Le mot du président

Le gouvernement peut encore réaliser de bonnes et importantes mesures d’ici les élections législatives

André Roeltgen, Präsident des OGBL
André Roeltgen, Président de l‘OGBL

Dans son rapport 2017, la Commission bruxelloise ne confirme pas seulement la bonne santé des finances publiques du Luxembourg. Elle souligne également l’importance de la demande intérieure pour la bonne situation économique actuelle du Luxembourg et pour la croissance économique des années à venir.

La Commission bruxelloise estime également qu’il est nécessaire que les pays qui présentent des excédents commerciaux et de bonnes finances publiques suivent une politique budgétaire dite expansive, afin de contribuer au renforcement de la demande au sein du marché commun. Cela vaut pour des pays comme l’Allemagne ou le Luxembourg.

L’OGBL a considéré la poursuite de la politique d’austérité, c’est-à-dire le dit «Paquet pour l’avenir», comme une erreur et s’y est opposé dès 2014. C’est aussi l’OGBL qui, fin 2015 avec sa campagne «Un paquet social pour le Luxembourg», a exigé du gouvernement qu’il supprime les mesures de crises dirigées contre la population et qu’à la place, il engage une politique du progrès social.

L’OGBL renvoyait dans ce contexte à la bonne situation des finances publiques et à la nécessité d’augmenter les investissements publics dans tous les secteurs importants pour l’avenir de la société.

Le gouvernement luxembourgeois a initié un tel changement de cap à partir de 2016. Les mesures de crise ont été partiellement effacées par la réforme fiscale et de premiers progrès sociaux ont été actés dans la loi, comme par exemple les mesures concernant le congé parental ou les bourses d’études. Le niveau élevé d’investissements publics, en comparaison avec les autres pays européens, a été reconduit.

Le gouvernement serait mal inspiré s’il se laissait intimider par le plus grand parti d’opposition qui, lors de son congrès national du 25 mars, a critiqué entre autres la réforme fiscale et la réforme du congé parental, les qualifiant de «cadeaux électoraux», entrainant le Luxembourg vers un «mur du déficit».

Avec sa position, non seulement le CSV se trompe, car le Luxembourg n’est en aucun cas dans une situation de crise économique et financière, mais en plus, il passe sous silence les mesures de crise massives auxquelles ont été exposées, depuis 2009, en première ligne les gens qui travaillent et leurs familles et qui jusqu’à présent n’ont été supprimées que partiellement.

Pour l’OGBL, la politique à mener, doit non seulement mettre un terme à la politique d’austérité, mais également poursuivre de manière conséquente le progrès social. Afin d’atteindre cet objectif, les projets de loi portant sur l’assurance dépendance et sur le revenu minimum garanti (RMG/REVIS) doivent être améliorés sur des points essentiels.
Le renforcement du pouvoir d’achat et la réduction des inégalités sociales doivent également figurer sur la liste des priorités du gouvernement. L’OGBL réitère sa revendication visant une augmentation structurelle du salaire social minimum qui aurait dû avoir lieu depuis longtemps. Celle-ci est sur le plan économique absolument défendable et supportable. Et à côté de l’amélioration des conditions de vie de dizaines de milliers de familles, elle contribuerait à enrayer la répartition inégale croissante des gains de productivité.

A côté de l’exonération fiscale pour les personnes qui touchent le salaire social minimum, l’OGBL rappelle sa revendication visant l’introduction d’un barème fiscal immunisé contre l’inflation afin d’éviter la «progression froide» de la charge fiscale.

Il y a également urgence à prendre des initiatives en matière de droit du travail. Les derniers mois ont à nouveau démontré que les salariés ne sont pas suffisamment protégés en cas de licenciements pour raison économique. Une réforme de la loi sur les licenciements collectifs, sur les plans sociaux, doit enfin être entreprise.

Le nouveau parlement ne sera pas élu en 2017, mais seulement à l’automne 2018. Ce qui laisse suffisamment de temps au gouvernement pour poser des jalons supplémentaires pour le progrès social au Luxembourg.