L’OGBL est indigné par le fait que le gouvernement veuille exploiter la nouvelle réforme de la formation professionnelle afin de porter une grave attaque contre le salaire social minimum qualifié. Le projet de loi adopté le 23 décembre 2014 par le gouvernement prévoit en effet que les titulaires d’un CCP (Certificat de capacité professionnelle), tout comme ceux d’un CCM (Certificat de capacité manuelle) et d’un CITP (Certificat d’initiation technique et professionnelle) n’ai à l’avenir droit au salaire social minimum qu’au bout de sept ans d’activités dans leur métier, au lieu de cinq ans comme c’est actuellement le cas dans le cas du CITP, voir deux ans dans le cas du CCM et du CCP. Les concernés, qui se situent tout en bas de l’échelle salariale, devraient ainsi accepter de perdre deux à cinq années de plein salaire par rapport à la législation actuelle. Ceci constitue en même temps une dévalorisation de ces diplômes.
Cette mesure n’est motivée nulle part dans le projet de loi, ni dans l’introduction, ni dans les commentaires des différents articles. De fait, il n’y a aucune raison objective pour une telle mesure – alors que l’évolution salariale reste modérée, voir régresse par moment, ayant entrainé une adaptation de seulement 0,1% du salaire social minimum; alors que précisément dans les secteurs concernés, les coûts salariaux par heure sont en-dessous de ceux dans les pays voisins en raison de charges sociales très basses; alors que perdure un très grand besoin en force de travail qualifiée. Il s’agit ici uniquement de dévaloriser et de décimer le salaire social minimum. La conséquence en sera une augmentation des inégalités salariales.
Cette attaque est tout à fait en phase avec l’accord hostile pour le salariat conclu entre le gouvernement et l’UEL qui entre autres – en raison d’une jurisprudence qui ne fait en soi que confirmer les droits des travailleurs – remet en cause le droit à un salaire social minimum qualifié après dix ans d’expérience professionnelle. Non seulement il s’agit d’une attaque inacceptable sur les perspectives salariales et de carrières des salariés concernés, mais c’est également une intervention directe dans le cadre du conflit salarial qui a lieu actuellement dans le secteur du nettoyage, dans lequel, manifestement, le gouvernement prend parti unilatéralement pour le patronat et pour sa recherche de bénéfices au détriment des salariés.
La Chambre des salariés a récemment mis en évidence que le Luxembourg est leader européen en matière de pauvreté au travail («working poor»). Ainsi, les salariés luxembourgeois sont trois fois plus exposés au risque de pauvreté que leurs collègues belges. Pour l’OGBL, la pauvreté malgré un travail doit être bannie. Au lieu de remettre en cause la revendication légitime des salariés d’obtenir un salaire social minimum, la réflexion devrait porter sur une revalorisation structurelle de ce dernier.
Cette attaque sur la couche salariale luxembourgeoise la plus faible est inacceptable et en flagrante contradiction avec la promesse du gouvernement de ne pas vouloir poursuivre le démantèlement du système social. Et comment le dialogue social pourrait-il fonctionner et la confiance mutuelle se reconstruire sur la base d’une telle approche politique?
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