Depuis la rentrée scolaire 2016/17, l’enseignement fondamental se voit confronté à nouveau à une pénurie de remplaçants pour assurer les cours des collègues en congé de maladie.
La situation est identique à celle de l’année scolaire 2009/2010 et les scènes qui se produisent quotidiennement dans nos écoles fondamentales à travers le pays sont toujours les mêmes :
Un collègue malade, absent pour la journée, ne sera pas remplacé. Le message électronique me parvient dans les délais avant le début des cours. Souvent il y a des changements de dernière minute et des remplaçants prévus sont réorientés vers une autre école. En tant que président d’un comité d’école, je dois donc improviser une solution.
Je procède rapidement à une vérification des présences des élèves de la classe en question et partage la classe en deux voire trois groupes. Maintenant il faut comparer les horaires des autres titulaires pour contrôler leurs disponibilités et les compatibilités avant d’amener les élèves dans les autres classes du cycle. Au cas très fréquent, où les classes d’accueil partent à la piscine ou pour d’autres activités hors de la classe, il faut bien sûr trouver d’autres dispositions et déranger d’autres classes pour ces plages horaires. Comme d’habitude, les titulaires concernés ne se réjouissent guère. L’accueil est plutôt froid et ça se comprend. Les activités prévues pour la journée ne sont souvent plus possibles, il faut improviser les cours de la journée. Mais auparavant il faut aller récupérer des chaises et des tables supplémentaires dans d’autres salles. N’oublions pas d’avertir les élèves qui sont déjà partis dans les cours d’appui, sinon ils vont se perdre au moment de réintégrer leur classe d’attache plus tard dans la journée.
Dans certains secteurs, la plupart des congés de maladie ne peuvent plus être remplacés. Ce sont les autres titulaires de classe qui doivent prendre en charge les enfants délaissés qui sont répartis sur les autres classes de l’école. Les enseignants qui doivent régulièrement accueillir les élèves de leur collègue malade n’en sont pas contents. Sans avertissement préalable, ils doivent adapter et improviser tout d’un coup les activités préparées.
N’oublions pas que dans le contexte de la mise en œuvre du contingent de leçons attribuées par le ministère, les écoles se voient confrontés à des effectifs de classe toujours plus importants et surtout à la réduction voire l’abolition de toutes leurs mesures d’appui pour les enfants les plus faibles.
Il est clair que dans ce cas la qualité de l’enseignement est détériorée et en même temps la motivation des enseignants s’amenuise.
A cela s’ajoute le fait que certains inspecteurs font pression sur les enseignants qui ont opté pour un temps partiel de prester systématiquement des heures supplémentaires pendant leur temps libre pour remplacer leurs collègues absents.
Ainsi la situation dans les écoles va de pire en pire. Le climat dans les écoles risque de se dégrader. Des enseignants malades préfèrent se rendre à l’école, présentant bien sûr un danger de contamination pour leurs élèves. Souvent ils ne sont plus capables d’assumer leurs responsabilités et tout cela par respect vis-à-vis de leurs collègues. Mais d’une façon inconsciente, ils vont peut-être soupçonner le collègue absent de ne pas être «assez» malade pour avoir le droit de chômer les cours. L’atmosphère de travail dans les équipes pédagogiques va en souffrir à long terme.
Le problème est dû au fait que le nombre des remplaçants est complètement insuffisant. Le ministère n’a pas fait ses devoirs à domicile pour calculer les besoins.
La pénurie a été provoquée par différents facteurs :
– La mise en œuvre du nouveau stage d’insertion pour les enseignants qui débutent dans leur fonction a réduit les leçons d’enseignements disponibles. Afin de pouvoir accomplir les tâches, formations et devoirs supplémentaires qui leur sont octroyés dans le cadre de leur stage, les nouveaux enseignants sont déchargés de 2 leçons hebdomadaires. Une décharge d’une leçon est attribuée aux enseignants qui ont opté pour la mission de conseiller pédagogique pour assurer le suivi des stagiaires.
Ainsi un grand nombre de chargés de cours qui auparavant assuraient les remplacements à courte durée sont d’office affectés à une école. Il semble donc que le ministère ait sous-estimé l’impact de ses propres mesures.
Rappelons dans ce contexte que le SEW/OGBL s’oppose toujours à ce stage d’insertion.
Le SEW/OGBL exige toujours de revenir à un stage de deux ans ayant comme objectif de soutenir, d’accompagner les stagiaires selon leurs besoins pendant leurs premiers pas en tant qu’enseignants responsables.
– Le recrutement de nouveaux chargés de cours devient de plus en plus difficile. Les inspecteurs de différents secteurs ont élaboré des dispositifs administratifs très lourds pour le stage de formation de 4 semaines que les nouveaux chargés de cours doivent suivre avant de pouvoir intégrer leur fonction. On peut se poser la question si de telles mesures dissuasives sont vraiment nécessaires face à une situation de crise. Rappelons que c’est bien la procédure administrative qui a été rendue plus compliquée pour les candidats et pour les enseignants qui sont prêts à les accueillir dans leur classe ; ceci n’a pas eu d’impact sur la qualité de ce stage.
Face aux multiples postes d’encadrement (surtout des enseignants), d’administration, de management, d’observation, de mesure de la qualité scolaire et autres déjà créés ou prévus par le ministère, il n’y aura finalement plus assez de personnel pour assurer les cours. La qualité de l’école se définit presque exclusivement par la compétence et l’engagement (et dans le cas de notre système scolaire par la présence) des enseignants dans les salles de classe.
Le SEW/OGBL demande au ministre de réagir au plus vite à cette situation de crise. Dans un premier temps, il serait facile d’identifier des postes administratifs comme les instituteurs ressource pour garantir, au moins dans l’intervalle, les cours des enfants.
Communiqué par le SEW/OGBL le 7 novembre 2016
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