que les gains de productivité dans leur ensemble soient réparties de façon plus juste. Ceci exige une augmentation structurelle du salaire minimum. L’OGBL continue de revendiquer l’exemption fiscale pour le salaire minimum et son augmentation de 10%.
Une société décarbonisée qui préserve les ressources naturelles. Il n’y a pas d’autre voie envisageable et nous n’avons plus de temps à perdre.
Les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement de la planète, avant tout le CO2, doivent être quasiment réduites à zéro d’ici 2050 pour éviter des catastrophes écologiques. Il en va de la vie et de la santé des êtres humains, il s’agit d’empêcher les crises politiques, sociales et économiques qui se dessinent. Les générations qui vivent aujourd’hui en seront déjà de plus en plus affectées.
L’accord de Paris sur le climat de 2015 doit être transposé sans perdre davantage de temps. Le prochain gouvernement doit respecter strictement l’objectif en matière d’émissions pour lequel il s’est engagé.
Les objectifs climatiques ne seront toutefois pas atteignables avec de l’hostilité envers l’industrie et la technologie. Au contraire. L’enseignement, la science et la recherche, les innovations industrielles et technologiques sont, à côté de l‘Etat social moderne, des secteurs de croissance indispensables qui doivent être promues par tous les moyens.
Ce qui doit devenir le principal critère pour les politiques de ces prochaines années et décennies consiste en ce que les profonds bouleversements à venir dans la société, digitalisation et décarbonisation, aille main dans la main avec une qualité de vie et une situation sociale sûres et meilleures pour les gens.
La répartition du travail et des gains de productivité, l’organisation du travail, les transitions en matière de qualifications et d’emplois, l’apprentissage tout au long de la vie, le logement et la mobilité du futur et bien d’autres choses encore ne doivent pas entraîner de nouvelles fractures sociales, mais doivent au contraire amener davantage de sécurité et de qualité de vie en général.
Ainsi, nous avons besoin d’un droit du travail moderne et d’une politique du travail progressiste, qui barrent la route à toutes formes d’emplois précaires.
Qui, main dans la main avec la politique de l’enseignement, crée de nouveaux droits afin que chacun ait accès à la formation tout au long de la vie, afin que chacun ait accès à de nouvelles qualifications et de nouveaux parcours professionnels ouvrant sur des perspectives assurées.
Afin que les gains de productivité et le travail soient répartis de manière équitables, par le biais de réductions de temps de travail et sans perte de salaire. Et afin que l’organisation du travail conduise à des heures de travail qui améliorent progressivement conciliation entre travail et temps libre.
Une organisation positive du travail et de la vie professionnelle présuppose une politique qui s’oblige au dialogue social et qui l’adapte aux nouveaux enjeux. Les droits syndicaux de négociation et de codécision doivent être renforcés, aussi bien au niveau national qu’au niveau de l’entreprise.
Les institutions au Luxembourg, dédiées au partenariat social, doivent à nouveau répondre aux besoins afin de contribuer à édifier, codécider et accompagner les bouleversements sociétaux énoncés. En d’autres mots, un nouveau „modèle luxembourgeois“ est nécessaire.
André Roeltgen, président de l’OGBL septembre 2018
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